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L'ANATMAN - littéralement : NON SOI – inexistence du soi – Absence de Nature Propre – en opposition/complémentarité dialectique avec L'ATMAN, littéralement : le SOI – l'âme - L'éveil de bouddha repose essentiellement sur sa réalisation, sous l'arbre de la boddhi, de l'absence de nature propre des êtres, des choses et de Gautama lui-même, ce qui lui valut son nom « d'éveillé », éveillé à la nature des choses qui précisément n'ont pas de nature propre. A tel point que NAGARJUNA pourra dire dans les Stances du Milieu par Excellence (Madhyamaka karikas) : 22-14 « étant donné que le bouddha est foncièrement vide, il n'est pas pertinent de se demander s'il existe ou pas après le trépas » 22-16 « ce qui est la nature propre du tathagata est aussi la nature propre de cet univers. Le tathagata est sans nature propre, sans nature propre est cet univers » Ainsi les choses sont clairement précisées et transmises à qui les entend. Mais alors! Comment est-il possible que nous ayons le sentiment, la sensation de percevoir des situations, des objets, de bâtir des concepts explicatifs, de même d'ailleurs d'être à la source de ces connaissances pour en tirer satisfaction ou insatisfaction ? Par entêtement et obstination à prendre pour permanent ce qui est impermanent et à extrapoler du libre jeu des 5 agrégats (formes, sensations, perceptions-sentiments, volitions, consciences) une entité, une fonction, une propriété qui régirait le tout et qui serait dépositaire et propriétaire de leur fonctionnement ainsi que des fruits de leur action propre ou commune. C'est la racine de la souffrance par chosification et attachement forcené aux processus psychologiques qui y président y compris cette fonction/entité qui, pour continuer à se renforcer et exister, a besoin de rencontrer des éléments/évènements qu'elle a elle-même rigidifié. La boucle est ainsi bouclée et le feed-back peut fonctionner à l'infini dans une auto/rétro production de causes et d'effets incessants que DOGEN nommera « l'enchevêtrement des lianes » L'ignorance cessera quand cesseront les méprises : - prendre pour permanent ce qui est impermanent - prendre pour bien-être ce qui est mal-être - prendre pour pur ce qui est impur - prendre pour soi ce qui est non-soi Ces méprises dont la combinaison aux 5 agrégats font émerger la conception d'un soi individuel grossier, d'un SOI universel subtil, d'une âme (atman), d'une conscience du tréfonds (alayavijnaya), sont autant de pièges identificatoires suscitant l'espoir ou le regret d'un univers magique d'où toute souffrance aurait disparu, à l'instar de la descendance des enfants d'une femme stérile. Il nous apparaît évident que l'ANATMAN est l'autre nom de l'IMPERMANENCE et de la VACUITE dont il ne s'agit aucunement de faire un principe mais simplement un « moyen habile » afin que la croyance en une entité quelconque, renaissante ou pas, apparaisse pour ce qu'elle est, un travestissement du Réel soumi au règne de l'Imagination et du conditionnement des 12 causes interdépendantes. Ainsi, chacun pourra réaliser « sa Nature Originelle » où : - Ce n'est rien qu'un artifice de l'Esprit - Cette naissance dans un illusoire devenir - Dans un monde de bonnes et mauvaises actions - Avec une bonne ou mauvaise renaissance future (1) sereinement (1) NAGARJUNA – hommage à Manjusrikamarabuta – verset 18 |
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