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    Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant)

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    Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant) Empty Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant)

    Message par Yudo, maître zen Jeu 29 Mar 2018 - 17:41

    J'ai pensé, après avoir traduit une paraphrase (américaine) du sûtra du Diamant, vous en faire un résumé en éliminant les redites et les fioritures inutiles. Le voici:

    Anonyme a écrit:Sûtra de la Perfection de Sagesse du Diamant

    Un
    Ainsi l’ai-je entendu. Un jour où le Bouddha se trouvait au Jetavana d’Anathapindika à Shravasti, en compagnie d’un grand nombre de moines, il mit son kasaya, prit son bol et s’en alla en ville pour mendier. Après quoi il rentra, se lava les pieds et s’assit [pour manger].
    Deux
    Alors, le vénérable Subhuti qui se trouvait là se leva, s’inclina devant le Bouddha et lui dit :
    « Honoré du Monde, comment les personnes qui aspirent à l’Eveil doivent-elles régler leurs pensées? »
    Trois
    Le Bouddha répondit : « Ces personnes doivent faire le vœu de faire en sorte que tous les êtres, peu importe leur type de naissance, qu’ils aient une forme ou pas et peu importe qu’ils pensent ou non, soient libérés. Tous ces êtres une fois libérés, il n’y a pas d’êtres qui atteignent la libération. Car rien n’existe de façon séparée du reste ».
    Quatre
    « De plus, Subhuti, si l’on agit avec compassion, on ne doit s’attacher nulle part. Ni aux formes de la compassion, si au son, à l’odeur, au goût, à la sensation ni à l’idée de la compassion. Si on ne s’attarde pas aux apparences de la compassion, la vertu en est incalculable.
    – Dis moi, Subhuti, peut-on mesurer le ciel et l’espace ?
    – Non, Honoré du Monde.
    – Pas plus qu’on ne peut mesurer le ciel et l’espace, ne doit on s’attarder aux apparences de la compassion ».
    Cinq
    – Subhuti, qu’en penses-tu ? Peut-on reconnaître l’Ainsi-Venu par ses caractéristiques corporelles ?
    – Non, Honoré du Monde. Car vous avez expliqué que ces signes sont vides et illusoires.
    – Effectivement. Ce n’est que si l’on voit que ces signes n’en sont pas que l’on peut voir l’Ainsi-Venu ».
    Six
    Subhuti demanda au Bouddha : « Honoré du Monde, y aura-t-il toujours quelqu’un pour avoir foi dans cet enseignement ?
    – Subhuti, ceux qui, à l’avenir, maintiendront ces préceptes et cultiveront la sainteté pourront grâce à cet enseignement donner naissance à l’esprit confiant. Car ainsi, ils ne tomberont pas dans les obstructions, l’illusion d’un moi individuel et d’une existence séparée. Si l’on devait donner de l’importance aux apparences, ceci créerait de l’attachement à ces illusions de moi individuel et d’existence séparée. C’est pourquoi on ne doit ni s’attacher aux enseignements, ni ne pas s’y attacher. C’est ce que j’entends en disant que mes enseignement sont comme un radeau de bambou qui nous amène sur l’autre rive. Une fois qu’on a traversé, on laisse le radeau derrière soi.
    Sept
    « Subhuti, que comprends-tu ? »
    Subhuti répondit : « Si je comprends, bien, il n’existe aucun Dharma du Bouddha qu’on pourrait dire ‘absolu’. Tous les sages opèrent des discriminations [pour enseigner].
    Huit
    « Subhuti, qu’en penses-tu ? Si quelqu’un offrait en aumône tous les trésors de l’Univers, ses mérites ne seraient-ils pas immenses ?
    – Certes, monsieur.
    – Donc, encore une fois, si quelqu’un reçoit et soutient le contenu de cet enseignement, ses mérites dépasseraient l’exemple précédent. Ce qu’on appelle le Dharma du Bouddha n’est qu’un nom qui n’est pas le Dharma du Bouddha.
    Neuf
    « Subhuti, qu’en penses-tu ? La personne qui entreprend la voie peut-elle se dire qu’elle a mérité une récompense ? »
    Subhuti répondit : « Non, Honoré du Monde. Car on n’entre nulle part, ni dans les formes, ni dans les sons, les odeurs, les goûts, les sensations ni les idées.
    – Et peut-on dire d’avoir atteint l’Eveil ?
    – Non, Honoré du Monde. Le dire serait manifester un attachement à un moi individuel et à une existence séparée. Le nom qu’on donne à ces personnes n’est pas ces personnes ».
    Dix
    « Subhuti, il faut vraiment faire l’expérience de l’esprit pur. Un tel esprit ne porte pas de jugement sur les formes, sur les sons, les odeurs, les saveurs, les sensations et les idées. On doit développer un esprit qui ne forme aucun attachement ni aversion pour quoi que ce soit ».
    Onze
    « Subhuti, s’il y avait autant de fleuves Gange qu’il y a de grains de sable dans le Gange et que les gens offraient des trésors aussi nombreux que les grains de sable de ces fleuves, le mérite de qui recevrait et retiendrait le message de ce sûtra serait encore supérieur au leur ».
    Douze
    « Subhuti, si une personne respecte tout ce qui est dit dans cet enseignement, elle mérite qu’on la traite comme un sanctuaire ».
    Treize
    Subhuti demanda : « Par quel nom devrons-nous connaître cet enseignement ? »
    Le Bouddha répondit : « Ce discours, vous l’appellerez le Coupe-vitres en diamant de la sagesse transcendante. Subhuti, les atomes des trois-mille mondes sont nombreux, n’est-ce pas ? »
    Subhuti réplica : « Incroyablement nombreux, Honoré du Monde.
    – Et pourtant, les atomes ne sont pas des atomes. On les appelle ‘atomes’. Les trois-mille mondes ne sont pas des mondes. On les appelle ‘des mondes’. Subhuti, peut-on voir l’Ainsi-Venu par le moyen des trente-deux signes ?
    – Non, Honoré du Monde. Vous avez expliqué que le nom de ces signes n’est pas les signes.
    – Si quelqu’un comprend cela et qu’il l’explique à quelqu’un d’autre, son mérite est immense.
    Quatorze
    Subhuti, en entendant cela, comprit tout soudain. Il s’exclama : « Si quelqu’un à l’avenir comprend cela, il sera libre de l’idée d’un moi individuel ou d’un être séparé. Ceux qui laissent là toutes les apparences, on les appelle des bouddhas.
    – Oui, oui, Subhuti. Il ne faut pas confondre la première perfection avec le nom qu’on lui donne. Il ne faut pas confondre la persévérance avec le nom qu’on lui donne. Si l’on subit des outrages et qu’on reste attaché à un moi individuel et à une existence séparée, la colère et l’indignation montent en nous. Mais en pratiquant la persévérance et en étant exempt d’attachement à un moi individuel et à une existence séparée, on est libre. Lorsqu’on cultive l’esprit d’éveil, on doit ne pas s’attacher aux formes, aux sons, aux odeurs, aux saveurs, aux sensations et aux idées.
    C’est aussi pourquoi on ne doit pas s’attacher aux formes de l’aumône. Subhuti, c’est en faisant en sorte de sauver tous les êtres qu’on doit faire l’aumône. C’est pourquoi les concepts et les êtres sensibles ne doivent pas être confondus avec les noms qu’on leur donne ».
    Quinze
    « Subhuti, si l’on se complait dans les dharmas inférieurs, c’est qu’on est attaché à un moi individuel et à une existence séparée. Il ne pourrait alors y avoir d’accord avec ce qu’enseigne ce discours ».
    Seize
    « Subhuti, la signification de ce discours est inconcevable. Le fruit qu’on en tire est donc lui aussi inconcevable ».
    Dix-sept
    Subhuti dit alors au Bouddha : « Honoré du Monde, vous avez dit que la personne dont le corps est ancien et grand n’a pourtant pas un grand corps. C’est juste que c’est comme ça qu’on l’appelle.
    – Oui, Subhuti, c’est pour cela que je dis que chacun des dharmas est sans existence séparée. Si on pénètre et traverse le Dharma sans égoïsme, on peut alors vraiment être appelé un bodhisattva ».
    Dix-huit
    « Subhuti, qu’en penses-tu ? L’Ainsi-Venu possède-t-il l’Oeil, de chair, divin, de sagesse, de Dharma ?
    – Oui, bien sûr.
    – Tu te souviens des sables du Gange ?
    – Certes, vous en avez parlé.
    – Si les Terres de Bouddha étaient aussi nombreuses que ces sables, l’Ainsi-Venu connaîtrait tous les êtres sensibles et les esprits de ces terres. Car ces esprits ne sont pas identiques au nom qu’on leur donne.
    Subhuti, il est impossible de retenir l’esprit passé, pas plus que l’esprit présent ou l’esprit futur, car en aucune de ces activités l’esprit n’a de substance, ni d’existence propre.
    Dix-neuf
    « Subhuti, qui fait l’aumône sincèrement obtient de nombreuses bénédictions, mais cette aumône ne doit pas être confondue avec le nom qu’on lui donne ».
    Vingt
    « Subhuti, qu’en penses-tu. Peut-on reconnaître l’Ainsi-Venu par les signes parfaits ? »
    Subhuti répondit : « Non, ces signes parfaits ne se confondent pas le nom qu’on leur donne ».
    Vingt-et-un
    « Subhuti, ne dis pas ‘J’obtiendrai une explication du Dharma.’ Si quelqu’un dit que l’Ainsi-Venu possède une explication du Dharma, il l’aura diffamé. L’enseignement ne peut pas être confondu avec le Dharma. De même, il ne faut pas confondre le nom ‘êtres sensibles’ avec les êtres sensibles ».
    Vingt-deux
    Subhuti dit au Bouddha : « Est-ce parce que rien n’est atteint nulle part que le Bouddha a atteint l’Eveil suprêmement inégalé ? »
    Le Bouddha répondit : « Oui, oui ! Dans mon Eveil suprêmement inégalé, il n’y a pas le moindre Dharma qu’on puisse obtenir. C’est pour cela qu’on l’appelle Eveil suprêmement inégalé.
    Vingt-trois
    – C’est parce qu’il n’a pas d’existence séparée et grâce à la mise en œuvre des bons dharmas qu’on peut atteindre l’Eveil suprêmement inégalé. De même, il ne faut pas confondre le nom ‘bons dharmas’ avec les bons dharmas.
    Vingt-quatre
    – Si on reçoit, retient, lit et récite ce sûtra de Perfection de Sagesse, l’action sainte est inépuisable.
    Vingt-cinq
    – Les hommes mortels ne sont pas des hommes mortels. On les appelle ‘hommes mortels’.
    Vingt-six
    Subhuti dit « Si je comprends bien ce que veut dire le Bouddha, si au moyen des trente-deux signes, on examine le Bouddha, alors l’Ainsi-Venu est un saint roi de la Roue [du Dharma]. Donc, on ne doit pas l’examiner au moyen des trente-deux signes [en confondant le nom et la chose].
    Alors, l’Honoré du Monde proclama ce gatha :
    « Si c’est par sa forme que l’on voit l’Ainsi-Venu
    « Ou bien qu’on le recherche de par le son de sa voix
    « C’est qu’on s’est engagé sur une voie corrompue
    « Où il est impossible de reconnaître un bouddha ».
    Vingt-sept
    – Subhuti, ne va pas conclure de ce qui précède que cultiver l’esprit d’éveil soit le fruit d’un enseignement nihiliste.
    Vingt-huit
    Subhuti demanda au Bouddha : « Pourquoi les bodhisattvas ne reçoivent-ils pas de bienfaits ?
    – Subhuti on ne doit pas s’attacher avec avidité à la composition des bienfaits que reçoivent les bodhisattvas. C’est pourquoi l’on parle de ‘ne pas recevoir de bienfaits’.
    Vingt-neuf
    – Subhuti, si quelqu’un devait dire que l’Ainsi-Venu va, vient, s’assied et s’étend, cette personne montrerait qu’elle ne comprend rien à ce que je dis. L’Ainsi-Venu n’a pas d’endroit d’où venir, ni d’endroit où aller ; c’est pourquoi on l’appelle un ‘Ainsi-Venu’
    Trente
    – Subhuti, l’apparence d’un agrégat n’est pas exprimable. Seuls les hommes ordinaires s’attachent avidement aux agissements de leurs propres personnes. Il ne faut pas confondre le nom qu’on donne aux agrégats avec les agrégats eux-mêmes ».
    Trente-et-un
    – Subhuti, imaginons que quelqu’un dise que le Bouddha a parlé du point de vue d’un moi individuel, d’existences séparées. Cette personne aurait-elle compris ce que j’enseigne ?
    – Non, Honoré du Monde. Car la perception d’un moi individuel, d’une existence séparée n’est qu’une illusion.
    – Subhuti, dans cet esprit, sous les dharmas doivent être ainsi compris, comme des apparences non-nées.
    Trente-deux
    – Subhuti, comment pourrait-on donner aux autres des explications détaillées ? On ne pourrait le faire que sans s’attacher aux apparences de l’absolu, sans agitation.
    « Ainsi nous faut-il voir ce curieux monde flottant :
    « Une goutte de rosée, ou un éclair aveuglant ,
    « Une bulle ou bien une ombre, un rêve ou une illusion
    « Car ri-en ne se produit qui ne soit sans condition ».
    Quand le Bouddha eut fini de prononcer ce sûtra, tous les êtres en furent exaltés. Il le reçurent sincèrement et transmirent la pratique du Sûtra de la Perfection de Sagesse du Diamant [coupant].
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    Message par AncestraL Jeu 29 Mar 2018 - 21:23

    Merci !
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    Message par Tenza Ven 30 Mar 2018 - 11:44

    Merci Yudo !
    En effet, c'est beaucoup plus "digeste" à lire que la version originale, l'enseignement s'assimile plus facilement.
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    Message par Fred Ven 30 Mar 2018 - 13:33

    Personnellement, je connais les dires du Bouddha principalement au travers des commentaires qui en ont été faits. En effet la forme de ses enseignements visant par de nombreuses répétitions à être mémorisés, sont à l'aire de l'impatience assez indigestes.
    Donc, merci d'avoir amené un peu de concision, car je crois que c'est un travail véritablement indispensable.
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    Message par tangolinos Ven 30 Mar 2018 - 19:15

    @Fred
    On peut remarquer que dans toutes les doctrines, les véritables maîtres originels se sont abstenus d’ écrire…
    On peut comprendre par là, que tout ce qu’on peut dire n’ est que sottise…
    Aussi, le discours verbal a pour qualité d’ être là dans la situation présente, et aussitôt disparaitre…Il y a bien un temps pour chaque chose, et des choses à dire à certains, et des choses à ne pas dire à d’ autres.
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    Message par Fred Sam 31 Mar 2018 - 16:51

    Tango a écrit:On peut remarquer que dans toutes les doctrines, les véritables maîtres originels se sont abstenus d’ écrire...

    Bouddha avait quand même comme intension d'après ce que j'ai compris, de faire en sorte qu'on puisse mémoriser ses enseignements. Il espérait donc sans doute par là que ses paroles puissent rester et être transmises.  Question Smile

    Ânanda :

    Ananda (IAST Ānanda, Ch:阿難, A Nan) « Félicité » en sanskrit, était le cousin et l’un des principaux disciples du Bouddha dont il fut l’assistant personnel pendant vingt-cinq ans. À ce titre, il est celui qui recueillit le plus de paroles de Gautama, et fut requis à sa mort pour réciter le Sutta Pitaka afin que le souvenir ne s’en perde pas. L'étymologie légendaire du terme sutra (pali : sutta) le fait dériver de l’entrée en matière de ce type de texte : evam me suttam (ainsi ai-je entendu), qui daterait de la récitation d'Ānanda.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82nanda_(bouddhisme)

    Mais c'est juste ce que tu dis, car je crois qu'il adaptait en effet ses enseignements à ses auditeurs.
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    Message par tangolinos Sam 31 Mar 2018 - 23:02

    @Fred
    Je ne doute pas que Bouddha soit un bouddha.
    Je ne doute pas que suite à ses introspections, il ait pu ressentir  avoir des choses à dire… introspections que je ne remets d’ aucune manière en péril,  tant le témoignage, de nos introspections ‘’spirituelles et /ou intangibles’’, et de nos expériences ‘’bien tactiles et/ou tangibles’’ me semble les seules choses à partager… Et vois-tu, je ressens bien la difficulté de Bouddha à prononcer l’ indicible, tant tout ce qu’on pourrait dire ne peut contenir l’ Absolu, puisque c’ est bien l’ Absolu qui nous contient.
    Et donc, nous voilà retomber dans notre véritable condition qui est celle de ne rien savoir et d’ être condamnés à  agir comme si on savait.
    Il y a bien une attitude qui au delà de notre sensation d’ être quelque chose, permet à certaines choses de se manifester, au delà même de notre comprenure…

    à propos des choses à dire, on pourra dire à certains qu’ils sont trop ‘’petits’’, mais on ne pourra pas dire la même chose à ceux qui sont trop ‘’grands’’… ça n’ empêche pas non plus de dire l’ inverse par l’ usage de moyens habiles… puisque les attributs de ‘’petit’’ ou ‘’grand’’ sont relatifs et non pas absolus.

    @Yudo
    tu écris=
    « Car ri-en ne se produit qui ne soit sans condition ».

    Pourrais-tu nous commenter cette phrase ?… à vrai dire, c’est la multitude des interprétations du mot ''condition'' qui prête à confusion.

    Perso, je l’ interprète en pensant que rien ne se produit indépendamment de toute autre chose… mais il est possible de l’ interpréter inversement en disant que tout se produit intrinsèquement et que chaque chose se retrouve confrontée à la dualité.

    Disons que ma façon d’ interpréter est de privilégier la suprématie du conditionnement, mais il est possible de penser l’ inverse, en disant  que le conditionnement soit la résultante du fait que quelque chose de singulier se manifeste dans un contexte multiple.

    Alors donc merci d’ avance pour tes précisions.
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    Message par Rémi Lun 2 Avr 2018 - 15:03

    tangolinos a écrit:


    @Yudo
    tu écris=
    « Car ri-en ne se produit qui ne soit sans condition ».

    Pourrais-tu nous commenter cette phrase ?… à vrai dire, c’est la multitude des interprétations du mot ''condition'' qui prête à confusion.

    Perso, je l’ interprète en pensant que rien ne se produit indépendamment de toute autre chose… mais il est possible de l’ interpréter inversement en disant que tout se produit intrinsèquement et que chaque chose se retrouve confrontée à la dualité.

    Disons que ma façon d’ interpréter est de privilégier la suprématie du conditionnement, mais il est possible de penser l’ inverse, en disant  que le conditionnement soit la résultante du fait que quelque chose de singulier se manifeste dans un contexte multiple.

    Alors donc merci d’ avance pour tes précisions.

    Les précisions de Yudo, s'il les donne, seront sûrement plus intéressantes que les miennes, mais je réponds tout de même.

    Ton questionnement est un peu complexe. Je ne comprends pas, malgré le fait que je les ai relues plusieurs fois, tes phrases. Ou plutôt je pense les comprendre, et je crois comprendre qu'elles n'ont aucune réponse, que tu te poses la question de l'oeuf et de la poule. Conditionnement d'abord ? Ou alors la manifestation d'une chose singulière est ce qui fait émerger à postériori le fait que tout soit conditionné ?

    Il n'y a pas de début. Il n'y a pas de fin. Il n'y a pas de milieu. Les choses s'enchaînent, et la condition (les conditions) est (sont) impossibles à identifier. Parce que rien n'est différent des conditions. Rien n'existe séparé des "conditions" qui permettent son existence, c'est à dire que "son existence" est rien, qu'il est tout aussi bien les conditions qu'il est "son égo", et qu'on en peut dessiner aucune frontière précise, et encore moins de frontière définitive, entre "les conditions", et le "ce-qui-se-produit-et qu'artificiellement je sépare du reste par esprit de discrimination".

    Donc, ta question n'a pas vraiment lieu d'être, je crois. Il est inutile d'essayer de définir ce que sont "ces conditions", ni d'essayer de voir si une partie du Tout est venue avant l'autre partie.

    Ce genre de sutras ne propose pas une réflexion intellectuelle et conceptuelle. Il y a quand même des concepts, à titre de "véhicules", il faut bien essayer de montrer la lune, alors on la montre avec un doigt, mais ce n'est pas le doigt qui compte, c'est ce que le sutra essaye d'enseigner. C'est plus de l'ordre de la sensation-intuition. Il ne faut pas trop découper tout ça. Enfin en tout cas, c'est un peu comme ça que je vois l'approche du bouddhisme zen, même ch'an, depuis Boddhidharma. Le bouddhisme tibétain propose peut-être quelque chose d'un peu plus classifiant, d'un peu plus conceptuel, de plus "procédurier", avec des enchaînement nombreux et complexes autour d'une logique qu'il faut apprendre à maîtriser en passant par plein de stades différents... Mais je le connais encore moins bien que le zen. Simplement, je l'évoque, car ton approche, Tangolinos, me fait souvent penser que tu es plus proche d'un bouddhisme tibétain que d'un bouddhisme zen. Ce qui bien sûr, n'est pas un problème en soi.

    Mais cela explique peut-être quelques problèmes de compréhension surgissant parfois sur ce forum. Car si tu viens proposer des complexifications théoriques à des gens qui cherchent justement à simplifier (et là, aucuns de ces deux verbes n'est employé de manière péjorative ou méliorative), ça ne crée pas un cadre de communication "facilitant" !

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    Message par Kaïkan Lun 2 Avr 2018 - 17:00


    Merci Rémi.

    Je pense qu'on ne pouvait pas être plus clair.
    Je crains pourtant que tangolinos soit encore une fois imperméable à tout ce qui est suggéré entre les lignes de ton message, et il faudra déjà se réjouir si les grandes lignes échappent aux distorsions de comprenette, auxquelles nous sommes confrontés de façon récurrente avec notre ami des sorciers africains...  Laughing
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    Message par tangolinos Lun 2 Avr 2018 - 19:30

    @ Rémi
    je ne pense pas complexifier, je propose simplement de ne pas s’enfermer dans une seule vision.
    Pour exemple, on peut se prendre pour le centre du monde (générateur de tout l’ environnement), mais paradoxalement, on peut aussi se prendre pour un grain de poussière (généré par l’ environnement)…
    Je ne pense pas que l’ une ou l’ autre des réponses, soit l’ entière vérité.
    Même qu’ il me semble que ma proposition est tout à fait conforme à la voie du milieu brandie par le zen.
    Tiens ça me fait penser à un funambule qui éviterait de tomber d’un coté ou de l’ autre, puisque son job est de rester sur le fil.

    Disons alors, qu’il importe d’ écouter chaque idée en n’ oubliant pas de la remettre en question.

    @Yudo
    suite à ta traduction, tu as écrit: ‘’« Car ri-en ne se produit qui ne soit sans condition ».’’
    N’ y aurait-il pas une autre façon de traduire le texte originel ?

    @Kaïkan
    vois-tu, depuis la disparition de mon ex-compagne, je me surprends à dire à tous combien elle m’ a indisposé, et que j’ en avais vraiment marre de constater son insistance même après notre séparation…et vois-tu je m’ interroge sur les larmes qui coulent encore sur mes joues.
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    Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant) Empty Re: Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant)

    Message par lausm Mar 3 Avr 2018 - 1:13

    Fred a écrit:
    Tango a écrit:On peut remarquer que dans toutes les doctrines, les véritables maîtres originels se sont abstenus d’ écrire...

    Bouddha avait quand même comme intension d'après ce que j'ai compris, de faire en sorte qu'on puisse mémoriser ses enseignements. Il espérait donc sans doute par là que ses paroles puissent rester et être transmises.  Question Smile

    Ânanda :

    Ananda (IAST Ānanda, Ch:阿難, A Nan) « Félicité » en sanskrit, était le cousin et l’un des principaux disciples du Bouddha dont il fut l’assistant personnel pendant vingt-cinq ans. À ce titre, il est celui qui recueillit le plus de paroles de Gautama, et fut requis à sa mort pour réciter le Sutta Pitaka afin que le souvenir ne s’en perde pas. L'étymologie légendaire du terme sutra (pali : sutta) le fait dériver de l’entrée en matière de ce type de texte : evam me suttam (ainsi ai-je entendu), qui daterait de la récitation d'Ānanda.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82nanda_(bouddhisme)

    Mais c'est juste ce que tu dis, car je crois qu'il adaptait en effet ses enseignements à ses auditeurs.

    Je suis toujours sceptique quant aux intentions qu'on peut prêter à des gens qui n'ont été transcrits que des siècles après avoir parlé, et dont on a pu largement remanier et enjoliver le discours de tout un tas de trucs clinquants et brillants, de facultés transcendantes et de pouvoirs spéciaux, et de disciples on ne peut plus éminents, bref, ce qu'on appelle une réécriture du réel, pour ne pas dire à certains niveaux des choses de l'ordre de la propagande spirituelle......comme dans toute religion instituée, ce qui est une réaction éminemment humaine.

    Ce qui est marrant quand même concernant Ananda, réputé pour être la mémoire du sangha, la bibliothèque dharmique, le réceptacle du moindre mot prononcé par le Bouddha, c'est que lorsqu'il est mort, on lui a demandé de révéler publiquement la différence que le Bouddha lui aurait dite, entre les règles majeures et mineures pour la communauté.
    Et là, patatras, l'Ananda, et ben il s'en rappelait pas!
    Doit-on en conclure que le Bouddha lui a dit un truc que tout le monde aurait voulu savoir mais en n'ayant pas l'intention, lui, le Bouddha, que tout le monde s'en rappelle?
    J'ai tendance à penser que si Ananda a oublié, c'est qu'il y avait plus fondamental à traiter comme sujet.
    On lui a quand même alors collé la honte, fait passer pour un sous-éveillé qui n'était pas aussi balèze que Mahakasyapa le pro de l'ascétisme et de la règle, bref l'éternel second.
    Peut-être c'était embêtant qu'Ananda ait un peu poussé le Bouddha à faire entrer les femmes dans la communauté?

    Je pense que la vérité n'est pas saisissable par le texte, qui n'est que la partition du morceau de musique à jouer: ce qui compte c'est comment on le joue, comment on vibre avec, comment on y met sa vie, pas seulement de savoir déchiffrer la partition.
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    Message par Fred Mar 3 Avr 2018 - 12:33

    Lausm a écrit:Je pense que la vérité n'est pas saisissable par le texte, qui n'est que la partition du morceau de musique à jouer: ce qui compte c'est comment on le joue, comment on vibre avec, comment on y met sa vie, pas seulement de savoir déchiffrer la partition.

    Moi, plus ça va, plus je me dis que ce sont les partitions les plus simples qui sont les plus difficiles à jouer.

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    Message par tangolinos Mar 3 Avr 2018 - 19:39

    @ lausm
    je suis heureux de constater que ta façon de t’exprimer devient de plus en plus libérée de la souffrance que jadis tu manifestais.
    On voit bien dans ton dernier message que tu t’ es libéré de l’image des institutions qui jadis te semblaient solennelles.
    Vois-tu, je suis tout comme toi à m’interroger sur la valeur des dires qui soit-disant témoignent de l’ existence de ces maîtres originels.
    Je ne doute pas qu’il y ait eu un initiateur qui a inspiré tous ces dires, mais tout comme toi, je soupçonne que ces témoignages soient empreints d’ idéalisme, voir d’ intention de faire de la pub.

    Vois-tu, je suis à ce jour empreint d’ un deuil… celui de mon ex-compagne , avec qui j’ ai vécu une quinzaine d’ années… et je me souviens de son dernier appel téléphonique, alors même qu’ elle se savait mourir… elle me disait: je t ‘ appelle juste pour entendre le son de ta voix, tant ce son m’ apaise.

    ça illustre bien ce que tu as écrit:
    ‘’Je pense que la vérité n'est pas saisissable par le texte, qui n'est que la partition du morceau de musique à jouer: ce qui compte c'est comment on le joue, comment on vibre avec, comment on y met sa vie….’’

    @fred
    ‘’’’’Moi, plus ça va, plus je me dis que ce sont les partitions les plus simples qui sont les plus difficiles à jouer.’’’
    ça me rappelle quand une de mes cousines m’ a présenté son futur époux, en me disant qu’il était accordeur de pianos, et que parfois il faisait des concerts en tant que pianiste.
    Nous étions devant un piano à priori bien accordé, puisque c’ était chez eux, je lui ai demandé de me jouer ‘’au clair de la Lune’’, chose qu’il n’ a pas faite, en ne négligeant pas de m’ adresser un regard dédaigneux.
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    Message par Tenza Mer 4 Avr 2018 - 11:31

    @Lausm, @Tango
    +1

    Même, je ne pense pas que tous les sutras du canon Pali soient exactement les dires du Bouddha ou correspondent au "Bouddhisme originel" (l'être humain aime bien dire qu'il détient ou pratique des trucs originels...)
    Oui, on a sans doute remplacé ou tourné des phrases différement pour donner des effets de style, aider à mémoriser là où le Bouddha préférait faire comprendre.

    Il y a aussi dans un sutra mahayana (je ne me souviens plus lequel) toute une panoplie de pierres précieuses et de pouvoirs surnaturels utilisée pour décrire les qualités du bodisattva. C'est super lourd à lire... et si cela convenait peut-être à un esprit indien de l'époque je trouve qu'ici, aujourd'hui, dans cette forme-là, ce n'est plus vraiment adapté pour faire passer au mieux un enseignement. Il s'en trouve noyé plus qu'autre chose
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    Message par lausm Mer 4 Avr 2018 - 22:04

    Eh oui, certains clament que le canon Pali est le vrai bouddhisme orthodoxe le plus fidèle à la réalité vécue, mais il est quand même une représentation du réel, à mon sens chargé d'intentions rajoutées au discours du Bouddha, et d'ailleurs j'ai découvert cet étonnant sutra qui semble être une sorte de mythe initial de l'apparition de l'homme et de la nécessité d'avoir un chef dans le monde.

    Comme dit par Tenza, l'être humain aime bien laisser entendre qu'il détient des trucs originels.
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    Message par Yudo, maître zen Jeu 5 Avr 2018 - 9:18

    En effet, divers indices laissent entrevoir que dès la mort du Bonhomme, certains se sont empressés de proposer des choses différentes, parce que, quand même!...
    Par exemple, à sa mort, on a un type affaibli, vieillard de 80 ans, affligé (d'après une étude de médecine légale) de troubles du mésentère, et qui visiblement est victime d'une hémorragie intestinale, qu'on doit porter, tellement il est faible, mais qui fait traverser les fleuves à son escorte par magie; qui se plaint de n'en pouvoir plus, mais qui se lance dans un discours interminable dans lequel il indique qu'il faut chasser son compagnon de quarante-cinq ans, le cocher qui l'accompagne depuis qu'il a quitté la maison.
    On croit deviner des brahmanes attirés dans l'ordre par le prestige du Bonhomme, mais supportant très mal de devoir y cohabiter avec des personnes de caste inférieure, qui plus est plus anciens qu'eux, et aussi de voir les femmes (beurk!, n'est-ce pas?) partager leur prestige, à cause de cet écervelé d'Ananda.
    Bref, le Canon Pali (que je me suis donné la peine de lire en bonne partie) laisse deviner des manipulations qu'il n'est même pas besoin d'être ni linguiste, ni spécialiste du Pali pour entrevoir.
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    Message par tangolinos Dim 8 Avr 2018 - 21:49

    Disons alors, que les personnages originels de toutes ces doctrines, sont des doigts tendus… et je ne doute pas que ces personnages ont inspirés ceux qui évoquent le doigt par l’ usage de l’ écriture…
    On peut dire aussi que ces personnages originels se sont manifestés dans l’ instant présent sans avoir à se soucier de pérenniser ce qu’ils avaient à dire, et que ceux qui ont écrit se sont bien plus soucié d’ un futur que d’un présent.
    ça n’ empêche pas d’ accepter l’ idée que chacun a son rôle à tenir, et que tout cela est tel que cela doit être.

    LaoTseu disait: ''celui qui parle ne sait pas, et celui qui sait ne parle pas.''

    On pourrait décliner cette citation en disant: ''celui qui parle sait mieux que celui qui écrit.''

    Et ce qui est étonnant est que LaoTseu ait pu se laisser écrire ce genre de choses, puisque forcément selon sa formulation, il ne pouvait pas le savoir.
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    Message par lausm Lun 9 Avr 2018 - 0:19

    Disons que les taoïstes ont l'idée que les enseignements écrit sont souvent inspirés par des êtres supérieurs.
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    Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant) Empty Vajracchedikā Prajñāpāramitā Sūtra. (Sutra du diamant coupeur)

    Message par Kaïkan Mer 18 Avr 2018 - 22:15


    Ancienne version. (complète avec annotations)


    Le Soutra du Diamant coupeur


    « Sutra de la parfaite sagesse »


      1. Ainsi ai-je entendu. Un jour, le Bouddha s'était retiré à Anâthapindada dans le
        bosquet de Jeta près de Srâvastî, avec un groupe de 1250 moines. Ce jour-là, l'Honoré
        du Monde enfila sa robe et prit son bol à aumônes pour mendier dans la grande ville de
        Srâvastî. Au coeur de la ville, il sollicita chacun puis il retourna à son lieu de résidence
        pour déjeuner. Ayant retiré sa robe et rangé son bol, il se lava les pieds, sortit son
        coussin et s'assit.
      2. En ce temps-là, le vénérable Subhûti participait à la grande congrégation. Il se leva
        alors, ajusta ses vêtements, et posa son genou droit à terre. Ayant joint ses paumes en
        signe de respect, il s'adressa au Bouddha : « Honoré du Monde, extraordinaire est
        l'attention parfaite du Tathâgata[1] pour les Bodhisattvas mais également parfaite votre
        confiance envers les Bodhisattvas. Honoré du monde, de quelle manière de bons
        enfants pourraient-ils engendrer le lieu du suprême et inégalé état d'éveil ? Comment
        pourraient-ils maîtriser leur esprit ?
        Le Bouddha répondit : « Excellent ! Excellent ! Subhûti, comme tu l'as dit, le
        Tathâgata est parfaitement attentif aux Bodhisattvas et parfaite est sa confiance envers
        les Bodhisattvas. Si vous écoutez attentivement, je vous expliquerais comment de bons
        enfants, fils et filles, pourront engendrer l'état d'éveil et y résider, et comment ils
        pourront ainsi maîtriser leur esprit. »
        « Oui, Honoré du Monde, je vous écouterai avec joie. »
      3. Le Bouddha s'adressa à Subhûti en disant : « Les Bodhisattva-mahàsattvas
        maîtriseront ainsi leur esprit : Où il y a le moindre être sensible, qu'il soit né d'un oeuf
        ou d'une matrice, engendré dans l'eau ou par mutation, qu'il y ait forme ou non, qu'il
        soit doué de pensée ou non, qu'il ait eu une conscience ou non, je les aiderai tous à se
        libérer pour entrer dans le Nirvâna. Ainsi, bien que libérant les êtres sensibles sans
        mesures, sans calculs et sans limites, dans la réalité, il n'y a pas d'êtres sensibles qui
        atteindront cette libération. Qu'est-ce à dire ? Subhûti, si un bodhisattva a l'image de
        soi-même, l'image d'une personne, l'image d'un être ou l'image d'une âme, alors, il n'est
        pas un bodhisattva.
      4. De plus, Subhûti, un bodhisattva qui suit le Dharma ne s'installerait pas dans la
        pratique de la charité. C'est-à-dire qu'il ne s'installerait pas dans les formes de la
        charité. Ni même dans les sons, les odeurs, les goûts, les sensations tactiles ou les
        idées de charité. Subhûti, un bodhisattva serait ainsi charitable sans avoir à assumer de
        telles images. Pourquoi ? Si un bodhisattva ne s'identifie pas aux images de la charité,
        sa véritable vertu est incommensurable.
        Qu'en penses-tu Subhûti ? Vers l'Est, la distance peut-elle être mesurée ou non ? »
        « -Non, Honoré du Monde. »
        « -Subhûti, vers le Sud, l'Ouest, le Nord, le Centre, le Zénith et le Nadir, la distance
        peut-elle être mesurée ou non ? »
        « - Non, Honoré du Monde. »
        « - Subhûti, la vertu sacrée d'un bodhisattva qui ne s'installe pas dans des
        représentations de la charité est également semblable. On ne peut la mesurer. Subhûti,
        les bodhisattvas peuvent uniquement se fier à cet enseignement. »
      5. « Subhûti, qu'en penses-tu ? On peut reconnaître le Tathâgata par les trente deux
        signes du Bouddha, non ? »
        « Non, Honoré du Monde. On ne peut pas reconnaître le Tathâgata par ses signes
        corporels. Et pourquoi cela ? Le Tathâgata a expliqué que les signes du Tathâgata
        n'étaient pas des signes corporels. »
        Le Bouddha s'adressa à Subhûti disant : « Les signes que possèdent les personnes
        ordinaires sont tous vides et erronés. Si l'on peut percevoir que ces signes ne sont pas
        des signes, alors on reconnaît le Tathâgata. »
      6. Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, n'est-il pas douteux que des êtres
        doués de sensations entendant ce discours atteignent la foi parfaite ? »
        Le Bouddha répondit à Subhûti : « Ne dis pas cela. Pendant la période de cinq cents
        ans qui suivra la mort du Tathâgata, ceux qui observeront les préceptes et cultiveront
        la volonté sacrée pourront atteindre l'esprit de la foi à partir de cet enseignement parce
        qu'il est authentique. Il est certain que ceux-ci n'ont pu approcher un Bouddha, deux
        Bouddha, trois, quatre, ou cinq Bouddha pour planter les bonnes racines. Ils ont planté
        les bonnes racines près d'un nombre incalculable de centaines de milliers de Bouddha.
        En écoutant ces enseignements, même sous la forme d'une simple récitation, ils
        atteindront la pure Foi. Subhûti, le Tathâgata sait parfaitement et voit parfaitement que
        ces êtres doués de sensations atteindront ainsi une telle vertu sans limites. Pourquoi ?
        Ces êtres doués des sens ne retourneront pas aux images d'un moi, aux images d'une
        personnalité, aux images d'un être doué de sensation ou à l'image d'une âme. Ils ne
        possèderont aucune image du Dharma pas plus que du non-Dharma. Pourquoi ? Si
        l'esprit de ces êtres sensibles était accroché à de telles images, ils s'attacheraient à un
        moi, à une personnalité, aux sens et à une âme. S'ils s'accrochent à des images du
        Dharma, ils s'attacheront à un moi, à une personnalité, aux sens et à une âme. Pourquoi
        ? S'ils s'accrochent aux images du non-dharma, ils s'attacheront à un moi, à une
        personnalité, aux sens et à une âme. C'est pourquoi on ne peut s'accrocher au Dharma
        ni au non-dharma. C'est à cause de cela que le Tathâgata dit toujours, « Moines !
        Sachez que mon enseignement oral du Dharma est comme un radeau de bambous. Le
        Dharma que l'on honore doit être abandonné. Alors, combien plus ce qui n'appartient
        pas au Dharma ? »
      7. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata a atteint l'éveil suprême et indépassable,
        non ? Le Tathâgata a un enseignement du Dharma, n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Si j'ai compris la signification du sermon de Bouddha, il n'y a
        aucun Dharma que l'on pourrait appelé « le suprême et indépassable éveil ». Aussi, n'y
        a-t-il pas de Dharma fiable que le Tathâgata pourrait enseigner. Pourquoi ? Les
        Dharmas expliqués par le Tathâgata sont intangibles et inexprimables. Il n'y a ni
        Dharmas ni non-dharmas. Pourquoi cela ? Tous les Sages font des discriminations à
        partir du Dharma inconditionné[2]. »
      8. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Si une personne remplissait le trisahasra-mahàsahasralokadhàtu[
        3] avec les sept trésors[4] dans le but de faire la charité alors la vertu
        méritoire de cette personne serait complète, n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Tout à fait complète, Honoré du Monde. Pourquoi ? Cette vertu
        méritoire alors ne serait plus une nature méritoire. C'est pourquoi le Tathâgata a dit
        que sa vertu méritoire serait complète. »
        « Si, de nouveau, il y a une personne qui reçoit et respecte seulement quatre lignes des
        vers de ce sûtra et les explique à une autre personne, le mérite de cette personne
        dépassera celui de quiconque. Pourquoi ? Subhûti, les Dharmas de tous les Bouddha
        qui ont atteint l'Eveil suprême et inégalé de Bouddha proviennent de ce Sûtra. Subhûti,
        alors les Dharmas de ces Bouddha ne sont pas le Dharma du Bouddha. »
      9. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Celui qui entre dans le courant[5] est susceptible de
        penser : « J'ai réussi à entrer dans le courant ». N'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Non, Honoré du Monde. Pourquoi ? L'entrée dans le courant est le
        nom qui désigne l'action d'entrer dans le courant et nulle part ailleurs . Il ne s'agit pas
        d'entrer dans les formes, les sons, les odeurs, les goûts, le toucher ou les idées. C'est ce
        qu'on appelle l'entrée dans le courant ».
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Celui qui une fois est revenu[6] est susceptible de penser :
        « j'ai atteint l'état de celui qui une fois est revenu », n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Non, Honoré du Monde. Pourquoi ? Une fois revenu est le nom
        d'une arrivée de plus et en réalité, sans autre future arrivée. C'est ce qu'on appelle Une
        fois revenu. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Sans-retour[7] est susceptible de penser : « j'ai atteint
        l'état de non-retour. » N'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Non, Honoré du Monde. Pourquoi ? Sans-Retour signifie que l'on
        est arrivé dans un lieu au-delà duquel il n'y a plus rien et qui n'a, en réalité, aucun
        contraire. C'est pourquoi on l'appelle Sans-retour. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Sage[8] est susceptible de penser : « j'ai atteint
        l'illumination des sages », n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Non, Honoré du Monde. Et pourquoi ? Il n'y a rien, réellement,
        que l'on pourrait appeler un sage. »
        « Honoré du Monde, si un sage pouvait penser : « J'ai atteint l'illumination ! » alors ce
        serait à cause de l'attachement au moi, à la personnalité, aux sens et à l'âme. Honoré du
        Monde, le Bouddha a dit que j'ai atteint le samàdhi de la non-discrimination qui, entre
        tous, est le meilleur. C'est le meilleur parce que je suis libre du désir d'être un Sage. Je
        ne pense pas : « Je suis libre du désir d'être un Sage ! ». Honoré du Monde, si j'en étais
        à penser : « J'ai atteint l'Illumination d'un Sage ! » alors, l'Honoré du Monde ne
        pourrait plus dire que Subhûti est un pratiquant de la forêt merveilleuse, parce qu'en
        réalité Subhûti ne pratique en aucun lieu. Et ainsi on l'appelle « Subhûti, le pratiquant
        de la forêt merveilleuse [9]».
      10. Le Bouddha s'adressa ainsi à Subhûti : « Qu'en penses-tu ? Quand le Tathâgata,
        auparavant, rencontra le Bouddha Dîpamkara[10], il avait atteint le Dharma que ce
        Bouddha possédait, n'est-ce pas ? »
        « Non, Honoré du Monde. Quand le Tathâgata rencontra le Bouddha Dîpamkara, en
        réalité, il n'avait pas atteint ce Dharma. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Les Bodhisattvas ornent les terres du Bouddha, n'est-ce
        pas ? »
        « Non, Honoré du Monde. Et pourquoi ? Orner les terres du Bouddha n'est pas une
        ornementation. Ornementation n'est qu'un nom. »
        « C'est pourquoi, Subhûti, le bodhisattvas-mahàsattva obtiendra ainsi l'élévation
        jusqu'au pur esprit. Il ne demeurera pas dans l'univers des formes quand il atteindra cet
        esprit, ni ne résidera dans les sons, les odeurs, les goûts, le toucher ou les idées quand
        il s'élèvera à cet esprit. Ceux qui s'élèvent jusqu'à cet esprit ne peuvent demeurer en
        aucune résidence. Subhûti, c'est exactement comme une personne dont le corps serait
        semblable au Mont Sumeru. Qu'en penses-tu ? Son corps serait immense, n'est-ce pas ?
        »
        Subhûti répondit : « Plutôt gigantesque, Honoré du Monde. Pourquoi ? Le Bouddha a
        dit qu'il n'y a pas un corps qu'on peut dire immense. »
      11. « Subhûti, supposons qu'il y ait des Gange aussi nombreux que tout le sable
        contenu dans le Gange lui-même. Qu'en penses-tu ? Tout ce sable contenu dans
        l'ensemble des Gange ferait une grande masse de sable, n'est-ce pas ? »
        « Effectivement, Honoré du Monde. Simplement, tous ces Gange seraient si nombreux
        qu'on ne pourrait les dénombrer. Alors comment évaluer leur quantité de sable ? »
        « Subhûti, je vais te le dire franchement, s'il y avait une bonne descendance aussi
        nombreuse que le sable de tous ces Ganges et qui remplissait l'univers avec les sept
        trésors dans un but charitable, ils obtiendraient beaucoup de mérites, n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Vraiment beaucoup, Honoré du Monde. »
        Le Bouddha s'adressa à Subhûti : « Si un bon fils ou une bonne fille recevait et
        observait seulement quelques lignes de l'enseignement de ce sutra et qu'il l'explique à
        un autre, sa vertu bénie surpasserait la vertu bénie de quiconque.
      12. De plus, Subhûti, comme il est dit, où ce Sutra est étudié, même s'il ne s'agit que de
        quatre lignes de son enseignement, il est assuré que les dieux, les hommes ou les
        esprits de tous les mondes offriront leur soutien à ce lieu comme s'il s'agissait d'un
        temple ou d'une pagode bouddhiste. Combien plus s'il y a quelqu'un capable de le
        recevoir, le garder, le lire et le réciter en entier ? Subhûti, il sera dit que cette personne
        vit le suprême, le meilleur et le plus extraordinaire Dharma. Si ce Sutra réside dans sa
        demeure, alors c'est comme si le Bouddha habitait là, honoré par ses disciples. »
      13. Alors, Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, quel sera le nom de ce sutra ?
        Comment allons-nous le transmettre et observer son enseignement ? »
        Le Bouddha s'adressa à Subhûti : « Le nom de ce sutra est La Sagesse parfaite comme
        un diamant.[11] C'est avec ce titre que tu le transmettra et l'observera. Pourquoi cela ?
        Subhûti, le Bouddha dit que c'est la perfection de la sagesse[12], alors ce n'est pas la
        perfection de la sagesse.
        Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata a une interprétation du Dharma, n'est-ce pas ?
        »
        Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, le Tathâgata n'a aucune interprétation. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Les particules qui composent l'univers sont nombreuses,
        n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « Enormément, Honoré du monde. »
        « Subhûti, le Tathâgata a dit que les atomes ne sont pas des atomes. On les appelle «
        atomes ». Le Tathâgata a expliqué que les mots ne sont pas des mots. On les appelle «
        mots ». Subhûti, Qu'en penses-tu ? On peut reconnaître le Tathâgata par 32 signes,
        n'est-ce pas ? »
        Non, Honoré du monde. On ne peut pas reconnaître le Tathâgata par 32 signes. Et
        pourquoi cela ? Le Tathâgata a expliqué que les 32 signes ne sont pas des signes. On
        les appelle les « 32 signes ».
        « Subhûti, suppose qu'il y ait de bons fils et de bonnes filles qui fassent la charité et
        qui soient aussi nombreux que les grains de sable au fond du Gange. Et suppose
        également qu'il y ait une personne qui reçoive et conserve quatre lignes de ce Sûtra et
        les explique à une autre personne. Son mérite serait encore plus grand.
      14. Alors, Subhûti ayant entendu l'explication du Sûtra, eut une profonde
        compréhension de sa signification. Il pleura à chaudes larmes et se lamenta puis
        s'adressa au Bouddha, disant : « C'est une chose extraordinaire, Honoré du Monde, que
        le Bouddha expose un Sûtra aussi profond que celui-ci. Depuis le temps où j'ai acquis
        l'oeil de Sagesse, je n'avais jamais entendu un semblable Sûtra. Honoré du Monde, s'il
        y a une autre personne qui entende ce Sûtra avec un esprit empli d'une foi pure, alors
        en elle s'élèvera le signe de la réalité. On pourra dire que cette personne a obtenu la
        meilleure, la plus extraordinaire vertu. Honoré du Monde, le signe de la réalité est le
        contraire d'un signe. C'est pourquoi le Tathâgata a dit qu'on l'appelait le « signe de la
        réalité ». Honoré du Monde, ainsi ayant entendu ce Sûtra et l'ayant compris avec foi, le
        recevant et le respectant, il m'apparaît maintenant sans aucune difficulté. Si les Etres
        sensibles qui sont venus au monde ces cinq cents dernières années entendent ce Sûtra,
        avec une compréhension pleine de foi, le reçoivent et le respectent, alors ils seront
        transformé de façon extraordinaire. Pourquoi cela ? Ces personnes n'auront pas les
        images d'un moi, les images d'une personnalité, les images d'une conscience ou les
        images d'une âme. Et pourquoi cela ? Les images du moi sont absence de signe. Les
        images de la personnalité, les images de la conscience, et les images d'une âme sont
        absence de signe. Et pourquoi cela ? Etre libre de toute image est par conséquent ce
        qu'on appelle un Bouddha.
        Le Bouddha s'adressant à Subhûti dit : « C'est ainsi, c'est ainsi. Si quelqu'un entendant
        ce Sûtra n'est ni étonné, ni inquiet et sans crainte, on saura que cette personne est la
        plus extraordinaire. Et pourquoi cela ? Subhûti, l'exposition par le Tathâgata de la
        première perfection[13] n'est pas la première perfection. On l'appelle la première
        perfection. Subhûti, la perfection de tolérance[14], que le Tathâgata a expliquée n'est
        pas la perfection de tolérance. Et pourquoi cela ? Subhûti, j'ai eu, dans le passé, mon
        corps coupé en morceaux par le Roi Kalinga et à ce moment-là, je n'avais pas l'image
        d'un moi, l'image d'une personnalité,l'image d'une conscience ni l'image d'une âme. Et
        pourquoi cela ? Dans ce passé, j'ai été démembré morceau par morceau. Si j'avais eu
        l'image d'un moi, d'une personne, d'une conscience ou d'une âme, je serais devenu
        furieux et révolté. De plus, Subhûti, je me souviens que dans mes cinq cent dernières
        incarnations, j'ai été un ascète pratiquant la tolérance. Dans cette incarnation, j'étais
        sans image d'un moi, d'une personnalité, d'une conscience ou d'une âme. C'est
        pourquoi, Subhûti, le Bodhisattva doit être libre de toute image lorsqu'il engendre la
        suprême et indépassable bodhicitta. Il ne doit pas résider dans des formes lorsqu'il
        développe cet esprit. Il ne doit pas résider dans les sons , les odeurs, les goûts, les
        sensations tactiles, où les idées quand cet esprit s'élève. Il doit s'installer icimaintenant.
        S'il a une demeure en son esprit, il doit la changer en non-demeure. C'est
        pourquoi le Bouddha a dit que l'esprit d'un bodhisattva ne réside pas dans les formes
        de la charité. Subhûti, le bodhisattva qui accorde ses bénédictions sur tous les êtres
        vivants sera ainsi charitable. Le Tathâgata parle authentiquement, réellement, sans
        tricher et sans contradictions. Subhûti, si l'esprit d'un bodhisattva réside dans le
        Dharma alors qu'il pratique la charité, c'est comme une personne entrant dans
        l'obscurité et ne distinguant plus rien. Si l'esprit d'un bodhisattva ne réside pas dans le
        Dharma lorsqu'il pratique la charité, c'est comme une personne qui posséderait des
        yeux pour voir la lumière du soleil qui illumine toute la variété des formes. Subhûti,
        dans l'avenir, il y aura de bons fils et de bonnes filles capables de recevoir, observer,
        lire et réciter ce qui se trouve dans ce Sûtra. Car le Tathâgata sait totalement et voit
        totalement tous les êtres avec la sagesse du Bouddha. Je peux dire qu'ils atteindront
        tous la perfection de cette vertu sans mesure et sans limite.
      15. « Subhûti, suppose qu'il y ait de bons fils et de bonnes filles qui, le matin, aussi
        nombreux que les grains de sables du Gange, se livrent à la charité, qui, l'après-midi,
        aussi nombreux que les grains de sable du Gange, se livrent à la charité, qui, le soir,
        aussi nombreux que les grains de sable du Gange, se livrent à la charité, et ainsi
        pendant un nombre incommensurable de billions de kalpas se livrent à la charité.
        Suppose, à nouveau, qu'il y ait une personne qui entende ce Sûtra avec un esprit empli
        de foi, sans contrainte, sa félicité surpassera la leur. Combien plus s'il copie, reçoit,
        observe, lit et récite le Sûtra, et l'explique à d'autres personnes ? Subhûti, pour aller à
        l'essentiel, ce Sûtra a une signification qui est inconcevable, inexprimable et d'une
        vertu sans limite. Le Tathâgata l'expose pour ceux qui suivent la Voie du Grand
        Véhicule et aussi pour ceux qui suivent la Voie du Suprême Véhicule. Si une personne
        set capable de recevoir, d'observer, de lire et de réciter ce Sûtra et de l'expliquer
        largement à une autre personne, le Tathâgata sait parfaitement et voit complètement
        qu'une telle personne atteindra la perfection d'une insondable, inexprimable, illimitée
        et inconcevable vertu. Ainsi une telle personne poursuit par conséquent la suprême et
        inégalée bodhi du Tathâgata[15]. Et pourquoi cela ? Subhûti, si l'on éprouve de la
        satisfaction dans le moindre Dharma, c'est un attachement à l'image du moi, l'image
        d'une personne, l'image d'êtres vivants, et l'image d'une âme. Aussi, il n'y a pas la
        possibilité de recevoir, d'observer, de réciter ou d'expliquer à une autre personne ce
        que contient ce Sûtra. Subhûti, où qu'il réside et quel que soit l'endroit, si là est ce
        Sûtra, les dieux, les humains et les asuras de tous les mondes offriront là des présents.
        On saura que cet emplacement est maintenant une pagode. Tous lui montreront du
        respect par des circumambulations, en éparpillant des fleurs et en brûlant de l'encens
        tout autour.
      16. « De plus, Subhûti, si de bons fils et de bonnes filles qui reçoivent, observent,
        lisent et récitent ce Sûtra sont dédaignés ou insultés, ils auront commis de mauvaises
        actions dans des vies antérieures et à cause de cela, seront tombés dans des sentiers
        désagréables. A cause de cela, ils sont méprisés et insultés dans cette vie présente par
        autrui. Quand les actions mauvaises de leurs vies antérieures auront été extirpées, ils
        atteindront la suprême et inégalée bodhi. Subhûti, je me rappelle que dans le passé, un
        incommensurable asaïkhya d'éons auparavant, avant que je ne soit en compagnie du
        Bouddha Dîpamkara, j'ai rencontré quatre vingt quatre quintillions[16] de Bouddha, je
        leur ai tous fait des offrandes et j'ai accompli toutes les tâches sans la moindre faute.
        Suppose à nouveau qu'il y ait quelqu'un dans prochaine ère qui soit capable de
        recevoir, observer, lire et réciter ce Sûtra et d'en tirer profit. Le mérite de mes
        offrandes à tous ces Bouddha ne peut être comparé au centième de ses mérites. Même
        un trillionième de ses mérites ne pourrait lui être comparé. Subhûti, si je devais
        énoncer complètement l'extension du mérite atteint par ces bons fils ou ses bonnes
        filles dans la prochaine ère qui recevront, observeront, liront et réciteront ce Sûtra,
        certains esprits dans cette assemblée en deviendraient confus, incrédule et ne
        pourraient y croire. Subhûti, on doit savoir que la signification de ce Sûtra est
        inconcevable. Le fruit de sa récompense l'est également.
      17. A ce moment, Subhûti dit au Bouddha, « Honoré du Monde, où résideront les bons
        fils et les bonnes filles quand ils engendreront la suprême et indépassable bodhicitta ?
        Comment maîtriseront-ils leur esprit ?[17]
        Le Bouddha répondit à Subhûti : « Les bons fils et les bonnes filles engendrant la
        suprême inégalée bodhicitta donneront jour à cette pensée : « Je libèrerai tous les êtres
        vivants. Ayant libéré tous les êtres vivants, il n'y aura aucun êtres vivants qui soient
        libérés ». Pourquoi cela ? Subhûti, si un bodhisattva a l'image d'un moi, l'image d'une
        personne, l'image d'un être vivant ou l'image d'une âme, alors il n'est pas un
        bodhisattva. Pourquoi cela ? Subhûti, en réalité, il n'y a personne qui ait la suprême et
        indépassable bodhicitta. Subhûti, qu'en penses-tu ? Quand le Tathâgata était avec le
        Bouddha Dîpamkara, il possédait le Dharma et pouvait atteindre la suprême et
        indépassable bodhi, n'est-ce pas ? »
        « Non, Honoré du Monde. Comme j'ai compris l'enseignement du Bouddha, quand
        celui-ci était avec le Bouddha Dîpamkara, il ne possédait pas le Dharma qui permettait
        d'atteindre la suprême et indépassable bodhi. »
        Le Bouddha répondit : « C'est ainsi, c'est ainsi. Subhûti, en réalité il n'y a aucun
        Dharma existant que le Tathâgata ait atteint dans la suprême et inégalée bodhi.
        Subhûti, s'il y avait un Dharma que le Tathâgata ait atteint dans la suprême et inégalée
        bodhi, le Bouddha Dîpamkara, alors, n'aurait pas donné de prédiction, disant : « Vous
        apparaîtrez dans une vie future comme Bouddha appelé Sâkyamuni ». Puisqu'en réalité
        il n'y a pas de Dharma actuellement afin d'atteindre la suprême et inégalée bodhi, le
        Bouddha Dîpamkara m'a octroyé une prédiction disant : « Tu apparaîtras dans une vie
        future comme Bouddha dont le nom sera Sâkyamuni » Pourquoi cela ? Tathâgata[18]
        est en fait l'essence des choses. Suppose qu'il y ait une personne qui dise que le
        Tathâgata a atteint la suprême et inégalable bodhi. Subhûti, en réalité, il n'y a aucun
        Dharma dans l'acquisition par le Bouddha de la suprême et inégalée bodhi. Subhûti,
        dans l'acquisition du Tathâgata de la suprême et inégalée bodhi, il n'y a ni vérité ni
        mensonge. C'est pourquoi le Tathâgata dit que tous les Dharmas sont les Dharmas du
        Bouddha. Subhûti, ce qu'on appelle « tous les Dharmas »,alors, ne sont pas tous les
        Dharmas. C'est pourquoi on les appelle « tous les Dharmas ». Subhûti, pour exemple,
        prends une personne dont le corps est colossal ».
        Subhûti répondit : « Honoré du Monde, le Tathâgata a dit que la personne qui a un
        corps de colosse, alors, n'a pas un grand corps. On dit qu'il a un grand corps. »
        « Subhûti, le bodhisattva est ainsi. Si quelqu'un dit : « Je libérerai le nombre
        incommensurable des êtres vivants » alors on ne peut l'appeler un bodhisattva.
        Pourquoi cela ? Subhûti, en réalité, y a-t-il quoi que se soit qui s'appelle bodhisattva ?
        C'est pourquoi le Bouddha a dit que tout est dépourvu de moi, dépourvu de personne,
        dépourvu d'êtres vivants et dépourvu d'âme. Subhûti, si un bodhisattva disait «
        J'ornerai la terre du Bouddha ». On ne peut l'appeler un bodhisattva. Pourquoi cela ?
        Le Tathâgata a dit que l'ornementation de la terre du Bouddha n'est pas de
        l'ornementation. On l'appelle ornementation. Subhûti, si un bodhisattva pénètre dans la
        vacuité des choses, le Tathâgata dit qu'on le déclare un authentique bodhisattva. »
      18. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata possède l'oeil de chaire, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Le Tathâgata possède l'oeil de chaire. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata possède l'oeil céleste, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Le Tathâgata possède l'oeil céleste. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata possède l'oeil de sagesse, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Le Tathâgata possède l'oeil de sagesse. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata possède l'oeil du Dharma, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Le Tathâgata possède l'oeil du Dharma. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata possède l'oeil du Bouddha, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Le Tathâgata possède l'oeil du Bouddha. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? A propos des grains de sable du Gange, le Bouddha en a
        parlé, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Le Tathâgata a parlé de ces grains de sable. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Comme ces grains de sable dans le Gange, imagine qu'il y
        a autant de Gange que de grains de sable et qu'il y a autant de monde du Bouddha que
        de grains de sable dans tous ces fleuves. Cela ferait beaucoup de mondes, n'est-ce pas
        ? »
        « énormément, Honoré du Monde. »
        Le Bouddha s'adressant encore à Subhûti dit : « Sur ces terres, il y a des êtres vivants
        possédant différentes formes d'esprit, que le Tathâgata connaît parfaitement. Pourquoi
        cela ? Le Tathâgata a dit que les esprits n'étaient pas des esprits mais étaient appelés
        ainsi. Et pourquoi cela ? Subhûti, l'esprit passé est inatteignable, l'esprit présent est
        inatteignable et l'esprit futur est inatteignable. »
      19. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Suppose qu'une personne remplisse le cosmos avec les
        sept trésors dans un but de charité. Cette personne par ces causes et conditions
        obtiendrait de nombreux mérites, n'est-ce pas ? »
        « C'est ainsi Honoré du Monde. Cette personne par ces causes et conditions obtiendrait
        vraiment de nombreux mérites. »
        « Subhûti, si ces actions bénies étaient réelles, le Tathâgata n'aurait pas dit que cette
        personne avait obtenu beaucoup de mérites. Parce que les actions bénies n'existent pas,
        le Tathâgata dit que la personne obtiendrait beaucoup de mérites. »
      20. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Bouddha peut être reconnu dans la forme parfaite
        de son corps, n'est-ce pas ? »
        « Non, Honoré du Monde. Le Tathâgata ne peut pas être reconnu dans la forme
        parfaite de son corps. Et pourquoi cela ? Le Tathâgata a dit que la forme parfaite de
        son corps n'est pas une forme parfaite du corps. On l'appelle une forme parfaite du
        corps. »
        « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Bouddha peut être reconnu par les signes parfaits,
        n'est-ce pas ? »
        « Non, Honoré du Monde. Le Tathâgata ne peut pas être reconnu par les signes
        parfaits. Et pourquoi cela ? Le Tathâgata a dit que les signes de perfection n'étaient pas
        parfaits. Ils sont appelés signes de perfection.
      21. . « Subhûti, ne dis pas que le Tathâgata forme cette pensée : « J'aurai une vision du
        Dharma ». Ne forme pas cette pensée. Et pourquoi cela ? Si des personnes disent que
        le Tathâgata a une vision du Dharma, alors elles ont calomnié le Bouddha car elles
        sont incapables de comprendre pourquoi je parle ainsi. Subhûti, le Dharma qui est dit
        manque du Dharma que l'on peut dire. On l'appelle le Dharma parlé. »
        Alors, le Vénérable Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, n'est-il pas douteux
        qu'il y ait des êtres vivants dans les prochaines ères futures qui donneront naissance à
        des esprits remplis de foi car ils auront entendu ce Dharma ? »
        Le Bouddha répondit : « Subhûti, l'être vivant d'un être vivant, le Tathâgata l'a dit,
        n'est pas un être vivant. On l'appelle ainsi. »
      22. Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, l'obtention par le Bouddha de la
        suprême et inégalable bodhi est-elle obtention de rien du tout ? »
        Le Bouddha répondit : « C'est ainsi, c'est ainsi. Subhûti, dans ma suprême et inégalée
        bodhi, il n'y a pas la plus mince chose qui puisse être obtenue. C'est ce qu'on appelle la
        suprême et inégalée bodhi. »
      23. « De plus, Subhûti, le Dharma est équanimité, sans haut ni bas. C'est ce qu'on
        appelle la suprême et inégalée bodhi. En ayant ni moi, ni personne, ni être sensible, ni
        âme et cultivant tout ce qui est bon, ainsi, on atteint cette suprême et inégalable bodhi.
        Subhûti, les mots « ce qui est bon », le Tathâgata l'a dit, ne sont pas de bonnes choses.
        On les appelle seulement ainsi.
      24. « Subhûti, suppose qu'une personne ait accumulé des montagnes comme le Mont
        Sumeru ou une quantité incommensurable des sept trésors d'une telle taille et en
        nombre semblable au Mont Sumeru dans un but de charité. Si une personne reçoit,
        observe, lit et récite seulement quatre lignes des versets du Sûtra de la Perfection de
        Sagesse, et les explique à d'autres, le mérite du premier ne pourra atteindre le centième
        du second. La trillionième partie, elle-même, ne pourrait lui être comparée.
      25. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Dirais-tu que le Tathâgata a cette pensée : « Je
        sauverai les êtres vivants ». Subhûti, il ne pourrait avoir cette pensée. Pourquoi cela ?
        En réalité, pour le Tathâgata, il n'y a pas d'êtres vivants à sauver. S'il y en avait, alors,
        le Tathâgata aurait un moi, une personnalité, un être sensitif et une âme. Subhûti, le
        Tathâgata a dit que posséder un moi n'est pas posséder un moi. Alors que les hommes
        dans l'illusion voient différents êtres et sont contraints de s'attacher au moi. Subhûti, le
        Tathâgata a expliqué que les hommes ordinaires ne sont pas mortels. On les appelle «
        hommes ordinaires ».
      26. « Subhûti, qu'en penses-tu ? On reconnaît le Tathâgata à 32 signes, n'est-ce pas ? »
        Subhûti répondit : « C'est ainsi, c'est ainsi. On reconnaît le Tathâgata à ses 32 signes ».
        Le Bouddha dit : « Subhûti, si l'on reconnaît le Tathâgata à ses 32 signes alors la noble
        et royale roue tournante est le Tathâgata. »[19]
        Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, si je comprends le sens des paroles du
        Bouddha, le Tathâgata ne peut être reconnu par ses 32 signes. »
        Alors, l'Honoré du Monde récita ces vers :
        « Si on ressemble au Tathâgata par la forme
        ou par le son de la voix, on me cherche,
        cette personne marche sur le mauvais chemin
        et se trouve dans l'incapacité de reconnaître le Tathâgata »
      27. Subhûti, suppose que tu formules cette pensée : « Ce n'est pas grâce aux signes
        parfaits que le Tathâgata a atteint la suprême et inégalable bodhi. Subhûti, ne formule
        pas cette pensée : « Ce n'est pas par les signes parfaits que le Tathâgata a atteint la
        suprême et inégalée bodhi ». Subhûti, suppose que tu aies formulé cette pensée : «
        Engendrer la suprême et indépassable bodhicitta s'appelle le Dharma de la cessation ».
        Ne formule pas cette pensée. Et pourquoi cela ? Engendrer la suprême et indépassable
        bodhicitta ne peut être appelé le Dharma de la cessation.
      28. Subhûti, suppose qu'un bodhisattva remplisse des mondes aussi nombreux que les
        grains de sable du Gange avec les sept trésors dans un but de charité. Suppose à
        nouveau qu'une personne connaisse chaque chose et soit sans ego et ainsi atteigne la
        complète tolérance pour tout. Ce bodhisattva surpassera le premier en vertus. Parce
        qu'un bodhisattva ne reçoit pas de vertu bénie. »
        Subhûti s'adressa au Bouddha : « Honoré du Monde, comment les bodhisattvas ne
        peuvent-ils recevoir de vertu bénie ? »
        « Subhûti, les actes bénis des bodhisattvas ne peuvent être sujets de désir ou
        d'attachement. C'est pourquoi je dis qu'ils ne reçoivent pas de vertu bénie. »
      29. « Subhûti, s'il y a une personne qui dit que le Tathâgata vient, va, s'assoit ou
        s'allonge. Cette personne ne comprend pas le sens de mes paroles. Pourquoi cela ? Un
        Tathâgata est sans endroit d'où il put venir mais aussi sans endroit où il puisse se
        rendre. C'est pourquoi on l'appelle un Tathâgata. »
      30. « Subhûti, suppose un bon fils ou une bonne fille en train de moudre un nombre
        incommensurable d'atomes. Qu'en penses-tu ? Ces atomes sont vraiment nombreux,
        n'est-ce pas ? »
        « Très nombreux, Honoré du Monde. Pourquoi cela ? Si ces atomes existaient
        réellement, le Bouddha ne parlerait pas de myriades d'atomes. Pourquoi cela ? Le
        Bouddha a dit que les atomes n'étaient pas des atomes. On les appelle atomes. Honoré
        du Monde, le Tathâgata a dit que le nombre incommensurable de mondes n'était pas
        des mondes. Pourquoi cela ? Si les mondes existaient réellement, ils apparaîtraient
        comme une simple entité. Le Tathâgata a dit que l'apparence d'une simple entité n'est
        pas l'apparence d'une simple entité. Les mondes ne sont pas des objets en soi mais une
        collection de composants auxquels on donne l'étiquette monde. »
        « Subhûti, l'apparence d'une entité est intraduisible. Seul, l'homme ordinaire s'attache à
        ses propres actes. »
      31. « Subhûti, suppose quelqu'un disant que le Bouddha a parlé d'une vision de l'ego,
        d'une personne, d'un être sentant ou d'une âme. Subhûti, qu'en penses-tu ? Cette
        personne comprend le sens de mes paroles, n'est-ce pas ? »
        « Non, Honoré du Monde, cette personne ne comprend pas le sens des paroles du
        Tathâgata. Pourquoi cela ? L'Honoré du Monde a dit que la vision de l'ego, de la
        personnalité, de l'être sensible ou de l'âme ne sont pas des visions de l'ego, de la
        personnalité, de l'être sensible ou de l'âme. »
        « Subhûti, dans la suprême et indépassable bodhi, toute chose sera connue, sera vue et
        aussi comprise avec ferveur comme les signes d'un Dharma inaccompli. Subhûti, le
        Tathâgata a utilisé les mots « signe du Dharma ». Ce ne sont pas les signes du Dharma.
        On les appelle simplement ainsi. »
      32. « Subhûti, suppose qu'une personne remplisse un nombre incommensurable de
        monde avec les sept trésors dans un but de charité. Et suppose qu'il y ait un bon fils ou
        une bonne fille qui engendre la bodhicitta, étudie seulement quatre lignes de vers du
        Sûtra, les reçoive, les respecte, les lise et les explicite pour d'autres. Cette vertu bénie
        dépassera toute autre. Et comment pourra-t-elle les expliciter pour d'autres ? En
        n'adoptant pas les images de l'absolu, de l'inamovible. Pourquoi cela ?
        « Toutes les choses conditionnées
        sont comme des rêves, des illusions, des bulles, des ombres ;
        Comme la rosée et comme des éclairs.
        C'est ainsi que l'on doit les considérer. »
        Quand le Bouddha eut exposé ce Sûtra, le vénérable Subhûti, les moines, les nonnes,
        les laïques hommes et femmes, les dieux, les humains, les asuras de tous les mondes
        qui avaient écouté les paroles du Bouddha étaient tous exaltés. Avec foi, ils adoptèrent
        et transmirent la pratique du Sûtra de la sagesse de la perfection du diamant.


    --------------------------------------------------------------------------------
    [1] . Désigne le Bouddha et signifie « Celui qui s'en est allé ainsi » ou « l'Ainsi venu ».
    [2] . Nirvana.
    [3] . Système cosmique comportant des millions d'univers emboîtés.
    [4] . Or, argent, lapis-lazuli, cristal, agate, rubis et cornaline.
    [5] . rota-àpanna
    [6] . sakçdàgàmin
    [7] . anàgamin
    [8] .Arhat ou Luohan
    [9] . En général, on appelle ainsi celui qui pratique une retraite ascétique dans un endroit sauvage.
    [10] . D'après les Jatakas, ce Bouddha rencontra Gautama lors de l'une de ses existences antérieures et lui révéla son avenir en tant que futur
    Bouddha.
    [11] . La perfection de cette sagesse est semblable à la taille d'un diamant.
    [12] . Prajnaparamita.
    [13] . C'est à dire la charité.
    [14] . kuatsu-pàramità
    [15] . L'éveil de l'Ainsi Venu.
    [16] . 10 Ȉ
    [17] . Le Sûtra en sanscrit reprend alors les mêmes paroles à partir du début. Le traducteur du chinois, Kumârajîva a glosé légèrement, ce qui
    enrichit le texte original.
    [18] . Pour Xuan Cang, « Tathâgata » est l'expression de la réalité absolue.
    [19] . Le corps physique du Tathâgata.
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    Message par zanshin Jeu 19 Avr 2018 - 5:31

    C'est un sutra du mahayana et donc je ne suis pas sûre que ce soit bien placé dans les textes du Bouddhisme ancien ? Surprised
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    Message par Kaïkan Jeu 19 Avr 2018 - 13:37


    Repositionné dans Section Zen (Les textes & sûtras).
    Merci zanshin.  Smile
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    Message par esprit du débutant Mar 24 Avr 2018 - 1:55

    bonjour, on peut lire dans le sûtra de la perfection de sagesse du diamant coupant

    "
    Cinq
    – Effectivement. Ce n’est que si l’on voit que ces signes n’en sont pas que l’on peut voir l’Ainsi-Venu ».
    Huit
    « … Ce qu’on appelle le Dharma du Bouddha n’est qu’un nom qui n’est pas le Dharma du Bouddha.
    Neuf
    « ... Le nom qu’on donne à ces personnes n’est pas ces personnes ».
    Treize
    ... Vous avez expliqué que le nom de ces signes n’est pas les signes…
    Quatorze
    ... C’est pourquoi les concepts et les êtres sensibles ne doivent pas être confondus avec les noms qu’on leur donne ».
    Dix-huit
    … Car ces esprits ne sont pas identiques au nom qu’on leur donne.
    Subhuti, il est impossible de retenir l’esprit passé, pas plus que l’esprit présent ou l’esprit futur, car en aucune de ces activités l’esprit n’a de substance, ni d’existence propre.
    Dix-neuf
    …, mais cette aumône ne doit pas être confondue avec le nom qu’on lui donne ».
    Vingt
    … Non, ces signes parfaits ne se confondent pas avec le nom qu’on leur donne ».
    Vingt-et-un
    … De même, il ne faut pas confondre le nom ‘êtres sensibles’ avec les êtres sensibles ».
    Vingt-trois
    …De même, il ne faut pas confondre le nom ‘bons dharmas’ avec les bons dharmas.
    Vingt-cinq
    – Les hommes mortels ne sont pas des hommes mortels. On les appelle ‘hommes mortels’.
    Trente
    … Il ne faut pas confondre le nom qu’on donne aux agrégats avec les agrégats eux-mêmes ».
    Trente-et-un
    …Subhuti, dans cet esprit, tous les dharmas doivent être ainsi compris, comme des apparences non-nées.  "

    Je ne m'étais pas vraiment rendu compte de ces passages pourtant ils sont bien martelés! Mais ayant relu il y a peu l'histoire de Tokusan, et bien disons que ce martèlement me saute aux yeux. Je la résume en quatre lignes( j'espère ne pas me tromper sur les noms)
    Tokusan était grand  spécialiste du sutra du diamant coupeur, il avait écrit de nombreux commentaires sur ce sutra, et il souhaitait confronter son savoir soi-disant immense avec celui de maître Ryutan dont il avait entendu beaucoup d'éloges. Mais il fut désarçonné par une vieille dame qui vendait des gâteaux de riz alors qu'il se reposait sur le chemin du temple. Celle-ci demanda avec quel esprit Tokusan comptait manger ces gâteaux. En effet la dame connaissait ce vers du sutra qui dit "l'esprit du passé est inatteignable, l'esprit du présent est inatteignable, inatteignable est l'esprit du futur ". N'ayant aucune réponse à cette question il continua sa route et étudia la voie avec Ryutan. Au bout de quelques temps, un soir après un échange avec celui-ci, Ryutan était fatigué et Tokusan sorti pour rejoindre ses quartiers. Comme dehors il faisait sombre Ryutan lui tendit une lampe. Au moment de la saisir Ryutan lui souffla la flamme.

    Jusqu'à ce jour Tokusan était très habile avec les noms mais après cette soirée il arrêta de les confondre.
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    Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant) Empty Re: Le sûtra de la Perfection de sagesse du Diamant (coupant)

    Message par Yudo, maître zen Mar 24 Avr 2018 - 9:10

    C'est quelque chose que je croise souvent. Je passe pour un emmerdeur parce que je ramène toujours mes interlocuteurs au sens précis des mots. J'observe que, plus le niveau d'illettrisme augmente, moins les gens savent manier les mots, et plus la communication devient difficile.
    Je citais ce matin l'exemple de Georgina Dufois qui s'est faite crucifier par nos journalistes illettrés lorsqu'elle a déclaré, dans l'affaire du sang contaminé, qu'elle se sentait responsable, mais pas coupable. Dans un pays où la responsabilité est une denrée si rare qu'en France, il est logique que peu de gens aient une idée de ce qu'elle est.
    Le paradoxe étant que cette requête de précision dans l'utilisation des mots va de pair avec la méfiance envers eux. Autrement dit, moins les gens ont conscience de la valeur indicative des mots, et plus ils sont susceptibles de les confondre avec la chose qu'ils désignent (ou qu'ils croient qu'ils désignent).

    Ce matin j'écoutais Brad Warner parler de l'Eveil et le comparer avec le sexe, disant que, si vous n'avez jamais eu une relation sexuelle de votre vie, on aurait beau vous la décrire du mieux qu'on pourrait, cela ne vous dirait aucunement ce qu'est le sexe. "Ce serait comme de dire que regarder des centaines d'heure de pornographie est équivalent à comprendre ce qu'est le sexe", dit-il à propos des textes expliquant ce qu'est l'Eveil. Twisted Evil

    Et pourtant, voyez la quantité de gens qui vous parlent et vous parlent de choses qu'ils n'ont jamais expérimentées, mais qui, si un praticien émet une objection, leur opposeront qu'eux, ont un diplôme leur permettant d'en parler... Laughing

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