Djee a écrit:Bonjour à tous,
Je voulais savoir si toutes les écoles Zen étaient aussi formalistes concernant les aspects Rituels dans les Dojos.
Observe t-on de grandes variantes selon les différentes écoles laîc ?
Merci,
Djee
Je pense que le Principe de Peter doit s'appliquer là aussi. Un des corollaires de ce principe dit que, lorsque quelqu'un est arrivé à son niveau d'incompétence, il n'a plus de critères pour juger de la compétence de ses subordonnés. Il ne lui reste alors plus que de vérifier leur compliance à la hiérarchie et à la réglementation.
Il y a donc des centres zen où on est particulièrement à cheval sur l'observance stricte des rituels.
A cet égard, je dirais que, à titre personnel, je m'en contrefiche un peu.
Mais...
Il y a cet exemple du maître Huangbo (Obaku) à qui un novice demandait pourquoi il s'astreignait aux rituels alors qu'il avait atteint le fruit, et se faisait répondre "ayant atteint le fruit, je respecte les rituels" (
je fais comme je veux, ça me regarde, non?)
A son instar, j'observe les rituels de façon assez stricte, mais c'est mon choix. Lorsque je dirige un zazen et que quelqu'un leur contrevient, je dis rarement quelque chose. Je vais le dire, si j'en ai l'occasion, mais sans insister.
Pourtant, les respecter, de son propre gré, c'est s'astreindre à quelque chose qui participe de la mise en condition de soi-même à la pratique et à ce qui va avec. On le fait pour "s'harmoniser" (expression qui me fait souvent tiquer). Il y a des gens qui, lorsqu'ils parlent de "s'harmoniser" entendent réellement, "que tout le monde fasse comme eux", y-compris s'ils arrivent dans un environnement différent de celui auquel ils sont habitués. Eux ne vont pas s'harmoniser au groupe qu'ils rejoignent, mais c'est ce dernier qui devrait "s'harmoniser" à eux...
S'harmoniser peut donc acquérir deux sens contradictoires. Celui qui est positif se manifeste par l'observation de son environnement, et par une attitude en correspondance. Celui qui est négatif consistera en une péroraison pour reprocher à la majorité de ne pas faire comme l'individu considère qu'on "devrait" faire.
Le premier n'est guère facile. Pour donner un exemple, j'ai été élevé dans un contexte culturel où on mange quand c'est servi, si c'est chaud. Pour les plats froids, et en particulier les desserts, on attend que tous soient servis.
Or, en France, de façon générale, on attend que tout le monde soit servi, même pour les plats chauds. Je commets donc souvent des impairs, parce que j'ai le réflexe, contre lequel je ne lutte pas toujours avec suffisamment d'énergie, d'attaquer dès que je suis servi.
De même, ayant vécu plus jeune en Italie, j'ai l'habitude de servir le vin au début du repas à ceux qui en veulent, et ensuite de laisser chacun se resservir à sa guise. Or, encore une fois, je vis désormais en France où l'on se doit de proposer de servir les autres à chaque fois qu'on se ressert. Autres impairs.
On voit donc qu'il est largement plus facile de reprocher aux autres de ne pas avoir les mêmes manières que soi que de tenter de se conformer à leurs habitudes.
Mxl