Yudo, maître zen a écrit: (...)
Mais évidemment que Zazen est un exercice physique!!! Pas que ça, évidemment, mais tout de même à moitié. Pourquoi devrait-ce être horripilant?
Cela n'a rien d'horripilant, c'est même très sain et, en effet, assez évident.
Mais je crois que ce n'est pas non plus "seulement" un exercice physique. La compréhension du versant physiologique (qui est, ultimement, le même qu'un autre versant, puisque tout est ici lié) et son exposition me paraissent, tout en étant bien sûr pertinentes, faire courir le risque d'une pratique qui ne serait pas mushotoku.
Ce point particulier me fait penser à certaines approches vulgarisatrices de Matthieu Ricard, type : "on accepte de passer du temps à faire du sport pour sa santé et son corps, on devrait faire de même pour son esprit". --> Il y a là une approche hygiéniste que je trouve un peu limitante, et qui répond plus à la nécessité d'être clair (dans une logique d'enseignement ou de vulgarisation) qu'à la volonté de coïncider finement avec ce que l'on décrit. Brad Warner, dans une vidéo assez récente, expliquait qu'il avait toujours trouvé que les bouquins faisant le parallèle entre physique quantique et bouddhisme, en voulant faire le lien entre deux champs d'investigation différents, étaient toujours un peu lacunaires sur l'un des deux champs. Et là en l'occurrence, sans être un spécialiste du système nerveux, je me suis dit qu'il était fort probable que cet équilibre puisse aussi se travailler autrement qu'en zazen : en footing ou autres activités. Du coup je trouvais que le travail de l'équilibre entre les deux systèmes nerveux n'était pas vraiment la spécificité de zazen.
Ce que j'avance là ne me paraît pas contre-dire ce que disait / écrivait Nishijima : il n'a en effet jamais limité zazen à ce seul processus physiologique, mais il a simplement dit qu'il supposait que ce processus physiologique avait lieu durant zazen.
L'état d'ouverture calme d'un zazen me paraît nous enseigner l'impossibilité de saisir un concept, un objet, un état du monde ou un état d'esprit. C'est dans un certain lâcher prise (non-saisie) qui n'est pas un total lâcher prise qu'on trouve, peut-être, un mode de fonctionnement optimal. L'ouverture d'une question qui se tient là, sans nécessiter la cruauté d'une réponse fermée. Par conséquent, ce qui m'a interrogé dans l'exposé de l'équilibre physiologique était surtout un côté un peu trop "limitant", mais exact. De toute manière, il va sans dire que je considère Nishijima comme un maître authentique, et que les questions que je me pose par rapport à son enseignement veulent surtout dire pour moi : "si ceci me dérange, ou si je ne le comprends pas vraiment, c'est que quelque chose m'échappe".
Par ailleurs, ce qui se joue dans mon message et mon questionnement est un peu de l'ordre de "l'intello" ; je blablate beaucoup et j'ai une tendance naturelle à essayer de préciser / décortiquer des idées. Ceci n'a que très peu de choses à voir avec la pratique en elle-même. Le seul intérêt que j'y trouve est de réfléchir à la meilleure formulation possible pour tenter (ce qui est impossible) de rendre compte de zazen à ceux qui débutent (comme moi) ou qui voudraient débuter. Pour le reste, le silence et la pratique effective de zazen avec les conseils d'un maître qualifié se suffisent et il n'y a pas de raisons à vouloir finasser sur la précision de l'approche définitoire.