Vous remarquerez que c'est presque toujours sur ce point que reviennent systématiquement les critiques qui peuvent être formulées. Et l'incident rapporté par lausm de la shihotée de Fausto Guareschi (connu pour ses attitudes très autoritaires) est à mettre en parallèle avec le comportement de Tetsugen Serra qui a voulu faire payer par "ses" dojos la réfection de son gîte de montagne (au prétexte d'en faire un monastère) pour ensuite tenter par les voies légales de regagner le contrôle des dojos qui lui avaient fait défection par la suite, ou celui d'Elena, la shihotée de Daido Strumia (dont Daido aurait dit qu'elle était "un tigre déguisée en mouton") qui a cru que le shiho lui donnait la propriété de ses "administrés".
Or, je constate régulièrement que l'Italie est, avec la France, le pays d'Europe le plus "napoléonisé": une manie de la hiérarchie irresponsable, par le renvoi toujours plus haut à la responsabilité qu'on ne trouve jamais. Ce qui est normal, si l'on considère que Napoléon avait créé la première dictature totalitaire moderne. L'Ancien Régime des Bourbons était, certes, également totalitaire, mais n'a jamais eu les moyens administratifs dont Napoléon a doté la France et l'Italie. D'une certaine manière, contrairement à ceux qui affirment que "Napoléon a "sauvé" la Révolution", je constate qu'il a surtout restauré l'ordre ancien, avec des moyens neufs et bien plus performants, et que c'est aujourd'hui ce dont crève notre économie, de toute façon.
Cela fait que les gens dans nos deux pays grandissent en ayant toujours conscience du poids de la hiérarchie, ce qui est sans doute aussi cause des nombreuses incivilités, sorte de défoulement face à l'implacabilité de la structure sociale. Et nos "révolutionnaires" ne parlent jamais que de la renverser (c'est à dire à leur profit) plutôt que des la réformer.
Tout cela crée une mentalité très peu démocratique, très peu coopérative et très abjectement soumise à l'autorité, quitte à égratigner par derrière, mais jamais en s'opposant réellement. Ceux et celles qui le font se font systématiquement mal voir, y compris de ceux pour qui ils se battent.
Dans le Zen américain ou allemand, par exemple, il y a sans doute d'autres dérives, mais on entend rarement parler de dérives autoritaires au même point. Au USA, les principaux problèmes sont d'ordre sexuel, ce qui correspond aux obsessions WASP.
Je tends à penser que l'accouplement de cette mentalité napoléonisée avec un maître japonais issu, de son propre aveu, des milieux politiques fascistes japonais, ne pouvait que faire des étincelles.
Ce qui m'amène à penser que le salut, s'il doit y en avoir un, du Zen chez nous ne peut que passer, d'abord et avant tout, par une réflexion profonde sur le sens de la responsabilité, de la coopération et de la gratuité. Mais vraiment, là! Pas à la mors-moi-le-noeud dans le style "t'as un égo trop fort!".