LE CODE DU SAMOURAÏ
La fleur des fleurs est le bourgeon de la fleur du cerisier, le samouraï est l'homme parmi les hommes. Proverbe Japonais.
- 1. JUSTICE : GI :
- Parfois aussi nommée droiture, rectitude ou rigueur; c'est le précepte qui demande de suivre les règles morales que l'on considère comme justes, sans jamais s'en écarter.
Le terme Gishi est appliqué à un individu démontrant un grand accomplissement de soi dans une discipline.
Un guerrier célèbre la définit ainsi : "La rectitude est le pouvoir de prendre, sans faiblir, une décision dictée par la raison. Mourir quand il est bien de mourir, frapper quand il est bien de frapper." La droiture passe par le respect de soi-même, et engendre le respect à l'égard des autres et de la part des autres. Être fidèle à ses engagements, à sa parole, et à l'idéal que l'on s'est choisi est soutenu par le courage.
- 2. COURAGE : YU :
- Le jeune Samouraï était continuellement endurci et endoctriné sur la notion de courage. Pendant leur éducation, on les contraignait parfois les jeunes apprentis Samouraïs à se rendre seuls, à minuit, sur les lieux d'un supplice, et à en rapporter la tête d'un des condamnés pour éprouver leur courage. Le courage n'est pas donc l'absence de la peur, mais d'affronter les épreuves malgré nos peurs et nos craintes. Un Samouraï a dit: "C'est le propre du vrai courage de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir." Le courage nous pousse aussi à faire respecter ce qui nous paraît juste. Confucius définit ainsi le courage : "Sachant ce qui est juste, ne pas le faire démontre l'absence de courage. Donc, le courage est de faire ce qui est juste."
- 3. BIENVEILLANCE : JIN :
- La bienveillance, ou compassion, est une vertu de base selon le confucianisme Chinois. Elle nous incite à être attentif à notre prochain, à être respectueux de la vie. (Voici ce que Mencius disait au sujet de la bienveillance: La bienveillance emporte avec elle tout ce qui tente de lui faire obstacle, aussi facilement que l'eau domine le feu.)
Le Samouraï doit prêter assistance à ceux qui en ont besoin. S'il a un katana que d'autres hommes n'ont pas le droit d'avoir, c'est pour s'en servir à leur place et pas pour s'en servir contre eux. Nous retrouvons ici la clémence du guerrier japonais, Bushi No Nasake, qui pouvait certes utiliser son sabre pour régler tout problème lui étant présenté, mais qui possédait également la possibilité de calmer les esprits sans ôter la vie. Certains disciples du Bushido pouvaient atteindre un haut degré de douceur pacifique. Tel Ogawa : " Quand les autres disent du mal de toi, ne rends pas le mal pour le mal, mais réfléchis que tu n'a pas été non plus toujours fidèle dans l'accomplissement de tes devoirs ". Conçue comme un trait féminin, la bienveillance vient équilibrer la droiture , un trait perçu comme étant masculin.
- 4. RESPECT : REI :
- Le respect, n'est que l'expression de l'intérêt sincère et authentique porté à autrui, quelle que soit sa position sociale, au travers de gestes et d'attitudes pleines de respect et de sollicitude. Il faut éviter la critique et le dénigrement des autres, car cette néfaste habitude a pour but inconscient de se louanger soi-même. Rabaisser autrui est un moyen facile de se grandir, relativement à peu de frais. De telles pratiques sont indignes d'un Samouraï. Peu importe la position sociale, les qualités et les faiblesses des autres, le Samouraï doit traiter les personnes et les choses avec respect.
Le respect nous ramène au principe du Ying et du Yang; l'un ne peut exister sans l'autre. Sans modestie, aucun respect n'est possible, sans respect aucune confiance ne peut naître. Sans confiance aucun enseignement ne peut être donné, ni reçu. Cette relation humaine élevée est encore vivante en Orient. Pour respecter les autres, il faut pouvoir résister à ses propres émotions d'impatience, de colère, de désir, de peur, etc. La force d'âme, combinée au respect d'autrui et à la politesse, qui ne veut pas blesser ou gêner les autres, aboutit alors à une grande quiétude.
- 5. SINCÉRITÉ : MAKOTO :
- La sincérité est primordiale dans l'engagement martial : Le Bushidō tient le mensonge ou l'ambiguïté pour une lâcheté. Bien qu'il y ait divers serments et rites accompagnés de promesses dans la vie d'un Samouraï, on considère dans la vie courante que sa parole vaut acte. Un Samouraï n'a pas besoin de prêter serment lorsqu'il déclare qu'il va faire quelque chose. Le simple fait qu'il le dise l'engage, et le fait de mettre en doute cet engagement revient à insulter le Samouraï. Bushi no ishigon, parole de Samouraï, est une garantie suffisante. Une promesse ainsi faite est tenue, sans preuve nécessaire de cet engagement. Il n'y a pas de différence entre vérité et réalité. Confucius va plus loin : La sincérité est la fin et le commencement de toutes choses, sans la sincérité, rien n'existerait. L'idéogramme chinois qui signifie sincérité est une combinaison des mots Parole et Perfection.
- 6. HONNEUR : MEIYO :
- L'idéogramme de Meiyo contient deux kanji. Mei signifie nom et Yo veut dire réputation, honneur. La plupart des Samouraïs vouaient leur vie au Bushidō, qui exigeait loyauté et honneur jusqu'à la mort. Si un Samouraï échouait à garder son honneur il pouvait le regagner en commettant le seppuku, un suicide rituel, que l'on connaît mieux en occident sous le terme de hara-kiri ou action de s'ouvrir le ventre. Cependant, il faut souligner la différence entre seppuku et hara-kiri. Le seppuku permettait à un guerrier vaincu de se donner la mort et de pouvoir ainsi mourir en gardant son honneur intact, le vainqueur abrégeait ensuite ses souffrances. Le hara-kiri était une façon de se donner la mort où la personne "perdait" tout honneur suite à ce geste. Dans le Japon féodal, on parlera de hara-kiri pour une personne se donnant la mort suite à une grande humiliation par exemple, et de seppuku pour une personne assumant une défaite en se donnant la mort. Cette nuance est d'une grande importance dans la compréhension du Bushidō. Sous sa forme la plus pure, le Bushidō exige de ses pratiquants qu'ils jugent efficacement le moment présent par rapport à leur propre mort, comme s'ils n'étaient déjà plus de ce monde.
Miyamoto Musashi a rédigé un livre intitulé Gorin no sho, Le livre des cinq roues. Une compilation des idées de Musashi figurent dans le Doku-ko-do, principes pour agir seul. Dans un des articles il écrit: "mi o sutetemo myori wa sutezu"(meme si tu dois te sacrifier, tu ne dois pas oublier ton honneur). En clair, cela signifie que si vous oubliez votre honneur, vous allez a l'encontre du dō, les principes moraux, et du gi. Vous devez donc défendre votre honneur même au prix de votre vie.
On laissait les apprentis Samouraïs de plus en plus libre d'agir selon leur propre jugement, avec la certitude que la moindre erreur ne serait pas pardonnée, qu'il se repentirait toute sa vie d'une offense grave et qu'un reproche mérité était plus à redouter que la mort même. Toute infraction à l'honneur d'un Samouraï était ressentie et appelée ren-shi-shin, le sens de la honte. La désobéissance au code ou à un supérieur produisait un sentiment de culpabilité et de honte. Le sens du déshonneur était ainsi le stimulant suprême pour corriger sa conduite. Un Samouraï, dans sa jeunesse, refusa de laisser entamer sa réputation par une légère compromission: parce que, disait-il, le déshonneur est pareil à une cicatrice sur un arbre que le temps, au lieu d'effacer, agrandit tous les jours .
Mencius disait: Il est dans la nature de tout homme d'aimer l'honneur, mais ce qui est vraiment honorable réside en chacun et non ailleurs. L'honneur que les hommes confèrent n'est pas le véritable honneur. L'honneur est attaché à la manière d'être, à la fidélité, à la parole, à un ami, un Maître, un Idéal, ou à la vérité. C'est pourquoi le devoir de loyauté est un autre pilier du Bushidō.
- 7. LOYAUTÉ : Chūgi :
- Il n'y a pas d'honneur sans loyauté à l'égard de certains idéaux, et de ceux qui les partagent. Le devoir de loyauté n’est pas uniquement une attitude envers les autres, mais aussi envers des principes et des valeurs. Elle symbolise la nécessité de tenir ses promesses et remplir ses engagements, ainsi que la sincérité dans ses paroles et dans ses actes. Le Samouraï doit servir et ne saurait se soustraire à ce qui définit jusqu'au nom de sa caste. Au Japon la première place revenait à l'Empereur qui incarnait pour les japonais, le Yamato, l'âme même du pays. Cependant, même l'Empereur devait s'incliner devant la volonté du Ciel et un Samouraï ne saurait faire moins que ceux qui sont au-dessus de lui. D'ailleurs, le terme Samouraï vient du verbe saburau qui signifie servir. Le Samouraï sert son seigneur et aussi son clan, sa loyauté doit être sans faille. L'intérêt du clan, de la famille passe en premier, passe avant l'individu.
De nos jours, ce lien a évolué, tout au moins dans certaines civilisations occidentales, mais il n'a pas pour autant disparu. Bien que, dans certains pays d'Occident, on prête encore maintenant serment au souverain, Roi ou Empereur, qui incarne la patrie. Aujourd'hui, il convient de faire preuve de fidélité et de loyauté, par exemple à l'égard de sa patrie, y compris, pour la défendre, l'éventuel sacrifice de la vie. Celui qui se dérobe à ce devoir est considéré comme un lâche ou un traître.