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    La 4 principaux courants épistémologiques du Bouddhisme Indien

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    Message par Fa Jeu 25 Sep 2014 - 21:31

    Ecole vaibhasika

    L'école Vaibhasika semble avoir acquis son nom du fait qu'elle repose sur un commentaire du Tripika connu sous le nom de Vibhasa. Cette école soutient l'idée d'un dualisme des éléments mentaux et physiques. Tout ce qui est réel est transitoire, et c'est soit physique, soit mental. Les objets qui constituent le monde sont des agrégats soit d’éléments physiques ou mentaux soit des deux. Aucun objet n'est permanent ou constant, mais résulte d'un continuum de séries ininterrompues, qui donne l'impression de permanence. Ces objets sont directement appréhendés par la perception.
    Quand il y a présence simultanée de la conscience qui perçoit et de l'objet perçu à un instant donné, la perception de cet objet se produit. Ainsi ces trois facteurs de la perception se produisent
    simultanément, à un même instant donné. Bien que l'objet dépende de la conscience pour être perçu, cette dépendance n'est pas nécessaire à la simple existence de l'objet. Un objet peut exister sans
    être perçu et peut être indépendant de la conscience perceptive. Également la conscience peut exister indépendamment  de l'objet perçu. Ainsi l'école Vaibhasika défend l'idée d'un dualisme dans sa métaphysique et d'un réalisme dans son épistémologie. L'école Vaibhasika se concentre particulièrement sur l'analyse des phénomènes mentaux, et on trouve une analyse psychologique élaborée dans la littérature appartenant à cette école.

    Ecole Sautrantika :

    Le nom de l'école Sautrantika provient d'un commentaire appelé : Sutranta. Il s'agit également d'une école réaliste, partageant une métaphysique semblable à celle de l'école Vaibhasikas.Les Sautrantikas croient en l'existence transitoire du réel qu'il classifient selon deux modalités physiques et mentales. Le mental et le physique sont fondamentalement indépendants l'un de l'autre bien que par la suite ils puissent interagir. Les Sautrantikas regardent l'objet comme existant indépendamment du processus noétique. L'objet, l'observateur, et la perception sont trois aspects distincts. L'objet peut être connu ou ne pas être connu. Si un objet est connu, il ne peut l'être par une perception directe. En cet aspect, leur vue diffère de celle des Vaibhasikas. D'aprés les Sautrantikas, le moment d'existence de l'objet et le moment de sa perception ne peuvent pas être le même, parce que la perception suit et présuppose l'existence, et toute existence précède sa perception. Il ne peut y avoir de simultanéité entre l'évènement et sa perception. Les penseurs Sautrantikas critiquent et réfutent la position des Vaibhasikas à cet égard. En fait, il s'agit du principal point de différence entre les deux écoles.
    Les Sautrantikas argumentent que l'objet de connaissance existe indépendamment de la conscience qui le perçoit, et cesse d'exister le moment suivant. De ce fait, quand il vient à l'existence, à ce moment précis, il n'est pas perçu, et ne peut l'être. Il n'existe plus dès l'instant suivant, pour pouvoir être perçu, de ce fait il n'y a jamais aucune cognition-perception d'un objet. Néanmoins, cela ne signifie pas qu'un objet ne peut jamais faire l'objet d'une cognition. Il y a un autre mode de connaissance de l'objet. Avant qu'un objet cesse d'exister, il délivre une impression. Cette impression est la copie exacte de l'original et a la même structure que lui. La conscience perceptive appréhende seulement cette impression, et à travers cette préhension perceptuelle de l'impression, elle infère l'objet d'origine. Ainsi les Sautrantikas introduisent le concept d'impression de l'objet et par ce biais défendent une théorie représentative de la perception. Pour eux toutes cognitions sont des cognitions-représentation de l'objet. Un objet en tant qu'objet n'est pas directement perçu. Seulement une impression est perçue, et du fait de la ressemblance de ces 2 aspects et de l'indisponibilité de l'objet l'impression est prise pour l'objet d'origine.


    Ecole Yogacara :

    La philosophie pluraliste et réaliste des Sarvastivadins culmine dans la philosophie moniste et idéaliste du courant Vijnanavada (Yogacara) par le biais d'une critique et d'un rejet de la doctrine
    de la vacuité (Sunyatavada). La théorie représentative de la perception des Sautrantikas implique que tout ce qui est connu est le contenu de la cognition, et le contenu de la cognition a une forme qui lui est spécifique, qui a une similitude de forme avec la forme de l'objet. Il en résulte la théorie du Sakarajnanavada, une théorie selon laquelle toute cognition a une forme spécifique indépendamment de la forme qui lui est donnée du fait de l'objet. A partir de cette théorie se produit une transition naturelle vers la théorie selon laquelle seules les contenus relatifs aux cognitions, ou idées (vijnanas) sont réelles, et qu'ils sont seuls à être connus. Les objets extérieurs résultent seulement d'un processus d'hypostase. Ils sont présumés exister, mais en fait, ils sont seulement des projections de la conscience. La conscience seule est réelle. Ainsi, selon les tenants du Vijnanavada l'existence externe de l'objet de cognition indépendamment de la conscience se trouve réfutée. La conscience en tant qu'unique réalité foncière se constitue en une succession de moments formant un flux continu (Pravaha). Les tenants du Vijnanavada défendent l'idée qu'il existe 3 niveaux de réalité c'est à dire :
    La réalité imaginaire, la réalité empirique ou dépendante, et la réalité transcendantale. La réalité transcendantale est conçue comme un flux unitaire de conscience techniquement connu sous le nom d'alaya vijnana. C'est une conscience réceptacle au sens où elle est l'origine de tous les flux de conscience qui sont responsables de l'apparence du monde des objets externes. Il s'agit d'un dépôt des vieilles impressions (samskaras) et un dépôt des nouvelles impressions. De sorte qu' alaya vijnana est la seule réalité ultime. En elle-même elle est pure et ne peut être caractérisée. Elle peut-être expérimentée seulement au stade du Nirvana. L'autre niveau de réalité est le niveau empirique, qui se constituent en flux finis de conscience et d'objets de conscience. C'est le niveau de réalité empirique que nous expérimentons dans notre vie ordinaire. C'est une réalité qui peut conduire à une connaissance empirique et à son expression linguistique. C'est la réalité empirique qui diffère de la réalité transcendantale.


    Ecole mādhyamika

    Nāgārjuna a été le premier enseignant connu de cette école. Il argumente que les enseignements du Bouddha consistent à suivre la voie du milieu pour réaliser le nirvāna, qui est la cessation de la souffrance. D'après Nāgārjuna, Bouddha affirme l’absence d'essence de tous les existants. Tous les existants sont dépourvus d'essence au sens où ils n'ont pas d'existence-en-soi. Toute existence a une existence d'emprunt ou une existence dépendante. Une absence d'existence inhérente caractérise tous les phénomènes. La même position s'applique à toute forme de pensée ou langage. De même que tout phénomène est dépourvu de soi, Toute pensé et tous langages sont dépourvus de soi. Nāgārjuna expose la nature auto-contradictoire et erronée des concepts importants qui prévalent à son époque et des philosophies non Bouddhistes. Il emploie avec succès les armes de la vacuité et de l'existence dépendante pour démolir tous systèmes métaphysiques. Il préconise une approche de la réalité en terme de réalité empirique et réalité conventionnelle. Toutes 2 sont caractérisées par la vacuité de différentes manières. La réalité empirique est dénuée d'existence intrinsèque, tandis que la réalité conventionnelle est constituée par la pensée et le langage. Nāgārjuna met l'emphase sur la nature anti-métaphysique, pratique et pragmatique des enseignements du Bouddha et met l'accent sur la réalisation de la sagesse "prājna" conduisant à la noble conduite (silā) et au samādhi (équanimité). Cette école est connue sous le nom de Mādhyamika parce-qu’elle met l'emphase sur  la voie médiane, qui est une voie pratique du milieu évitant tous les extrêmes. Elle est connue comme la voie de la vacuité en ce qu'elle expose l’absence d'essence de tous phénomènes du fait de leurs caractères dépendants.

    Traduit par Fa à partir de l'ouvrage : S.R.Bhatt et Anu Mehrotra : "Buddhist Epistemology"
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    Message par Kaïkan Jeu 25 Sep 2014 - 22:43


    Sur ce sujet il y a un bon livre : Cinq traités sur l'esprit seulement, dont voici un extrait :

    http://is.gd/C4gJfd


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    Message par gigi Ven 26 Sep 2014 - 7:05

    J'ai trouver ça, c'est génial on peut le lire page par page sur le net  Smile
    avec metta
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    https://archive.org/stream/labhidharmakosat03vasuuoft#page/n3/mode/2up
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    Message par zanshin Ven 26 Sep 2014 - 8:49

    tao

    Merci gigi.  cheers
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    Message par Fa Ven 17 Oct 2014 - 23:58

    Ainsi, selon les tenants du Vijnanavada l'existence externe de l'objet de cognition indépendamment de la conscience se trouve réfutée.

    Selon ce que je comprends ici est que ce qui est réfuté ce n'est pas la réalité de la manifestation, ni son efficience causale, mais le fait que nous n'avons pas d'autre accès à la réalité autrement que par le biais d'une perception qui nous est propre. Nous percevons le monde, selon un point de vue qui nous est propre, selon un conditionnement karmique qui nous est propre, et ce que nous percevons n'est pas la réalité objective insaisissable.
    Cela implique que tout être a une manière unique de percevoir le monde qui l'entoure. Ainsi lorsqu'un évènement se produit, chacun le vit selon un point de vue particulier, et avec une sensibilité particulière, résultant d'une histoire unique.
    Cela n'est pas sans rappeler l'idée de la caverne de Platon. Nous n'avons pas de perception directe du monde qui serait le même pour tous.
    Nous n'accédons jamais qu'à une représentation. Le monde dans lequel je vis est celui de ma bulle-représentation.
    Comme dirait Einstein, tout est relatif, et on pourrait ajouter, tout est pour chacun subjectif. On peut concevoir que la réalisation de ce fait, bien intégré rende une personne plus humble et plus à l'écoute de l'autre, dans sa singularité, et sa manière de voir qui est toujours unique.

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    Message par zanshin Sam 18 Oct 2014 - 8:08

    Bonjour,

    Fa a écrit:Ainsi lorsqu'un évènement se produit, chacun le vit selon un point de vue particulier, et avec une sensibilité particulière, résultant d'une histoire unique.
    Cela n'est pas sans rappeler l'idée de la caverne de Platon. Nous n'avons pas de perception directe du monde qui serait le même pour tous.
    Nous n'accédons jamais qu'à une représentation. Le monde dans lequel je vis est celui de ma bulle-représentation.

    Savoir cela et le prendre en compte, c'est déjà ouvrir la porte de la connaissance/sagesse.
    C'est peut-être bien ça qu'on appelle : Prajñā  Question
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    Message par Invité Sam 18 Oct 2014 - 9:05

    Bonjour,

    Fa a écrit:(...) résultant d'une histoire unique.
    Cela n'est pas sans rappeler l'idée de la caverne de Platon. Nous n'avons pas de perception directe du monde qui serait le même pour tous.
    (...)
    j'ai lu que c'est un miroir octogonal Shintai et la puissance du chant du Coq (double vue: 4x2=8 "octogonal), qui ont fait sortir Amaterasu de sa caverne, et que ça aurait un lien avec Trois Trésors...
    http://www.dictionnairedessymboles.fr/article-le-symbolisme-du-coq-61928839.html

    zanshin a écrit:Prajñā
    j'ai le sentiment qu'il y a un lien avec:
    https://zen-et-nous.1fr1.net/t136p15-pieges-de-la-voie#28956
    mais je n'arrive pas à le formuler.
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    Message par Fa Sam 18 Oct 2014 - 12:23

    zanshin a écrit:Bonjour,

    Fa a écrit:Ainsi lorsqu'un évènement se produit, chacun le vit selon un point de vue particulier, et avec une sensibilité particulière, résultant d'une histoire unique.
    Cela n'est pas sans rappeler l'idée de la caverne de Platon. Nous n'avons pas de perception directe du monde qui serait le même pour tous.
    Nous n'accédons jamais qu'à une représentation. Le monde dans lequel je vis est celui de ma bulle-représentation.

    Savoir cela et le prendre en compte, c'est déjà ouvrir la porte de la connaissance/sagesse.
    C'est peut-être bien ça qu'on appelle : Prajñā  Question

    Bonjour,

     Je pense aussi qu'on va de le sens de Prajñā , mais que Prajñā ne se manifeste que si ce savoir est profondément intégré et éveillé par le Dhyana.

    Chinois-salut
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    Message par zanshin Dim 19 Oct 2014 - 7:25

    Une petite historique du bouddhisme.

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