Yudo, maître zen a écrit:Il existe trois types de personnages spirituels authentiques, qui
cherchent à soulager les différentes formes de mal-être et d'injustice.
1)
Les êtres libres qui se comportent à la façon traditionnelle de sages
et des sains, exemplaires et dépourvus d'attachement et d'aversion, de
félicité, de compassion, de générosité, de courage, d'équanimité, de de
sacrifice de soi au bénéfice des êtres sensibles, et ces êtres libres
et exemplaires communiquent une sagesse traditionnelle portant sur la
transcendance et immanence de l'Absolu, de l'impermanence, de
l'insubstancialité et du manque de fiabilité des phénomènes, nous
éveillent du rêve égocentrique et nous enseignent le besoin de
sincérité envers la liberté et la vérité, les méthodes pour y arriver
et ainsi de suite.
Il y a ensuite
2) Les êtres sauvages, les
saints fous au sein de ce qu'on appelle parfois la tradition de « la
sagesse folle ». Ces gens assez mystérieux se placent spontanément ou
délibérément à la marge de toutes les conventions sociales, parfois
simplement parce que la Réalisation leur est tombée dessus de façon si
inhabituellement puissante que cela leur a fait péter les plombs du
fonctionnement normal, pschologique et social. Ces êtres sauvages n'ont
généralement aucune considération pour leur propre confort physique et
même leurs besoins vitaux. On les a vu crier, taper, pisser sur les
gens, voire les ignorer et systématiquement avoir un comportement «
abusif » envers ceux qu'ils croisent, avec des résultats inattendus,
positifs et sublimement transformateurs sur les réceptionnaires de ces
« saints abus ».Il y a aussi un troisième type
3) Le « bon ami »
(kalyana mitra) ou enseignant spirituel qui peut ne pas être à 100%
établi dans la libération spirituelle, mais néanmoins très aidant,
capable d'éclairer et de guider ceux et celles qu'il rencontre. Il ne
tente pas de jouer le rôle de gourou, en présumant de ce qu'il n'est
pas ou en assumant la responsabilité du bien-être de ses disciples. Il
se contente de servir autant que possible, partageant du fond du coeur
la sagesse, la compassion et la gratitude qu'il a jusque là reçues sur
son parcours. Ces gens peuvent se révéler d'excellents enseignants, des
guérisseurs, des catalyseurs de leurs égaux, les faisant accéder à de
merveilleuses qualités, et certains d'entre ces derniers peuvent même
accéder à l'éveil complet à leur contact.
En plus de ces trois
types authentiques, il reste un personnage du rêve dans un rêve: le
prétendant sans authenticité. C'est quelqu'un qui, au mieux, n'est pas
plus avancé que le dernier de notre liste, mais qui prétend faire
partie de l'une des deux autres catégories. Autrement dit, il peut
avoir d'occasionnelles (voire fréquentes) fulgurances mais au moins
autant de pertes de lucidité, de passages dans des états égocentriques
d'attachement et d'aversion envers les phénomènes qui l'entourent. Ce
poseur ne peut pas admettre d'être toujours lié au samsara et il
rationalise donc son manque de libération comme étant « correct »,
comme faisant partie de la réalisation, et comme n'étant pas réellement
un problème « vu que tout est parfait tel que c'est ». Il tente donc de
convaincre les autres de sa libération plutôt que de chercher à défaire
ses propres chaînes. Souvent ils ressortiront leur interprétation
faussée du dicton mahayanique « le nirvâna est le samsara ».
Ce
personnage est partout, que ce soit en Inde, au Japon, en Chine, en
Europe ou aux USA. Il se pose toujours comme étant plus élevé qu'en
réalité afin d'attirer l'attention et la reconnaissance, afin d'attirer
des disciples, faire de l'argent, accéder à la renommée et se faire
mousser l'adrénaline qui vient avec le pouvoir, l'influence et les
réconforts concomitants que fournissent un groupe social qui se pâme
sur lui et le considère comme « autorité spirituelle ».
Le débat se déroulera bien sûr à partir du deuxième type de personnage éveillé.