Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Zazen qui se suffirait à lui-même

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    Message par Yudo, maître zen Ven 19 Déc 2014 - 22:36

    Je reviens sur une notion qui revient souvent. Maître Deshimaru le disait beaucoup, les godos de l'AZI aussi, en bon perroquets, mais Nishijima aussi le disait.

    Or je pense qu'ils se trompaient.

    Ils se trompaient parce qu'ils partaient d'un point de vue de Japonais, élevés dans une civilisation très fortement bouddhique, où tous les éléments de l'enseignement étaient déjà disponibles, et cela dès la plus jeune enfance.

    Or la transposition chez nous ne marche pas. Trop d'exemples sont là sous nos yeux de personnes qui pratiquent Zazen depuis parfois plus de quarante ans et qui, visiblement, n'en ont rien retiré qui puisse donner l'impression que cela ait été une bonne chose. Des gens durs, sans empathie ni compassion, parfois méchants, sans une once de l'humour que tout le monde voit bien chez le DL, mais qu'on voit couramment au Japon chez les moines zen et qui manquent dramatiquement ici.

    La faute peut-être au délire "samouraï", ou à l'idée mal informée que les gens se font du Japon et du Zen japonais, et qui ne correspond en rien à la mentalité des gens là-bas, bien plus "italiens" que tout ce qu'on imagine ici.

    J'en viens donc à penser qu'il faudrait radicalement changer notre approche si nous voulons qu'un jour le bouddhisme zen soit autre chose qu'un délire exotique pour classe moyenne aisée bobo. Et pour cela, je pense qu'il faut amener les gens à étudier les bases avant même de leur proposer la pratique. L'étude peut se faire aisément en cercles domestiques de gens qui se rencontrent chez les uns et les autres autour d'une tasse de thé et des biscuits, avec pour thème l'étude d'un texte quelconque, une discussion sur la façon dont cela s'applique dans la vie quotidienne et, éventuellement, pour ceux et celles qui se le sentent, mais pas obligé, une pratique de zazen.

    Mais tant qu'on ne procédera pas ainsi, on pourra continuer à avoir les aberrations qu'on voit. Je rappelle que le problème du "Zen strong" est ancien puisque c'était déjà le reproche que Dieudonné (pardon, Devadatta) faisait à son cousin dont il trouvait que le dhyâna n'était pas assez "strong"...
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    Message par Kaïkan Sam 20 Déc 2014 - 0:08


    C’est tout simplement parce qu’il y a toutes sortes de zazen. Il y a le zen ushotoku qui est un zen d’obtention contrairement à mushotoku.
    Le zazen se suffit à lui-même lorsqu’il est accompagné d’un maître ou d’un ancien qui pointe le doigt dans la direction de la voie traditionnelle qui remonte à l’expérience de Sâkyamuni sous l’arbre de la Bodhi.
    Le zazen qui se suffit à lui-même c’est celui de Bouddha lorsqu’il est correctement transmis. C’est donc un zazen accompagné de tout l’enseignement bouddhique c’est–à-dire bien sûr en priorité les quatre noble vérités, l’octuple sentier et puis tout le reste qui en découle.

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    Message par zanshin Sam 20 Déc 2014 - 8:43

    tao

    Je ne crois pas souhaitable de séparer zazen de l'enseignement bouddhiste.
    L'un ne va pas sans l'autre.
    Pour comprendre le bouddhisme il faut le pratiquer et quoi de mieux que simplement s'asseoir en méditation ?
    Pour la posture il est certain que trop de relâchement ça n'est pas correct, trop de tension non plus. C'est un équilibre qui se travaille longtemps. Je ne trouve pas désagréable qu'il y ait un enseignement oral pendant quelques minutes dans la deuxième partie du zazen. Je crois que Deshimaru appelait ça le kusen.
    C'est peut-être cela qui répondrait à la nécessité que ressent Yudo.  Smile
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    Message par Yudo, maître zen Sam 20 Déc 2014 - 8:50

    Non. Le kusen est une aberration, d'ailleurs prohibée par Sawaki.

    Je ne dis pas qu'il faut séparer zazen de l'enseignement. Je dis simplement qu'il faut bien voir que le résultat le plus visible de jeter les gens dans zazen sans préparation, c'est l'arrogance, la méchanceté, et la sottise institutionnalisée. Donc...
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    Message par Kaïkan Sam 20 Déc 2014 - 16:29


    Non le kusen n'est pas une aberration et si kodo ne l'a pas employé il existe vraiment cette possibilité d'enseignement dans le zen Soto. Le kusen fait partie de la tradition de l’école Soto depuis l’époque d’Edo au XVIIe siècle jusqu’à l’époque moderne.
    Dõgen ne l'a pas employé ni Shākyamuni.
    Lire ce lien → http://is.gd/I5Lmep
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    Message par Yudo, maître zen Sam 20 Déc 2014 - 16:42

    Reste que Kôdô ne l'employait pas et il avait ses raisons puisqu'aucun de ses disciples ne le fait non plus.

    Mais de toute façon, tout cela passe à côté de ce que je disais. Lorsqu'un néophyte arrive dans un dojo et qu'on lui présente la pratique et qu'il voit les tronches de boeufs de ceux qui pratiquent depuis longtemps, la première tentation est de déguerpir, ce que font la plupart en se disant que le Zen n'est pas pour eux. Et ceux qui s'asseoient depuis des années, et font la tronche, et se montrent incapables d'empathie, et sont à l'affût du moindre truc permettant d'humilier quelqu'un d'autre ne me donnent pas envie de croire que juste s'asseoir en zazen agrémenté d'un kusen soit efficace.
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    Message par lausm Sam 20 Déc 2014 - 17:12

    Le problème est de penser de façon contextuelle : oui, dans le zen on parle beaucoup de zazen, mais effectivement, beaucoup arrivaient au zen après moultes études hautement philosophico-bouddhistes, comme Dogen....puis il brûlaient leurs bouquins, s'asseyaient en silence, et allaient dans le jardin.
    Le problème d'un truc comme le kusen, c'est la relation qu'on a avec. Moi ça m'a parfois aidé, mais parce que celui qui le faisait, était en relation avec les gens, le milieu, ce qu'il disait portait parce que je sentais qu'il sentait. Et qu'il y avait l'intention d'aider, et pas de se la pèter.
    Le problème n'est pas qu'il y ait kusen, pas kusen, zazen bouddhiste ou pas bouddhiste, et même pas qu'il y a ait zazen ou pas : le problème, c'est de savoir si l'on a l'intention bienveillante et altruiste, et aussi l'honnèteté de reconnaître nos petits désirs de reconnaissance personnelle, ou si l'on veut établir un super système destiné à enseigner la vraie vérité au monde qui souffre, dont bien sûr l'on sera le meilleur porte parole car on aura eu la révélation avant tout le monde, et dont on sera le premier à poser les règles, à enseigner, bref, à être le chef.
    Après, les japonais sont héritiers d'un monde super hiérarchique, il ne faut pas se la raconter avec ça : ça contamine la culture du zen. C'est de tout ça qu'il faut dépouiller le zen occidental, qui finit par se ridiculiser en en faisant plus que les japonais eux-mêmes.
    Après tout, Dogen lui-même disait à ceux qui venaient le voir : "entrer, prenez le thé". C'est en tout cas l'image qu'il a laissé aux japonais eux-mêmes qui m'en ont parlé. Comme quoi on voit ce que l'on veut bien voir, au final.
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    Message par Yudo, maître zen Sam 20 Déc 2014 - 19:58

    Surtout, les Japonais sont très conscients de vivre dans une société hyper hiérarchisée, cela leur permet souvent de relativiser les choses, car ces relations hiérarchiques sont plus de l'ordre des préséances et de la politesse formelle. Ces choses une fois entendues et respectées, il reste la place pour le reste.

    Nous, nous idéalisons le Japon et le Zen au Japon, nous nous en créons une image qui n'a que peu à voir avec la réalité, et nous plaquons là-dessus toute notre hiérarchie à la française, d'autant plus hyper lourde qu'elle est moins formalisée, mais bien plus réelle, dans un contexte social où le culte du petit chef est instillé dès l'enfance. Du coup, en refusant de désamorcer ces trucs dès le départ, on crée les conditions pour annihiler l'effort dans l'oeuf.

    Mais surtout, je pense qu'on est en train de dévier. Je ne veux pas faire une nouvelle polémique à propos du kusen: tout le monde sait ce que j'en pense, et il me paraît inutile d'y revenir. Ce dont je veux parler, c'est de la nécessité, à mon sens, d'élargir le propos. Shoju Mahler, la descendante de Sawaki qui enseigne à Alès, m'avait bien dit que les gens qui viennent pratiquer sont rarement les mêmes qui viennent aux conférences. Les personnes qui se mettent à la pratique le font pour de bonnes ou de mauvaises raisons, certes, mais je pense qu'en augmentant la connaissance de base du Bouddha-Dharma, on doit forcément améliorer la qualité de la pratique chez ceux et celles qui s'y mettent, d'une part, et créer davantage les conditions pour que davantage de gens s'y intéressent.

    Sinon, on retombe dans le vice, ancien, de dire que seuls les "moines" ont accès à la libération, et que les laïcs peuvent toujours aller se toucher. C'est en gros ce que, paraît-il, raconte Claude Magne, le successeur de J. Brosse, à Bordeaux. Et là-dessus, je persiste à penser que même si c'est de façon très partielle et imparfaite, les gens qui connaissent les éléments de bases du Bouddha-Dharma sont mieux à même de les mettre en pratique, même s'ils ne s'asseoient pas, que ceux qui s'asseoient sans les connaître.
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    Message par Kaïkan Dim 21 Déc 2014 - 10:50


    On se trouve là confrontés à des contradictions connues depuis longtemps, à savoir que ceux qui s'intéressent au bouddhisme à travers les conférences sont rarement ceux qui vont rejoindre la pratique de zazen que ce soit en dojo ou solitairement. Quant à ceux qui veulent vraiment pratiquer, ils ont très souvent rejeté l'étude des livres dans lesquels ils se sont un peu perdus et n'ont pas trouvé une méthode réelle et concrète à mettre en route.

    Donc ces gens qui viennent pratiquer voilà que maintenant on leur reproche en quelque sorte de ne pas avoir une érudition suffisante pour que leur pratique ne dérive pas dans des chemins de traverse. C'est là que je réagis en interpellant tous les "éducateurs" du zen en leur disant : « Votre rôle est justement d'enseigner le Bouddha-Dharma, et c'est donc votre responsabilité d'amener chez les élèves une volonté d'approfondissement en utilisant les moyens qui vous sont octroyés : le teisho, le kusen, les mondos, les entretiens etc. »
    Le problème c'est justement de séparer une pratique muette et silencieuse d'un côté et de l'autre un enseignement de conférenciers.
    Il faut comprendre qu' une personne s'engage sur la Voie avec le corps mais aussi avec l'esprit. Il faudra donc nourrir les deux.
    C'est donc bien aux divers responsables qu'il incombe de comprendre ce que doit être leur attitude pour guider les disciples dans la direction de l'éveil.

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    Message par Fred Dim 21 Déc 2014 - 12:03

    Bonjour,

    Au sujet de ce zen strong, cela me rappelle un documentaire qui avait été publié ici sur les oiseaux.
    Il était dit que ceux-ci devaient se former, si je me souviens bien, à reproduire le chant idéal qu'ils avaient en mémoire. Donc il y'aurait bien peut-être dans ce zen strong un chant idéal qui aurait prédominé et que certains auraient pris pour modèle. Peut-on véritablement connaître les raisons d'une telle volonté à se conformer à un chant semblable ou à un chant autre ? Je ne crois pas ; cette attraction consisterait en somme en une sorte de force au delà de la volonté et donnant sens à cette dernière dans l'énergie qu'il lui faudrait déployer pour que s'incarne cet idéal mélodique. Qui sait en définitive pourquoi nous avons un chant en tête et pourquoi il nous attire, peut-être n'est-ce en définitive qu'une histoire de goût. Probablement, ce goût sera-t-il légitimé par le biais de raisons validantes à postériori, tissant formellement les fibres de l’action entreprise. 

    Mais cette musique à laquelle on sentirait de devoir se conformer façonnerait peut-être également le filtre propre à nous permettre de trouver un sens aux enseignements, car l’oreille est sélective. En effet, j’ai l’impression d’avoir compris les nombreux textes que j’ai lu de manière aussi multiple qu’il y’eut de tours de roue effectués dans mon évolution personnelle et sans aucun doute il y en aura encore. Donc comprendre correctement les enseignements, cela pourrait signifier en l’état d’évolution spécifique dans lequel nous nous trouvons, pouvoir vivre jusqu’au bout cet état, en tirer le jus en quelque sorte avant d’amorcer un nouveau tour de roue susceptible de nous permettre de grandir. 

    L’idéal de la complémentarité du zazen et des enseignements consisterait alors à apprendre par le détachement propre aux effets de cette assise, que lorsqu’un tour de roue a été effectué, il n’a pas été effectué en vain, que cela aura permis d’explorer une facette de nous même et de ranger cette rencontre dans le coffre de ce qui a été vu. 

    Des individus qui se satisferaient des enseignements de base que leur fourniraient le Bouddha Dharma, seraient peut-être en somme peu contraints à pratiquer l’investigation, lorsque finalement, pour tous ceux qui à l’inverse auraient besoin d’approfondir cet enseignement, bien des tours de roue, de tentatives d’assimilation des enseignements plus approfondis contenus dans le Bouddha Dharma seraient nécessaires, pour, au final parvenir à pratiquer la sagesse déjà contenue dans ces enseignements de base. 
    Alors qu’une seule lecture aura suffit aux premiers, les seconds doivent probablement entreprendre bien des tours de roue afin de pouvoir faire l’expérience de perceptions approfondies sur eux-même et de ce qui par là fait peut-être obstacle à la possibilité de mettre en pratique ces enseignements de base. 

    Peut-être pourrait-on dire que les « moines » sont ceux qui sont le plus longtemps et de la manière la plus persistante, éloignés de l’enseignement de base du Bouddha, de son enseignement primordial et probablement pourrait-on dire que toute tentative complexe entreprise au travers d’enseignements plus élaborés, ne sont en fait finalement qu’une main secourable pour aller les chercher.
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    Message par zanshin Dim 21 Déc 2014 - 18:38

    tao

    En tout cas ce forum est un excellent outil pour faire connaître les enseignements bouddhiques.
    Alors je vous en prie, n'hésitez pas à l'utiliser pour le profit de tout le monde. Very Happy
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    Message par Fenrir Lun 22 Déc 2014 - 15:09

    Je ressens une réticence à aller pratiquer zazen dans le dojo qui se situe vers chez moi. Je n'ai encore jamais été dans un dojo (à part lorsque je faisais du judo mais c'était un peu différent) et ma "pratique" du zen, hormis les échanges que nous avons sur ce forum, est solitaire. Je ne dis pas ça pour parler de moi mais parce que je pense que beaucoup de novices (je dirais plutôt "afficionados") sont dans le même cas : retenus par des scrupules et des blocages culturels étranges.

    S'exposer présente des risques, dont le plus grand est peut-être de se rendre compte que la voie qui nous aidait à grandir n'était finalement pas celle qui nous convenait. Ou pire encore : que nous ne lui convenons pas. Et aller dans un dojo, c'est s'exposer. Tant que le zen est dans les livres, les "images" et dans un zazen solitaire, il ne s'incarne pas en dehors de nous. On le protège et le formate comme une lubie. Pas de maître : pas de vraie progression peut-être, mais pas de risque. Ce qui dit Yudo me parle donc beaucoup : c'est la peur de ne pas avoir de "connexions" avec les humains incarnant le zen qui m'amène à préférer la pratique solitaire, alors que je la ressens comme étant quasiment stérile. De plus, tout ce qui est de l'ordre du culte, chez les occidentaux, est frappé de préjugés. Le zazen zen "strong" ou pas est une culture ancestrale qui, chez nous, pousse hors-sol, et qui progresse et progressera probablement infiniment moins vite que sa "récupération" scientifique : la pleine conscience. Comment ceux qui pratiquent pour des raisons quasiment "médicales" pourraient comprendre l'esprit du dojo? Dés lors, le visage fermé des pratiquants envers les nouveaux peut aussi venir d'une appréhension dirigé vers des gens qui ne viennent peut-être pas pour les raisons pour lesquels on aimerait qu'ils soient là. Ce qui ne justifie rien, mais peut se comprendre.
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    Message par Yudo, maître zen Lun 22 Déc 2014 - 15:38

    Boh, je pense que lorsqu'une entreprise est de l'ordre de l'escroquerie, il est d'une part inutile de prévenir ses victimes (il faut le faire, pourtant, mais il faut savoir que c'est la plupart du temps inutile) qui ne voudront rien entendre, car le moteur le plus efficace de l'escroquerie est toujours l'avidité.

    Lorsque des membres de dojos d'une certaine association sont capables de parler sérieusement d'une "carrière zen", on peut se dire à juste titre que les fréquenter sera plus nocif qu'autre chose.
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    Message par Kaïkan Lun 22 Déc 2014 - 18:33


    Je suis absolument pour la pratique solitaire du point de vue quotidien, mais je suis aussi pour courir le risque d'expérimenter zazen dans les dojos.
    On risque pas de se faire escroquer de beaucoup en fréquentant un dojo une fois par mois et cela permet de connaître la pratique des autres; le Sangha est l'un des trois trésors.
    Bien sûr il est fortement conseillé d’essayer plusieurs groupes pour voir celui qui conviendra le mieux.
    Choisir le dojo dans lequel le kyosaku est discret et le "kusen" très court orienté essentiellement sur des conseils au sujet de la la posture, c'est probablement une excellente prudence.
    Pour le reste c'est à chacun de doser ce qu'il peut supporter. De toute façon il ne faut pas dénigrer la pratique solitaire car elle est la colonne vertébrale de zazen. Il faut seulement avoir le courage de se confronter à la pratique des groupes de temps à autres.

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    Message par Fenrir Lun 22 Déc 2014 - 18:35

    Yudo, maître zen a écrit:
    Lorsque des membres de dojos d'une certaine association sont capables de parler sérieusement d'une "carrière zen", on peut se dire à juste titre que les fréquenter sera plus nocif qu'autre chose.

    Justement, je voudrai devenir maître zen, mais je me demandais, quel est le salaire en début de carrière ?

    Laughing


    __________

    Cela dit, une sagesse purement pragmatique se développe de plus en plus, qui, au lieu de viser à corriger certains travers de nos sociétés modernes, visent à les rendre supportables. Relaxation dans les bureaux de Google... On est alors loin de mushotoku , "sans but ni esprit de profit". (je retranscris ici la définition donnée dans le glossaire d'un livre de T. Deshimaru) ; comment souvent, le plus grand risque pour une idée ou une pratique, c'est une version allégée de cette idée ou pratique, ersatz qui peut prendre la place de la vraie saveur...

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    Message par Fenrir Lun 22 Déc 2014 - 18:38

    Kaïkan a écrit:
    Il faut seulement avoir le courage de se confronter à la pratique des groupes de temps à autres.
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    Pour ma part, j'aimerais être, au moins un minimum, digne de l'attention de ceux avec qui je pourrais pratiquer au dojo. C'est aussi pourquoi, avant d'être certain de la sincérité de ma démarche, je préfère pratiquer seul, au risque sûrement de prendre quelques mauvaises habitudes.
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    Message par Kaïkan Lun 22 Déc 2014 - 18:49



    Quand tu vas pour la première fois dans un dojo tu peux être sûr de ne pas passer inaperçu... Laughing
    C'est d'ailleurs cela le plus difficile.
    Pratiquant seul tu peux déjà nous donner des renseignements sur ta façon de faire : si tu utilises un zafu acheté ou fait toi-même, une couverture pliée peut-être ou le bord d'un matelas par-terre. Les difficultés que tu rencontres sur la position du corps, si les genoux touchent le sol etc.
    Ce forum peut être plus utile qu'on ne s'imagine.


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    Message par Yudo, maître zen Lun 22 Déc 2014 - 21:27

    En fait, un vrai maître zen dépense de l'argent pour l'être... Laughing Laughing
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    Message par lausm Lun 22 Déc 2014 - 22:40

    Bonsoir Fenrir, et tout le monde.
    Ta réticence me semble un symptôme qui existe chez plusieurs personnes, et un signe des temps face à une évolution de la pratique depuis plusieurs années, qui suscite à la fois critiques, résistances, doutes, espoirs, un mouvement de rigidification d'une logique de système d'un côté, et de volonté de liberté individuelle de l'autre.
    Pour ma part, je me suis donné à la pratique en groupe, puis je me suis confronté à la pratique seul. Mais après cette formation.
    Attention, quand je parle du zen strong, c'est qu'il y a une tendance chez certains à proposer(imposer?) une pratique dite "strong", qui à mon avis est rigide, basée sur trop de volontarisme et pas assez de détente, et qui correspond à tout un imaginaire sur le zen japonais et son ambiance austère voire martiale, mais qui à mon avis ne libère de rien, sauf de quelque argent, de temps.
    Il y a forcément un risque à prendre dans la confrontation à l'autre. Aussi le risque de la déception.
    Mais l'on pourrait se demander si l'engouement pour la pleine conscience et une pratique axée vers le mieux-être ne pourrait pas poser la question d'une pratique tendant vers un absolu de l'Eveil, qui peut être en fait un nouveau mythe dans lequel on s'emprisonne, pour en fait ne pas affronter le monde et ses turpitudes, et s'enfermer dans son monde intérieur, sa respiration, son auto observation, bref, un autocentrage au nom de l'éveil à la réalité ultime qu'on enferme dans sa chambre.
    Après, on peut aussi être rétif à entrer dans un groupe où le fonctionnement est rentré dans le ronron d'un hyperconservatisme d'une pratique destinée à alimenter un système de pouvoir : pouvoir du maître, du responsable, où au nom de l'éveil on dira de renoncer à sa propre vie pour donner temps, argent, énergie au dojo.
    Je présente à dessin les cas extrèmes, mais ils existent réellement, il faut donc ne pas se leurrer.
    L'important, est de clarifier à chaque fois ce qu'on veut vraiment vivre, et aussi de démonter les mythes qu'on se construit au sujet de la pratique. Il est vrai que pour cela, rencontrer d'autres pratiquants peut largement aider à relativiser ce qu'on vit seul.
    Il ne faut pas croire que le zen échappe aux crises de notre civilisation : il est frappé comme tout le monde. Cela veut dire qu'il y a des défis à relever : quelle est le sens et la forme d'une tradition ancienne dans un monde moderne? Que garder, que ne plus garder?
    Il faut aussi se rappeler pourquoi l'on a décidé de pratiquer, et se le rappeler souvent. Et aussi vivre, sa vie normale, se confronter aux autres, résoudre ses problèmes...et ne pas trop s'en vouloir de ne pas coller à un idéal.
    Je ne crois pas qu'on ne convienne pas à une voie. Le maître de Ryokan écrit à propos de lui : "O Ryo, tu es comme un idiot, mais ta grande voie est large!"
    Car oui, le pire c'est de voir que tout ce qu'on construit autour de ce qu'on pense être "notre" voie, tombe par terre en morceaux. Or, la réalité ne fera pas de cadeaux : les illusions tomberont. Mais elle fera aussi de grands cadeaux : quand on rentre dans la réalité sans ses illusions, on vit sa vie plus réellement. Notre voie, c'est vivre la réalité. Vivre la réalité, même zazen n'est pas nécessaire pour cela.
    Si l'on comprend cela, alors quand on s'assied, on peut se rendre compte qu'à chaque fois on le choisit, on le désire, et que ce choix et ce désir se dissolvent en eux-mêmes, en nous-mêmes, et qu'on peut vivre avec choix et désir, sans plus souffrir. On n'a plus besoin de faire zazen pour se libérer.
    On vit la liberté dans zazen, hors de zazen, et fini de se faire du mal avec encore des devoirs à faire.
    Aimer la vie, c'est être libre.
    Après, que certains veuillent pratiquer pour le bien-être, c'est bien mieux que vouloir exploiter les autres, dire du mal, faire du mal. Chacun peut trouver la pratique qui lui va.
    La dimension ultime c''est bien, mais la dimension relative n'en est jamais absente.
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    Message par zanshin Mar 23 Déc 2014 - 9:49

    Yudo, maître zen a écrit:Boh, je pense que lorsqu'une entreprise est de l'ordre de l'escroquerie, il est d'une part inutile de prévenir ses victimes (il faut le faire, pourtant, mais il faut savoir que c'est la plupart du temps inutile) qui ne voudront rien entendre, car le moteur le plus efficace de l'escroquerie est toujours l'avidité.

    Lorsque des membres de dojos d'une certaine association sont capables de parler sérieusement d'une "carrière zen", on peut se dire à juste titre que les fréquenter sera plus nocif qu'autre chose.
    Le pape François a les mêmes griefs que Yudo mais c'est contre la curie romaine.

    Les quinze maladies :

    Première maladie: «se sentir indispensable». C'est du «narcissisme» lance le Pape.
    Deuxième maladie: «l'activisme». Or, dit François, il y a «un temps pour chaque chose».
    Troisième problème: «l'empierrement spirituel» de ceux qui ont un «cœur dur». Ils ont perdu «les sentiments de Jésus» et «deviennent incapables d'aimer».
    Vient ensuite «l'excessive planification», qui fait du pasteur «un comptable» qui ne laisse plus «piloter la liberté de l'Esprit saint».
    Autre difficulté: «la perte de l'harmonie fonctionnelle: l'orchestre fait alors du bruit» parce qu'il n'est pas en «communion» avec lui-même.
    Sixième virus: la «maladie d'Alzheimer spirituelle» qui sévit chez ceux qui ont perdu «la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur» et qui se laissent enfermer dans leurs «caprices et manies», devenant des «esclaves de leurs idoles, qu'ils ont sculptées eux-mêmes».
    Septième maladie: «la rivalité et la vaine gloire» guidée par la recherche des «apparences» et des «honneurs» au prix parfois d'un «faux mysticisme».
    Autre difficulté: «la schizophrénie existentielle», qui conduit à «une double vie» et une «hypocrisie typique du vide spirituel que des titres académiques ne peuvent cacher». La «conversion est alors urgente» lance François.
    Neuvième maladie: «les bavardages, les conciliabules, les cancans». Ce «terrorisme du bavardage» ne s'exprime «jamais en face», mais «toujours dans le dos».
    Dixième pathologie: celle de «la divinisation des chefs», soit un «carriérisme» et une attitude «mesquine».
    Autre dénonciation: la «maladie de l'indifférence vis-à-vis des autres».
    Douzième plaie: «la maladie des têtes d'enterrement», notamment vis-à-vis de ceux que l'on considère avec «arrogance» comme «inférieurs», mais c'est une «sévérité théâtrale» qui a perdu tout «sens de l'humour».
    Treizième mal: «la maladie de l'accumulation» de biens matériels.
    Quatorzième étape de ce chemin de croix: «la maladie des cercles fermés».
    Enfin, dernière maladie, celle «du profit mondain, de l'exhibitionnisme», la «recherche insatiable du pouvoir».

    Finalement le zen n'est pas tellement épargné par ces quinze mauvais penchants... tongue
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    Message par Yudo, maître zen Mar 23 Déc 2014 - 12:40

    Effectivement.

    Ce matin, je pensais à une personne qui a longtemps dirigé un dojo zen, qui a depuis fermé.

    Cette personne avait très mauvaise réputation à plusieurs égards, mais avait été entendue dire qu'elle avait été sauvée par maître Deshimaru.

    Or, tous les témoignages de première main que j'ai eus de ce dernier rapportent unanimement que c'était un clown, qu'il était extrêmement empathique envers les autres, qu'il tentait de rabibocher les couples désunis, bref, un être humain, très humain avec d'éminentes qualité d'humour et de bonté.

    Avant de mourir, il a dit "ne copiez pas mes défauts".

    On dirait que cette injonction négative a eu pour effet exactement le contraire et que tout ce qui faisait de lui un être humain a été bazardé afin d'en faire une divinité, et que ces qualités que je viens de mentionner, nul de ceux qui se prétendent ses disciples ne se donne la peine de les vivre.

    Du coup, la seule vraie fidélité à ce maître, serait de l'abandonner, comme l'ont fait ceux qui sont partis avec Narita, par exemple, et de manifester ces qualités, au lieu de s'en tenir à une fidélité de parade où tous ses défauts, bien réels, sont érigés en modèle...

    Mais bon...
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    Message par Fred Mar 23 Déc 2014 - 16:35

    zanshin a écrit:Douzième plaie: «la maladie des têtes d'enterrement», notamment vis-à-vis de ceux que l'on considère avec «arrogance» comme «inférieurs», mais c'est une «sévérité théâtrale» qui a perdu tout «sens de l'humour».

    Bonjour,

    En lisant ces quinze maladies, je me suis laissé tout d'abords dire que la douzième maladie pouvait être considérée comme la plus grave. Mais au final comme il n'y a pas de niveau hiérarchique dans les multivers, j'ai pensé que l'énergie noire devait dans l'ensemble être plutôt facétieuse puisqu' indifféremment des multivers évoluant sans cesse dans un mouvement d'expansion et grâce la force gravitationnelle répulsive qu'elle exerçait sur eux, elle leur permettait de se déployer selon leurs particularités propres. Quand l'un d'entre eux par exemple contiendrait l'une de ces maladies, un autre serait susceptible de les contenir toutes alors qu'un troisième n'en contiendrait aucune. Lorsque l'un d'entre eux encore serait empli d'êtres peinés de l'existence de toutes ces maladies et qu'un deuxième serait habité par des individus riant d'une telle constatation, les univers suivants pourraient en ce qui les concernent être semblables à des lieux où on pleurerait de pleurer, où on pleurerait de rire, où on rirait de rire et où on rirait de pleurer, pour ne prendre que quelques exemples possibles.  

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    Message par Frédérique Dim 4 Jan 2015 - 15:52

    Yudo, maître zen,
    C'est très bien dit, la voie de la sagesse non sclérosante, si l'ont croît à un message et à une vision idéal du monde, comment les propager sans ouverture sur l'autre, et sans permettre à l'autre de s'ouvrir vers cette voie.
    Et oui, pour nous occidentaux, le référentiel est différent, alors vidons la jarre avant de la remplir à nouveau.
    Et justement ici, sur le forum, même si nous ne sommes pas autour d'une table à boire du thé (un café pour moi:shock: ), nous discutons et nous nous rapprochons d'autre chose, l'ébauche d'une compréhension, pourquoi pratiquer sans comprendre sinon ?
    Après, je vois ce qu'est la pratique de zazen (à peu près), mais les autres moyens sont encore flous (le teisho, le kusen, les mondos), après certaines méthodes sont peut-être plus accessibles à certains élèves, qu'à d'autres.
    Un bon élève çà se prépare, et chacun est doté d'aptitudes plus ou moins différentes.
    Pourquoi avoir peur de poser des questions ? Alors que les réponses peuvent remplir notre flou.
    Ici donc un moyen de diffusion, comme vous le soulignez tous, et comme le dit Kaikan, le groupe a ses bénéfices, et parfois il faut du courage Fenrir, mais en fait, que risque-t-on si on arrive avec assez de recul sur nous même (même sans recul).
    Un sujet, sur "Mon premier rendez-vous au dojo" serait le bienvenu, comment s'habiller, quelles chaussettes, doit-on ramener un coussin ?
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    Message par Yudo, maître zen Dim 4 Jan 2015 - 18:32

    Frédérique a écrit:
    Un sujet, sur "Mon premier rendez-vous au dojo" serait le bienvenu, comment s'habiller, quelles chaussettes, doit-on ramener un coussin ?  
    Comment s'habiller? Des vêtements amples et confortables, souples surtout. Doit-on ramener un coussin? C'est souvent préférable parce que souvent les coussins qui sont fournis ne sont pas assez remplis, alors que le sien, c'est être assuré/e d'être correctement assis.

    Chaussettes? Je n'en mets jamais! (C'est pas vrai, j'exagère, mais jamais dans un dojo).
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    Message par Frédérique Dim 4 Jan 2015 - 23:08

    C'est bien noté, merci Very Happy

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