La première noble vérité : Dukkha
La première noble vérité est que l'existence conditionnée, l'existence que nous connaissons, est imbue de souffrances : la naissance est une souffrance, la vieillesse est une souffrance, la maladie est une souffrance, la mort est une souffrance, être uni à ce que l'on n'aime pas est une souffrance, être séparé de ce que l'on aime est une souffrance - et, finalement, les cinq agrégats (skandhas) d'attachement (à savoir la forme, la sensation, la perception, la volonté et la conscience) sont aussi des souffrances. Ce terme de souffrance est aussi traduit par l'insatisfaction, puisque ce qu'il désigne est bien au-delà de la douleur physique.
Le mot pali « dukkha » (Duḥkha en sanskrit) est souvent traduit par « souffrance » ou « douleur », ce qui est incorrect. Il revêt bien des significations dans l'enseignement du Bouddha : celles d'insatisfaction, d'imperfection, d'impermanence, de conflit, et de non substantialité. Chaque maître en expose un aspect : ainsi, Ajahn Chah la caractérisait par l'incertitude, tandis que pour Ajahn Brahm c'est "demander à la vie ce qu'elle ne peut nous donner". Le terme pali dukkha est donc couramment employé, faute de traduction adéquate.
Cette traduction « souffrance » vaut au bouddhisme la réputation d’être pessimiste, alors que le message du Bouddha est fondamentalement optimiste puisqu’il dit que l’on peut se libérer de cette insatisfaction ou souffrance.
La souffrance revêt trois aspects : la souffrance physique et mentale ; la souffrance causée par le changement ; la souffrance causée par le conditionnement. La souffrance imprègne tous les niveaux d'existence, des plus inférieurs aux plus élevés, y compris ce que l'on tient habituellement pour des états agréables : « ce que l'homme ordinaire appelle bonheur, l'être éveillé l'appelle dukkha » (Samyutta Nikâya, 35, 136).
La deuxième noble vérité : Samudaya
La deuxième noble vérité décrit l'origine ou l'apparition du dukkha (Dukkhasamudaya-ariyasacca). Les souffrances existent parce qu'il y a des causes qui entraînent leur apparition. Donc il est tout à fait logique de connaître quelles sont ces causes.
Cette vérité est définie comme suit dans de nombreux passages des textes originaux :
« C'est cette « soif » (tanhā) qui produit la re-existence et le re-devenir (ponobhavikā), qui est liée à une avidité passionnée (nandirāgasahagatā) et qui trouve sans cesse une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là (tatratatrābhinandini), à savoir la soif des plaisirs des sens (kāma-tanhā), la soif de l'existence et du devenir (bhava-tanhā) et la soif de la non-existence (vibhava-tanhā)2 »
En raison de la Production conditionnée (Patticca-samuppāda), l'apparition (samudaya) de la soif (tanhā) dépend de la sensation (vedanā), laquelle dépend elle-même du contact (phassa). Ainsi, la soif n'est pas la cause première de dukkha, mais elle constitue « la cause la plus palpable et la plus immédiate3 » La soif désigne l'attachement aux substances et aux impressions (dhamma-tanhā) qui peuvent produire la re-existence et le re-devenir (ponobhavikā). Le Bouddha a livré l'analyse suivante à Ratthapāla : « Le monde manque et il désire avidement ; il est esclave de la « soif » (tanhādāso)3 ». C'est la soif et l'ignorance qui engendrent les trois racines du mal : la convoitise, la haine et l'erreur ; tout acte (de la parole, du corps, ou de l'esprit), bon ou mauvais produit un fruit (en sanskrit फल phala) positif ou négatif pour son auteur.
La troisième noble vérité : Nirodha
La troisième noble vérité concerne la cessation ou l'« extinction » (en sanskrit निरोध nirodha) des souffrances. Ces souffrances sont réelles et elles ne cessent de nous tourmenter, nous sommes obligés de nous interroger sur les origines de ces souffrances. Une fois que les origines sont connues, on agit sur les causes pour les éradiquer, jusqu'à atteindre la « libération finale » ( निर्वाण nirvāna).
Selon le degré de cessation atteint, on obtient un des quatre stades de libération. Le bodhisattva, en revanche, retarde le plus possible la libération afin d'aider les êtres à se libérer.
La quatrième noble vérité : Marga Sacca
La quatrième noble vérité est celle du chemin (marga) menant à la cessation des souffrances. Ce chemin est le « noble sentier octuple » : vision correcte, pensée correcte, parole correcte, action correcte, profession correcte, effort correct, attention correcte et contemplation correcte. Par la pratique simultanée des huit composantes du chemin (sans en omettre aucune), les bouddhistes pratiquants atteignent progressivement le « but » du chemin, le nirvāna.
La parabole du médecin
Ces quatre nobles vérités sont souvent comparées au processus des soins dispensés de la part d'un médecin (भिषग्वर bhiṣagvara ou भैषज्यगुरु bhaiṣajya-guru) : la personne consciente, éveillée (बुद्ध buddha) a pour tâche de guérir les personnes souffrantes de leurs maux. Il constate les symptômes, fait un diagnostic de la maladie, trouve la méthode de la guérison et prescrit un remède.
Les douze aspects
Ces douze aspects reprennent les strophes du premier sermon (voir plus bas Premier Sûtra)
Première noble vérité :
Connaissance de la vérité de dukkha : strophe IX ;
Connaissance du fonctionnement de dukkha : X ;
Connaissance de ce qui a été accompli concernant dukkha : XI.
Deuxième noble vérité :
Connaissance de la vérité de l'origine de dukkha XII ;
Connaissance du fonctionnement de l'origine de dukkha XIII ;
Connaissance de ce qui a été accompli concernant l'origine de dukkha XIV.
Troisième noble vérité :
Connaissance de la vérité de la cessation de dukkha XV ;
Connaissance du fonctionnement de la cessation de dukkha XVI ;
Connaissance de ce qui a été accompli concernant la cessation de dukkha XVII.
Quatrième noble vérité :
Connaissance de la vérité du noble sentier octuple XVIII ;
Connaissance du fonctionnement du noble sentier octuple XIX ;
Connaissance de ce qui a été accompli concernant le noble sentier octuple XX.
Seize caractéristiques
Chacune des quatre vérités possède quatre caractéristiques.
Première noble vérité :
L'impermanence
La souffrance proprement dite
La vacuité
L'absence de soi (impersonnalité : voir Anatta).
Voir aussi : trois caractéristiques.
Deuxième noble vérité :
La cause
L'origine
La production
La condition
Voir aussi : coproduction conditionnée.
Troisième noble vérité :
La cessation
La paix
L'excellence
Le renoncement
Voir aussi : nirvāna, satori, arhat.
Quatrième noble vérité :
La voie
La connaissance
L'accomplissement
La délivrance
Voir aussi : noble sentier octuple, vipassana.
Source
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Le texte du Dhamma-cakkapavatthana-sutta, sur Wikisource
Le sutta qui relate ce premier enseignement du Bouddha est connu sous le nom de Dhamma-cakkapavatthana-sutta (Mise en route de la Roue de la Loi) et est consigné dans la section Samyutta Nikaya de la corbeille Sutta Pitaka.
Notes et références
↑ « Selon le point de vue du Bouddha, ces quatre vérités sont les vérités nobles parce qu'elles sont fondamentalement liées à la Conduite sublime (brahmacariyā), elles mènent au désenchantement (nibbidā), au détachement (virāga), à la cessation complète de la souffrance, à la sérénité, à la réalisation complète, au nibbāna. » Môhan Wijayaratna, Sermons du Bouddha, p. 91-92.
↑ Walpola Rahula, L'enseignement du Bouddha d'après les textes les plus anciens, p. 50 ; Môhan Wijayaratna, Sermons du Bouddha, p. 94
↑ a et b Walpola Rahula, L'enseignement du Bouddha, p. 51.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatre_nobles_v%C3%A9rit%C3%A9s
avec metta
gigi