Proposition d'échanges joyeux et inutiles autour de poèmes manifestant notre belle absence de réalisation.

Bonjour à tous !

Ces derniers temps, je suis assez enthousiaste à l'idée d'une parole un peu autre, proche de la poésie, mais refusant "l'excarnation", le mot absrait dénudé de son référent réel. Le mot "chien" n'aboie pas, mais son intérêt est moins taxinomique (distinguer entre les différentes espèces en biologie, pensée discriminante utile) que faisant sens vers ce chien qu'on a tous connu, aimé, craint, celui qui nous a mordu, celui qu'on a caressé.

Je pensais donc à ouvrir ce sujet pour partager et échanger avec des choses souples, des reformulations, des réponses, des questions.

J'ouvre donc le bal :



Parfois, avez-vous la sensation que tout ce que vous êtes sur le point de dire est plein de la sagesse du Dharma? Et cela ne vient pas avec la fierté de soi. Le dharma que vous dites est le dharma du café, le dharma du jardin, le dharma du chat, le dharma du ciel, le dharma du fleuve, le dharma des fourmis, etc., mais pas le vôtre.

Alors vous vous sentez léger. Et vous voulez juste partager un peu de cela, comme si c'était la seule chose que vous puissiez faire. Tout est là et parfait et c'est vraiment amusant qu'il soit impossible de le dire clairement. Comme un chiot perdu dans un étrange ruisseau, vous aboyez et aboyez avec joie, stupidité et émerveillement. Vous savez que les autres ne recevront même pas un tiers de vos paroles, mais vous savez que vous ne comprenez pas non plus ce que vous dites, et que si cela ne devait pas être insondable, un peu effrayant et plein de rires, ce serait de faible valeur.

Attendez, quelle est la valeur? Qu'est-ce qui est bas et qu'est-ce qui est haut? Y a-t-il un autre endroit où votre voix peut vous amener à sortir de la prison de votre poitrine, de la liberté discutable de votre souffle ? Alors, que la poitrine soit la poitrine, que les pieds soient les pieds, que ce qui est lourd tombe et que ce qui est léger monte. C'est ce que nous appelons zazen, n'est-ce pas ?

Mais comment pouvez-vous sourire au silence, comment pouvez-vous parler en silence ? Mon petit discours n'a aucune valeur. Regarder ce qui se passe autour de vous ici serait un meilleur moyen de s'approcher du dharma de votre ordinateur, du dharma de votre chaise, du dharma de vos yeux, etc.

Alors, chers ami(e)s, quand vous vous sentez confus et sur le point d'aider les gens à prendre conscience de quelque chose, comment vous en sortez-vous, sachant que vous êtes entraîné par un mystérieux flot qui est peut-être rempli de stupidité et de mauvaise poésie ? Pour ma part, quand je crois croiser l'absolu, je sors le sabre : je tranche.

Ayant mis l'entonnoir sur sa tête
(il n'avait plus de sandales)
le fou parlait au vide :

"Toi je ne t'avais pas vu depuis longtemps,
l'émeraude de mes yeux d'ailleurs en parle.
Les écailles tombaient autour
d'un silence plutôt bruyant."

C'était une scène assez banale.
Dans la cours de l'hôpital psychiatrique,
une statue étrange,
en forme d'arbre et en pierre.