Les principes de transmission de l'Esprit.
Tous les Bouddha et tous les êtres vivants ne sont autres que l' esprit unique: il n'existe pas d'autre compréhension spirituelle. Depuis des temps sans commencement, l'Esprit n'est jamais venu à l'existence et n'a jamais cessé d'exister... Tel qu'il est, le voici. Réalité en soi. Ainsité. Mais. dès qu'on Ie considère intellectuellement, on divague ... Illimité, insondable, il est comme l' espace vide .
Ainsi, cet Esprit unique est le Bouddha, et, entre le Bouddha et les êtres vivants. il n'est pas de différence. Cependant, les être vivants , parce qu'ils s'attachent à des caractères particuliers. Cherchent toujours ailleurs, et, ce faisant. ils en arrivent à tout perdre. Envoyant leur idée du Bouddha à la recherche du Bouddha et leur Esprit à la recherche de l'Esprit. ils ne peuvent aboutir à rien, même s'ils se consacrent exclusivement à cette recherche pendant des kalpa. Ils ignorent que le Bouddha apparaît spontanément à celui qui cesse de l'évoquer. en se dégageant du processus de la pensée.
Cet Esprit donc est le Bouddha et Je Bouddha est la totalité des êtres vivants. Quand ,l'Esprit est être vivant, iI n'est en rien diminué ; quand il est Bouddha, il n'est en rien accru, Les six parâmltâ, l'infinité des pratiques , tous les mérites aussi nombreux que les sables du Gange, sont contenus en lui. L'exercice ne peut rien y ajouter. Quand l'occasion se présente, ils s'expriment, sinon, ils ne se manifestent pas.
Cet Esprit est le Bouddha. Il n'est point d'autre Bouddha ; il n'est point d'autre Esprit. L'Esprit clair et pur est semblable à l'espace vide car, en aucun point. il n'a de forme particulière. Susciter par le processus de la pensée un état d'esprit particulier, c'est dévier de l'essence en s'attachant aux caractères particuliers. Or, depuis des temps sans commencement, il n'a jamais existé de « Bouddha attaché aux particularités ». S'efforcer d'acquérir les six parâmitâ, s'exercer à l'infinité des pratiques pour devenir Bouddha, c'est suivre la voie graduelle. Or, depuis des temps sans commencement, on n'a jamais observé de « Bouddha par degrés ». Il suffit de s'éveiller à I' esprit unique pour « ne plus avoir la moindre réalité à trouver » Tel est le véritable Bouddha ... De nos jours les adeptes qui ne se sont pas éveillé à cet Esprit ne font que produire pensée sur pensée, chercher le Bouddha au-dehors et pratiquer en s'attachant à des caractère particuliers. Telle n'est pas la Voie de l' Éveil.
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Ceux qui se hâtent n 'osent pas s'engager dans la véritable méthode,.Ils ont peur de tomber dans le vide, sans n'avoir plus rien à quoi se raccrocher. Alors, ayant scruté l'abîme ils reculent et, tous sur le même modèle partent en quête de connaissances et d'opinions ... Parce qu'Ils ignorent que la vacuité n'est pas un vide, mais le domaine absolu, unique et véritable, ils en viennent à tourner le dos à la Voie.
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Faire le bien ou faire le mal. c'est s'attacher à des caractères particuliers, Produire du mal en y croyant, c'est subir pour rien les tourments du samâra. Faire le bien en y croyant, c'est se donner beaucoup de peine pour peu de chose. Cela ne vaut en aucun cas le fait de reconnaître soi-même sa propre méthode spirituelle. rien qu 'en m'écoutant. Cette méthode est l'Esprit, parce qu'en dehors de l'Esprit, il n'est pas de méthode. Cet Esprit est la méthode, car, en dehors de la méthode, il n'est pas d'Esprit. Bien que tout naturellement, cet Esprit soit non-esprit, le non-esprit n'a pas d'existence en tant que tel. Amener l'Esprit au non-esprit, c'est encore accorder l'existence à l'esprit. Une silencieuse coïncidence suffit pour que s'arrête le discours intérieur…
Cet Esprit est notre bouddhéité originellement pure que détiennent tous les hommes. Tout être animé, quel qu'il soit, forme avec les Bouddhas et les Bodhisattvas une seule et même substance. C'est seulement parce que, par erreur, nous introduisons des différenciations que nous produisons toutes sortes d'actions entraînant réaction.
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Dans notre fondamentale bouddhéité, il n'est rien, si ce n'est un vide béant et paisible, une clarté merveilleuse et béatifique, où la réalisation profonde et spontanée plonge directement. Tout est là, parfaitement complet, rien ne manque. Pratiquerait-on courageusement, pendant trois kalpa incalculables. en passant par tous les degrés de la carrière d'un Bodhisattva, qu'à l'instant fulgurant de la réaIisation, on ne serait le témoin d'autre chose que de la manifestation de sa propre bouddhéité originelle et spontanée, et rien de plus. Considérez les mérites accumulés pendant ces kalpa comme les activités trompeuses que l'on a en rêve et qui se dissipent au réveil. C'est en ce sens que le Tathàgata déclare : « Dans l’Éveil suprême, je n' ai en fait rien trouvé, car, si j'avais trouvé quoi que ce soit le Bouddha Dîpamkara n’aurait pas prédit ma venue. » Et aussi ceci : « Cette réalité, c'est l'égalité sans haut ni bas, l’Éveil. »
Huang-Po