Bonjour
Je vais partager avec vous un autre texte de Brad Warner où il parle de Dôgen et de sa vie.
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Quel genre de type était Dôgen ?
Publié par Brad Warner le 5 avril 2016
Mon dernier livre, Don't Be a Jerk (« Ne soyez pas minable ») fait alterner des paraphrases du Shôbôgenzô de Dôgen, un classique bouddhiste japonais vieux de 800 ans, et de courts chapitres sur des sujets en rapport avec l'étude de Dôgen, l'auteur. J'ai écrits quelques chapitres qui ont été supprimés à la publication. Ils me donnaient juste l'impression de ne pas avoir leur place. Mais il en reste une paire qui conservent leur intérêt, je pense. En voici un. J'ai inclus quelques morceaux de ce chapitre dans la version finale du livre, mais la plus grande partie n'y est pas. Profitez-en.
Aurais-je seulement aimé Dôgen ? En personne, je veux dire ? Je suppose que c'est une idée bizarre, vu qu'il est mort 800 ans avant même que je sois né. Je ne pourrai jamais le rencontrer ailleurs que dans les mots qu'il a laissés derrière lui, et ça, je l'ai déjà fait. J'aime ses paroles. Mais l'aimerais-je, lui ?
Peut-être pas. Il donne parfois l'impression d'avoir été un connard coincé, arrogant et maniaque des règlements. Mais encore une fois, les personnes qui ne me connaissent que par mes livres et mon blog disent que je donne une impression de connard dans ce que j'écris, mais que je suis vraiment un chic type en personne. Donc, qui sait ? Peut-être que Dôgen et moi aurions pu nous entendre et être potes.
Le fait demeure que nous ne savons pas quel genre de personne il était et nous ne le saurons jamais.
Même après avoir tant lu sur et par Dôgen que je l'ai fait, je me demande encore parfois quel genre de type il était. Si je pouvais d'une quelconque manière le rencontrer en personne, pourrions-nous être amis ? Ou est-ce que je le trouverais juste ennuyeux et insupportable ? Me trouverait-il indiscipliné et bizarre ? Je n'en sais vraiment rien.
Il ne révèle pas grand-chose de son histoire personnelle dans ses écrits, du moins en termes du XXI° siècle, quoiqu'en comparaison avec les autres auteurs bouddhistes de son temps, il nous en dit beaucoup. Une chose très significative que nous savons de lui est qu'il est mort jeune. Il est triste qu'il soit mort à 53 ans seulement. Mais je trouve intéressant, pour ma part, que, parce qu'il est mort si prématurément, nous lisons les mots d'un très jeune homme — surtout en termes d'années de maître zen. Notre image stéréotypée d'un maître zen est celle d'un personnage ancien et ridé à la Yoda aux rares cheveux blancs, trottinant appuyé sur une canne tout en répandant sa grande sagesse cosmique d'une voix râpeuses burinée par le temps. En fait, la plupart de nos grands maîtres zen étaient très vieux lorsqu'ils ont écrit leurs livres les mieux connus ou prononcé leurs sermons les plus répétés.
Malheureusement, pour Dôgen, il n'en a jamais été ainsi. Il n'avait que 27 ans lorsqu'il a écrit les chapitres les plus anciens du Shôbôgenzô et se trouvait dans la quarantaine lorsqu'il en écrivit les dernières partie importantes. Donc, non seulement lisons nous les œuvres d'un homme profondément éveillé, mais ce sont celles d'un assez jeune homme, en plus. Il n'avait pas encore perdu la plupart de l'effronterie et de l'impatience de la jeunesse lorsqu'il a composé ces textes que vous lisez. Et je pense que cela se sent vraiment.
En plus l'époque où vivait Dôgen était extraordinairement différente de la nôtre. Il n'y avait aucun véhicule automobile d'aucune sorte, pas d'électricité, de téléphone, de chauffage central ni d'air climatisé. Pas non plus de lotion anti-moustiques, ni désodorisant, ni supermarchés, ni de toilettes à chasse. Nous trouvons notre époque « politiquement turbulente » parce que nos élus n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le vote du budget, mais à l'époque de Dôgen, toute personne qui faisait de la politique à un quelconque niveau avait constamment peur pour sa vie. Le propre père de Dôgen a probablement été victime d'un assassinat politique. On se demande encore qui a assassiné Kennedy, mais aux temps de Dôgen, il y avait trop d'assassinats politiques pour seulement tenter d'en tenir la liste.
(à suivre)
Je vais partager avec vous un autre texte de Brad Warner où il parle de Dôgen et de sa vie.
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Quel genre de type était Dôgen ?
Publié par Brad Warner le 5 avril 2016
Mon dernier livre, Don't Be a Jerk (« Ne soyez pas minable ») fait alterner des paraphrases du Shôbôgenzô de Dôgen, un classique bouddhiste japonais vieux de 800 ans, et de courts chapitres sur des sujets en rapport avec l'étude de Dôgen, l'auteur. J'ai écrits quelques chapitres qui ont été supprimés à la publication. Ils me donnaient juste l'impression de ne pas avoir leur place. Mais il en reste une paire qui conservent leur intérêt, je pense. En voici un. J'ai inclus quelques morceaux de ce chapitre dans la version finale du livre, mais la plus grande partie n'y est pas. Profitez-en.
Aurais-je seulement aimé Dôgen ? En personne, je veux dire ? Je suppose que c'est une idée bizarre, vu qu'il est mort 800 ans avant même que je sois né. Je ne pourrai jamais le rencontrer ailleurs que dans les mots qu'il a laissés derrière lui, et ça, je l'ai déjà fait. J'aime ses paroles. Mais l'aimerais-je, lui ?
Peut-être pas. Il donne parfois l'impression d'avoir été un connard coincé, arrogant et maniaque des règlements. Mais encore une fois, les personnes qui ne me connaissent que par mes livres et mon blog disent que je donne une impression de connard dans ce que j'écris, mais que je suis vraiment un chic type en personne. Donc, qui sait ? Peut-être que Dôgen et moi aurions pu nous entendre et être potes.
Le fait demeure que nous ne savons pas quel genre de personne il était et nous ne le saurons jamais.
Même après avoir tant lu sur et par Dôgen que je l'ai fait, je me demande encore parfois quel genre de type il était. Si je pouvais d'une quelconque manière le rencontrer en personne, pourrions-nous être amis ? Ou est-ce que je le trouverais juste ennuyeux et insupportable ? Me trouverait-il indiscipliné et bizarre ? Je n'en sais vraiment rien.
Il ne révèle pas grand-chose de son histoire personnelle dans ses écrits, du moins en termes du XXI° siècle, quoiqu'en comparaison avec les autres auteurs bouddhistes de son temps, il nous en dit beaucoup. Une chose très significative que nous savons de lui est qu'il est mort jeune. Il est triste qu'il soit mort à 53 ans seulement. Mais je trouve intéressant, pour ma part, que, parce qu'il est mort si prématurément, nous lisons les mots d'un très jeune homme — surtout en termes d'années de maître zen. Notre image stéréotypée d'un maître zen est celle d'un personnage ancien et ridé à la Yoda aux rares cheveux blancs, trottinant appuyé sur une canne tout en répandant sa grande sagesse cosmique d'une voix râpeuses burinée par le temps. En fait, la plupart de nos grands maîtres zen étaient très vieux lorsqu'ils ont écrit leurs livres les mieux connus ou prononcé leurs sermons les plus répétés.
Malheureusement, pour Dôgen, il n'en a jamais été ainsi. Il n'avait que 27 ans lorsqu'il a écrit les chapitres les plus anciens du Shôbôgenzô et se trouvait dans la quarantaine lorsqu'il en écrivit les dernières partie importantes. Donc, non seulement lisons nous les œuvres d'un homme profondément éveillé, mais ce sont celles d'un assez jeune homme, en plus. Il n'avait pas encore perdu la plupart de l'effronterie et de l'impatience de la jeunesse lorsqu'il a composé ces textes que vous lisez. Et je pense que cela se sent vraiment.
En plus l'époque où vivait Dôgen était extraordinairement différente de la nôtre. Il n'y avait aucun véhicule automobile d'aucune sorte, pas d'électricité, de téléphone, de chauffage central ni d'air climatisé. Pas non plus de lotion anti-moustiques, ni désodorisant, ni supermarchés, ni de toilettes à chasse. Nous trouvons notre époque « politiquement turbulente » parce que nos élus n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le vote du budget, mais à l'époque de Dôgen, toute personne qui faisait de la politique à un quelconque niveau avait constamment peur pour sa vie. Le propre père de Dôgen a probablement été victime d'un assassinat politique. On se demande encore qui a assassiné Kennedy, mais aux temps de Dôgen, il y avait trop d'assassinats politiques pour seulement tenter d'en tenir la liste.
(à suivre)