Si l'on renonce à la fausseté et qu'on prend refuge dans la Vérité, on réside imperturbable dans la "contemplation du mur" [ch.: biguan, ce qui pourrait être une translittération de vipassana], dans laquelle soi-même et les autres, êtres ordinaires et sages, ne font qu'un; on demeure immobile sans agitation, sans jamais être ébranlé par les enseignements écrits. Etre ainsi mystérieusement identifié avec le véritable principe, être ainsi sans discrimination, serein et inactif: telle est l'entrée dans le principe.
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Traité des deux entrées de Bodhidharma
Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°1
Traité des deux entrées de Bodhidharma
L'entrée dans le principe consiste à s'éveiller à la Vérité grâce à l'enseignement. On doit avoir une foi profonde dans le fait que la véritable nature unique et identique est une possession de tous les êtres sensibles, autant ordinaires qu'éveillés, et que cette véritable nature n'est recouverte et rendue imperceptible qu'en vertu de fausses impressions sensorielles.
Si l'on renonce à la fausseté et qu'on prend refuge dans la Vérité, on réside imperturbable dans la "contemplation du mur" [ch.: biguan, ce qui pourrait être une translittération de vipassana], dans laquelle soi-même et les autres, êtres ordinaires et sages, ne font qu'un; on demeure immobile sans agitation, sans jamais être ébranlé par les enseignements écrits. Etre ainsi mystérieusement identifié avec le véritable principe, être ainsi sans discrimination, serein et inactif: telle est l'entrée dans le principe.
Si l'on renonce à la fausseté et qu'on prend refuge dans la Vérité, on réside imperturbable dans la "contemplation du mur" [ch.: biguan, ce qui pourrait être une translittération de vipassana], dans laquelle soi-même et les autres, êtres ordinaires et sages, ne font qu'un; on demeure immobile sans agitation, sans jamais être ébranlé par les enseignements écrits. Etre ainsi mystérieusement identifié avec le véritable principe, être ainsi sans discrimination, serein et inactif: telle est l'entrée dans le principe.
Fred- Animateur
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- Message n°2
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
La réalité est indescriptible, mais tous les êtres la pratiquent.
Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°3
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
L'entrée dans la pratique fait référence aux "quatre pratiques" qui comprennent toutes les autres pratiques. Ce sont la "pratique de la rétribution de l'inimitié", la "pratique de l'acceptation des circonstances," la "pratique de l'absence d'avidité," et la "pratique en accord avec le Dharma."
Qu'est-ce que la pratique de la rétribution de l'inimitié? Lorsque le pratiquant de l'entraînement bouddhique fait l'expérience de la souffrance, il doit pensere par devers lui:
"Depuis d'innombrables éons, j'ai erré à travers les différents stades de l'existence, abandonnant le fondamental au profit du dérivatif, générant ainsi une grande quantité d'inimitié et de dégoût, et entraînant une quantité illimitée de souffrance et de discorde pour les autres. Ma souffrance présente constitue la fructification de mes crimes passés et de mon karma, et non pas quelque chose qui m'a été attribué par un quelconque être céleste ou humain. Je l'accepterai patiemment et avec contentement, sans me plaindre."
Quand on réagit ainsi aux événements, on peut être en accord avec le Principe, c'est pourquoi on parle de la pratique de la rétribution de l'inimitié.
Qu'est-ce que la pratique de la rétribution de l'inimitié? Lorsque le pratiquant de l'entraînement bouddhique fait l'expérience de la souffrance, il doit pensere par devers lui:
"Depuis d'innombrables éons, j'ai erré à travers les différents stades de l'existence, abandonnant le fondamental au profit du dérivatif, générant ainsi une grande quantité d'inimitié et de dégoût, et entraînant une quantité illimitée de souffrance et de discorde pour les autres. Ma souffrance présente constitue la fructification de mes crimes passés et de mon karma, et non pas quelque chose qui m'a été attribué par un quelconque être céleste ou humain. Je l'accepterai patiemment et avec contentement, sans me plaindre."
Quand on réagit ainsi aux événements, on peut être en accord avec le Principe, c'est pourquoi on parle de la pratique de la rétribution de l'inimitié.
Kaïkan- Admin
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- Message n°4
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Sous une autre formulation la première pratique serait : "savoir répondre à la haine";
Qu'est-ce que s'exercer à « répondre à la haine »?
Celui qui pratique la Voie doit, dans l'adversité, se faire la réflexion suivante : « J'ai par le passé, durant d'innombrables kalpas, délaissé l'essentiel au profit de l'accessoire. Au fil des existences, j'ai suscité maints ressentiments et maintes haines, et causé des dommages infinis. Le malheur qui, en dépit de mon innocence présente, s'acharne sur moi, est la rétribution de méfaits anciens dont les fruits ont fini par mûrir. Il ne s'agit donc pas d'une punition infligée par le Ciel ou les puissances surnaturelles.
Faisons contre mauvaise fortune bon cœur, et tous [les motifs de] ressentiment ou de récrimination disparaîtront. » II est dit dans un sûtra : « Ne t'afflige pas devant l'adversité. Pourquoi ? Parce que tu en comprends l'origine. » Lorsque de telles pensées naissent [en vous], vous parvenez à vous accorder au principe, et votre compréhension du ressentiment vous permet de progresser sur la Voie. Voilà pourquoi je vous engage à vous exercer à « répondre à la haine ».
C'est quasiment pareil mais j'aime bien : Faisons contre mauvaise fortune bon cœur.
Fred- Animateur
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- Message n°5
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Même le Bouddha après son éveil a dû pratiquer la rétribution de l'inimitié il me semble, reconnaissant que « (comme) la roue du potier continue de tourner par suite de l'impulsion reçue ».
Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°6
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
La seconde est la pratique de l'acceptation des circonstances. Les êtres sensibles n'ont pas un soi immuable et sont entièrement sujets à l'impact de leurs circonstances. Qu'on ressente de la souffrance ou du plaisir, les deux sont générés par les circonstances de chacun. Si l'on vit dans la gloire, la fortune et autres formes de rétribution karmique supérieure, cela est le résultat de causes passées.
Quoi qu'on puisse jouir d'une bonne fortune maintenant, lorsque les circonstances qui sont responsables de sa manifestation présente sont épuisées, elle disparaîtra. Comment peut-on se réjouir de sa bonne fortune? Puisque le succès et l'échec dépendent des circonstances, l'esprit devrait pouvoir rester inchangé. Il ne devrait même pas être ému par les vents de la bonne fortune, mais mystérieusement, en accord avec la Voie. C'est pourquoi on l'appelle la pratique de l'acceptation des circonstances.
Quoi qu'on puisse jouir d'une bonne fortune maintenant, lorsque les circonstances qui sont responsables de sa manifestation présente sont épuisées, elle disparaîtra. Comment peut-on se réjouir de sa bonne fortune? Puisque le succès et l'échec dépendent des circonstances, l'esprit devrait pouvoir rester inchangé. Il ne devrait même pas être ému par les vents de la bonne fortune, mais mystérieusement, en accord avec la Voie. C'est pourquoi on l'appelle la pratique de l'acceptation des circonstances.
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- Message n°7
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
@yudo
Je suis confus là ...
S'agit il d'un texte que tu traduis intégralement ou ce sont tes propres écrits ou un mélange des deux?
Je suis confus là ...
S'agit il d'un texte que tu traduis intégralement ou ce sont tes propres écrits ou un mélange des deux?
zanshin- Modératrice
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- Message n°8
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Bonjour BulleOcéan,
Il s'agit d'un texte traité aussi ici → http://www.bouddha.ch/bodhidharma.htm
Il s'agit d'un texte traité aussi ici → http://www.bouddha.ch/bodhidharma.htm
Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°9
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
La troisième est la pratique de l'absence d'avidité. Les diverses sortes de convoitise et d'attachement dont on fait l'expérience dans notre ignorance éternelle sont appelées avidité. la personne sage est éveillée à la Vérité, dont le principe essentiel est contraire à la convention humaine. Elle pacifie son esprit dans l'inactivité et accepte tout ce qui lui arrive. Comprenant que toute existence est non-substancielle, elle est sans désirs. Le sûtra dit: "Avoir des envies entraîne de la souffrance: être sans envies signifie la joie." Comprenez clairement qu'être sans envies est équivalent à la véritable pratique de la Voie.
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- Message n°10
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Je trouve la traduction de Yudo plus fine que celle du site suisse.
J'espère qu'il y aura des commentaires...
Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°11
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
La quatrième est la pratique de l'accord avec le Dharma. Le principe absolu de la pureté essentielle s'appelle Dharma. Selon ce principe, toutes les caractéristiques sont non-substancielles et il n'y a ni souillure ni attachement, ni "ceci" ni "cela." Comme ce Dharma est sans parsimonie, l'on doit pratiquer la perfection du don gratuit, du don de son corps, de sa vie, et de ses possessions, sans regret aucun. C'est ainsi qu'on agit au bénéfice de soi de même qu'à celui des autres, ornant ainsi la voie de l'éveil.
[Fin du traité des deux entrées et quatre pratiques].
[Fin du traité des deux entrées et quatre pratiques].
tangolinos- 無為 - mui -
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- Message n°12
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Salut Yudo
j’ ai beaucoup aimé tes interventions sur ce sujet, tant elles sont claires, et m’ évoquent cette lumière qui traversent les Bouddhas sans se déformer.
Tu dis tout comme le Dharma:
Je ne suis pas à ce niveau de don absolu, cependant, disons que j’ aurais plutôt cette tendance de cheminer vers cette compassion absolue, puisque je ressens bien que c’est elle qui m’ attire… et comme tu t’en doutes, de nombreux obstacles surgissent.
J’aurais à te poser une petite question qui me turlupine depuis quelques jours.
Cette question est à propos de vraiment ce qui se passe dans ma vie ces jours ci.
Quand tu accordes ta confiance en quelqu’un, que tu lui prêtes un objet et que tu apprends par un tiers, qu’il en fait un autre usage que ce qui était convenu, j’ appelle ça de la trahison. (ou si tu préfères de l’ abus de confiance).
Comment doit-on réagir ?
Ma réaction immédiate a été de ne pas broncher et de laisser du temps à ce que digestion se fasse… et je dois dire que ma digestion ressemble à de la rumination de rumination de rumination…. aussi ta réponse me serait peut-être bien utile pour cesser de ruminer.
En fait, mon abstinence de réaction a plutôt été dans le sens compassionel, pour laisser du temps au traitre de spontanément me révéler sa trahison, et de plus pour ne pas trahir celui qui m ‘en a informé.
Or le temps passant il semblerait de plus en plus que cette trahison ne semble vraiment pas être un souci pour lui, ce qui révèle de plus en plus qu’il s’agit d’une escroquerie.
Alors que faire ?
continuer à ruminer ?
se mettre en colère et rompre toute confiance à lui accorder ?
ou écouter le dharma absolu et donc ne plus du tout s’en préoccuper, et baisser la culotte sans ne plus se soucier du sort de la culotte et des autres éventuelles trahisons en cours et/ou à venir ?
Voilà l’ obstacle que ma voie me brandit face à ton énonciation du dharma absolu.
J’aimerais bien retrouver la voie du milieu que je maintiens néanmoins en ruminant, mais jusqu’ à quand ?
et peut-être bien qu’en toute compassion, et qu’ à partir de ta position de tiers, tu puisses évoquer une idée qui soit bénéfique pour démêler cette affaire qui oppose celui qui donne sans vraiment compter, de celui qui abuse de ce don sans scrupules, l' air de rien.
Merci d’ avance.
j’ ai beaucoup aimé tes interventions sur ce sujet, tant elles sont claires, et m’ évoquent cette lumière qui traversent les Bouddhas sans se déformer.
Tu dis tout comme le Dharma:
‘’…
on doit pratiquer la perfection du don gratuit, du don de son corps, de sa vie, et de ses possessions, sans regret aucun….’’
Je ne suis pas à ce niveau de don absolu, cependant, disons que j’ aurais plutôt cette tendance de cheminer vers cette compassion absolue, puisque je ressens bien que c’est elle qui m’ attire… et comme tu t’en doutes, de nombreux obstacles surgissent.
J’aurais à te poser une petite question qui me turlupine depuis quelques jours.
Cette question est à propos de vraiment ce qui se passe dans ma vie ces jours ci.
Quand tu accordes ta confiance en quelqu’un, que tu lui prêtes un objet et que tu apprends par un tiers, qu’il en fait un autre usage que ce qui était convenu, j’ appelle ça de la trahison. (ou si tu préfères de l’ abus de confiance).
Comment doit-on réagir ?
Ma réaction immédiate a été de ne pas broncher et de laisser du temps à ce que digestion se fasse… et je dois dire que ma digestion ressemble à de la rumination de rumination de rumination…. aussi ta réponse me serait peut-être bien utile pour cesser de ruminer.
En fait, mon abstinence de réaction a plutôt été dans le sens compassionel, pour laisser du temps au traitre de spontanément me révéler sa trahison, et de plus pour ne pas trahir celui qui m ‘en a informé.
Or le temps passant il semblerait de plus en plus que cette trahison ne semble vraiment pas être un souci pour lui, ce qui révèle de plus en plus qu’il s’agit d’une escroquerie.
Alors que faire ?
continuer à ruminer ?
se mettre en colère et rompre toute confiance à lui accorder ?
ou écouter le dharma absolu et donc ne plus du tout s’en préoccuper, et baisser la culotte sans ne plus se soucier du sort de la culotte et des autres éventuelles trahisons en cours et/ou à venir ?
Voilà l’ obstacle que ma voie me brandit face à ton énonciation du dharma absolu.
J’aimerais bien retrouver la voie du milieu que je maintiens néanmoins en ruminant, mais jusqu’ à quand ?
et peut-être bien qu’en toute compassion, et qu’ à partir de ta position de tiers, tu puisses évoquer une idée qui soit bénéfique pour démêler cette affaire qui oppose celui qui donne sans vraiment compter, de celui qui abuse de ce don sans scrupules, l' air de rien.
Merci d’ avance.
Kaïkan- Admin
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- Message n°13
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Yudo a écrit:"Depuis d'innombrables éons, j'ai erré à travers les différents stades de l'existence, abandonnant le fondamental au profit du dérivatif, générant ainsi une grande quantité d'inimitié et de dégoût, et entraînant une quantité illimitée de souffrance et de discorde pour les autres. Ma souffrance présente constitue la fructification de mes crimes passés et de mon karma, et non pas quelque chose qui m'a été attribué par un quelconque être céleste ou humain. Je l'accepterai patiemment et avec contentement, sans me plaindre."
Je crains que ce ne soit interprété comme le prix des péchés de la religion chrétienne.
Il n'y a pas que les conséquences de son propre karma, il y a aussi celles du karma collectif.
Il y a aussi la faute à "pas de chance".
Tout ça s’entremêle inextricablement et d'abord il est raisonnable d'essayer de se sortir du pétrin quand on s'y retrouve à corps défendant.
Si vraiment il n'y a pas d'issue, alors on peut se permettre d'être fataliste.
Mais pas avant d'avoir tout essayé pour résoudre les problèmes qui ont surgi.
zanshin- Modératrice
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- Message n°14
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
C'est le retour de la punition pour mauvaise conduite. Ouille !!!
Bientôt l'autoflagellation ?
Essayons de garder notre calme et notre sang-froid.
Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°15
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
J'ai connu la trahison, et à plusieurs reprises dans ma vie, et en particulier dans un cas qui a été déterminant pour tout le reste de ma vie, comme j'y ai fait à plusieurs reprises allusion sur ces pages.
Je persiste à penser qu'il serait stupide de ne plus jamais faire confiance à personne à cause de ces incidents. Et il me semble qu'accorder sa confiance est une chose importante, qui m'a rarement causé des ennuis dans ma pratique professionnelle.
Il me paraît logique, à la suite de ces expériences, de ne jamais accorder une confiance aveugle, parce qu'elle impliquerait que nos amis ne peuvent pas compter sur nous pour les avertir d'une erreur possible. Etre aux aguets fait partie de l'état de conscience active, et peut être utile pour les autres. Lorsqu'on se fait trahir, il faut punir. Non pas par vengeance, ce serait idiot et contre-productif, mais parce que la bienveillance veut que l'on enseigne au traître qu'on n'est pas dupe et qu'on lui donne une chance. Il faut qu'il comprenne rapidement qu'il y a des conséquences à ses actes.
Cela paraît simple à énoncer, l'est beaucoup moins dans la pratique, parce que l'attitude que je décris demande beaucoup de sang froid et d'humour, entre autres.
Je persiste à penser qu'il serait stupide de ne plus jamais faire confiance à personne à cause de ces incidents. Et il me semble qu'accorder sa confiance est une chose importante, qui m'a rarement causé des ennuis dans ma pratique professionnelle.
Il me paraît logique, à la suite de ces expériences, de ne jamais accorder une confiance aveugle, parce qu'elle impliquerait que nos amis ne peuvent pas compter sur nous pour les avertir d'une erreur possible. Etre aux aguets fait partie de l'état de conscience active, et peut être utile pour les autres. Lorsqu'on se fait trahir, il faut punir. Non pas par vengeance, ce serait idiot et contre-productif, mais parce que la bienveillance veut que l'on enseigne au traître qu'on n'est pas dupe et qu'on lui donne une chance. Il faut qu'il comprenne rapidement qu'il y a des conséquences à ses actes.
Cela paraît simple à énoncer, l'est beaucoup moins dans la pratique, parce que l'attitude que je décris demande beaucoup de sang froid et d'humour, entre autres.
tangolinos- 無為 - mui -
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- Message n°16
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Merci pour vos réponses, qui soulagent un peu ma rumination, que je me suis engagé néanmoins à maintenir pendant quelques jours.
@Kaïkan
Je retiens cette idée de karma collectif, qui m’ouvre d’autres horizons de réflexion.
@Yudo
Je retiens cette idée de mettre en avant l’ humour.
Le rire est en effet un remède miraculeux…
Je vais tâcher d’ y penser, bien que je ne vois pas comment le déclencher… peut être en axant la conversation sur l’ auto dérision, comme savent le faire si bien les simplets.
@zanshin
oui garder notre calme et sang froid !…c’ est ça ma rumination, je ne vois comment je vais éviter ma colère aléatoire, quand je vais me retrouver face au coupable.
Je me souviens d’une conversation avec un vieux à qui je disais que je ne comprenais pas comment les escrocs arrivent à dormir, tant il m’ était impossible de dormir dès qu’ on pouvait me reprocher quoi que ce soit… ( peut-être que mon propre examen de conscience permanent est quelque chose qui m’ a été inculqué par mon éducation ?)
Le vieux m’ a répondu en disant que c’ était très simple à comprendre.
C’est une question de formatage:
Il y a ceux qui ne dorment pas, quand ils craignent d’ être sortis de la juste voie.
Et il y a ceux qui ne dorment pas, s’ils n’ ont pas escroqué quelqu’un dans la journée.
Sa réponse m’ a soulagé, cependant je persiste à penser que la voie est pour tous, et qu’il faut un temps pour chaque chose.
Peut-être bien que les escrocs sont encore un fruit vert, et que nous devons les aider à murir…. encore faut-il qu’ils nous écoutent, et non pas qu’ils fassent semblant.
Quand j’ y pense, il me semble que tout ce qui nous arrive est un enseignement, même si parfois on n’ y voit que saignement.
@Kaïkan
Je retiens cette idée de karma collectif, qui m’ouvre d’autres horizons de réflexion.
@Yudo
Je retiens cette idée de mettre en avant l’ humour.
Le rire est en effet un remède miraculeux…
Je vais tâcher d’ y penser, bien que je ne vois pas comment le déclencher… peut être en axant la conversation sur l’ auto dérision, comme savent le faire si bien les simplets.
@zanshin
oui garder notre calme et sang froid !…c’ est ça ma rumination, je ne vois comment je vais éviter ma colère aléatoire, quand je vais me retrouver face au coupable.
Je me souviens d’une conversation avec un vieux à qui je disais que je ne comprenais pas comment les escrocs arrivent à dormir, tant il m’ était impossible de dormir dès qu’ on pouvait me reprocher quoi que ce soit… ( peut-être que mon propre examen de conscience permanent est quelque chose qui m’ a été inculqué par mon éducation ?)
Le vieux m’ a répondu en disant que c’ était très simple à comprendre.
C’est une question de formatage:
Il y a ceux qui ne dorment pas, quand ils craignent d’ être sortis de la juste voie.
Et il y a ceux qui ne dorment pas, s’ils n’ ont pas escroqué quelqu’un dans la journée.
Sa réponse m’ a soulagé, cependant je persiste à penser que la voie est pour tous, et qu’il faut un temps pour chaque chose.
Peut-être bien que les escrocs sont encore un fruit vert, et que nous devons les aider à murir…. encore faut-il qu’ils nous écoutent, et non pas qu’ils fassent semblant.
Quand j’ y pense, il me semble que tout ce qui nous arrive est un enseignement, même si parfois on n’ y voit que saignement.
gigi- Amateur
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- Message n°17
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Merci Yudo pour ces Enseignements
avec metta
gigi
avec metta
gigi
L'entrée dans le principe consiste à s'éveiller à la Vérité grâce à l'enseignement. On doit avoir une foi profonde dans le fait que la véritable nature unique et identique est une possession de tous les êtres sensibles, autant ordinaires qu'éveillés, et que cette véritable nature n'est recouverte et rendue imperceptible qu'en vertu de fausses impressions sensorielles.
Si l'on renonce à la fausseté et qu'on prend refuge dans la Vérité, on réside imperturbable dans la "contemplation du mur" [ch.: biguan, ce qui pourrait être une translittération de vipassana], dans laquelle soi-même et les autres, êtres ordinaires et sages, ne font qu'un; on demeure immobile sans agitation, sans jamais être ébranlé par les enseignements écrits. Etre ainsi mystérieusement identifié avec le véritable principe, être ainsi sans discrimination, serein et inactif: telle est l'entrée dans le principe.
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- Message n°18
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Je trouve aussi que la traduction de Yudo est très précise.
C'est un texte qu'il faut connaître et relire de temps en temps.
Merci Yudo.
C'est un texte qu'il faut connaître et relire de temps en temps.
Merci Yudo.
Tenza- Débutant
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- Message n°19
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Yudo, maître zen a écrit:La troisième est la pratique de l'absence d'avidité. Les diverses sortes de convoitise et d'attachement dont on fait l'expérience dans notre ignorance éternelle sont appelées avidité. la personne sage est éveillée à la Vérité, dont le principe essentiel est contraire à la convention humaine. Elle pacifie son esprit dans l'inactivité et accepte tout ce qui lui arrive. Comprenant que toute existence est non-substancielle, elle est sans désirs. Le sûtra dit: "Avoir des envies entraîne de la souffrance: être sans envies signifie la joie." Comprenez clairement qu'être sans envies est équivalent à la véritable pratique de la Voie.
Est-ce qu'il serait possible d'avoir des précisions sur le fait d'être "sans envies" ?? Car j'imagine (en cas de mauvaises interprétations) où cela peut conduire . Des "bouddhistes" détachés de tout et mort à l'intérieur j'en ai vu quelques uns... Et ça ne faisait pas "envie" du tout
Avoir envie de repeindre sa chambre en bleu, avoir envie d'une pizza 4 fromages, avoir envie d'aller se balader le long de la plage en hivers.... est-ce contraire à la pratique de la Voie ?
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- Message n°20
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
On peut retourner la réflexion de la façon suivante et se demander:
"Avoir envie d'être sans envie, est-ce la pratique de la Voie?"
Les mots sont piégeux, leur attachement à la lettre encore plus...plein de maîtres ont dénoncé cela, notamment dans le chan (à savoir dans la droite suite du texte traduit dans cette file).
L'extinction des désirs ne se fait pas par leur répression ni leur suppression consciente et intentionnelle, mais, comme il y est dit, par la compréhension que toute existence est non-substantielle....c'est à dire que nous n'existons pas sans être reliés à ce qui nous entoure.
Etre mort à l'intérieur, ce n'est pas être libéré du désir...c'est juste le tuer en croyant que le tuer c'est s'en libérer. C'est une interprétatio nihiliste des choses, et c'est une erreur fort fréquente dans le milieu, et qui crée toujours des souffrances.
"Avoir envie d'être sans envie, est-ce la pratique de la Voie?"
Les mots sont piégeux, leur attachement à la lettre encore plus...plein de maîtres ont dénoncé cela, notamment dans le chan (à savoir dans la droite suite du texte traduit dans cette file).
L'extinction des désirs ne se fait pas par leur répression ni leur suppression consciente et intentionnelle, mais, comme il y est dit, par la compréhension que toute existence est non-substantielle....c'est à dire que nous n'existons pas sans être reliés à ce qui nous entoure.
Etre mort à l'intérieur, ce n'est pas être libéré du désir...c'est juste le tuer en croyant que le tuer c'est s'en libérer. C'est une interprétatio nihiliste des choses, et c'est une erreur fort fréquente dans le milieu, et qui crée toujours des souffrances.
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- Message n°21
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Lorsque nous sommes à notre juste place en Dhamma, ce sont les envies qui nous quittent et non l'inverse sans que cela soit déplaisant, bien au contraire chaque désir se remplace par une liberté et une vastitude de bien-être qui laisse tout l'espace disponible à plus de conscience
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gigi
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Yudo, maître zen- Admin
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Humeur : Colérique, lourd, égoïste, antipathique.Ou sympa, équanime, altruiste et sympathique. C selon
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- Message n°22
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Nishijima disait toujours, "les désirs, c'est la vie. Ne plus en avoir, ce serait être mort. Ce qu'il faut, c'est ne pas leur donner d'importance."
Cela implique, certes, une attention de (presque) tous les instants, où l'on doit avoir vraiment conscience du niveau de nécessité de nos envies. Si j'ai envie de pipi, c'est pas pareil que si j'ai envie d'avoir une Triumph Bonneville flambant neuve. Mais si je me mets à tourner en boucle sur mon envie d'avoir une Triumph Bonneville flambant neuve, dont je n'ai pas les moyens, c'est sûr que je vais pas être heureux!
(Vous l'aurez tous compris: j'adooooooooooooooooooorerais avoir une Triumph Bonneville flambant neuve... )
Cela implique, certes, une attention de (presque) tous les instants, où l'on doit avoir vraiment conscience du niveau de nécessité de nos envies. Si j'ai envie de pipi, c'est pas pareil que si j'ai envie d'avoir une Triumph Bonneville flambant neuve. Mais si je me mets à tourner en boucle sur mon envie d'avoir une Triumph Bonneville flambant neuve, dont je n'ai pas les moyens, c'est sûr que je vais pas être heureux!
(Vous l'aurez tous compris: j'adooooooooooooooooooorerais avoir une Triumph Bonneville flambant neuve... )
Fred- Animateur
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- Message n°23
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Etre sans envie, c'est aussi il me semble avoir appris à donner une valeur inconditionnelle au simple fait d'exister. Notre bien-être ne devra donc pas en quelque sorte dépendre du fait de repeindre sa chambre ou de manger une pizza quatre fromages, mais ces choses là seront plutôt considérées au final comme des ornements dans le sens de :
Ornement : Partie accessoire d'une composition, qui la rehausse, l'enjolive, mais pourrait être retranchée sans porter atteinte au sujet principal.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ornement/56524
Ornement : Partie accessoire d'une composition, qui la rehausse, l'enjolive, mais pourrait être retranchée sans porter atteinte au sujet principal.
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Yudo, maître zen- Admin
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- Message n°24
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Voilà
Tenza- Débutant
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- Message n°25
Re: Traité des deux entrées de Bodhidharma
Merci, vos réponses confirment l'interprétation que je m'étais faites jusqu'à présent de ces textes et qui correspond également à un changement de perspective dans ma vie.
Nos envies et leur réalisation ne sont donc pas un pré-requis à notre bien-être, un plus tout au plus mais qui n'a pas vocation à combler un manque illusoire (puisque tout est déjà là). L'absence d'envies (ou plutôt l'absence d'attachement à ces dernières) n'est que la conséquence simultanée d'une certaine pratique/réalisation (les deux n'étant pas distinct).
C'est surtout un appel à la compréhension et non une injonction, injonction qui nous ferait retomber dans l'autre versant des désirs.
Nos envies et leur réalisation ne sont donc pas un pré-requis à notre bien-être, un plus tout au plus mais qui n'a pas vocation à combler un manque illusoire (puisque tout est déjà là). L'absence d'envies (ou plutôt l'absence d'attachement à ces dernières) n'est que la conséquence simultanée d'une certaine pratique/réalisation (les deux n'étant pas distinct).
C'est surtout un appel à la compréhension et non une injonction, injonction qui nous ferait retomber dans l'autre versant des désirs.