LA chose unique.
Published by Brad
Dans son chapitre Bendowa (Discussion sur la poursuite de la vérité) Dôgen dit:
Zazen, même s'il ne s'agit que d'un seul être humain assis pour un instant, entre ainsi en coopération mystique avec tous les dharmas, et pénètre complètement tous les temps ; il accomplit donc, au sein de l'Univers sans limites, le travail éternel de l'influence directrice des bouddhas du passé, du futur et du présent. Pour tout le monde, c'est complètement la même pratique et la même expérience. La pratique ne se limite pas à l'assise elle-même ; elle frappe l'espace et résonne [comme] une résonnance qui se poursuit avant et après une cloche. Comment [la pratique] pourrait-elle se limiter à cet endroit ? Toutes les choses concrètes en tant qu'aspect originel la pratique originelle; c'est au-delà de l'entendement. Rappelez-vous, même si les innombrables bouddhas dans les dix directions, aussi nombreux que les sables du Gange, tentaient de tout leur pouvoir et de toute leur sagesse-de-bouddha de calculer ou de comprendre le mérite du Zazen d'une seule personne, ils ne pourraient même pas s'en approcher.. (D'après la version Nishijima/Cross)
Dans mon livre Don’t Be a Jerk (« Ne soyez pas minable »), j'ai paraphrasé ce passage ainsi:
L'expérience de zazen est éternelle. Elle est pareille pour tout le monde. Nous touchons la plus profonde expérience de tous les êtres humains à travers toute l'histoire lorsque nous nous permettons d'être vraiment tranquilles. Si tous les innombrables bouddhas à travers l'espace et le temps se servaient de leur infinie sagesse de bouddha pour tenter de calculer le mérite d'une seule personne assise en zazen, ils ne pourraient même pas s'en approcher.
Au coeur de ce texte, il y a l'idée que si on comprend juste une chose complètement, on comprend tout.
Ceci pourrait bien être l'une des pénétrations les plus importante de Dôgen. Cela rend compte de tout de notre manière de pratiquer zazen practice dans le style Sôtô. C'est pour cela que nous n'utilisons pas de mantras ou ne nous concentrons pas sur des kôans, ni ne comptons nos respirations ou quoi que ce soit d'autre. C'est la raison philosophique de la pratique de shikantaza ou« juste s'asseoir ».
Si on comprend juste une chose complètement, on comprend tout.
Pour votre sujet d'étude, pourquoi ne pas choisir la chose qui vous est la plus proche, la plus facile à observer, celle avec laquelle vous êtes le plus familier ? Pourquoi ne pas vous observer vous même ?
Je suis loin d'être un scientifique, mais j'aime bien les documentaires scientifiques à la télé. Une des choses que j'ai retirées de tous ces documentaires, c'est que l'Univers tout entier est fait des mêmes éléments de base et fonctionne sur les mêmes principes fondamentaux.
Il y a de la variété, c'est sur. Il y a de grosses planètes comme, Jupiter et de petites comme Pluton. Il y a des Jupiters chauds et des froids. La gravité sur une grosse planète est plus forte que sur une petite.
Mais tout opère selon les mêmes lois. Les physiciens parlent de quatre forces fondamentales qui opèrent dans tout l'Univers : l'électromagnétisme, la gravité et les forces nucléaires dites « faible » et « forte ». Mais la plupart des physiciens sont d'accord pour dire qu'il ne s'agit là que de versions différentes de la même force.
De même, la matière partout semble être constituée des mêmes particules fondamentales interagissant de façon semblable. Etudier la matière ici, sur Terre, peut nous donner des idées sur la façon dont la matière se comporte partout ailleurs.
Dôgen vivait bien longtemps avant qu'aucune de ces idées ne viennent au jour. Ses contemporains n'avaient aucune idée de combien tout dans tout l'Univers reste très similaire. Et pourtant, c'est quelque chose que les bouddhistes racontent depuis plusieurs milliers d'années.
Etudiez une chose, et vous étudiez tout.
Ce principe s'appelle en japonais 一法究尽 (ippou-guujin). Ippou signifie “un dharma” et guujin signifie “investiguer jusqu'au bout.”
Cela sonne tout à fait exotique si on le pose ainsi. Il y a des gens qui jouissent dès qu'on se met à mentionner la physique ou qu'on jette des anciens mots chinois. Il en est d'autres qui s'enfuient en hurlant au son de propos à peine vaguement intellectuels. Mais en vérité, ce principe n'a rien d'exotique ni même d'ésotérique.
Notre cerveau est ainsi fait qu'il cherche et identifie les différences entre les choses. C'est l'un de ses principaux boulots. Nous nous servons du langage pour décrire ces différences en sorte que si je demande une fourchette, j'obtiens une fourchette et pas une cuiller, voire — ô abomination! — une spork. Ces trucs sont un cauchemar.
Notre cerveau n'est pas fait pour comprendre l'unité de toutes choses. Même quand il le fait, il le fait en comparant cette unité avec la non-unité. C'est ainsi que fonctionnent, et le cerveau, et le langage.
C'est pour cette raison que Dôgen écrit, dans le Genjô Kôan : « N'assumez pas que ce qui est atteint deviendra inévitablement introspectif et sera reconnu par l'intellect. L'expérience de l'état ultime est réalisé subitement. En même temps, son existence mystérieuse n'est pas nécessairement une réalisation manifeste. La réalisation est l'état-même de l'ambiguïté ». Il s'agit encore ici de la version Nishijima/Cross. Dans Don’t Be a Jerk, je l'ai tourné ainsi : « Même quand on réalise tout, il ne faut pas s'imaginer qu'on va le comprendre intellectuellement, voire le remarquer. C'est au-delà de la connaissance ».
On ne peut pas penser cela. Je veux dire, certes, on peut le transformer en pensée. Mais on ne peut pas résoudre cette énigme de la façon dont on résout la majorité des problèmes, en les pondérant jusqu'à en obtenir une réponse valable.
On peut pourtant y arriver. On peut s'asseoir avec et le voir se manifester dans tout ce qu'on fait, et dans tout ce qu'on est. Non pas dans une quelconque Terre Mystique de la Parfaite Sagesse vaste et lointaine, mais juste ici et juste maintenant dans nos stupides vieilles personnes juste telles qu'elles sont.
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Dans son chapitre Bendowa (Discussion sur la poursuite de la vérité) Dôgen dit:
Zazen, même s'il ne s'agit que d'un seul être humain assis pour un instant, entre ainsi en coopération mystique avec tous les dharmas, et pénètre complètement tous les temps ; il accomplit donc, au sein de l'Univers sans limites, le travail éternel de l'influence directrice des bouddhas du passé, du futur et du présent. Pour tout le monde, c'est complètement la même pratique et la même expérience. La pratique ne se limite pas à l'assise elle-même ; elle frappe l'espace et résonne [comme] une résonnance qui se poursuit avant et après une cloche. Comment [la pratique] pourrait-elle se limiter à cet endroit ? Toutes les choses concrètes en tant qu'aspect originel la pratique originelle; c'est au-delà de l'entendement. Rappelez-vous, même si les innombrables bouddhas dans les dix directions, aussi nombreux que les sables du Gange, tentaient de tout leur pouvoir et de toute leur sagesse-de-bouddha de calculer ou de comprendre le mérite du Zazen d'une seule personne, ils ne pourraient même pas s'en approcher.. (D'après la version Nishijima/Cross)
Dans mon livre Don’t Be a Jerk (« Ne soyez pas minable »), j'ai paraphrasé ce passage ainsi:
L'expérience de zazen est éternelle. Elle est pareille pour tout le monde. Nous touchons la plus profonde expérience de tous les êtres humains à travers toute l'histoire lorsque nous nous permettons d'être vraiment tranquilles. Si tous les innombrables bouddhas à travers l'espace et le temps se servaient de leur infinie sagesse de bouddha pour tenter de calculer le mérite d'une seule personne assise en zazen, ils ne pourraient même pas s'en approcher.
Au coeur de ce texte, il y a l'idée que si on comprend juste une chose complètement, on comprend tout.
Ceci pourrait bien être l'une des pénétrations les plus importante de Dôgen. Cela rend compte de tout de notre manière de pratiquer zazen practice dans le style Sôtô. C'est pour cela que nous n'utilisons pas de mantras ou ne nous concentrons pas sur des kôans, ni ne comptons nos respirations ou quoi que ce soit d'autre. C'est la raison philosophique de la pratique de shikantaza ou« juste s'asseoir ».
Si on comprend juste une chose complètement, on comprend tout.
Pour votre sujet d'étude, pourquoi ne pas choisir la chose qui vous est la plus proche, la plus facile à observer, celle avec laquelle vous êtes le plus familier ? Pourquoi ne pas vous observer vous même ?
Je suis loin d'être un scientifique, mais j'aime bien les documentaires scientifiques à la télé. Une des choses que j'ai retirées de tous ces documentaires, c'est que l'Univers tout entier est fait des mêmes éléments de base et fonctionne sur les mêmes principes fondamentaux.
Il y a de la variété, c'est sur. Il y a de grosses planètes comme, Jupiter et de petites comme Pluton. Il y a des Jupiters chauds et des froids. La gravité sur une grosse planète est plus forte que sur une petite.
Mais tout opère selon les mêmes lois. Les physiciens parlent de quatre forces fondamentales qui opèrent dans tout l'Univers : l'électromagnétisme, la gravité et les forces nucléaires dites « faible » et « forte ». Mais la plupart des physiciens sont d'accord pour dire qu'il ne s'agit là que de versions différentes de la même force.
De même, la matière partout semble être constituée des mêmes particules fondamentales interagissant de façon semblable. Etudier la matière ici, sur Terre, peut nous donner des idées sur la façon dont la matière se comporte partout ailleurs.
Dôgen vivait bien longtemps avant qu'aucune de ces idées ne viennent au jour. Ses contemporains n'avaient aucune idée de combien tout dans tout l'Univers reste très similaire. Et pourtant, c'est quelque chose que les bouddhistes racontent depuis plusieurs milliers d'années.
Etudiez une chose, et vous étudiez tout.
Ce principe s'appelle en japonais 一法究尽 (ippou-guujin). Ippou signifie “un dharma” et guujin signifie “investiguer jusqu'au bout.”
Cela sonne tout à fait exotique si on le pose ainsi. Il y a des gens qui jouissent dès qu'on se met à mentionner la physique ou qu'on jette des anciens mots chinois. Il en est d'autres qui s'enfuient en hurlant au son de propos à peine vaguement intellectuels. Mais en vérité, ce principe n'a rien d'exotique ni même d'ésotérique.
Notre cerveau est ainsi fait qu'il cherche et identifie les différences entre les choses. C'est l'un de ses principaux boulots. Nous nous servons du langage pour décrire ces différences en sorte que si je demande une fourchette, j'obtiens une fourchette et pas une cuiller, voire — ô abomination! — une spork. Ces trucs sont un cauchemar.
Notre cerveau n'est pas fait pour comprendre l'unité de toutes choses. Même quand il le fait, il le fait en comparant cette unité avec la non-unité. C'est ainsi que fonctionnent, et le cerveau, et le langage.
C'est pour cette raison que Dôgen écrit, dans le Genjô Kôan : « N'assumez pas que ce qui est atteint deviendra inévitablement introspectif et sera reconnu par l'intellect. L'expérience de l'état ultime est réalisé subitement. En même temps, son existence mystérieuse n'est pas nécessairement une réalisation manifeste. La réalisation est l'état-même de l'ambiguïté ». Il s'agit encore ici de la version Nishijima/Cross. Dans Don’t Be a Jerk, je l'ai tourné ainsi : « Même quand on réalise tout, il ne faut pas s'imaginer qu'on va le comprendre intellectuellement, voire le remarquer. C'est au-delà de la connaissance ».
On ne peut pas penser cela. Je veux dire, certes, on peut le transformer en pensée. Mais on ne peut pas résoudre cette énigme de la façon dont on résout la majorité des problèmes, en les pondérant jusqu'à en obtenir une réponse valable.
On peut pourtant y arriver. On peut s'asseoir avec et le voir se manifester dans tout ce qu'on fait, et dans tout ce qu'on est. Non pas dans une quelconque Terre Mystique de la Parfaite Sagesse vaste et lointaine, mais juste ici et juste maintenant dans nos stupides vieilles personnes juste telles qu'elles sont.
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