J'ai vécu la semaine dernière un épisode qui m'a fait toucher du doigt certains des trucs qu'on enseigne à partir du concept des Trois Poisons, Avidité, Aversion et Ignorance.
Je partage mon logement depuis plus d'un an et demi avec un jeune, électricien, avec qui tout se passait jusque là à merveille: loyer payé dans les délais, discret, gentil et tout.
Dans la nuit, l'autre jour, j'ai entendu un fracas de verre brisé et un insoutenable tapage. Au début, j'ai cru que c'était dans la rue, et puis j'ai compris que cela venait de sa chambre. Il faisait un accès de schizophrénie et avait fracassé les vitres de ses fenêtres. Quand j'ai raconté l'épisode à un ami médecin, et lui ai décrit certaines des choses que j'avais (tout de même) constatées au cours de la cohabitation, il m'a dit que j'aurais dû y voir les signes de schizophrénie.
Bref, sans donner trop de détails, j'ai constaté ceci: il y avait un moment que je voyais qu'il aimait bien le mysticisme et l'ésotérisme, cela m'agaçait mais ne m'avait pas inquiété. Mais cette nuit-là, lorsqu'il m'a accusé de méfaits que d'autres que moi avaient commis, j'ai compris que tout, dans sa tête, tournait autour de son Moi: "Pourquoi je n'ai pas ce qu'ont les autres?" "Tu m'as volé ma femme" (je n'ai jamais même rencontré son ex, mais il la considère comme une possession), "Pourquoi est-ce que je suis petit?" Etc.
Il sait que l'Univers est un, au plan intellectuel, mais il s'en détache, voulant que ce qui lui arrive soit à cause des autres.
Il nage dans l'aversion, qui génère sa colère, contre tout ce qui ne va pas dans le monde, mais ne s'intéresse pas aux personnes réelles qu'il connaît.
Il cultive l'avidité pour tout ce qu'il pourrait désirer et ne peut avoir.
Et finalement, il est victime de l'ignorance en refusant de voir que s'il est, lui, l'Univers (ou Dieu, comme il dit), donc, c'est lui qui a créé cette situation. Mais il faut que cela soit de la faute de quelqu'un d'autre.
La réflexion finale qui m'en vient, c'est, est-ce que ce genre de problème mental ne serait pas la conséquence extrême d'un Moi mal développé, mal assuré et qui, ne sachant s'affirmer, ne sait rien faire d'autre que se représenter en séparation d'avec tout le reste?
J'avais vu il y a longtemps qu'il faut un Moi solide pour accepter l'idée que le Moi est une fiction utile. J'ai aussi écrit ici même que je trouvais qu'il y avait deux sortes de personnes: celles qui n'ont pas confiance en elles, et celles qui n'ont pas confiance en elles. Et que ces dernières le cachent derrière une façade, souvent très élaborée, et de toute façon fortifiée.
Bref, ce monde de la consommation ne fait rien pour aider les gens à acquérir une personnalité capable de les faire avancer.
Je partage mon logement depuis plus d'un an et demi avec un jeune, électricien, avec qui tout se passait jusque là à merveille: loyer payé dans les délais, discret, gentil et tout.
Dans la nuit, l'autre jour, j'ai entendu un fracas de verre brisé et un insoutenable tapage. Au début, j'ai cru que c'était dans la rue, et puis j'ai compris que cela venait de sa chambre. Il faisait un accès de schizophrénie et avait fracassé les vitres de ses fenêtres. Quand j'ai raconté l'épisode à un ami médecin, et lui ai décrit certaines des choses que j'avais (tout de même) constatées au cours de la cohabitation, il m'a dit que j'aurais dû y voir les signes de schizophrénie.
Bref, sans donner trop de détails, j'ai constaté ceci: il y avait un moment que je voyais qu'il aimait bien le mysticisme et l'ésotérisme, cela m'agaçait mais ne m'avait pas inquiété. Mais cette nuit-là, lorsqu'il m'a accusé de méfaits que d'autres que moi avaient commis, j'ai compris que tout, dans sa tête, tournait autour de son Moi: "Pourquoi je n'ai pas ce qu'ont les autres?" "Tu m'as volé ma femme" (je n'ai jamais même rencontré son ex, mais il la considère comme une possession), "Pourquoi est-ce que je suis petit?" Etc.
Il sait que l'Univers est un, au plan intellectuel, mais il s'en détache, voulant que ce qui lui arrive soit à cause des autres.
Il nage dans l'aversion, qui génère sa colère, contre tout ce qui ne va pas dans le monde, mais ne s'intéresse pas aux personnes réelles qu'il connaît.
Il cultive l'avidité pour tout ce qu'il pourrait désirer et ne peut avoir.
Et finalement, il est victime de l'ignorance en refusant de voir que s'il est, lui, l'Univers (ou Dieu, comme il dit), donc, c'est lui qui a créé cette situation. Mais il faut que cela soit de la faute de quelqu'un d'autre.
La réflexion finale qui m'en vient, c'est, est-ce que ce genre de problème mental ne serait pas la conséquence extrême d'un Moi mal développé, mal assuré et qui, ne sachant s'affirmer, ne sait rien faire d'autre que se représenter en séparation d'avec tout le reste?
J'avais vu il y a longtemps qu'il faut un Moi solide pour accepter l'idée que le Moi est une fiction utile. J'ai aussi écrit ici même que je trouvais qu'il y avait deux sortes de personnes: celles qui n'ont pas confiance en elles, et celles qui n'ont pas confiance en elles. Et que ces dernières le cachent derrière une façade, souvent très élaborée, et de toute façon fortifiée.
Bref, ce monde de la consommation ne fait rien pour aider les gens à acquérir une personnalité capable de les faire avancer.