Zen et nous

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    Message par Kaïkan Mar 22 Mai 2012 - 17:23

    fonzie a écrit:Moi aussi, j'aime la citation de Tchouang-Tseu. D'ailleurs j'arrive pas à mettre la main sur le Sutra de "l'Illumination de la Mer Profonde"
    mais en cherchant j'ai trouvé une citation aussi, on dirait que c'est de Fa

    Du fait que les êtres sensibles se font des illusions, ils pensent qu’ils devraient abandonner ce qui leur semble illusoire et trouver ce qui est "véritable". Mais dès que l’illumination survient, les distinctions entre l’illusoire et le "véritable" disparaissent.
    FA TSANG...extrait ICI

    Bonjour fonzie,

    J'ai récupéré un texte qui donne, à mon avis, quelques clés essentielles pour suivre la pensée de Tchouang-tseu (Zhuang-zi)


    La relativité du langage


    La réflexion sur le langage occupe une place considérable dans la philosophie occidentale comme dans la philosophie orientale. La pensée antique chinoise pourrait apporter un éclairage supplémentaire à la question des limites du langage(13). Dans la période des Royaumes Combattants en Chine (403-256 av. J.-C.), les différents courants de pensée s’épanouissent et se définissent largement en fonction de leur position par rapport au discours.

    Les logiciens (Mingjia ) considèrent le perfectionnement du langage comme une fin en soi, tandis que pour les légistes (Fajia ) qui placent la loi comme étant l’unique manière de contrôler la vie sociale qui est par essence dominée par des pulsions négatives, le discours est l’instrument d’un pouvoir absolu. C’est le taoïsme qui ouvre une nouvelle ère de la réflexion philosophique sur la fonction du langage et sur son rapport avec la réalité prise dans sa totalité. Les textes principaux du taoïsme, le Laozi et le Zhuangzi partagent une intuition initiale: la réalité (le Dao) est au-delà du régime du langage. Elle est donc inexprimable. Or, l’homme qui vise à s’approcher de cette réalité indicible, doit renoncer à toute action et à tout discours.

    Nous nous concentrons ci-dessous sur certaines discussions dans le texte de Zhuangzi qui ont pour objet de délimiter la frontière du langage et même de la pensée. Dans le chapitre intitulé « La réduction ontologique » (Qiwulun ), Zhuangzi nous donne son idée centrale: « Celui qui parle a quelque chose à exprimer. Mais ce quelque chose n’est jamais tout à fait déterminé par la parole. » (Tchouang-tseu 2001: 37) Lorsque nous parlons de la réalité indicible, nous nous efforçons en effet à la déterminer dans sa forme par la forme même de notre langage. Dans un autre passage, Zhuangzi développe l’idée de l’inadéquation du langage face à l’indicible:

    « La distinction entre le fin et le gros se limite au domaine des formes. Ce qui n’a pas de forme ne saurait être divisé par le calcul; ce qui ne peut être circonscrit ne saurait être mesuré par le calcul. Ce qu’on peut exprimer en paroles, c’est le gros des choses; ce qu’on peut atteindre en idées, c’est le fin des choses. Tout ce qu’on ne peut exprimer en paroles et qu’on peut atteindre en idées dépasse à la fois le fin et le gros. (Tchouang-tseu 2001: 136) »

    Nous ne pouvons mesurer que ce qui se présente sous forme mesurable. Par ailleurs, nous ne pouvons que parler de ce qui est aussi pensable ou exprimable. Le langage humain tend à saisir la part grossière des choses et leurs essences génératrices. Pourtant, l’indicible de la réalité ne peut être conçu puisqu’elle dépasse l’existence matérielle et qu’elle n’appartient pas à l’ordre des choses. A cet égard, « nous pouvons par la parole, puis par la pensée, atteindre à la limite des choses, de façon ‘locale’. Mais l’immensité de la réalité nous échappe ». (Jullien 1995: 358) Nous analyserons ci-dessous deux aspects spécifiques de la réflexion de Zhuangzi à propos de langage.

    Dans le texte de Zhuangzi, toutes les fonctions du langage, les raisons analytiques et les logiques discursives sont mises en cause. Zhuangzi défie tout d’abord la forme langagière qui représente le monde en se fondant sur un système de concepts relatifs. Je dis ceci et non cela, je vois les choses comme-ci et non comme ça. Lorsque nous utilisons le langage, nous nous situons inévitablement dans une position qui nous oblige à saisir le monde selon une logique dualiste, et qui risque de nous empêcher d’atteindre la totalité de la réalité. Le vrai et le faux, le bien et le mal, le beau et le laid, le gros et le fin, tous ces couples de concepts sont interdépendants et donc relatifs. Il faut surmonter le langage et le système de concepts qu’il désigne pour voir le monde:

    « Soi-même est aussi l’autre; l’autre est aussi soi-même. L’autre a ses propres conceptions de l’affirmation et de la négation. Soi-même a également ses propres conceptions de l’affirmation et de la négation. Y a-t-il vraiment une distinction entre l’autre et soi-même, ou n’y en a-t-il point ? Que l’autre et soi-même cessent de s’opposer, c’est là qu’est le pivot du Dao. Ce pivot se trouve au centre du cercle, et s’applique à l’infinité des cas. Mes cas de l’affirmation sont une infinité; le cas de la négation le sont également. Ainsi, il est dit: le mieux est d’avoir recours à illumination. (Tchouang-tseu 2001: 38) »

    En cherchant à approfondir son idée, Zhuangzi fait une métaphore: le pivot de la réalité profonde se trouve au centre d’une circonférence. Les hommes avec leurs points de vue différents les uns des autres n’occupent chacun qu’un point de circonférence. Afin de représenter la circonférence dans sa totalité, il faut se mettre au centre de cette circonférence, c’est-à-dire renoncer à la relativité des choses, à la distinction réversible des notions et aux préjugés humains qui relèvent tous d’un même genre, celui du langage.
    Zhuangzi discrédite fondamentalement le langage et, à travers lui, le raisonnement discursif. En dévoilant tous les procédés du discours, il vise à « tourner en dérision la raison discursive et en dénoncer la vanité ». (Cheng 2002: 117) Dans un dialogue avec Huizi, le représentant du courant des « logiciens » de son époque, Zhuangzi attaque explicitement le procédé d’une discussion de type pseudo-logique:

    Zhuangzi et Huizi se promenaient sur un pont de la rivière Hao. Zhuangzi dit: « Voyez comme les vairons se promènent tout à leur aise ! C’est là la joie des poissons.
    – Vous n’êtes pas un poisson, dit Huizi. Comment savez-vous ce qui est la joie des poissons ?
    – Vous n’êtes pas moi, repartit Zhuangzi. Comment savez-vous que je ne sais pas ce qui est la joie des poissons ?
    – Je ne suis pas vous, dit Huizi, et assurément je ne sais pas ce que vous savez ou non. Mais comme assurément vous n’êtes pas un poisson, il est bien évident que vous ne savez pas ce qui est la joie des poissons.
    – Revenons, dit Zhuangzi, à notre première question. Vous m’avez demandé: comment savez-vous ce qui est la joie des poissons ? Vous avez donc admis que je le savais, puisque vous m’avez demandé comment.
    Comment le sais-je ? Par voie d’observation directe sur le pont de la rivière Hao. » (Tchouang-tseu 2001: 143)

    Cette discussion entre Zhuangzi et Huizi, comme on le voit, n’occupe pas de la question du vrai ou du faux d’une proposition. En effet, Zhuangzi tente de montrer qu’avec le langage, on traite non de faits, mais d’énoncés. Une proposition admissible ou recevable au sens où elle est logiquement possible, où elle manifeste toutes les apparences de la rationalité, ne révèle rien sur la réalité et n’accroît en rien la connaissance que nous pouvons avoir de cette réalité. Zhuangzi se méfie de la fausse recherche de vérité à laquelle se livrent les savants, avec leur confiance abusive dans le discours.


    Ne rien dire


    Puisque les limitations du langage nous enferment dans une certaine partialité, nous devons chercher à déborder la parole. Zhuangzi rêve d’une forme de langage qui pourrait déjouer sa condition langagière et qui se libèrerait des oppositions factices. En employant intensivement dans le texte les métaphores, les images, les questions doubles et contradictoires, les juxtapositions d’affirmations et de négations, Zhuangzi tente d’inventer au sein du langage un passage vers une autre manière de voir. Le langage doit être délaissé dès qu’il sert d’instrument négatif qui permettrait d’indiquer la réalité, sans la définir:
    Les hommes qui sont en quête du Dao croient le trouver dans les écrits. Mais les écrits ne valent pas plus que la parole. Certes, la parole a une valeur, mais celle-ci réside dans le sens. Or, le sens se réfère à quelque chose, mais ce quelque chose ne peut se communiquer par les mots. Pourtant, c’est pour ce quelque chose que les hommes accordent de la valeur aux mots et transmettent les livres. Tout cela, le monde a beau lui donner du prix, moi je trouve que cela ne le mérite pas car ce à quoi on donne du prix n’est pas ce qu’il y a de plus précieux.

    Pour exprimer cette nécessité d’un dépassement du sens littéral, Zhuangzi nous propose dans un autre passage, l’image de la nasse et du poisson:

    La nasse sert à prendre le poisson; quand le poisson est pris, oubliez la nasse.
    Le piège sert à capturer le lièvre; quand le lièvre est pris, oubliez le piège.
    La parole sert à exprimer l’idée; quand l’idée est saisie, oubliez la parole.
    Comment pourrais-je rencontrer quelqu’un qui oublie la parole, et dialoguer avec lui? (Tchouang-tseu 2001: 221)

    Si l’on considère que la nasse est la parole, le poisson le sens, il y aurait d’une part l’instrument du langage et de l’autre, l’idée qu’on veut exprimer. La parole en tant qu’outil qui transmet dans l’immédiat, disparaît dans la quotidienneté de l’usage. Pour Zhuangzi, le langage au-delà de son inadéquation à exprimer la réalité, est à l’origine même de notre égarement. Comme on peut le souligner, « tout le Zhuangzi lui-même ne serait qu’une telle ‘nasse’ ou qu’un tel ‘lacet’, et qui reste ‘attaché’ à eux, nous prévient-on, est condamné à s’égarer ». (Jullien 1995: 356) La parole peut être « oubliée » en vue d’accéder à l’indicible.

    Afin de revenir à notre état de nature, les taoïstes nous suggèrent de dépasser le langage et de s’abstenir de faire appel à l’intelligence humaine qui tend à scinder la totalité concrète et indivise en une dualité partiale. « La condition première pour la recherche du Dao est de se mettre en disponibilité, en congé, de manière à capter la petite musique qui nous vient de l’origine et qui n’a jamais cessé, malgré les bruits parasites de toute nature: activisme, conscience de jouer un rôle bien défini dans l’univers ou, plus généralement, confiance placée dans le discours, obstacle majeur dans la marche du Dao pour la simple raison qu’il n’est pas naturel », nous apprend Anne Cheng. (2002: 116) La réalité profonde cesse d’être perçue lorsque s’imposent les catégories du langage. C’est la raison pour laquelle Zhuangzi nous le dit :
    « celui qui sait ne parle pas; celui qui parle ne sait pas. […...] [L]e saint pratique un enseignement sans parole. » (Tchouang-tseu 2001: 175)
    Afin de désigner la manière d’accéder à cette réalité, il introduit un discours qui se compose d’une série de négations:
    « Pour connaître le Dao, on ne doit ni penser ni réfléchir ; pour s’installer dans le Dao, on ne doit adopter aucune position ni s’appliquer à rien ; pour posséder le Dao, on ne doit partir de rien, ni suivre aucun chemin ». (Tchouang-tseu 2001: 175)
    Ces négations visent à transcender toute position partiale et nous mettent dans une position de « globalité » dans laquelle demeurerait ouverte la totalité des possibilités.




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    Message par Invité Mar 22 Mai 2012 - 23:23

    Bonsoir et merci Kaïkan

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    Message par tangolinos Mer 23 Mai 2012 - 19:44

    Bonjour Kaïkan
    Ton texte est une véritable friandise...
    ça me fait penser que notre ami Chakyam aurait bien aimé s'en abreuver, et ptêtre même que ça aurait pu lui produire certains effets bénéfiques. Very Happy

    Ce qui est époustouflant c'est de voir qu' il y a déjà 2500ans qu'un penseur ait atteint une compréhension que la science d'aujourd'hui commence à peine à appréhender.

    Métaphoriquement le langage est une tentative de décrire la réalité comme l'est une mapemonde pour représenter la surface de la Terre...
    De même les astrophysiciens se heurtent à cette difficulté à représenter non plus la surface d'une sphère, mais l'espace qui contiendrait l'univers... Il y a un effet d'incurvation qui n'est pas évident à appréhender, et encore plus difficile à décrire...

    Dans le texte de Tchouang-tseu, j'aime beaucoup ce passage=
    La nasse sert à prendre le poisson; quand le poisson est pris, oubliez la nasse.
    Le piège sert à capturer le lièvre; quand le lièvre est pris, oubliez le piège.
    La parole sert à exprimer l’idée; quand l’idée est saisie, oubliez la parole.
    Comment pourrais-je rencontrer quelqu’un qui oublie la parole, et dialoguer avec lui?


    En bref, on ne peut dire que des sottises, et curieusement parfois elles semblent ne pas l'être. albino
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    Message par lausm Mer 23 Mai 2012 - 22:46

    Tous les intervenants de forum devraient se rappeler de la relativité des mots!
    Un mot, relié à quelque chose, exprimant son sens.
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    Message par Fred Jeu 16 Aoû 2012 - 20:20

    Les Anciens qui cultivaient le Tao nourrisaient leur intelligence par leur calme. Si leur intelligence n'agissait plus pour elle-même, c'est qu'ils nourrisaient leur calme par leur intelligence. Si leur intelligence et leur calme se nourrissaient réciproquement; l'harmonie et l'ordre découleraient de leur nature.

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    Message par Fred Mer 19 Aoû 2015 - 15:02

    J'aime bien celle là Smile



    “Un éleveur de singes distribuait des glands aux singes en leur disant : 

    "Je vous donnerai trois glands le matin et quatre le soir. Qu'en pensez-vous ?"

    Tous les singes se mirent en colère


    "Je vous en donnerai quatre le matin et trois le soir. Qu'en pensez-vous ?"


    Tous les singes furent enchantés.


    Finalement, cette histoire est assez proche du poème de Ryōkan je trouve :

    « Le voleur parti 
    N'a oublié qu'une chose,
    La lune à la fenêtre. » 
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    Message par Zenoob Mer 19 Aoû 2015 - 15:31

    Dans le bouquin sur Sawaki on trouve ça : "l'éveil, c'est comme un cambrioleur qui pénètre une maison vide".
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    Message par Fred Jeu 20 Aoû 2015 - 14:21

    "l'éveil, c'est comme un cambrioleur qui pénètre une maison vide".

    Cela pourrait faire penser à cet extrait du sutra de la grande sagesse :

    O Sariputra, toute existence a le caractère de Ku, il n'y a ni naissance, ni commencement, ni pureté,ni souillure, ni croissance, ni décroissance.

    Un peut comme si tels des voleurs pénétrant dans cette maison, nous devions finir par nous apercevoir qu'il est vain de chercher à s'approprier le manifesté.
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    Message par Fred Ven 4 Sep 2015 - 18:40

    "Lorsque l’esprit connaît la tranquillité, il soumet l’univers entier."
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    Message par tangolinos Ven 4 Sep 2015 - 20:32

    Fred a écrit:"Lorsque l’esprit connaît la tranquillité, il soumet l’univers entier."
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    Je dirais que la traduction est erronée ( Yudo pourra nous en dire plus )
    Il me semble qu'une fois l'esprit tranquille, il n' a plus qu'une seule intention, celle de suivre le Tao.
    Autrement dit, l'idée de soumettre quoi que soit, n'est pas sa préoccupation.
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    Message par Kaïkan Ven 4 Sep 2015 - 20:50


    La perfection est la tranquillité dans le désordre.

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    Message par Frédérique Ven 4 Sep 2015 - 21:30

    tangolinos a écrit:
    Fred a écrit:"Lorsque l’esprit connaît la tranquillité, il soumet l’univers entier."
    Zhuangzi
    Je dirais que la traduction est erronée ( Yudo pourra nous en dire plus )
    Il me semble qu'une fois l'esprit tranquille, il n' a plus qu'une seule intention, celle de suivre le Tao.
    Autrement dit, l'idée de soumettre quoi que soit, n'est pas sa préoccupation.

    Je ne sais si la traduction est erronée, mais c'est très fort de sens.
    Peut-être dans l'idée de soumission que la traduction est erronée ? dans "il soumet l'univers entier" car il y a une notion de force, d'obligation ?

    Celle ci aussi, est forte :

    Kaikan a écrit:La perfection est la tranquillité dans le désordre. Zhuangzi



    Merci pour vos partages à tous.
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    Message par Fred Sam 5 Sep 2015 - 10:53

    J'entends plutôt le verbe "soumettre" employé ici, dans ce sens que lorsque la tranquillité serait trouvée, l'univers entier se mettrait spontanément au diapason. Donc j'y vois une notion d'harmonisation.
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    Message par Lumpinee Dim 6 Sep 2015 - 10:34

    Frédérique a écrit:
    tangolinos a écrit:
    Fred a écrit:"Lorsque l’esprit connaît la tranquillité, il soumet l’univers entier."
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    Je dirais que la traduction est erronée ( Yudo pourra nous en dire plus )
    Il me semble qu'une fois l'esprit tranquille, il n' a plus qu'une seule intention, celle de suivre le Tao.
    Autrement dit, l'idée de soumettre quoi que soit, n'est pas sa préoccupation.

    Je ne sais si la traduction est erronée, mais c'est très fort de sens.
    Peut-être dans l'idée de soumission que la traduction est erronée ? dans "il soumet l'univers entier" car il y a une notion de force, d'obligation ?


    Pourquoi prendre les choses au pied de la lettre?

    Pourquoi forcément le Tao?

    Et si l'idée de soumission pouvait etre vue sans aucune forme de dualité?
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    Message par Invité Dim 6 Sep 2015 - 10:49

    Fred a écrit:J'entends plutôt le verbe "soumettre" employé ici, dans ce sens que lorsque la tranquillité serait trouvée, l'univers entier se mettrait spontanément au diapason. Donc j'y vois une notion d'harmonisation.
    tous les enfants sages et donc obéissants, savent que tôt ou tard, ils auront un bonbon...  Wink  

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    Message par tangolinos Dim 6 Sep 2015 - 22:05

    Fred a écrit:J'entends plutôt le verbe "soumettre" employé ici, dans ce sens que lorsque la tranquillité serait trouvée, l'univers entier se mettrait spontanément au diapason. Donc j'y vois une notion d'harmonisation.

    je préfère l' évocation de Kaïkan=
    La perfection est la tranquillité dans le désordre.
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    dans le sens que ce qui prime est la tranquillité dénuée de toute intention...peu importe qu'elle porte ses fruits ou pas...

    L' idée de soumettre me semble animée par un désir, animé lui-même par une insatisfaction.

    Alors certes on peut s'interroger sur les effets de cette tranquillité...sont-ils immanents ou transcendants ?...éternelle question...
    Ya bien un lien entre la tranquillité et le désordre qui se transforme en moins désordre...mais bon, la tranquillité impose de ne pas s'en préoccuper.
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    Message par Kaïkan Dim 6 Sep 2015 - 23:12

    Fred a écrit:"Lorsque l’esprit connaît la tranquillité, il soumet l’univers entier."
    Zhuangzi

    Bonsoir à tous et particulièrement à ceux qui suivent la pensée (et l'au-delà de la pensée) de Tchouang-tseu ou Zhuangzi, de son vrai nom Zhuāng Zhōu, un penseur chinois du IVᵉ siècle .

    Au risque d'en étonner certains, je pense que les deux citations vont dans le même sens. Pour celui dont l'esprit connaît la tranquillité, l'impression est que l'univers entier est soumis à cette tranquillité car il n'y a plus d'adversaire, plus de conflit, seulement les choses et les évènements tels qu'ils sont.

    Donc : "La perfection est la tranquillité dans le désordre." est la confirmation de la soumission de l'univers et du pratiquant (faisant partie de cet univers) à cette tranquillité qui ne peut être bouleversée par rien, pas même par le désordre car elle intègre tout y compris le chaos.

      baboo


    Quand l'esprit se soumet à la tranquillité, il s'harmonise avec l'univers entier.

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    Message par Fred Lun 7 Sep 2015 - 12:35

    Kaîkan a écrit:Quand l'esprit se soumet à la tranquillité, il s'harmonise avec l'univers entier.
    Kaïkan

    Ici, cette dualité que dénonçait Tango est clairement effacée. Smile
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    Message par tangolinos Lun 7 Sep 2015 - 21:36

    Disons que je ne cherche pas à prouver quoi que ce soit...
    Mon propos est de cheminer vers le plus en plus subtil, et de partager ce cheminement...
    Alors certes, l'usage du mot "soumettre" m'a incité à réagir, dans le sens que l'un imposerait à l'autre.

    Qui dirige quoi ? là, est la question...
    ma réponse est que tout est lié...inutile de penser, basiquement, que la cause précède l'effet...il me semble fort probable que les effets prédéterminent leurs causes.

    Autrement dit, entre la cause et l'effet, ya probablement  pas de distinction.

    Quand l' Esprit est tranquille, l' Univers est tranquille.
    Qui de l'un ou de l'autre a fait cette tranquillité ?
    Probablement les deux à la fois...là est mon pari !...Hihi
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    Zhuangzi - Page 2 Empty Re: Zhuangzi

    Message par esprit du débutant Lun 7 Sep 2015 - 23:54

    Bonsoir Smile

    "Vouloir éviter l'inévitable, n'est-ce pas augmenter sa douleur?" (koân de la 1ère page)

    L'entropie en physique c'est la mesure du degré de désordre d'un système, celle-ci est toujours croissante; le désordre ne peut qu'augmenter. En outre cette entropie peut être vue comme la flèche du temps, le temps qui passe.
    le temps qui passe nous renvoyant à notre finitude, la mort la vie...Il ( le temps qui passe, le désordre) engendre une résistance finalement douloureuse. Vouloir éviter la marche du temps le désordre qui croît, revient à se lancer sur des moulins à vent.

    Ce qui me renvoie à   "la perfection est la tranquillité dans le désordre"

    ces 2 koâns semblent ainsi se compléter de manière harmonieuse.    Smile  Rolling Eyes
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    Message par Yudo, maître zen Mar 8 Sep 2015 - 8:38

    Kaïkan a écrit:
    Bonsoir à tous et particulièrement à ceux qui suivent la pensée (et l'au-delà de la pensée) de Tchouang-tseu ou Zhuangzi, de son vrai nom Zhuāng Zhōu, un penseur chinois du IVᵉ siècle .

    Desole de dire ca, mais rien de tout ca n'est le "vrai" nom: ce ne sont que des transliterations, c'est a dire des tentatives de rendre la prononciation (en putonghua contemporain, qui plus est) des caractères 莊周 qui forment son nom. le Zi signifie "maitre", zhou serait son prénom.
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    Message par Kaïkan Mar 8 Sep 2015 - 23:06


    En Pinyn :
    庄周梦蝶 Trad. 莊周夢蝶
    zhuāng zhōu mèng dié
    Zhuangzi 莊子|庄子 rêve d'un papillon (ou bien est-ce le papillon qui rêve de Zhuangzi ?)

    source → ici

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    Message par Invité Jeu 10 Sep 2015 - 20:42

    Ne rien dire
    (...)
    C’est la raison pour laquelle Zhuangzi nous le dit :
    "celui qui sait ne parle pas; celui qui parle ne sait pas. […...] Le saint pratique un enseignement sans parole."

    https://zen-et-nous.1fr1.net/t742p15-zhuangzi#18949
    en tout cas Zhuangzi a dit la même chose que Lao-tseu, mais on sait pas si Zhuangzi a rêvé de Lao-tseu ou si Lao-tseu a rêvé de Zhuangzi ?

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    Message par Yudo, maître zen Jeu 10 Sep 2015 - 23:16

    莊周= Maître Balai... Very Happy
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    Message par zanshin Ven 11 Sep 2015 - 7:39

    Un article très intéressant sur Tchouang-tseu :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Tchouang-tseu

    Citations :

    1. Mort et vie, conservation et destruction, succès et échec, pauvreté et richesse, compétence et incompétence, calomnie et apologie, faim et soif. Ce sont toutes les alternances du destin. Elles opèrent jour et nuit et on ne peut connaître leurs sources. À quoi bon donc, les laisser troubler notre paix.
    2. Qui s’attache, n’est pas bienveillant. Qui choisit le moment, n’est pas sage. Qui ne sait que pertes et profits sont corrélatifs, n’est pas un homme de bien. Qui agit par renom et se perd, n’est pas un gentilhomme.

        PS :
        主 zhǔ maître, patron
        周 zhōu parfait, général, semaine, (dynastie), (patronyme)
        source : http://www.ramou.net/di/diChinoisCarBushou-19.htm

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