Par Paul F. McDonald
Je ne crois pas que cela soit possible. Le monde est sacré.
Si vous essayez de le changer, vous le détruirez.
Si vous essayez de le saisir, vous le perdrez.
- Lao Tzu
Tao Te King
Un des jours les plus importants de sa vie fatidique, le jeune Anakin Skywalker doit décider entre rester avec sa mère tant aimée sur Tatooine ou voyager de par les étoiles et mener une vie nouvelle parmi les Jedi. Même si elle doit rester esclave dans le Cercle extérieur, sa mère Shmi veut bien le laisser partir. Lorsqu'Anakin proteste de ne pas vouloir que les choses changent entre eux, elle lui réplique sagement qu'il ne peut empêcher le changement, pas plus qu'il ne peut « empêcher le soleil de se coucher ».
Des années après, Anakin choisit pourtant une autre voie, dans laquelle il est transformé en Noir Seigneur des Siths. Cette le voie le consume alors qu'il se donne la tâche impossible d'empêcher le soleil de se coucher. Cet effort le ruine au dedans comme au dehors et sa rédemption ne survient que lorsqu'il accepte enfin les paroles de sa mère telles que révélées par les actes de son fils. Derrière toute cette tragédie mythologique, on retrouve le conflit fondamental qui se rejoue dans le coeur et l'esprit de tout être humain.
Les promesses que lui chuchote le Côté obscur sont bien plus omniprésentes que l'on ne croit en général. Celui-ci se nourrit le mieux lorsque les haines négligées et les peurs qui nous hantent se lèvent en réaction à la vie, intensifiant nos anxiétés jusqu'à ce qu'il nous semble n'avoir plus d'autre choix que d'appeler à notre aide leur obscure source elle-même. Le Côté obscur nous promet le pouvoir sur la vie, mais n'admet jamais que plus on a de pouvoir pour contrôler la vie et plus on en a besoin. Ce qui crée un cercle vicieux si auto-destructeur et contre-productif qu'il est censé dominer à jamais notre destin.
L'ascension et la chute, ainsi que la rédemption ultime d'Anakin Skywalker l'illustrent à la perfection : c'est une voie qu'on peut voir encore plus clairement et nettement à travers la lentille de la tradition philosophique bouddhique. La création de l'ego, les dangers de l'attachement et l'importance de la compassion, sont tous concentrés sur ce seul personnage et se déroulent sur un immense fond de scène galactique.
Dans sa jeunesse sur Tatooine, Anakin est remarquable autant pour son bon caractère que pour son taux de midi-chlorelles, en particulier si l'on pense au Seigneur noir qu'il deviendra. Comme le remarque sa mère, « il ne connaît pas l'avidité », et comme l'observe le maître Jedi Qui-Gon Jinn, « il donne sans penser à la récompense ». Nous avons là un être qui est libre et ouvert et se meut dans la vie comme « une balle dans un ruisseau de montagne ». La disposition d'Anakin à aider les autres le conduit non seulement à gagner la course de podracers de la fête de la Boonta, mais aussi sa propre liberté.
L'ironie du sort veut que ce soit une nouvelle sorte d'esclavage qui se referme sur lui, presque immédiatement. Quoique, à son départ, sa mère l'ait averti de ne pas « regarder en arrière » c'est pourtant ce qu'il fait, son esprit faisant là ses premières tentatives de saisir la vie et de s'y accrocher de trop près.
Dernière édition par Yudo, maître zen le Dim 20 Mar 2011 - 19:45, édité 4 fois