J'ai une IMMENSE méfiance envers Yasutani. Je pense que le bonhomme, en plus d'être un fasciste enragé, était du style plutôt hystérique (ce que sembleraient confirmer les témoins de sa première sesshin occidentale), et totalement engagé envers la réalisation d'une "expérience de kensho" qui fait de Zazen précisément un moyen vers un but (kensho) ce qui nie en grande partie la notion de mushotoku.
Maintenant, le texte
yasutani a écrit:Parce qu'ils connaissent, grâce à des siècles d'expérience, ce pouvoir de transformation de Zazen, les maîtres japonais se sont toujours davantage fiés à Zazen pour engendrer un comportement éthique chez leurs disciples que sur la simple imposition des préceptes à partir de l'extérieur. En fait, les préceptes et Zazen, tous deux fondés sur l'identique Nature-de-Bouddha, qui est la source de toute pureté et bonté, se renforcent mutuellement. La résolution la plus forte de maintenir les préceptes n'aura, au mieux, qu'un succès sporadique si elle n'est soutenue par Zazen; et Zazen divorcé de la vie disciplinée qui croît d'un effort sincère à observer les préceptes ne peut être que faible et incertain. Dans tous les cas, au contraire de ce qu'on croit dans certaines écoles du Bouddhisme, les préceptes ne sont pas de simples commandements moraux que quiconque puisse aisément comprendre et maintenir si on en a la volonté. En réalité, leur sens relatif-absolu ne peut être saisi en tant que vérité vivante qu'après [une pratique] longue et engagée de Zazen.
C'est pourquoi on ne donne pas normalement aux étudiants du Zen le livre de problèmes intitulé Jujujinkai, qui traite des dix préceptes cardinaux du point de vue des doctrines hinayana et mahayana, de la Nature-de-Bouddha elle-même, des vues de Bodhidharma et de celles de Dôgen, avant la fin de leur formation, lorsque leur éveil et leur puissance de Zazen se sont approfondis et ont mûri. De fait, les maîtres japonais et chinois insistent sur le fait que seul l'éveil plein et complet permet de véritablement faire la différence entre le bien et le mal, et, grâce au pouvoir de Zazen, de traduire cette sagesse dans les actions de la vie quotidienne
me fait dire que, par exemple, le premier paragraphe commence par dire que Zazen est plus important que les préceptes, tout en rectifiant rapidement vers une interprétation qui me paraît plus conforme à la réalité: les deux interagissent et sont mutuellement nécessaires.
Mais si cette première partie (du premier paragraphe) ne me plaît pas, c'est essentiellement parce qu'elle tend à inciter le lecteur distrait à préférer Zazen à la formulation des préceptes, ainsi que je l'ai souvent entendu de la bouche de godos azédiques. Dont l'expérience montre qu'ils n'ont qu'un respect très relatif pour les préceptes, ce qui montre que Zazen est, tout seul, insuffisant.
Le deuxième paragraphe me fait bien davantage tiquer. Non que je lui dénie toute forme de vérité ou d'exactitude, mais parce qu'il laisse entendre que seul l'éveil (l'expérience du kensho pour Yasutani) permet d'actualiser les préceptes. C'est probablement pour cela que Kishigami ne s'embarrasse pas de ce genre de précautions. Il faut commencer quelque part, et il est inutile d'attendre un hypothétique (et douteux) "éveil" pour s'en préoccuper.