tangolinos a écrit:@Kaïkan
Je pensais que la voie abrupte était celle du zen Rinzaï... et que le zen Soto proposait une voie lente....
Il me semble que si la voie du zen soto était aussi abrupte que ça... la réalisation serait immédiatement définitive, et on ne pourrait voir des maîtres zen "réalisés" se faire dire du mal par d'autres "réalisés"...
Je réitère mes dires disant que la voie est infinie... et qu'une vigilance permanente est souhaitable.
Certes on peut dire que zazen est lui-même satori... mais qui peut prétendre faire zazen en permanence ?... il me semble bien qu'il soit inévitable de retomber dans la dualité une fois zazen interrompu... pour preuve= le comportement ordinaire de certains maîtres que vous dénoncez...
La voie abrupte ou "lente", c'est pas inhérent à une école ou l'autre. Comme disait Tokuda concernant le fait que le soto n'étudierait pas les koans : "c'est un malentendu".
C'est voie abrupte ou progressive. PAs lente.
On peut progresser très vite...au point d'en être abrupt!
Mais on peut très progressivement en apparence ce qu'on a complètement compris, mais qui ne se manifeste pas complètement faute de pouvoir ou de voir l'être.
Le truc de la voie "abrupte", c'est qu'on pratique à partir de la réalisation.
Mais le problème, c'est qu'alors tout le monde peut devenir maître. Alors ça emmerde ceux qui veulent être les seuls maîtres à bord.
S'ils se sentent obligés de faire croire aux autres qu'ils sont incapables de réaliser quoi que ce soit sans passer par les conditions d'avoir un maître, de prendre sa carte d'abosnnement dans un groupe ou une communauté, de faire moultes sesshins, de lire des tas de trucs et de faire des tas d'heures de méditation, mais dans un vrai dojo car sinon leur pratique sera forcément erronée, alors déjà ils souillent la pureté de l'éveil en créant une dualité.
Et le problème, c'est que pour faire cela, il faut aussi penser les choses en ces termes.
Autrement dit, les gens qui enseignent ainsi, je pense vraiment qu'ils doutent de la réalité de la réalisation, et de la leur aussi.
Alors à ce moment, comment peut-on parler d'éveil, de réalisation, et prétendre transmettre quelque chose réellement?
Pour moi l'imposture est là.
J'aime bien un tibétain que j'ai découvert, Tenzin Wangyal....il parle énormément de guérison.
Tout comme quelqu'un comme J. Kabat Zin.
En fait, ce que j'apprécie, c'est qu'on ne nous noie pas sous un discours mystico-ésotérique d'une suprème illumination inqualifiable.
Par contre on cherche des solutions pragmatiques : une pratique qui crée du bien-être, qui permette de vraiment, réellement, moins souffrir et aller mieux dans sa vie.
Bref, pratiquer vraiment les quatre nobles vérités.
C'est Guillaume Ducoeur, dans son livre "initiation au bouddhisme", qui disait que les quatre vérités étaient énoncées comme une théorie médicale de l'époque.
Donc le Bouddha avait un but, vraiment : résoudre la souffrance.
Donc pour moi, si l'on perd ce but de vue pour faire de la pratique une pratique pour pratiquer selon des dogmes, des critères d'autres personnes, des trucs compliqués, des termes abscons, bref, un enseignement qui nous rend plus compliqué que simple et nous rend la vie moins facile, alors on se fourvoie.
Je ne crois pas qu'on ait besoin d'insister sur l'effort : au final les gens quand ils ont besoin, ils les feront. Et s'ils voient un bénéfice, alors ils continueront. La carotte c'est mieux que le bâton.
Car je pense que les temps ont changé, et le discours doit changer aussi.