LES HUIT SATORI DU GRAND HOMME
Pratiquer la sagesse. Voici les commentaires de Dõgen.
Qu'est-ce que pratiquer la sagesse ?
Elle s'élève, se développe, en entendant le kusen à travers zazen. La véritable sagesse, chie, passe par la vraie méditation. Il est donc nécessaire d'entendre un enseignement authentique. A l'écoute du
kusen surgissent dans le cerveau des pensées: «Je ne suis pas content... Le kusen de Sensei n'est pas drôle.» On se prend en pitié ... Les pensées sont nécessaires... Puis on atteint shu, la pratique. Et sho : comprendre, consentir, être convaincu. Ces éléments sont obligatoires pour créer la vraie sagesse.
Après avoir reçu un bon enseignement, on en vient à la compréhension authentique de ces éléments: penser, être convaincu, consentir, comprendre. Sans doute, sans scepticisme. C'est la vraie sagesse.
Dõgen écrit : Ku - le vide - devient shiki - les phénomènes• - à travers zazen.
On retourne à la condition normale. Alors la véritable intuition apparaît. A travers zazen, le vrai zazen, ou après zazen, l'authentique sagesse jaillit.
Aussi, Bouddha dit-il•: «Mes chers disciples! Si nous avons la sagesse, nous n'avons pas d'attachement. Usant toujours de la réflexion, nous ne commettons pas d'erreur. Sans réflexion, les êtres humains se trompent.
Si vous parvenez à la vraie sagesse par mon dharma, mon enseignement, vous pourrez atteindre le vrai satori.»
Shin Jin datsu raku «Le corps et l'esprit• métamorphosés.»
Si vous n'agissez pas ainsi, alors vous n'êtes ni de vrais chercheurs de la Voie, ni dignes de porter le kesa.
Si vous ne pratiquez pas chie la sagesse, je ne puis pas vous appeler moines ou bodhisattvas.
La vraie sagesse est comme un bateau résistant, un navire solide, un grand navire qui traverse l'océan, la mer de toutes les souffrances et de la mort.
C'est la grande, la juste illumination, brillante, étincelante dans l'obscurité toute noire de mumyo, l'ignorance. C'est la bonne médecine pour tous les malades. C'est la hache qui tranche l'arbre des bonno, des illusions.
Mes chers disciples, je vous en prie, accroissez par votre propre effort la sagesse de ces actions : entendre, penser, pratiquer.
Lorsque quelqu'un a l'illumination de la sagesse, il a les yeux clairvoyants du corps et de l'esprit. L'oeil spirituel. Parfois nous regardons avec nos yeux réels, et nous pouvons comprendre: par exemple cette posture n'est pas bonne, il a l'air malade, son visage est pâle... Nous pouvons apprécier avec notre regard. Parfois aussi nous jugeons, nous comprenons avec l'œil de l'esprit par intuition, sans regarder.
Quelqu'un entre dans ma maison, dans ma chambre, le responsable du kyosaku passe derrière moi... Inutile de regarder. Vous le sentez, avec votre intuition.
Dans le Shodoka, Jo, le samadhi, la stabilité s'accompagne de e : la sagesse. Ainsi Jo et e forment un tout, complet. Ne restez pas sur ku, seul Jo devient ku et la sagesse est nécessaire pour créer.
Si l'on se concentre sur l'expiration, surie kikai tanden (point situé à 3-4 centimètres sous le nombril.) l'énergie surgie. Pendant que l'on se concentre sur l'expiration, on ne pense pas, la pensée s'arrête, on est seulement concentré. Et l'énergie apparaît. Au moment de !'Inspiration, il redevient possible de penser.
Hachi : huit,
Dai: grand,
Nin : homme,
Kaku : satori.
C'est le sutra du testament du Bouddha.
Bouddha, avant de mourir, s'adressa encore une fois à ses disciples. Ce fut son ultime conférence, son dernier enseignement.
Dõgen, de même, juste avant sa mort, donna son dernier enseignement à ses propres disciples. «Le plus Important, dit-il, le seul point Important: les huit satori du 'grand homme. Si vous suivez cette éducation du Bouddha, seulement cela, vous pourrez devenir totalement libre et complètement heureux. C'est l'enseignement le plus élevé.»
Dans le dernier chapitre du Shobogenzo, Dõgen écrit: «Comprendre ce dharma devient origine de nirvana. Mon vrai grand maître, le Bouddha Sâkyamuni, lorsqu'il fut sur le point d'entrer, au plus profond de cette nuit, dans le nirvana, dédia à ses disciples son dernier testament.»
Premier satori - Shoyoku : peu désirer
Qu'est-ce que le satori ? C'est shoyo : peu désirer.
«Ne soyez pas ambitieux, ne courez pas après de trop nombreux désirs. Ayez peu de désirs.»
Bouddha dit: «Mes chers disciples, vous devez comprendre que ceux qui sont ambitieux, ceux qui recherchent trop les honneurs et les profits, ceux-là devront souffrir. Ceux au contraire qui limitent leurs désirs, qui n'ont pas• besoin de courir après quelque chose, de toujours être à la recherche d'autres objets, qui désirent peu; ceux-là ne souffriront pas tellement.»
Nous devons donc pratiquer shoyoku.Tel est le premier grand satori. Avoir peu de désirs ou les limiter. Exactement, de grands mérites apparaîtront dans le futur.
C'est donc là finalement le plus haut des désirs. Ceux qui ne nourrissent pas de souhaits excessifs, ceux-là n'ont ni besoin de flatterie, ni de coquetterie. Ils ne cherchent pas à capter l'esprit des gens en les adulant ou en les séduisant. C'est inutile.
Ne soyez pas conduits, dirigés, par de nombreux bonno, par beaucoup d'illusions. Votre karma pourra décroître.
Ceux qui pratiquent shoyoku, qui ont peu de désirs, vivent toujours avec un esprit tranquille et sans crainte. Ils sont satisfaits de tout et même s'ils perdent leur travail «tant pis». Un peu de temps et le travail reviendra. La civilisation moderne va exactement à l'encontre de ceci. Elle ne conduit pas au satori. On excite sans cesse les désirs, on provoque les grèves, on brise les portes, les murs... Telle est la crise de la vie humaine.
Second satori - Chisoku : comprendre suffisamment
Chi : comprendre,
Soku : suffisamment.
Lorsque nous recevons quelque chose, si nous l'acceptons, c'est suffisant. Alors aucun désir n'est engendré.
Certains pensent toujours: encore, encore, et n'ont jamais assez. C'est la crise du monde moderne. Les grèves en témoignent. Sûrement Bouddha avait pu prévoir que la civilisation future serait exactement opposée à la décroissance des désirs et que de ce fait, s'élèveraient de grandes crises.
Ainsi Bouddha dit: «Mes chers disciples. Si vous voulez échapper aux multiples souffrances, vous devez observer le dharma de chisoku. Si vous comprenez ceci, vous pouvez devenir véritablement riches, pacifiques, tranquilles et libres. Celui qui le comprend, qùi a atteint ce satori, même s'il dort à même le sol, se sentira paisible, libre et joyeux. Celui qui ne comprend pas soku, et qui n'atteint pas ce satori, même s'il dort dans le plus grand des palais, ne sera jamais satisfait. Celui qui n'est pas soku, même s'il est riche, se sentira toujours pauvre.»
Ceux qui comprennent ce dharma, ce satori, même s'ils sont pauvres deviendront tout-à-fait riches dans l'avenir; c'est l'ordre cosmique. Au contraire, ceux qui ne comprennent pas soku, qui n'ont pas ce satori, souffrent perpétuellement. Ils déclenchent des grèves, brisent tout et ne sont jamais satisfaits. Leur esprit n'est pas clair, et leur karma évolue de mal en pis. Ils ont des accidents, tombent malades, sombrent dans l'enfer ... Par contre, ceux qui ont atteint le satori chisoku sont remplis de compassion envers• les autres et sont très heureux...
Troisième satori - Onri : la joie tranquille, sans bruit
Cela signifie : fuir les endroits surpeuplés, les rues encombrées, les foules, les villes. Vivre en un lieu tranquille, paisible.
Mais ceci ne veut pas dire qu'il faille réellement s'en aller vivre seul. C'est inutile. Pendant une sesshin, vous quittez votre ville, la foule, votre famille, votre travail, et vous rejoignez vos amis spirituels, pour jouir de la véritable paix.
Bouddha dit : «Mes chers disciples, si vous souhaitez, espérez, désirez atteindre la véritable tranquillité, la vraie paix, le véritable nirvana, le satori, vous devez vivre séparés de la foule, de la rue. Vous devrez vivre seul. Ceux qui vivent dans un lieu tranquille, sont respectés par les nombreux dieux du ciel.» (En Inde, il est toujours question de nombreux dieux.)
Mais ceci ne veut pas seulement dire habiter dans un ermitage. C'est bien plutôt un problème d'esprit. Certains en effet se retirent seuls dans la montagne profonde, mais songent sans cesse à revenir en ville ; dans cette attitude, il n'y a ni authenticité, ni vérité. Même si l'on vit à Paris, si l'esprit est tranquille, c'est la vraie paix. Inutile de changer de lieu. Mais en général il est difficile d'atteindre cette sérénité. Pourtant, cette condition d'esprit est le satori. Ce satori est un problème d'esprit intérieur.
«Alors, moines, par cet esprit il est possible d'éteindre la source de la souffrance.»
Ceux qui veulent toujours fréquenter les lieux surpeuplés, aller dans la foule, en subissent de nombreuses souffrances. Certains recherchent toujours les lieux surchargés de monde: les restaurants, les cabarets, les cinémas, etc. Cela fait penser à l'arbre couvert d'oiseaux. Même si l'arbre est grand, un jour il s'effondre sous le poids et il meurt.
Quatrième satori " Shojin : l'effort
«Mes chers disciples, en permanenêe faites des efforts», dit le Bouddha. De même que l'eau qui coule toujours au même endroit peut creuser un trou dans la pierre, continuer est nécessaire. Si on agit trop avec la volonté on se fatigue vite. L'habitude est nécessaire. Chaque jour répéter est important. Chaque jour faire zazen. Pas besoin de s'asseoir en posture du matin au soir, seulement durant une heure c'est suffisant. Ainsi est-il possible de progresser et d'arriver. Où ?...
Souvent l'esprit et le corps sont paresseux et l'on s'arrête rapidement. Autrefois pour faire du feu on frottàit deux morceaux de bois ou deux silex. Si on s'arrêtait; l'étincelle, la flamme ne pouvait jaillir. De même pour coudre un rakusu il faut continuer exactement point après point. Avec l'habitude l'effort permanent est possible. Le corps de ceux qui pratiquent zazen depuis longtemps réclame la posture. Ils n'agissent plus avec la volonté. Le corps veut aller en sesshin, veut faire zazen. Souvent on tombe malade ouon s'arrête car on est fatigué. Mais si le corps dicte automatiquement ce que l'on doit faire, on est heureux.
- Shojin : L'effort infini, continuel, permanent.
Certains se concentrent sur un effort pendant un mois, ou même une semaine, puis sont fatigués. Ou bien ils se concentrent profondément toute une nuit et le matin suivant dorment. Cela n'est pas authentique. Ce n'est pas shojin. Ecrire toute .Ia nuit puis dormir pendant zazen n'est pas un mérite, ce n'est pas shojin.
- Shojin est l'effort régulier, poursuivi jour après jour.
Je le compare toujours à une goutte de pluie ou au courant de l'eau.
Sho veut dire: ne pas mélanger. Aucune autre préoccupation de l'esprit ne s'y mêle.
Aujourd'hui je pratique le yoga, demain je fais de la gymnastique ... On ne fait pas seulement zazen, on mélange, et on ne suit pas seulement une voie droite.
Zazen est shojin, répétait toujours Kodo Sawaki. Nous devons continuer, sans dévier, à pratiquer zazen.
Jin: progrès. Sans revenir en arrière, sans regarder de côté. On va tout droit ..
Bouddha dit: «Mes chers disciples, si vous pratiquez toujours shojin, si vous faites des efforts pour une chose, vous pourrez exactement réussir toutes choses. Vous' devez donc atteindre ce satori et faire un effort permanent.»
Durant zazen ne pensez pas: «L'heure approche, j'ai faim, que va-t-on nous servir au déjeuner ?...»
1 | Shoyoku | peu de désirs ; |
2 | Chisoku | comprendre assez ; |
3 | Onri | la joie tranquille, se détacher de la foule ; |
4 | Shojin | l’effort et gonsho : l’effort permanent ; |
5 | Fumonen | pas d’illusion ; |
6 | Zen jo | le Samâdhi de la pratique de zazen, la stabilité du zen ; |
7 | Chi e | la sagesse produite par zazen : |
8 | Fukeron | la non discussion |
Pratiquer la sagesse. Voici les commentaires de Dõgen.
Qu'est-ce que pratiquer la sagesse ?
Elle s'élève, se développe, en entendant le kusen à travers zazen. La véritable sagesse, chie, passe par la vraie méditation. Il est donc nécessaire d'entendre un enseignement authentique. A l'écoute du
kusen surgissent dans le cerveau des pensées: «Je ne suis pas content... Le kusen de Sensei n'est pas drôle.» On se prend en pitié ... Les pensées sont nécessaires... Puis on atteint shu, la pratique. Et sho : comprendre, consentir, être convaincu. Ces éléments sont obligatoires pour créer la vraie sagesse.
Après avoir reçu un bon enseignement, on en vient à la compréhension authentique de ces éléments: penser, être convaincu, consentir, comprendre. Sans doute, sans scepticisme. C'est la vraie sagesse.
Dõgen écrit : Ku - le vide - devient shiki - les phénomènes• - à travers zazen.
On retourne à la condition normale. Alors la véritable intuition apparaît. A travers zazen, le vrai zazen, ou après zazen, l'authentique sagesse jaillit.
Aussi, Bouddha dit-il•: «Mes chers disciples! Si nous avons la sagesse, nous n'avons pas d'attachement. Usant toujours de la réflexion, nous ne commettons pas d'erreur. Sans réflexion, les êtres humains se trompent.
Si vous parvenez à la vraie sagesse par mon dharma, mon enseignement, vous pourrez atteindre le vrai satori.»
Shin Jin datsu raku «Le corps et l'esprit• métamorphosés.»
Si vous n'agissez pas ainsi, alors vous n'êtes ni de vrais chercheurs de la Voie, ni dignes de porter le kesa.
Si vous ne pratiquez pas chie la sagesse, je ne puis pas vous appeler moines ou bodhisattvas.
La vraie sagesse est comme un bateau résistant, un navire solide, un grand navire qui traverse l'océan, la mer de toutes les souffrances et de la mort.
C'est la grande, la juste illumination, brillante, étincelante dans l'obscurité toute noire de mumyo, l'ignorance. C'est la bonne médecine pour tous les malades. C'est la hache qui tranche l'arbre des bonno, des illusions.
Mes chers disciples, je vous en prie, accroissez par votre propre effort la sagesse de ces actions : entendre, penser, pratiquer.
Lorsque quelqu'un a l'illumination de la sagesse, il a les yeux clairvoyants du corps et de l'esprit. L'oeil spirituel. Parfois nous regardons avec nos yeux réels, et nous pouvons comprendre: par exemple cette posture n'est pas bonne, il a l'air malade, son visage est pâle... Nous pouvons apprécier avec notre regard. Parfois aussi nous jugeons, nous comprenons avec l'œil de l'esprit par intuition, sans regarder.
Quelqu'un entre dans ma maison, dans ma chambre, le responsable du kyosaku passe derrière moi... Inutile de regarder. Vous le sentez, avec votre intuition.
Dans le Shodoka, Jo, le samadhi, la stabilité s'accompagne de e : la sagesse. Ainsi Jo et e forment un tout, complet. Ne restez pas sur ku, seul Jo devient ku et la sagesse est nécessaire pour créer.
Si l'on se concentre sur l'expiration, surie kikai tanden (point situé à 3-4 centimètres sous le nombril.) l'énergie surgie. Pendant que l'on se concentre sur l'expiration, on ne pense pas, la pensée s'arrête, on est seulement concentré. Et l'énergie apparaît. Au moment de !'Inspiration, il redevient possible de penser.
Hachi : huit,
Dai: grand,
Nin : homme,
Kaku : satori.
C'est le sutra du testament du Bouddha.
Bouddha, avant de mourir, s'adressa encore une fois à ses disciples. Ce fut son ultime conférence, son dernier enseignement.
Dõgen, de même, juste avant sa mort, donna son dernier enseignement à ses propres disciples. «Le plus Important, dit-il, le seul point Important: les huit satori du 'grand homme. Si vous suivez cette éducation du Bouddha, seulement cela, vous pourrez devenir totalement libre et complètement heureux. C'est l'enseignement le plus élevé.»
Dans le dernier chapitre du Shobogenzo, Dõgen écrit: «Comprendre ce dharma devient origine de nirvana. Mon vrai grand maître, le Bouddha Sâkyamuni, lorsqu'il fut sur le point d'entrer, au plus profond de cette nuit, dans le nirvana, dédia à ses disciples son dernier testament.»
Premier satori - Shoyoku : peu désirer
Qu'est-ce que le satori ? C'est shoyo : peu désirer.
«Ne soyez pas ambitieux, ne courez pas après de trop nombreux désirs. Ayez peu de désirs.»
Bouddha dit: «Mes chers disciples, vous devez comprendre que ceux qui sont ambitieux, ceux qui recherchent trop les honneurs et les profits, ceux-là devront souffrir. Ceux au contraire qui limitent leurs désirs, qui n'ont pas• besoin de courir après quelque chose, de toujours être à la recherche d'autres objets, qui désirent peu; ceux-là ne souffriront pas tellement.»
Nous devons donc pratiquer shoyoku.Tel est le premier grand satori. Avoir peu de désirs ou les limiter. Exactement, de grands mérites apparaîtront dans le futur.
C'est donc là finalement le plus haut des désirs. Ceux qui ne nourrissent pas de souhaits excessifs, ceux-là n'ont ni besoin de flatterie, ni de coquetterie. Ils ne cherchent pas à capter l'esprit des gens en les adulant ou en les séduisant. C'est inutile.
Ne soyez pas conduits, dirigés, par de nombreux bonno, par beaucoup d'illusions. Votre karma pourra décroître.
Ceux qui pratiquent shoyoku, qui ont peu de désirs, vivent toujours avec un esprit tranquille et sans crainte. Ils sont satisfaits de tout et même s'ils perdent leur travail «tant pis». Un peu de temps et le travail reviendra. La civilisation moderne va exactement à l'encontre de ceci. Elle ne conduit pas au satori. On excite sans cesse les désirs, on provoque les grèves, on brise les portes, les murs... Telle est la crise de la vie humaine.
Second satori - Chisoku : comprendre suffisamment
Chi : comprendre,
Soku : suffisamment.
Lorsque nous recevons quelque chose, si nous l'acceptons, c'est suffisant. Alors aucun désir n'est engendré.
Certains pensent toujours: encore, encore, et n'ont jamais assez. C'est la crise du monde moderne. Les grèves en témoignent. Sûrement Bouddha avait pu prévoir que la civilisation future serait exactement opposée à la décroissance des désirs et que de ce fait, s'élèveraient de grandes crises.
Ainsi Bouddha dit: «Mes chers disciples. Si vous voulez échapper aux multiples souffrances, vous devez observer le dharma de chisoku. Si vous comprenez ceci, vous pouvez devenir véritablement riches, pacifiques, tranquilles et libres. Celui qui le comprend, qùi a atteint ce satori, même s'il dort à même le sol, se sentira paisible, libre et joyeux. Celui qui ne comprend pas soku, et qui n'atteint pas ce satori, même s'il dort dans le plus grand des palais, ne sera jamais satisfait. Celui qui n'est pas soku, même s'il est riche, se sentira toujours pauvre.»
Ceux qui comprennent ce dharma, ce satori, même s'ils sont pauvres deviendront tout-à-fait riches dans l'avenir; c'est l'ordre cosmique. Au contraire, ceux qui ne comprennent pas soku, qui n'ont pas ce satori, souffrent perpétuellement. Ils déclenchent des grèves, brisent tout et ne sont jamais satisfaits. Leur esprit n'est pas clair, et leur karma évolue de mal en pis. Ils ont des accidents, tombent malades, sombrent dans l'enfer ... Par contre, ceux qui ont atteint le satori chisoku sont remplis de compassion envers• les autres et sont très heureux...
Troisième satori - Onri : la joie tranquille, sans bruit
Cela signifie : fuir les endroits surpeuplés, les rues encombrées, les foules, les villes. Vivre en un lieu tranquille, paisible.
Mais ceci ne veut pas dire qu'il faille réellement s'en aller vivre seul. C'est inutile. Pendant une sesshin, vous quittez votre ville, la foule, votre famille, votre travail, et vous rejoignez vos amis spirituels, pour jouir de la véritable paix.
Bouddha dit : «Mes chers disciples, si vous souhaitez, espérez, désirez atteindre la véritable tranquillité, la vraie paix, le véritable nirvana, le satori, vous devez vivre séparés de la foule, de la rue. Vous devrez vivre seul. Ceux qui vivent dans un lieu tranquille, sont respectés par les nombreux dieux du ciel.» (En Inde, il est toujours question de nombreux dieux.)
Mais ceci ne veut pas seulement dire habiter dans un ermitage. C'est bien plutôt un problème d'esprit. Certains en effet se retirent seuls dans la montagne profonde, mais songent sans cesse à revenir en ville ; dans cette attitude, il n'y a ni authenticité, ni vérité. Même si l'on vit à Paris, si l'esprit est tranquille, c'est la vraie paix. Inutile de changer de lieu. Mais en général il est difficile d'atteindre cette sérénité. Pourtant, cette condition d'esprit est le satori. Ce satori est un problème d'esprit intérieur.
«Alors, moines, par cet esprit il est possible d'éteindre la source de la souffrance.»
Ceux qui veulent toujours fréquenter les lieux surpeuplés, aller dans la foule, en subissent de nombreuses souffrances. Certains recherchent toujours les lieux surchargés de monde: les restaurants, les cabarets, les cinémas, etc. Cela fait penser à l'arbre couvert d'oiseaux. Même si l'arbre est grand, un jour il s'effondre sous le poids et il meurt.
Quatrième satori " Shojin : l'effort
«Mes chers disciples, en permanenêe faites des efforts», dit le Bouddha. De même que l'eau qui coule toujours au même endroit peut creuser un trou dans la pierre, continuer est nécessaire. Si on agit trop avec la volonté on se fatigue vite. L'habitude est nécessaire. Chaque jour répéter est important. Chaque jour faire zazen. Pas besoin de s'asseoir en posture du matin au soir, seulement durant une heure c'est suffisant. Ainsi est-il possible de progresser et d'arriver. Où ?...
Souvent l'esprit et le corps sont paresseux et l'on s'arrête rapidement. Autrefois pour faire du feu on frottàit deux morceaux de bois ou deux silex. Si on s'arrêtait; l'étincelle, la flamme ne pouvait jaillir. De même pour coudre un rakusu il faut continuer exactement point après point. Avec l'habitude l'effort permanent est possible. Le corps de ceux qui pratiquent zazen depuis longtemps réclame la posture. Ils n'agissent plus avec la volonté. Le corps veut aller en sesshin, veut faire zazen. Souvent on tombe malade ouon s'arrête car on est fatigué. Mais si le corps dicte automatiquement ce que l'on doit faire, on est heureux.
- Shojin : L'effort infini, continuel, permanent.
Certains se concentrent sur un effort pendant un mois, ou même une semaine, puis sont fatigués. Ou bien ils se concentrent profondément toute une nuit et le matin suivant dorment. Cela n'est pas authentique. Ce n'est pas shojin. Ecrire toute .Ia nuit puis dormir pendant zazen n'est pas un mérite, ce n'est pas shojin.
- Shojin est l'effort régulier, poursuivi jour après jour.
Je le compare toujours à une goutte de pluie ou au courant de l'eau.
Sho veut dire: ne pas mélanger. Aucune autre préoccupation de l'esprit ne s'y mêle.
Aujourd'hui je pratique le yoga, demain je fais de la gymnastique ... On ne fait pas seulement zazen, on mélange, et on ne suit pas seulement une voie droite.
Zazen est shojin, répétait toujours Kodo Sawaki. Nous devons continuer, sans dévier, à pratiquer zazen.
Jin: progrès. Sans revenir en arrière, sans regarder de côté. On va tout droit ..
Bouddha dit: «Mes chers disciples, si vous pratiquez toujours shojin, si vous faites des efforts pour une chose, vous pourrez exactement réussir toutes choses. Vous' devez donc atteindre ce satori et faire un effort permanent.»
Durant zazen ne pensez pas: «L'heure approche, j'ai faim, que va-t-on nous servir au déjeuner ?...»