En espérant qu'il vous intéressera.
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Pour moi, le zen gagnerait à être investi, mesuré, avec "l'esprit du bluff".
Je propose à travers ça une porte d'accès différente, qui n'exclut pas les autres, et notamment celle d'un vrai maître (ce que je ne prétends pas être) : L'esprit du débutant de Shunryu Suzuki (à lire, vraiment, c'est du pure génie et en plus c'est très clair).
L'esprit du bluff, késaco ?
C'est le poker, par exemple. C'est agir dans l'incertitude sans être gêné par l'incertitude.
J'ai eu cette idée en écoutant à la radio le récit d'un médecin de guerre qui adorait le poker. Il raconte qu'encore interne en médecine et peu expérimenté (il passait plus de temps à jouer au poker qu'à bosser ses cours), il a été envoyé au Vietnam.
Au départ, l'hôpital où il bosse est calme. Quasiment rien à faire, il est donc en train de lire pépouze en fumant une clope quand le téléphone sonne.
"-Salut c'est l'hôpital Bidule, là on est débordé, y'a trop de blessés de guerre, on peut t'en envoyer un paquet ?
-Euh oui, mais bon j'avoue je suis un peu nul et je suis le seul médecin en charge ici alors je sais pas trop si...
-Non mais ça peut pas être pire qu'ici. On te les envoie."
Un peu plus tard, 63 blessés de guerre débarquent.
Le médecin inexpérimenté regarde derrière lui : personne. Il est seul. Il faut le faire, même s'il est pas sûr.
Il opérera pendant une nuit, un jour, et encore une nuit sans interruption, réussissant (d'après le dire de ses collègues à postériori) à sauver un nombre tout à fait décent de blessés.
Voilà ce qu'est l'esprit du bluff.
On ne sait pas quoi faire quand il y a quelque chose à faire, car la situation est "nouvelle". Pour être certain de "bien faire", il faudrait faire le choix, voir les conséquences, puis revenir dans le temps, en arrière, pour faire le deuxième choix, voir les conséquences, et alors on pourrait savoir avec certitude "ce qui est mieux". Mais c'est impossible.
On est toujours, comme ce médecin de guerre, dans le feu de l'action.
Comme le chat de Nansen. Il faut dire un truc, sinon le matou va être tranché. Personne ne sait quoi dire ?
Pas grave. Il faut faire un truc quand même.
Voilà un peu ce que je voulais partager autour de l'esprit du bluff. Dans le zen, on bosse avec l'incertitude. Faut laisser couler. Tenter de toutes ses forces, annoncer avec force "Un bâton à merde ! " et c'est la force de conviction et la justesse de l'engagement qui justifiera la réponse, pas uniquement le contenu de la réponse.
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Je ne me souviens malheureusement plus du nom de ce médecin. Si ça vous intéresse, je pourrai essayer de retrouver l'émission de radio. Mais je ne suis pas sûr d'y arriver.