il faut alors retourner la lumière de la conscience sur elle-même pour
illuminer l’observateur. En cherchant à voir le sujet, la conscience se
dépouille d’avantage du corps et de l’esprit. En poussant l’examen, on
peut éventuellement constater l’absence d’un moi permanent, soit la
vacuité du soi. Lorsque l’illusion d’un moi permanent se dissipe
soudainement, notre véritable nature se révèle d’elle-même.
L'expression "retourner la lumière de la conscience sur elle-même" est très subtile. Elle suggère un retournement de la conscience. Mais qu'est-ce qu'on entend par là au juste ? J'ai mis un certains temps à comprendre la signification. D'ordinaire l'être humain, projette les rayons de sa conscience, dans des objets ou des concepts. C'est objets ou ces concepts induisent implicitement une dualité. Il y a moi, en tant que sujet qui considère un objet ou un concept, par rapport auquel mon "Moi" est constitué, par rapport auquel je me positionne. L'observateur définit l'objet, mais l'objet conditionne l'observateur.
Si je définis un objet, automatiquement je me définit en tant que sujet isolé et indépendant.
En cherchant à voir le sujet, la conscience se dépouille d’avantage du corps et de l’esprit.
Mais il y a là une contradiction qu'il faut dépasser, pour se dépouiller totalement du corps et de l'esprit. C'est là que peut se produire un satori, qui est une soudaine prise de conscience de la nature de l'esprit...
Ce qui était objet devient soudainement sujet. Ce qui était sujet devient juste un centre. Ce qui était extérieur devient soudainement l'intérieur de soi. Et tout ce que l'on regarde devient soi. C'est alors que tout objet disparait, et que la dualité se résorbe. La conscience ordinaire réalise soudainement sa méprise.
L'être se croyait isolé à l'intérieur de sa peau, mais lors du retournement son corps devient soudainement un centre de l'univers tout entier, duquel il n'est désormais plus étranger.
Tant qu'on n'a pas réalisé sa vrai nature on est un sujet étranger au monde, qui ne voit autour de lui que des objets. Le Satori nous fait passer de l'autre côté du mirroir, tout devient soi, et le corps devient un centre sur lequel cette lumière se projette. La phrase éngimatique de Dogen doit à mon avis être comprise comme un reversement de perspective, qui lorsque qu'il se produit peut avoir la force d'un abrupt Satori. moment priviliégié ou l'être réintègre son intimité profonde avec tout ce qui l'entoure.
De nombreuses histoires Zen tournent autour de cette thématique : Ce n'est pas le drapeau qui bouge, c'est ton esprit qui bouge....Pour l'être vivant dans la dualité cette phrase est éngimatique, ci ce n'est absurde ( parceque le retournement ne s'est pas encore produit )
De même, l'histoire du cyprés dans la cours, ou les 3 livres de lin. Ce ne sont pas des invitations à ne pas conceptualiser, comme on a tendance à le croire, mais des invitations à réaliser la vraie nature de l'esprit..Que les 5 sens de la perception sont des fenêtres ouverte sur le soi....L'esprit compénètrant tout dans les 10 orients...
Une fois que l'on a réalisé cela. La méditation devient une manière de reposer l'esprit (mental) en lui-même(ce que l'être du commun considère comme le monde des objets).
Il n'y a plus d'attente particulière, plus d'attachement au sujet de quoique-ce-soit...l'aspect technique de la méditation est à ce niveau transcendé.