Pourquoi à votre avis Dogen conseille t'il à ses disciples, concernant leur propre réalisation, de ne surtout jamais se considérer comme tout à fait réalisés mais plutôt comme étant parvenus à la moitié du chemin?
2 participants
A mi chemin...
Fred- Animateur
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Date d'inscription : 17/11/2008
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A mi chemin...
Invité- Invité
- Message n°2
Re: A mi chemin...
Je ne suis pas un "spécialiste" de Dogen (je m'inscris plutôt, par expérience, dans la lignée Rinzaï du zen), je ne saurais donc prétendre m'en faire l'interprète. Pour autant, d'après ma propre expérience et ma compréhension, et d'après également des expériences décrites par ailleurs dans la littérature, l'éveil n'est pas un aboutissement mais un commencement. Quand on "résoud" un kôan, par exemple, cette "résolution" indique simplement la "vue du boeuf" (plus exactement, c'est le boeuf qui "se" voit). Il faut ensuite reprendre la kôan différemment, le travailler différemment. Jusqu'à la capture du boeuf, son dressage...
Je ne sais pas ce que Dogen entendait exactement par "réalisation". S'il s'agit d'un éveil à la vue du boeuf (c'est à dire à sa véritable nature), il est clair que cela est insuffisant et que au moins la seconde moitié du trajet reste à parcourir.
A remarquer que la même chose existe avec la réalisation du samadhi. S'il est relativement fréquent, après quelques années de pratique intensive de zazen d'atteindre un niveau de "grande fixation" et qui est l'expérience de voir dans sa vraie nature (c'est à dire que c'est sa véritable nature qui se voit telle qu'elle est), il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de devenir un maître pleinement accompli, un véritable bouddha.
Je ne sais pas ce que Dogen entendait exactement par "réalisation". S'il s'agit d'un éveil à la vue du boeuf (c'est à dire à sa véritable nature), il est clair que cela est insuffisant et que au moins la seconde moitié du trajet reste à parcourir.
A remarquer que la même chose existe avec la réalisation du samadhi. S'il est relativement fréquent, après quelques années de pratique intensive de zazen d'atteindre un niveau de "grande fixation" et qui est l'expérience de voir dans sa vraie nature (c'est à dire que c'est sa véritable nature qui se voit telle qu'elle est), il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de devenir un maître pleinement accompli, un véritable bouddha.
Fred- Animateur
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Date d'inscription : 17/11/2008
- Message n°3
Re: A mi chemin...
J’ai pensé pour ma part qu’il s’agissait là d’une astuce de Dogen. A partir du moment où nous cherchons à évaluer notre degré de réalisation, c’est que nous sommes dans un mode de saisie, un mode dualiste. Ainsi nous avons réalisé un certain « niveau de fixation » pendant notre méditation, il nous reste encore à le banaliser, Ceci fait, le quotidien devient éveil :
Si notre niveau de fixation nous apparaît comme étant puissant (par exemple durant un zazen) c’est qu’en réalité il se distingue de notre niveau de fixation ordinaire. Plus ces deux niveaux de fixations nous semblent éloignés plus nous sommes dans la position de sentir que nous avons atteint quelque chose de particulier (et vice et versa), quelque chose de particulier que dans notre ignorance nous appelons alors éveil ou du moins nous nous convainquons que parce que nous avons atteint ce haut niveau de fixation, nous sommes en progrès. Plus les deux niveaux de fixations sont proches, moins nous aurons la sensation d’avoir atteint quelque chose de particulier et aussi, plus il sera difficile d’évaluer notre degré de fixation. Lorsque les deux niveaux (niveau ordinaire et niveau particulier) auront enfin finis par se rejoindre, il n’y aura plus d’évaluation, plus rien à atteindre, plus de niveau de fixation ordinaire ou particulier.
Mais tant qu’il y’a évaluation, il y’a l’évaluateur et l’évalué. Ils sont tout deux à mi chemin du point de rencontre où il y’aura fusion du point de fixation le plus haut et du point de fixation le plus bas, comme une fusion qui se soldera par la disparition de l’un et de l’autre, de l'évaluateur et de l'évalué.
Bien à tous
Si notre niveau de fixation nous apparaît comme étant puissant (par exemple durant un zazen) c’est qu’en réalité il se distingue de notre niveau de fixation ordinaire. Plus ces deux niveaux de fixations nous semblent éloignés plus nous sommes dans la position de sentir que nous avons atteint quelque chose de particulier (et vice et versa), quelque chose de particulier que dans notre ignorance nous appelons alors éveil ou du moins nous nous convainquons que parce que nous avons atteint ce haut niveau de fixation, nous sommes en progrès. Plus les deux niveaux de fixations sont proches, moins nous aurons la sensation d’avoir atteint quelque chose de particulier et aussi, plus il sera difficile d’évaluer notre degré de fixation. Lorsque les deux niveaux (niveau ordinaire et niveau particulier) auront enfin finis par se rejoindre, il n’y aura plus d’évaluation, plus rien à atteindre, plus de niveau de fixation ordinaire ou particulier.
Mais tant qu’il y’a évaluation, il y’a l’évaluateur et l’évalué. Ils sont tout deux à mi chemin du point de rencontre où il y’aura fusion du point de fixation le plus haut et du point de fixation le plus bas, comme une fusion qui se soldera par la disparition de l’un et de l’autre, de l'évaluateur et de l'évalué.
Bien à tous
Invité- Invité
- Message n°4
Re: A mi chemin...
Ton analyse est intéressante. J'ignore si elle rejoint celle de Dogen. Elle est assez "scientifique". Pour ma part, je dirai qu'il y a, fondamentalement, deux niveaux de réalisation (avec, bien entendu, des niveaux intermédiaires) : 1) la vue du boeuf et 2) sa fusion en lui. Ça rejoint assez ce que tu décris, encore que la notion de "moitié" du chemin soit ici discutable (en ce sens qu'on ne peut la rattacher à une "mesure").
steffzen- Amateur
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- Message n°5
Re: A mi chemin...
Fred a écrit:Pourquoi à votre avis Dogen conseille t'il à ses disciples, concernant leur propre réalisation, de ne surtout jamais se considérer comme tout à fait réalisés mais plutôt comme étant parvenus à la moitié du chemin?
Concrètement je dirais que l'éveil n'est jamais acquit et que donc il s'entretien par la pratique de chaque instant. On ne pratique pas pour atteindre l'éveil, on pratique l'éveil lui même et dès qu'il y a relàche on est au début du chemin. Toutes les illusions sont dans le Satori.