http://www.dhagpo-kagyu.org/france/enseignements/etude/general/brefapper.htm
(...) Les paroles du Bouddha constituent bien évidemment un tout mais on les classe cependant selon trois niveaux, appelés les Trois Tours de Roue du Dharma, la roue étant, depuis les temps anciens, un symbole de puissance et de dynamique.
Le premier cycle d’enseignement fut donné à Sarnath, dans le Nord de l’Inde, près de la cité de Varanassi plus connue aujourd’hui sous le nom de Bénarés. Il s’agit des Quatre Nobles Vérités dont on pourrait dire qu’il s’agit à la base d’un constat :
- Le constat de l’insatisfaction et de la souffrance expérimentées continuellement par les êtres.
- Le constat du fait que l’origine de cette souffrance n’est pas la réalité mais la manière dont l’esprit appréhende cette réalité.
- Puisque l’origine de la souffrance n’est pas la réalité elle-même, il est possible de s’en libérer et d’accéder à l’au-delà de la souffrance, terme dont l’équivalent en sanscrit est nirvana.
- Il existe un chemin permettant à tous les êtres sans exception de se libérer de cette cause de souffrance et de ses conséquences.
Ces Quatre Nobles Vérités constituent le fondement ce que l’on nomme le Petit Véhicule, le Hinayana ou bien encore le Théravada.
Le deuxième Tour de Roue du Dharma est principalement l’enseignement sur la vacuité, l’absence de réalité propre des phénomènes tant extérieurs qu’intérieurs. Bien sûr, il y a la souffrance, l’origine de la souffrance, l’au-delà de la souffrance et le chemin de la libération, tout ceci est vrai mais relativement vrai. A un niveau plus subtil, il est impossible de mettre le doigt sur une entité, subtile ou concrète, ayant une existence réelle. A l’image d’un rêve ou d’un arc-en-ciel, la manifestation peut être expérimentée mais elle est de l’ordre de l’illusion. Cet enseignement extrêmement profond fut donné par le Bouddha à Rajgir, en un lieu nommé le Pic des Vautours. Il sera largement développé quelques siècles plus tard par Nagarjuna et d’autres grands maîtres. Il constituera ce que l’on appelle le Madhyamika ou Voie du Milieu et servira de base au Mahayana, le Grand Véhicule.
Le Troisième Tour de Roue du Dharma est un nouvel éclaircissement de la voie vers l’éveil. Il distingue notamment les enseignements ultimes des enseignements circonstanciels et d’un niveau relatif, qui furent donnés par le Bouddha en fonction de la capacité de compréhension de son auditoire. On y trouve également tout ce qui concerne la nature de l’esprit ou courant de conscience : loin d’être pur néant, cette absence de réalité est dynamique, lumineuse et sage. Au-delà de toute notion d’existence et de non-existence, elle est l’union de la sagesse et de la compassion. Les circonstances dans lesquelles fut donné ce troisième Tour de Roue du Dharma sont plus incertaines : il est dit que cela eut lieu en partie à Rajghir mais le plus souvent sous une forme trop subtile pour être perceptible par les êtres ordinaires.
Ce bref aperçu permet de constater à quel point la compassion du Bouddha est grande.
Il nous accompagne pas à pas vers la réalisation de l’être, selon une progression qui veille à nous éviter de sombrer dans des points de vue erronés. L’ordre selon lequel son enseignement fut donné est d’une grande importance : les Quatre Nobles Vérités nous montrent la nécessité de bien nous imprégner de la situation dans laquelle nous nous trouvons et du chemin à parcourir. Ce serait un leurre que de vouloir immédiatement se convaincre que tout ce qui nous arrive n’est qu’illusion. L’enseignement sur la vacuité révèle que ce n’est pas simplement ce qui nous arrive qui est illusoire mais que c’est l’ensemble de la relation duelle "expérimentateur / chose expérimentée" qui est en cause. D’un autre côté, le troisième Tour de Roue du Dharma, par son évocation de la nature de l’esprit, nous évite de sombrer dans une sorte de nihilisme sans toutefois commettre l’erreur de croire en l’existence d’une entité permanente faite de sagesse et de compassion, puisque la nature de ce courant de conscience se situe au-delà de tout extrême d’existence et de non-existence.(...)