Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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Kaïkan
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papier de riz
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    De la solitude à l'amour (texte libre)

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    Message par papier de riz Mar 6 Déc 2011 - 12:07

    Un texte libre sur la solitude, une méditation , un fragment d'itinéraire personnel qui je l'espère suscitera des réactions et des critiques.

    On dit qu'il y aura toujours de la solitude pour ceux qui en sont dignes... ( Barbey d'Aurevilly ) Jolie sentence d'écrivain...S'il y a des solitudes glorieuses ,héroïques et spirituelles, pour le commun des hommes elle n'est pas autre chose qu'une traversée de l'impossible. Nous sommes contraints d'habiter avec nous-même, en somme, d'habiter notre solitude.
    Et rien ou trop peu dans notre nature nous y dispose. En vain, nous tentons de supprimer le sentiment de solitude , son caractère douloureux qui pousse parfois à des conduites étranges, des gesticulations désordonnées voire désespérées, à diverses symptômes névrotiques, discrets ou tapageurs. Nous pouvons courir après toutes sortes d'échappatoires... en vain. La solitude est une citadelle avant d'être une porte.
    Nous cesserons d'y trouver un remède ou une solution le jour où contraint ,forcé, défait et vaincu, Nous reconnaîtrons que le sentiment de solitude est en nous la signature de l'esprit qui seul est capable de s'élever au dessus des contingences pour envisager la finitude,, la mort, le sens de la vie . Deshimaru disait à propos de zazen : « Zazen c'est envisager votre vie votre karma du point de vue du cercueil ». Et ce vis à vis avec notre destin sera pour nous comme un renouveau, un commencement, c'est à dire une initiation.

    Une solitude plus ou moins subie d'abord, plus ou moins consentie ensuite, peu importe, c'est toujours bancale et raté. Car toujours la solitude nous tiens en échec et nous fait mal. Une solitude confortable n'est plus de la solitude mais un dessèchement, un endurcissement du coeur. Ce sera un décrochage, un lâcher-prise. S'il y a là de la paix ou de la sérénité, elle naitra de notre oui à la solitude (ontologique), une solitude à laquelle contre toute attente, nous ferons confiance. Cet assentiment là n' a rien à voir avec une résignation triste et grise.
    Paradoxe inconfortable : oui la solitude est bien le seul remède à notre incapacité à vivre avec nous-même, Habitare secum ( vivre en amitié avec soi-même) . le seul remède qui nous permette de vivre ce manque, cette incomplétude , ce grand blanc entre soi et l'autre.
    C'est dans cette solitude à laquelle nous donnerons enfin notre consentement que nous approfondirons notre capacité d'amour, de compassion et que nous découvrirons l'autre versant de l'amour , que notre foi bouddhique trouvera son accomplissement. C'est une des dix terres du boddhisattva (je ne sais plus laquelle).
    C'est un secret, on a beau le dire, ça ne l'évente ni ne l'épuise pour autant, le secret reste entier. ll n'y a aucune victoire face à la solitude, aucun gain. La solitude est à la fois ce qui nous terrasse, nous anéantis et ce qui nous rend capable de surmonter l'insurmontable sinon le difficile. La solitude est un cadeau en or que nous ne cessons de refuser qu'après un long et âpre combat qui a lieu dans l'obscurité, sans témoin.
    La solitude alors devient une porte qui s'ouvre sur la Rencontre (R majuscule car je parle de la conscience ou du coeur profond qui devient lieu de rencontre et de passage, et inaugure la fin l'illusion du sentiment de séparation ; le lieu de passage de l'incommunicabilité douloureuse de soi à la communion avec l'autre, à la joie (sukha)!
    La solitude de l'esprit si elle est assumée , elle n'est plus une citadelle mais une passerelle, un pont sur lequel passent ceux qui justement souffrent et ont besoin d'aide pour devenir des sujets libres parce qu'ils refusent d'affronter cette grande épreuve de l'existence humaine. Celui qui consent à sa propre solitude devient un passeur.
    Il faut faire confiance au sentiment de solitude lorsqu'il vient. C'est pénible et douloureux comme la brisure du coeur. Parce que la solitude défait toutes nos volontés de puissance et nos démonstrations de force (pff!). Elle nous met en face de notre inachèvement, en face de notre fragilité et de notre vulnérabilité foncières, notre condition vraie. Oui il faut lui faire confiance car la solitude est l'écrin dans lequel se révèle, et s'accomplit notre vraie nature: une lampe qui peut briller pour les autres, à notre insu.
    Ayant médité la douceur et la compassion, j'ai oublié la différence entre moi et les autres. (Milarepa)
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    Message par Fred Mar 6 Déc 2011 - 13:03

    Bonjour papier de riz et bienvenue Smile

    J'ai oublié la différence entre moi et les autres.

    Naturellement, inconsciemment, automatiquement, s'évanouissent les éventuelles tentatives de définir ou de nier cette différence.


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    Message par Kaïkan Mar 6 Déc 2011 - 20:23


    La solitude


     Barbara

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    Message par papier de riz Mar 6 Déc 2011 - 22:03

    bingo kaikan,
    tu fais mouche... Sad surement la chanson la plus juste et la plus belle écrite sur la solitude... merci. Very Happy
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    Message par Fa Jeu 8 Déc 2011 - 22:08

    Bonsoir,

    La solitude,... c'est très dure la solitude.
    Chaque fois que j'y suis confronté, je me demande, si l'être humain,
    est taillé pour la solitude. J'ai alors l'impression de me désynchroniser,
    d'être comme un enfant qui apprenant à nager, se rend soudain compte,
    qu'il n'a pas pied...
    J'aurais tendance, à voir en l'humain un tissus de relations.
    Et c'est auprès des autres êtres humains que ces relations sont les plus intenses, et
    source de satisfaction.
    Je crois qu'il faut être éminemment discipliné pour vivre seul.
    Et savoir se relier aux forces de la nature.
    2 choses que j'ai encore du mal à faire...

    FA
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    Message par Kaïkan Jeu 8 Déc 2011 - 22:55


    Bonsoir,

     Bon, je vais encore, peut-être, choquer certains par cette citation :


    "On nait seul, on vit seul, on meurt seul."
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    Message par Yudo, maître zen Ven 9 Déc 2011 - 9:01

    papier de riz a écrit:
    surement la chanson la plus juste et la plus belle écrite sur la solitude...
    Yen a d'autres...

    Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT (1594-1661)


    La solitude

    (extrait)

    O ! que j'aime la solitude !
    Que ces lieux sacrés à la nuit,
    Eloignés du monde et du bruit,
    Plaisent à mon inquiétude !
    Mon Dieu! Que mes yeux sont contents
    De voir ces bois qui se trouvèrent
    A la nativité du temps,
    Et que tous les Siècles révèrent,
    Etre encore aussi beaux et verts,
    Qu'aux premiers jours de l'Univers !

    (...)

    Que j'aime ce marais paisible !
    Il est tout bordé d'alisiers,
    D'aulnes, de saules et d'osiers,
    A qui le fer n'est point nuisible.
    Les Nymphes y cherchant le frais,
    S'y viennent fournir de quenouilles,
    De pipeaux, de joncs et de glais ;
    Où l'on voit sauter les grenouilles,
    Qui de frayeur s'y vont cacher
    Sitôt qu'on veut s'en approcher.

    Là, cent mille oiseaux aquatiques
    Vivent, sans craindre en leur repos,
    Le giboyeur fin et dispos,
    Avec ses mortelles pratiques,
    L'un, tout joyeux d'un si beau jour,
    S'amuse à becqueter sa plume ;
    L'autre alentit le feu d'amour
    Qui dans l'eau même se consume,
    Et prennent tout innocemment
    Leur plaisir en cet élément.

    (...)

    Que j'aime à voir la décadence
    De ces vieux châteaux ruinés,
    Contre qui les ans mutinés
    Ont déployé leur insolence !
    Les sorciers y font leur sabbat ;
    Les démons follets s'y retirent,
    Qui d'un malicieux ébat
    Trompent nos sens et nous martyrent ;
    Là se nichent en mille trous
    Les couleuvres et les hiboux.

    L'orfraie, avec ses cris funèbres,
    Mortels augures des destins,
    Fait rire et danser les lutins
    Dans ces lieux remplis de ténèbres.
    Sous un chevron de bois maudit
    Y branle le squelette horrible
    D'un pauvre amant qui se pendit
    Pour une bergère insensible,
    Qui d'un seul regard de pitié
    Ne daigna voir son amitié.

    (...)

    Là, se trouvent sur quelques marbres
    Des devises du temps passé ;
    Ici, l'âge a presque effacé
    Des chiffres taillés sur les arbres ;
    Le plancher du lieu le plus haut
    Est tombé jusque dans la cave,
    Que la limace et le crapaud
    Souillent de venin et de bave ;
    Le lierre y croît au foyer,
    A l'ombrage d'un grand noyer.

    (...)

    Que c'est une chose agréable
    D'être sur le bord de la mer,
    Quand elle vient à se calmer
    Après quelque orage effroyable !
    Et que les chevelus Tritons,
    Hauts, sur les vagues secouées,
    Frappent les airs d'étranges tons
    Avec leurs trompes enrouées,
    Dont l'éclat rend respectueux
    Les vents les plus impétueux.

    (...)
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    Message par Kaïkan Lun 12 Déc 2011 - 17:20


    Le même en vieux François


    Marc-Antoine Girard de Saint-Amant

    La Solitude


    1617



    O que j'ayme la solitude !
    Que ces lieux sacrez à la nuit,
    Esloignez du monde et du bruit,
    Plaisent à mon inquietude !
    Mon Dieu ! que mes yeux sont contens
    De voir ces bois, qui se trouverent
    A la nativité du temps,
    Et que tous les siècles reverent,
    Estre encore aussi beaux et vers,
    Qu'aux premiers jours de l'univers !

    Un gay zephire les caresse
    D'un mouvement doux et flatteur.
    Rien que leur extresme hauteur
    Ne fait remarquer leur vieillesse.
    Jadis Pan et ses demi-dieux
    Y vinrent chercher du refuge,
    Quand Jupiter ouvrit les cieux
    Pour nous envoyer le deluge,
    Et, se sauvans sur leurs rameaux,
    A peine virent-ils les eaux.

    Que sur cette espine fleurie
    Dont le printemps est amoureux,
    Philomele, au chant langoureux,
    Entretient bien ma resverie!
    Que je prens de plaisir à voir
    Ces monts pendans en precipices,
    Qui, pour les coups du desespoir,
    Sont aux malheureux si propices,
    Quand la cruauté de leur sort,
    Les force a rechercher la mort !

    Que je trouve doux le ravage
    De ces fiers torrens vagabonds,
    Qui se precipitent par bonds
    Dans ce valon vert et sauvage !
    Puis, glissant sour les arbrisseaux,
    Ainsi que des serpens sur l'herbe,
    Se changent en plaisans ruisseaux,
    Où quelque Naïade superbe
    Regne comme en son lict natal,
    Dessus un throsne de christal !

    Que j'ayme ce marets paisible !
    Il est tout bordé d'aliziers,
    D'aulnes, de saules et d'oziers,
    À qui le fer n'est point nuisible.
    Les nymphes, y cherchans le frais,
    S'y viennent fournir de quenouilles,
    De pipeaux, de joncs et de glais ;
    Où l'on voit sauter les grenouilles,
    Qui de frayeur s'y vont cacher
    Si tost qu'on veut s'en approcher.

    Là, cent mille oyseaux aquatiques
    Vivent, sand craindre, en leur repos,
    Le giboyeur fin et dispos,
    Avec ses mortelles pratiques.
    L'un tout joyeux d'un si beau jour,
    S'amuse à becqueter sa plume ;
    L'autre allentit le feu d'amour
    Qui dans l'eau mesme se consume,
    Et prennent tous innocemment
    Leur plaisir en cet élement.

    Jamais l'esté ny la froidure
    N'ont veu passer dessus cette eau
    Nulle charrette ny batteau,
    Depuis que l'un et l'autre dure ;
    Jamais voyageur alteré
    N'y fit servir sa main de tasse ;
    Jamais chevreuil desesperé
    N'y finit sa vie à la chasse ;
    Et jamais le traistre hameçon
    N'en fit sortir aucun poisson.

    Que j'ayme à voir la décadence
    De ces vieux chasteaux ruinez,
    Contre qui les ans mutinez
    Ont deployé leur insolence !
    Les sorciers y font leur savat ;
    Les demons follets y retirent,
    Qui d'un malicieux ébat
    Trompent nos sens et nous martirent ;
    Là se nichent en mille troux
    Les couleuvres et les hyboux.

    L'orfraye, avec ses cris funebres,
    Mortels augures des destins,
    Fait rire et dancer les lutins
    Dans ces lieux remplis de tenebres.
    Sous un chevron de bois maudit
    Y branle le squelette horrible
    D'un pauvre amant qui se pendit
    Pour une bergère insensible,
    Qui d'un seul regard de pitié
    Ne daigna voir son amitié.

    Aussi le Ciel, juge équitable,
    Qui maintient les loix en vigueur,
    Prononça contre sa rigueur
    Une sentence epouvantable :
    Autour de ces vieux ossemens
    Son ombre, aux peines condamnée,
    Lamente en longs gemissemens
    Sa malheureuse destinée,
    Ayant, pour croistre son effroy,
    Tousjours son crime devant soy.

    Là se trouvent sur quelques marbres
    Des devises du temps passé ;
    Icy l'âge a presque effacé
    Des chiffres taillex sur les arbres ;
    Le plancher du lieu le plus haut
    Est tombé jusques dans la cave,
    Que la limace et le crapaud
    Souillent de venin et de bave ;
    Le lierre y croist au foyer,
    A l'ombrage d'un grand noyer.

    Là dessous s'estend une voûte
    Si sombre en un certain endroit,
    Que, quand Phebus y descendroit,
    Je pense qu'il n'y verrroit goutte ;
    Le Sommeil aux pesans sourcis,
    Enchanté d'un morne silence,
    Y dort, bien loing de tous soucis,
    Dans les bras de la Nonchalence,
    Laschement couché sur le dos
    Dessus des gerbes de pavots.

    Au creux de cette grotte fresche,
    Où l'Amour se pourroit geler,
    Echo ne cesse de brusler
    Pour son amant froid et revesche,
    Je m'y coule sans faire bruit,
    Et par la celeste harmonie
    D'un doux lut, aux charmes instruit,
    Je flatte sa triste manie
    Faisant repeter mes accords
    A la voix qui luy sert de corps.

    Tantost, sortant de ces ruines,
    Je monte au haut de ce rocher,
    Dont le sommet semble chercher
    En quel lieu se font les bruïnes ;
    Puis je descends tout à loisir,
    Sous une falaise escarpée,
    D'où je regarde avec plaisir
    L'onde qui l'a presque sappée
    Jusqu'au siege de Palemon,
    Fait d'esponges et de limon.

    Que c'est une chose agreable
    D'estre sur le bord de la mer,
    Quand elle vient à se calmer
    Après quelque orage effroyable !
    Et que les chevelus Tritons,
    Hauts, sur les vagues secouées,
    Frapent les airs d'estranges tons
    Avec leurs trompes enrouées,
    Dont l'eclat rend respectueux
    Les vents les plus impetueux.

    Tantost l'onde brouillant l'arène,
    Murmure et fremit de courroux
    Se roullant dessus les cailloux
    Qu'elle apporte et qu'elle r'entraine.
    Tantost, elle estale en ses bords,
    Que l'ire de Neptune outrage,
    Des gens noyex, des monstres morts,
    Des vaisseaux brisez du naufrage,
    Des diamans, de l'ambre gris,
    Et mille autres choses de prix.

    Tantost, la plus claire du monde,
    Elle semble un miroir flottant,
    Et nous represente à l'instant
    Encore d'autres cieux sous l'onde.
    Le soleil s'y fait si bien voir,
    Y contemplant son beau visage,
    Qu'on est quelque temps à savoir
    Si c'est luy-mesme, ou son image,
    Et d'abord il semble à nos yeux
    Qu'il s'est laissé tomber des cieux.

    Bernières, pour qui je me vante
    De ne rien faire que de beau,
    Reçoy ce fantasque tableau
    Fait d'une peinture vivante,
    Je ne cherche che les deserts,
    Où, resvant tout seul, je m'amuse
    A des discours assez diserts
    De mon genie avec la muse ;
    Mais mon plus aymable entretien
    C'est le ressouvenir du tien.

    Tu vois dans cette poesie
    Pleine de licence et d'ardeur
    Les beaux rayons de la splendeur
    Qui m'esclaire la fantaisie :
    Tantost chagrin, tantost joyeux
    Selon que la fureur m'enflame,
    Et que l'objet s'offre à mes yeux,
    Les propos me naissent en l'ame,
    Sans contraindre la liberté
    Du demon qui m'a transporté.

    O que j'ayme la solitude !
    C'est l'element des bons esprits,
    C'est par elle que j'ay compris
    L'art d'Apollon sans nulle estude.
    Je l'ayme pour l'amour de toy,
    Connaissant que ton humeur l'ayme
    Mais quand je pense bien à moy,
    Je la hay pour la raison mesme
    Car elle pourroit me ravir
    L'heur de te voir et te servir.

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    Message par papier de riz Jeu 22 Déc 2011 - 15:26

    Fa a écrit: Bonsoir,

    La solitude,... c'est très dure la solitude.
    Chaque fois que j'y suis confronté, je me demande, si l'être humain,
    est taillé pour la solitude. J'ai alors l'impression de me désynchroniser,
    d'être comme un enfant qui apprenant à nager, se rend soudain compte,
    qu'il n'a pas pied...
    J'aurais tendance, à voir en l'humain un tissus de relations.
    Et c'est auprès des autres êtres humains que ces relations sont les plus intenses, et
    source de satisfaction.
    Je crois qu'il faut être éminemment discipliné pour vivre seul.
    Et savoir se relier aux forces de la nature.
    2 choses que j'ai encore du mal à faire...

    FA

    oui très juste. L'humain se construit et se définit dans un tissu de relation. L'homme est animal social pour faire une citation... Il est néanmoins seul face au grand koan de la vie, de sa propre vie. Ontologiquement seul. A vrai dire peu d'homme sont assez bien construit pour affronter la solitude. D'où le divertissement ( pascalien)qui le protège du grand effondrement que peut provoquer une confrontation trop radicale à la solitude.
    Oui, comme tu le précises, il faut une grande discipline. Il faut aussi une solide structure psycho-affective. Et pouvoir se relier aux forces de la nature. Peu de personne comme tu le précise sont taillés pour la solitude. C'est très dur.
    Seulement, il peut arriver que la vie et ses aléas nous impose de grandes périodes de solitude, sans que nous puissions nous échapper. Dès lors, comment faire? Pas le choix, se laisser traverser et défaire par le processus. La solitude est comme le désespoir. Elle parait être un puis sans fond prêt à nous engloutir... mais non, il y a qqc au bout, de l'autre coté. C'est ce qu j'essaie de dire dans ce petit texte libre.
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    Message par papier de riz Jeu 22 Déc 2011 - 15:28

    Kaïkan a écrit:
    Le même en vieux François


    Marc-Antoine Girard de Saint-Amant

    La Solitude


    1617



    O que j'ayme la solitude !
    Que ces lieux sacrez à la nuit,
    Esloignez du monde et du bruit,
    Plaisent à mon inquietude !
    Mon Dieu ! que mes yeux sont contens
    De voir ces bois, qui se trouverent
    A la nativité du temps,
    Et que tous les siècles reverent,
    Estre encore aussi beaux et vers,
    Qu'aux premiers jours de l'univers !

    Un gay zephire les caresse
    D'un mouvement doux et flatteur.
    Rien que leur extresme hauteur
    Ne fait remarquer leur vieillesse.
    Jadis Pan et ses demi-dieux
    Y vinrent chercher du refuge,
    Quand Jupiter ouvrit les cieux
    Pour nous envoyer le deluge,
    Et, se sauvans sur leurs rameaux,
    A peine virent-ils les eaux.
    ...
    @ kaikan,
    très beau texte qui me rappelle mes cours d'ancien français à la FAC de lettres.

    merci
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    Message par papier de riz Jeu 22 Déc 2011 - 15:34

    Kaïkan a écrit:
    Bonsoir,

     Bon, je vais encore, peut-être, choquer certains par cette citation :


    "On nait seul, on vit seul, on meurt seul."
    @ kaikan,

    oui, d'une certaine façon... ce que tu dis est juste.
    et cependant :...aller, aller,aller ensemble au delà du par delà sur la rive du satori
    Very Happy
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    Message par Kaïkan Jeu 22 Déc 2011 - 16:28


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    Dernière édition par Kaïkan le Mar 9 Mai 2017 - 22:47, édité 1 fois
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    Message par AncestraL Mar 9 Mai 2017 - 22:09

    Je me fais à la vie seule.
    Mais depuis toujours, je me sens seul au-dedans.
    On nait seul, on vit seul, on meurt seul : c'est exact.
    Je cherche désespérément autour de moi des amis spirituels et encore mieux, une compagne qui le serait et vivrait elle aussi ces choses si intenses qui m'habitent ou me traversent.
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    Message par Lumpinee Dim 14 Mai 2017 - 9:30

    La solitude est quelquechose de très important pour nous, pratiquants spirituels. Il y a des gens qui ne peuvent vivre seul, et d'autres qui se complaisent dedans.

    La solitude est excellente si elle ne dure pas. Elle peut rendre complètement fou aussi.
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    Message par Yudo, maître zen Mar 16 Mai 2017 - 18:22

    Le poème de St-Amant traduit par Mme Katherine Philips et mis en musique par Henry Purcell

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