par lausm Lun 14 Fév 2011 - 15:08
Que veux-tu, c'est ainsi, ce sont les défauts qui font leur humanité!
Sauf que certains ne veulent pas l'entendre, encore moins d'un disciple (j'ai fait l'expérience avec l'un d'eux, puisque les connaissant tous-et d'autres- que je ne citerais pas, et la réponse était édifiante de platitude, de non engagement, et aussi de mauvaise foi rhétorique pour me faire porter le chapeau et ne pas d'engager au risque de la relation de personne à personne).
Hors, ne pas voir, c'est l'ignorance d'un point de vue bouddhiste.
Et le grand malheur, est, je crois, une façon de ne pas savoir ou vouloir, ou les deux, certifier un disciple quand cela lui serait utile (pour pouvoir avancer). De peur je crois simplement de perdre son statut de maître.
Justement, j'ai entendu un jour l'un d'eux, dire dans l'intimité de la cuisine du temple, que ce qui le dérangeait le plus était que quelqu'un fasse aussi bien que lui ce qu'il faisait : au moins, un instant de vraie transparence (mais je ne sais pourquoi, j'ai un karma profond avec la cuisine, dont je pense que c'est vraiment le lieu privilégié de la pratique et la transmission, et cela jamais démenti-pratiquant zen soto oblige!).
Quatre ou cinq ans après il déclarait publiquement qu'il souhaitait que les disciples dépassent leurs maîtres!
Donc, il y là un évidente contradiction que lui seul pourra résoudre, et lui seul trouver l'unité entre ce qu'il pense intimement et ce qu'il déclare publiquement.
Mais Deshimaru est mort vite, très vite, car qu'est-ce que quinze ans dans une vie humaine, pour ceux qui ont pratiqué le plus longtemps avec lui?
Il s'est occupé de débroussailler, d'édifier des murs, et ses disciples aussi....mais ce n'est pas fini, enseigner le zen n'est pas seulement gèrer des dojos et produire des kusens et les publier. C'est accompagner des gens, les regarder vivre, souffrir et guérir, si possible, être un avec.
Je lis régulièrement Deshimaru...je trouve que ça ne vieillit pas, quand on enlève tout l'aspect circonstanciel de ses propos.
Tokuda disait à propos de Deshimaru, que ce n'était pas seulement un maître, mais un géant.
Mais rajouta : seulement, beaucoup n'ont vu que le géant, mais pas le maître.
Et je pense que c'est le cas de nombres de ses propres disciples, qui n'en n'ont pas fait le vrai deuil, de cette si puissante image patriarcale. Alors que de toute évidence il n'était pas que ça, loin s'en faut.
Et donc plein vivent dans la mémoire de cette statue du commandeur.$
Pourtant je relisais une histoire à son propos, d'un gars qui draguait sa secrétaire, et qu'il tance "vous la déconcentrez de son travail", montrant la pile de notes toute petite face à celle de l'autre secrétaire. Et le gars de dire "non, je ne dérange pas votre mission". Et Deshimaru de s'emporter et le frapper.
Le lendemain, il le croise dans un couloir. Il se prosterne alors spontanément, reconnaissant son comportement, disant qu'il était vraiment mauvais...et relevant la tète, il voit Deshimaru qui se prosterne aussi devant lui, lui disant "je ne suis pas mieux".
Et bien savoir reconnaître son comportement et ses errements face à ses disciples, être capable de se prosterner face à eux, ça, je trouve que c'est ce qui atteste de la vraie stature d'un maître.
Combien en sont capables?
Qui en est capable?
Voulons-nous en rester capable?