C'est clair que la liberté de la femme, c'est pas pour demain.
Un jour au dojo, on m'a fait le coup, ma compagne avait été élue au comité, de m'entendre dire par le master, que si elle ne pouvait pas venir, je pouvais la remplacer aux réunions.
Par contre, la réciproque, qui aurait pu avoir lieu, n'a jamais été proposée!
Donc ça veut tout dire!
Comme je le faisais remarquer dans un autre forum, c'est Ananda qui a fait entrer les femmes dans la communauté. C'était un acte révolutionnaire, socialement parlant un grand bouleversement. Il a dû se heurter à pas mal de résistances.
Je suis intimement persuadé que cela n'est pas sans rapport avec la place qu'on laisse à Ananda après la mort du Bouddha dans la légende dorée du bouddhisme : il y a cette accusation d'être responsable de ne pas avoir noté les différences entre règles majeures ou mineures et de ne pouvoir les nommer, quand on l'a questionné après la mort du Bouddha. Ce point était-il fondamental pour la pratique? Pour ma part, je pense que non, mais je vois certaines réactions sur l'application ou pas de règles selon les dojos, et les réactions parfois épidermiques sur des questions de formes, je pense que c'est dans le même registre.
Et aussi, ce truc où Mahakasyapa lui tire la honte en dénonçant son absence d'éveil. Où après celui-ci aurait eu lieu après un coup de pouce d'Ananda.
Je pense que ce sont des éléments biographiques reconstruits a posteriori (après 2500 ans on fait dire ce qu'on veut à l'histoire si on veut, surtout quand elle n'a pas été écrite), pour dévaloriser une figure qui était quand même proche des femmes, et qui paraissait plus heureux que Mahakasyapa l'austère (j'ai vu une statue de chaque à Paris dans une expo, la différence était flagrante).
Je suis sûr qu'après la mort du Bouddha, a eu lieu une réaction hyper conservatrice qui a figé l'enseignement. Mahakasyapa était connu pour poursuivre ses austérités, malgré le fait que le Bouddha ne pensait pas ces pratiques nécessaires, ni même éveillantes. On a mis en avant une figure patriarcale, présentée comme détentrice de sagesse, mais aussi très attaché à une orthodoxie de comportement en édictant x règles, dont près d'une centaine de plus pour les femmes.
On assiste au même genre de réactions aujourd'hui par rapport à la succession de Deshimaru.
Donc oui, la place des femmes dans le bouddhisme n'est pas gagnée, d'ailleurs je suis surpris de constater depuis quelques années, l'aspect très masculinisé de beaucoup de femmes, surtout celles qui sont impliquées dans la vie des dojos. Je pense qu'il y a un renoncement au féminin. Le crâne rasé n'y est pour rien, je trouve qu'une femme au crâne rasé n'est pas pour autant moins belle, bien au contraire, ce qu'on en voit est sans artifice, et ma compagne était rasée quand je l'ai rencontrée.
Et pourquoi Dogen a-t-il rappelé que les femmes avaient autant que les hommes la nature de Bouddha, si on ne résistait pas socialement à leur donner une importance égale à l'homme en tant que personne?