Ok.
Il y a un truc : l'angoisse, c'est une peur qui n'a pas d'objet.
Elle peut venir de bien plus loin que ce qui est soupçonnable : il faut déjà tenter d'identifier ce qui se joue dans ce désir fort de faire une sesshin. Mettre des mots dessus.
Est-ce vouloir mettre à plat toute sa vie? Devenir quelqu'un d'autre? Se transformer?
Tout dépend comment on aborde la monture : si on y va trop franco, elle peut se cabrer!
C'est vrai que le zen, ça peut paraître fort austère, dépouillé.
OK.
Donc pourquoi avoir choisi la falaise abrupte plutôt que le petit sentier moutonneux?
Et puis, faut pas se laisser pièger par les apparences : on dramatise car on ne sait pas. Alors toutes les défenses émotionnelles se lèvent subtilement. On se fait un super scénario, on se voit perdre tous ses appuis.
Je te donne mes trucs, je pense ceux de beaucoup de gens.
Déjà, la sesshin c'est fait pour rompre avec le quotidien...tout en rentrant dans un quotidien très ordinaire! C'est juste un prétexte pour pratiquer la conscience au quotidien : quand tu t'assieds, quand tu manges, quand tu travailles, quant tu vis tout ce que tu vis.
Si tu envisages cela ainsi, ça devrait devenir plus tranquille.
S'il faut abandonner corps et esprit, on n'a pas besoin d'en faire un truc dramatique, hors de portée, un truc terrible. Mais un truc qui est fait pour nous aider, nous faire du bien, aider tout le cosmos avec nous qui en faisons partie. Donc abandonner tout esprit de performance, aussi faire confiance que si les gens sont là pour la Voie, ils seront bons avec toi.
En tous cas, commencer par la bienveillance avec toi.
Personne ne peut nous obliger à nous détruire le corps en zazen, personne ne peut nous obliger à souffrir plus que de raison si c'est trop dur. Tu peux aussi envisager que, toute peur cachant un désir, peut-être ta peur est de voir que tout ça va te sembler évident, naturel, profondément correspondant à un manque à être. Parfois, c'est voir qu'on peut le faire qui fait peur : on a peur de sa puissance!
Tu peux aussi te dire que si ça chamboule, tu peux préparer les zones de transition entre chez toi, la sesshin, et le retour chez toi. Oui, ça peut bousculer des zones fixées en soi, et donc autour de soi, mais si l'on s'ancre dans une vision consciente, bienveillante, on ne va pas changer par la force en explosant toutes ses structures de vie, son couple, sa famille, son boulot. Mais on va doucement, mettre de l'ordre.
En tous cas, conseil d'ancien, c'est bien de se ménager un sas de transition, et si tu vas faire quatre jours, si tu peux prendre un jour de congé après, ou deux, c'est bien, et en tous cas, des moments pour te reposer, glander, te faire plaisir.....et aussi.....ne pas savoir!
ce genre de truc, ça fait tomber nos certitudes...mais soit confiante que ça se remonte vite.
En tous cas, au quotidien, dans la sesshin, connecte toi à ce qui se passera, ne résiste pas, c'est ce qui permet le mieux de passer le truc quand ça se tend. Et puis, entend tes peurs, tes douleurs, tes craintes, inclue les dans ton observation, ta concentration...ne les oppose pas à ta pratique, mais accueille tout, tes résistances aussi, comme étant ta pratique, ta personne, ton dharma, car rien n'est séparé.
Un matin, je souffrais le martyre au zazen de 6h30...alors le responsable a dit : "ne bougez pas, si vous êtes ici, c'est parce que vous l'avez choisi!"
Toutes mes tensions se sont dénouées d'un coup, car je me suis alors rappelé de ce pouvoir sur moi qui m'avait fait me mettre là, dans cette situation.