par Yudo, maître zen Ven 24 Avr 2015 - 22:11
Une fois de temps à autre, dans l'histoire, tu as des personnes qui prennent conscience de ce sexisme et qui s'élèvent vigoureusement contre. Mais, à peine sont-ils morts qu'on trouve vite moyen de leur faire dire le contraire de ce qu'ils pensaient afin de justifier un mode de fonctionnement infiniment plus rassurant que l'égalité entre sexes.
J'en veux pour preuve la légende du pauvre Aananda, vilipendé par des générations de théravadins parce qu'en faisant entrer les femmes dans le Sangha, il en aurait réduit la durée. Alors que la description de l'épisode dans le Canon Pali ne rapporte que des paroles de bon sens, prononcées de part et d'autre. Seulement, contrairement à l'opinion répandue, le Canon Pali n'est pas plus "authentique" que le reste. Des passages ont de toute évidence été interpolés, sans doute très tôt, afin de justifier des trucs que le Bouddha, de son vivant aurait sans doute trouvé douteux.
Le Sûtra du Parînirvâna, par exemple, dont il subsiste plusieurs versions, dont celle du Canon Pali, mais aussi des versions chinoises et tibétaines, entrelace des éléments vraisemblables des derniers jours du Bouddha (un vieillard de 80 ans qui se lamente de son mauvais état physique, qui peine à marcher, qui se plaint des maux qui l'assaillent, maux assez bien décrits par ailleurs pour qu'un médecin en ait tiré des indications cliniques), avec des éléments merveilleux qui tombent comme un cheveu dans la soupe. D'ailleurs, certains auteurs soutiennent que ce sont les élément vraisemblables qui se répètent dans chacun des sûtras, et que, pour chacune des versions différentes, les éléments merveilleux et oniriques sont différents.
Donc, encore une fois, la précaution dont parle tout le temps Brad Warner pour les livres "saints" reste toujours valable pour nous. Rien ne doit être pris sans examen critique.