Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ

    Kaïkan
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    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ Empty Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ

    Message par Kaïkan Lun 4 Juil 2011 - 10:52


    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ

    Commentaires de Mokudo Taisen Deshimaru Rõshi.

    Ikka Myoju


    Ikka Myoju: Une perle brillante.
    Ikka, une graine ; myoju, perle brillante.
    Jin jippo : tout le cosmos,
    Ikka myoju : n'est qu'une perle brillante.
    C'est le koan de ce chapitre.
    Je vais tout d'abord traduire le texte original de Maître Dõgen, et m'arrêter à chaque paragraphe pour en faire le commentaire.



      « Le grand maître Soichi du mont Gensha (1) a vécu sous la grande dynastie Sung. Son nom religieux était Shibi, et son nom séculier Sha. Avant qu'il ne devienne moine, il aimait beaucoup la pêche; il allait avec son bateau sur la rivière Nandai où il apprenait à pêcher auprès de maintes personnes. Toutefois, il ne s'attendait certainement pas à attraper le poisson doré qui s'attrape de lui-même. »




      (1) Maître Soichi du mont Gensha (835-908), Tsung-i Ta-shih. Appellé ordinairement Gensha (Hsüan-sha).




    Cette dernière phrase a un sens très profond. Le poisson doré signifie le satori ; le satori qui se prend lui-même. Il ne s'attendait certes pas à attraper le poisson doré qui s'attrape de lui-même. Pour avoir un poisson, il faut le pêcher. Mais ce poisson doré, ce vrai poisson ne peut être attrapé : pour le pêcher, il ne faut pas le vouloir.
    Le poisson qui se laisse accrocher à l'hameçon n'est pas très malin, comme tout ce qui se laisse attraper facilement. Rien de ce qui est ainsi pris n'est de très grande valeur. Les jeunes filles qui se soumettent au premier clin d'œil, à la première douceur... La femme en or arrive sans qu'on la pêche ...


    Maître Dogen aimait beaucoup Gensha ; dans ce chapitre du Shobogenzo, il en parle en termes très élogieux, plein d'admiration et de respect, comme il ne l'a jamais fait pour son maître Nyojo, ni même pour le Bouddha Shakyamuni, pas plus que pour Bodhidharma.
    Gensha (ou Shibi), de son vrai nom Sha, ne s'attendait pas à pêcher le satori ;, il était à cet instant dans la conscience hishiryo, et c'est dans cette conscience qu'il devint moine.
    Hishiryo : sans pensée, sans but, mushotoku. C'est la pensée absolue, la conscience cosmique, l'harmonie parfaite avec l'ordre cosmique.
    Le Dr Paul Chauchard a parlé de cet état, de conscience. Quand le cerveau humain est calme, dans une condition de profonde sérénité, le microcosme humain est à l'image parfaite et harmonieuse du macrocosme. Cette harmonie n'apparaît pas si notre conscience crée le moindre concept, produit la moindre notion discriminatoire .
    Pendant zazen, en intériorisant notre conscience dans notre posture, en la fondant dans le rythme calme de notre respiration, l'harmonie juste s'établit, produisant l'état de conscience hishiryo. La vraie et grande oeuvre ne peut être réalisée que par la conscience hishiryo.
    C'est la grande oeuvre, l'ultime, qui s'accomplit d'elle-même, inconsciemment, naturellement, automatiquement, sans volition, sans recherche, seulement en oubliant corps et esprit.



      « Quand il fut âgé de trente ans, c'était le début de la période Kantsu (860-873) de la dynastie rang. Il reconnut la primauté de la Voie bouddhiste, et décida sur-Ie- champ de renoncer à ce monde éphémère. Il laissa son bateau et se retira dans les montagnes, et finalement s'installa au mont Seppo, où il devint le disciple du grand maître Shinkaku (2). Il pratiquait la Voie jour et nuit. Il décida un jour d'aller voir quelque autre maître, de façon à perfectionner davantage sa pratique. Il prépara son sac de voyage et se mit en route. Au moment où il quittait la montagne, son orteil heurta une pierre; il se mit à saigner et ressentit une grande douleur.; alors il eut une réalisation soudaine: " Ce corps n'existe pas, s'écria-t-il. D'où vient donc cette douleur? " A peine avait-il fait cette réflexion qu'il s'en retourna immédiatement chez son maître Seppo, »




      (2) Maître Shinkaku du mont Seppo (822-908). Hsin-chüeh Ta-shih. Appelé ordinairement Seppo.




    Seppo signifie la montagne enneigée, Gensha était fils de pêcheur ; quand il partait pour la pêche, c'était toujours avec son père; il ne pouvait guère échapper à ce karma familial. Il avait à sa charge la subsistance des siens,
    Un soir, il pêchait avec son père lorsque celui-ci tomba à l'eau. Il voulut le secourir; mais à l'instant où il lui tendait la main, s'établit dans son esprit la conscience hishiryo. Il s'éloigna sur son bateau. (Sur un plan purement moral, cette action peut être très mal jugée.) Il gagna la berge et se retira dans la montagne où il reçut de Maître Seppo l'ordination de moine. S'il avait sauvé son père de la noyade, il aurait dû, jusqu'à la fin de ses jours, tuer chaque jour le poisson, inlassablement, pour vivre et faire vivre les siens; il se serait marié, son fils lui aurait succédé, et sa vie se serait vainement écoulée. Son père dut être sacrifié pour que pût s'accomplir cet acte remarquable : la conversion de Gensha.
    Son père, une nuit, lui apparut en rêve : il le remerciait et lui exprimait sa reconnaissance pour l'aide qu'il lui avait apportée ce soir-là en le laissant périr: « En effet, lui disait-il, je n'aurais pu accéder au ciel si, à cause de moi, tu avais dû continuer ta vie de pêcheur; maintenant que tu es un grand moine, les mérites rejaillissent sur ma mort; je suis désormais dans le monde merveilleux du bonheur céleste. »
    Ainsi Gensha put devenir moine à l'âge de trente ans; il différait des autres disciples dans sa détermination à pratiquer zazen, sans relâche du matin au soir, dans le temple de Maître Seppo.
    Il prépara son sac de voyage et se mit en  route.
    Toutefois Gensha ne se sentait pas satisfait; plutôt que de voir et condamner sa propre impatience, il rejeta sur son maître la cause de son insatisfaction, et pensa que, en se rendant auprès d'autres maîtres, il serait satisfait; il ne désirait pas fuir mais voyager et voir s'il pouvait trouver ailleurs ce que lui-même, sans le savoir, se cachait.
    Son maître le laissa agir, sachant ce qu'il adviendrait.
    Ce corps n'existe pas ! S’écria-t-i1. D'où vient donc cette douleur?
    J'enseigne toujours que toutes les existences sont ku, impermanentes, changeantes, sans noumène ; pour le monde phénoménal, seule existe la réalité du perpétuel changement; ainsi est l'ego, sans noumène, sans substance propre; il n'est pas une entité, il n'a pas d'autonomie ; il est la simple actualisation momentanée d'un ensemble de causes interdépendantes entre elles qui forment le tissu phénoménal, lui-même manifesté par le pouvoir du virtuel. Aussi la vraie substance du corps et de l'esprit n'existe pas; leur substance est la virtualité d'existence, la potentialité de manifestation phénoménale; cette virtualité est le pouvoir cosmique fondamental.
    Ce corps n'existe pas, s'écria-t-il.  D'où vient celle douleur?
    C'est un koan ; le premier koan de ce chapitre, un koan très profond que vous pouvez comprendre. Gensha comprit, et immédiatement il retourna auprès de Maître Seppo.



      « Seppo lui demanda: " Es-tu parti en pèlerinage seulement pour te blesser le pied et passer un mauvais moment? " Gensha dit: " Je ne pourrai jamais plus me laisser abuser par les autres." (3)Seppo fut grandement satisfait de cette réponse et lui dit: " Ce que tu viens de dire devrait être prononcé par tout le monde, mais il leur manque ta sincérité. »




      (3) C'est la traduction littérale des kanji du texte original en kanbun de Maître Dogen ; la version donnée par l'actuelle traduction en anglais du Shobogenzo en rend un sens différent.





    Cette réplique de Seppo est un autre koan très profond, Dogen écrit dans un japonais très simple; c'est ce qui rend, peut-être, son style très beau; cette phrase devint un koan très célèbre, autant que celle tirée du Genjo Koan : « Bien qu'on l'aime et qu'on la regrette, la fleur se fane; bien qu'elle nous déplaise et qu'on la coupe, la mauvaise herbe pousse. »
    La version anglaise, une fois encore, n'est pas exactement fidèle au texte, et par là perd de sa profondeur; la traduction littérale étant :
    « N'importe qui peut parler ainsi, mais il n'est pas donné à tous de le pratiquer. »
    Facile à dire, mais difficile à pratiquer ce : Jamais plus je ne me laisserai abuser par qui que ce soit. Gensha pouvait le dire, car sa compréhension lui permettait de le pratiquer; ce n'étaient pas des paroles creuses.

    Chez la plupart des gens, la faculté de discerner le vrai du faux est une vertu rare; à un sourire, à une gentillesse, on répond aussitôt, sans être capable de discerner l'authentique amabilité de l'hypocrisie. Comment comprendre, par-delà les paroles, le fond de la pensée qui se dissimule? Comment pénétrer l'authentique visage qui se masque d'un sourire? Ce manque de discernement est une faiblesse par rapport à soi-même; on préfère chercher le contentement et se satisfaire de superficialité plutôt que de pénétrer plus loin dans l'authenticité dont la révélation n'est pas toujours pour conforter l'ego.
    Pour apercevoir la vraie réalité, il ne faut pas avoir la faiblesse de choisir entre le plaisir et le déplaisir ; il faut être hishiryo, sans notion d'agrément ou de désagrément.



      « Seppo demanda encore:" Pourquoi ne poursuis-tu pas tes visites chez les autres maîtres ? " Gensha répondit : " Bodhidharma n'est pas venu en Chine, et le deuxième patriarche n'est pas allé en Inde. " Seppo apprécia cette réponse. »



    Les paroles des moines zen sont très simples. Cette simple réplique a satisfait Seppo. Il n'en demeure pas moins que, dans l'histoire du Zen, ce bref mondo passa à la postérité.
    Bodhidharma n'est pas venu en Chine, et le deuxième patriarche (Eka)  n' est pas allé en Inde. C'est un grand koan que beaucoup de grands maîtres, par la suite, aimèrent à calligraphier.
    Quelle en est la signification ?
    Cette réponse est « une perle brillante ».
    Seppo apprécia la réponse et pensa que Gensha avait alors le satori ; il sut que c'était une bonne réponse; mais il n'en sourit pas pour autant et se contenta de se réjouir au fond de lui-même, en silence, Comment Seppo a-t-il compris? Et qu'est-ce que signifiait cette réponse ?
    Je ne vais pas dès maintenant expliquer ce koan, car sinon la suite du texte manquerait d'intérêt; de plus vous devez arriver à comprendre par vous-même, avec la suite du texte de Maître Dogen, pour que le koan garde pour vous sa nature de koan, et ne se transforme pas en simple savoir. ..



      « Gensha avait été pêcheur durant de longues années, et n'avait jamais vu aucun des volumineux sutras ou commentaires, pas même en rêve. Mais il plaça sa résolution fervente au-dessus de tout, et par sa forte détermination surpassait tous les autres moines. Seppo le considérait comme son meilleur disciple. Gensha portait toujours la même robe simple, rapiécée de toutes parts; en dessous il se couvrait de vêtements faits de papier ou d'armoise. »



    Gensha était un pêcheur, pauvre; lorsqu'il devint moine, il n'avait que son habit usé, alourdi de pièces, son funzo kesa, fait d'un ramassis de chiffons.
    Lorsque je suis arrivé en France, je ne possédais qu'un kesa,un rakusu, et le kolomo que mon maître Kodo Sawaki avait porté pendant vingt années; il était usé, déchiré et rapiécé; chaque jour je le revêtais pour faire zazen ; et comme mon seul dojo fut, pendant plusieurs mois, l'entrepôt d'une boutique macrobiotique, ce pauvre kolomo finissait de s'user là où les genoux appuyaient sur le sol en béton. Chaque fois qu'un trou apparaissait, mes disciples le raccommodaient; les pièces finirent bientôt par former l'essentiel de la texture de mon habit.
    J'ai gardé bien précieusement ce kolomo ; il est maintenant à l'abri de toute usure, celle des mites comme celle du temps ; peut-être l'histoire en fera-t-elle un trésor national... Je porte désormais un kolomo confectionné dans un vieux kimono de soie de mon père. C'est une des rares choses qui me soit restée de lui après sa mort.
    C'est un excellent karma pour ce vieux kimono de cérémonie que d'être devenu un kolomo de zazen.
    Gensha également n'avait qu'un seul habit, qui avait été lui-même taillé dans le vêtement de son père.
    Durant les saisons froides, pour en rendre la texture plus confortable et moins perméable à la rigueur du froid, il doublait son habit de chiffons cousus entre eux et glissait entre les deux étoffes de l'armoise séchée ; c'était la méthode du pauvre pour se prémunir contre le froid.



      « Son seul maître fut Seppo, et il ne dévia jamais du dharma de son maître. Après qu'il eut atteint la Voie, il se servait de cet énoncé pour expliquer l'enseignement bouddhique: " L'univers entier est une perle brillante. " »



    C'est la première fois qu'apparaît le koan de Dogen « la perle brillante » ; tout est une perle brillante pour Maître Dogen ; de l'infiniment petit à l'infiniment grand ...
    L'homme aime le changement; aussi aime-t-il (l'Européen en particulier) changer sans cesse de Voie; il passe de l'une à l'autre sans jamais trouver satisfaction, errant jusqu'à la mort ; il lui manque la force de la persévérance et de la patience, et il lui manque surtout l'esprit de non-profit, de non-attachement à l'obtention. Mais pour parvenir au sommet, il ne faut suivre qu'un chemin, et s'y fixer; peiner et trimer, y laisser son corps, et y laisser son esprit.

    Gensha décida que son seul maître serait Seppo, et il ne s'écarta jamais du dharma de son maître.
    Jin jippo : littéralement, le monde des multiples directions ; c'est-à-dire l'univers entier. L'univers entier est une perle brillante.



      « Un jour un moine lui demanda: " J'ai entendu dire que vous enseigniez que l'univers entier est une perle brillante. Comment devons-nous interpréter cela ? " Gensha lui dit: " L'univers entier est une perle brillante. Qu'y a-t-il à interpréter ou à comprendre? " »



    Maître Dogen écrit toujours en phrases simples et courtes, qui décrivent rapidement une situation ; dans ce chapitre tout particulièrement, il fait preuve de grands talents scéniques: en quatre ou cinq kanji, il a campé ses personnages dans un décor nouveau. La version anglaise, là encore, n'est pas rigoureusement exacte.
    A la place de « Qu'y a-t-il à interpréter ou à comprendre ? » le texte original dit : « Pourquoi voulez-vous comprendre? » Je me sers quelquefois de ce genre de réponse dans les mondo : « Qu'est-ce que le Zen ? - Pourquoi voulez-vous comprendre le Zen ? »
    Avec Gensha, le mondo s'arrête là.
    Les koan étaient très recherchés en Chine à l'époque de Gensha ; ils constituaient la distraction des lettrés, et un koan comme celui de la perle brillante avait vite fait de se répandre et de devenir fameux; il devenait alors le jeu favori des esprits oisifs.



      « Le lendemain ce fut le maître qui questionna le disciple : " L'univers entier est une perle brillante. Quelle en est votre compréhension ? " Le moine répondit : " L'univers entier est une perle brillante. Qu'y a-t-il à comprendre ? " »



    La réponse du moine était habile ! Trop toutefois, ce qui la rendit stupide; car en plagiant son maître, comment pouvait-il espérer le duper? Gensha répondit ce qui, par la suite, devint célèbre dans les annales du Zen :



      « Je sais que dans la caverne des démons de la montagne noire où vous vous débattez et souffrez maintenant la véritable liberté peut être réalisée. »



    Gensha eut le satori par la douleur. En cours de voyage il réalisa qu'il ne lui était plus nécessaire de partir. Il avait compris l'authentique vérité. Le vrai satori existe en nous-mêmes. Pas besoin d'aller le chercher. ailleurs, ni de changer de maître.
    Alors Seppo demanda: « Es-tu parti en pèlerinage pour te blesser le pied et te créer des difficultés ? »
    La réponse de Gensha jaillit du tréfonds de ses entrailles : « Je ne serai plus jamais abusé par les autres. » Seppo fut tout à fait satisfait de cette réponse, et lui dit: « Tout le monde connaît ces maux, mais toi seul as compris. Pourquoi ne continues-tu plus à visiter les maîtres? » Gensha répliqua: « Bodhidharma n'est pas venu en Chine et le second patriarche n'est pas allé en Inde. »
    Seppo admira cette réponse et à ce moment-là Gensha reçut le shiho.
    Même Bodhidharma n'est pas venu en Chine, ni Eka en Inde pour rechercher la vérité, la Voie. La vraie vérité existe en nous-mêmes.
    C'est le sens de ce koan. Pas besoin de partir en voyage. La perle brillante existe partout. Tout et partout est une perle brillante.
    Même le pipi et le caca ...
    Puis au cours d'un mondo, un moine demanda : « J'ai entendu votre enseignement qui transmet que ['univers entier est une perle brillante. Comment interpréter ce koan? » Gensha dit : « L'univers entier est une perle brillante. Qu'y a-t-il là à étudier ou à comprendre ? » Le moine ne put répondre.
    Le jour suivant Gensha interrogea le moine: « L'univers entier est une perle brillante. Que comprends-tu par là ? - L'univers entier est une perle brillante. Qu'y a-t-il là à trouver? » Répondit le moine. Cc sont les mémes propos que la veille. Mais ils sont inversés. La question est la réponse, et la réponse, la question. Les deux phrases ne sont pa~ identiques, bien que les termes soient les mêmes: la question du moine et la réponse de Gensha deviennent le jour suivant la question de Gensha et la réponse du moine.
    Dogen, tout en utilisant les mêmes kanji, leur attribue un sens complètement différent. C'est un koan.
    Alors Gensha dit : « Je comprends, tu souffres, combats et luttes pour .te libérer de l'enfer. »
    C'est une expression très forte qui met fin au mondo.
    « Moine, tu n'as pu comprendre que tout l'univers est une perle brillante. Tu as un peu compris mais pas vraiment... Tu penses d'une manière intellectuelle; tu es empêché, par ta pensée, d'avoir la véritable compréhension, intime et sans limites. »
    Le moine voulut discuter avec Maître Gensha. Mais il se comportait comme un étudiant. L'éducation zen n'est pas un cours universitaire.
    « Tu te débats pour te libérer dans l'antre du démon de la montagne noire. »
    Cette phrase devint un koan fameux. Dogen en parle très profondément. Puis il dit: « Tout est une perle brillante, même l'antre du démon de la montagne noire. »
    L'antre du démon de la montagne noire signifie les illusions, les bonno nés de la pensée, de la scission sujet-objet, de la dualité. Chez la plupart des gens; de nos jours, le cerveau est l'antre du démon de la montagne noire. Ce moine n'est pas le seul à se débattre ainsi.
    C'est l'éternel combat de l'homme pour échapper, pour se libérer de l'enfer, et rendu plus aigu de nos jours du fait de la voie sans issue qu'a empruntée notre civilisation. On veut être heureux, intelligent, comprendre ... Mais on recherche dans l'enfer. Une telle habitude ne peut créer la vraie sagesse.
    En conclusion Dogen dit: « Comment peut-on utiliser cet antre du démon de la montagne noire? La caverne du démon de la montagne noire peut aussi être une perle brillante. »

    Ton cerveau lui-même est une perle brillante. Ton esprit lui-même est une perle brillante; même la grotte du démon de la montagne noire.
    Comment changer ? Par hishiryo, à travers zazen.
    Dans la vie quotidienne, notre cerveau est toujours la caverne du démon de la montagne noire. En faisant zazen on devient une perle brillante.
    Puis Dogen continue: « Qu'est-ce que l'univers entier? Tout le cosmos ? »
    Dogen explique profondément sa philosophie. Qu'est-ce que Jin jippo ? Tout le cosmos ? l'univers entier? une perle brillante? Dogen explique la relation existant entre une perle brillante et la
    grotte du démon de la montagne noire.
    Gensha atteignit le satori en se posant la simple question: « D'où vient cette douleur ? »
    Lorsqu'on est concentré, même si un moustique nous pique le nez, on ne ressent pas la douleur.
    Alors, qu'est-ce que l'univers entier? Dogen répond:



      « L'affirmation de Gensha que l'univers entier est une perle brillante signifie que l'univers n'est pas limité par les notions de vaste ou de petit, de large ou d'étroit, de carré ou de rond, ni par le centre, ni par le macro, ni par le micro; il n'est ni sans vitalité ni sans brillance. Lorsqu'on transcende ces formes, l'univers émerge. Il n'y a ni vie, ni mort, ni aller, ni demeurer; ces changements sont précisément la vraie vie des Bouddhas et la matérialisation de la vérité. C'est pourquoi le passé a disparu et le présent s'actualise lui-même. Quant à sa signification ultime, qui peut la limiter au mouvement continuel de la vie et de la mort d'une part, et à l'immobilité de l'autre? »



    Il en est ainsi. Pas besoin de commentaire.



      « Quand le moine posa la question sur "l'univers entier", il semblait y avoir une idée de subjectivité et d'objectivité.Mais en réalité il existe un continuum sans fin. Puis le moine interrogea son maître (Gensha) : " Quand une sensation apparaît, est-on séparé de la sagesse ? " Le maître répondit : " Abandonnez cette séparation ! " C'est-à-dire transcendez la discrimination. Un mouvement de la tête ou le changement d'expression sur un visage peut nous révéler à nous-mêmes et nous aider à réaliser le satori. L'objectivité et la subjectivité sont' une et à travers elles on peut trouver l'univers illimité (ou l'ultime vérité). »



    C'est un point très important.



      « Cette interprétation dépasse la compréhension intellectuelle et sa vraie signification ne peut être saisie superficiellement. »



    Telle est la philosophie de Dogen sur le cosmos, sur l'univers entier; le microcosme est la totalité du cosmos. Les philosophes grecs pensaient ainsi; et les scientifiques de nos jours ont des thèses qui se rapprochent de cette idée.
    Le pr Paul Chauchard, par exemple, conçoit le cerveau comme fait à l'image du cosmos.
    Et pour Dogen il n'y a' pas de séparation .entre macrocosme et microcosme. Tout est le cosmos : les pierres, les montagnes, les arbres, les fleurs, les herbes, les étoiles ... la nature tout entière, et la non-nature, l'artificiel, et toutes les productions humaines, matérielles et spirituelles, et l'espace et le temps.
    A travers cela, Dogen veut expliquer ici et maintenant. Tout le cosmos, tout l'univers est ici et maintenant, l'infiniment passé comme l'infiniment futur, l'éternité est ici et maintenant.
    Puis Dogen explique ce qu'est une perle brillante, ikka myoiu :



      « "Une perle brillante" exprime la réalité sans la nommer réellement ; c'est le nom de l'univers. Elle contient le passé inépuisable existant à travers le temps et parvenant jusqu'au présent. Dans le présent existent le corps et l'esprit qui sont la perle brillante. Un brin d'herbe, les arbres, les montagnes, les rivières de ce monde ne sont pas seulement ce qu'ils sont, ils sont la perle brillante.Bien que le moine semblât lié par sa conscience karmique, lorsqu'il demanda: " Comment doit-on étudier ce koan ? " cet état manifeste, la grande fonction. qui est le grand dharma. Pour obtenir une vague d'un pied de haut il est nécessaire d'avoir un pied d'eau. Ainsi, une perle de dix pieds peut devenir dix pieds de brillance. »



    Qu'est-ce que le cosmos tout entier? l'univers tout entier?
    Lorsqu'on fait l'effort qui tend à faire accéder l'ego à la  permanence, le monde objectif devient l'ego et l'ego s'identifie au monde objectif. Ainsi notre effort se continue-t-il d'une façon permanente ; car il est assimilé à l'univers cosmique, illimité et éternel.
    La philosophie de Dogen est très profonde.
    L'objectivité du cosmos et la subjectivité de l'ego ne sont plus différenciées, bien que le cosmos soit le cosmos, et l'ego l'ego.
    Ainsi est-il dit dans l'Hokyo Zan Mai :

    « Comme en vous contemplant dans le miroir,
    La forme et le reflet se regardent.
    Vous n'êtes pas ie reflet,
    Mais le reflet est vous. »


    Cela est zazen lui-même, la conscience hishiryo, l'ordre cosmique. Lorsque la moindre émotion ou la moindre pensée s'élèvent, que nos sentiments ou notre intellect se séparent de la totale unité de notre moi véritable, c'est la même chose que hocher la tête ou changer soudain d'expression du visage. Cela signifie regarder  les phénomènes d'un point de vue différent, momentanément différent. C'est se conformer aux phénomènes ou présumer l'opportunité. Au moment où l'ego devient le monde objectif, le cosmos existe d'une façon permanente. Avant que les phénomènes apparaissent on ne peut saisir le point de vue des phénomènes.

    « La perle brillante». Dõgen admirait cette expression, et je l'aime beaucoup moi-même, car c'est une splendide image de ]a vérité cosmique. Dõgen pensait que sûrement à l'avenir un grand philosophe ou un religieux l'apprécierait profondément et la ferait connaître par-delà les limites du Japon.
    L'image de la perle est directement reliée à l'éternité: le temps passé comme le temps présent font partie de l'éternité et n'ont donc pas de fin. Le cosmos, l'univers tout entier est une perle brillante. Dans la réalité notre corps existe, de même que notre raison et notre intellect. Mais chaque objet n'existe pas individuellement en soi en tant qu'entité, brin d'herbe, arbre, montagne, ciel ou terre. Tout est seulement une perle brillante.
    Comment comprendre ce monde, cette perle, ce koan ?
    Dans son mondo avec Gensha, la pensée du moine reste attachée à ses habitudes, à l'acquis du passé. Il joue avec le koan. Mais cet acte lui-même est la réalisation d'une grande action du cosmos, ou la réalisation d'une perle brillante, la réalisation du grand principe lui-même : «  Une eau profonde d'un mètre peut créer une vague d'un mètre, et dix mètres d'eau engendrer une vague de dix mètres. Une perle d'un mètre' a une brillance d'un mètre. »



      « La parole de Gensha : " L'univers entier est une perle brillante. Que faut-il comprendre par cela? " est le fait que Bouddha succède à Bouddha, le patriarche au patriarche et que Gensha devient Gensha. Même si l'on tente de refuser cela, il n'y a pas de lieu où aller.On ne peut jamais s'échapper de l'univers qui n'est rien que la perle brillante. Même si vous croyez vous en être échappé quelque court instant, vous êtes encore dans le temps, et le temps est couvert par la perle brillante.Le jour suivant, Gensha reprit la question initiale du moine afin de l'éprouver. Après avoir utilisé l'affirmation il employa cette fois la négation ; il usa d'une méthode différente, mais était toujours souriant et hochait la tête. Le moine ne fit qu'imiter Gensha en répondant : " Qu'y a-t-il à comprendre ? " »



    ( à suivre )


    Dernière édition par Kaïkan le Dim 29 Nov 2015 - 13:09, édité 1 fois
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    Message par Kaïkan Dim 10 Juil 2011 - 13:43


    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ

    Commentaires de Mokudo Taisen Deshimaru Rõshi.

    Ikka Myoju

    (suite)

    « Très bien, pensa-t-il. Ce moine n'est pas attaché au passé, Il oublie tout, comme !es gens qui pratiquent zazen, »

        « La réponse du moine était basée sur la conscience ordinaire et consistait à poursuivre le voleur avec le cheval du voleur. Par contre, la réponse de Gensha repose sur l'expérience de Bouddha, Pour comprendre, vous devez tourner votre lumière vers l'intérieur et réfléchir. " A quoi peut nous mener notre compréhension ? " On réalise qu'il existe différentes sortes d'expressions provisoires telles que les sept gâteaux de riz faits avec des herbes ou les cinq gâteaux faits avec du lait. Mais ces expressions provisoires sont comme l'enseignement qui remplit la terre depuis le Shoko du sud et le Tan du nord. (L'enseignement bouddhique existe partout et on peut seulement employer des termes provisoires pour le décrire ndlr.) »


    Une perle brillante est l'univers entier; la caverne du démon de la montagne noire est aussi une perle brillante, Nos bonno se transforment en satori, tout comme la caverne du démon de la montagne noire devient la perle brillante et l'univers entier.
    Notre esprit est sans cesse en mouvement ; il devient souvent la grotte du démon de la montagne noire, Dans la civilisation moderne, la plupart des gens sont en naraka, l'enfer: et, souffrant, ils font des plans, rêvent à un futur meilleur; mais c'est maintenant qu'il faut agir, transformer notre enfer en perle brillante, non pas en chevauchant le cheval du voleur, comme le font la plupart des gens ; on ne peut se libérer de l'enfer des malaises et des insatisfactions en attisant le feu des désirs, Les gens veulent devenir libres dans l'enfer.
    Seules les personnes qui font zazen peuvent être au-delà de cet état.
    Durant cette sesshin vous êtes en dehors de la caverne du démon de la montagne noire, car vous y faites briller la perle, par la conscience hishiryo de zazen,

        « Gensha dit : " Je comprends, vous luttez et vous démenez maintenant dans naraka pour tenter de vous libérer. " Vous devez réaliser que cela est comme la relation qui existe entre le soleil et la lune : aucun des deux n'a remplacé l'autre à aucun moment. Le soleil se lève toujours en tant que soleil, la lune en tant que lune. En d'autres termes, il est dit que bien que le sixième mois (Selon le calendrier lunaire, le sixième mois correspond à août ndlr.) soit la saison chaude, notre nature originelle ne sent pas la chaleur (ou le froid). »


    Donc le commencement ou la fin de la perle brillante est au-delà de la compréhension.
    Le bouddhisme Mahayana s'est toujours refusé à toute discussion relative aux questions métaphysiques ou ontologiques, tels les problèmes de l'existence ou de la non-existence, du devenir, du limité et de l'illimité, de l'immanence et de la transcendance, etc.
    Car ce genre de discussion a toujours été considéré comme stérile et, de ce fait, puéril ; le bouddhisme Mahayana a toujours réfuté le dualisme, produit de notre forme mentale limitée par l'espace temps, mais prône l'unité de toutes choses réalisable par la transcendance de la pensée grâce à la pratique de zazen, et la conscience hishiryo.
    Pour ce qui est du monde phénoménal (non différencié du monde de l'absolu), la loi de causalité qui régit le manifesté est présentée comme l'envers du principe de liberté absolue qui fonde le potentiel cosmique; plus les limites de la compréhension sont resserrées, plus la loi de causalité est influente dans la production de karma (du corps, de la parole et de l'esprit) ; plus la compréhension s'élargit, plus la liberté s'accroît, ouvrant sur la potentialité d'actions infinies.
    Cette vraie liberté épuise le karma passé et engendre l'acte potentiel qui s'actualise dans le phénoménal en fonction des circonstances.
    Aussi, la pratique de zazen ici et maintenant engendre l'acte potentiel infini qui se répercute ici et maintenant, à travers le cosmos, et cet acte est perpétué pour l'éternité; en d'autres termes, l'éternité s'actualise dans l'ici et maintenant de chaque action.

    Le karma de notre corps et de notre parole sont apparents à autrui; mais personne ne peut connaître le karma de notre conscience. Aussi personne n'y prend garde, pas même durant zazen.
    Ainsi, beaucoup laissent défiler leurs pensées, les entretiennent, sans se douter que ce karma de la pensée est également apparent; il se concrétise, par exemple, sur les traits du visage, dont l'expression témoigne soit de la noblesse, soit de la bassesse des pensées, et qu'embellit l'abandon de soi, ou qu'enlaidit l'égoïsme. Aucune action (du corps, de la parole ou de la pensée) ne peut tromper; le karma engendré (proche ou lointain) atteste toujours de sa nature.
    Au début de mon séjour en Europe, je fus invité par une belle jeune femme macrobiote, danseuse de profession, dans la superbe propriété de son père au Luxembourg. Nous avions pris l'habitude de nous promener dans le parc en discourant de choses et d'autres ; un soir toutefois, où le clair de lune brillait plus qu'à l'ordinaire, je pus voir son visage se figer sous les traits d'une tête de vache; j'en demeurais stupéfait, incapable de dissimuler mon étonnement. Alors elle éclata en sanglots et entreprit de me parler de son enfance; son père, m'expliquait-elle, n'avait cessé durant des années de tuer des animaux de boucherie dont il faisait commerce ; il tirait de son travail de grands bénéfices qui lui avaient permis de mener la vie de château; mais elle n'en avait jamais été heureuse, et avait éprouvé un profond sentiment de culpabilité à cause de la profession de son père. Lui-même, malgré la vie confortable qu'il menait, ne se sentait pas heureux, et du jour au lendemain avait décidé de tout lâcher pour devenir macrobiote. Malgré cela, le karma le poursuivait.

    Je la rassurais, lui disant que si elle continuait de s'attacher à son état elle ne ferait que l'aggraver; elle devait au contraire l'oublier et considérer l'action passée de son père comme celle d'un grand bodhisattva, puisque, par son métier ingrat, il avait aidé les hommes à obtenir une nourriture dont ils avaient besoin. De plus, il avait su se reprendre et changer la direction de sa vie. Considérant cela, elle devait cesser de cristalliser ses sentiments sur le seul aspect de la réalité qui lui répugnait ; ainsi se déferait-elle du karma qu'elle entretenait.
    Seule existe pour notre monde phénoménal la loi implacable de la causalité, dont la connaissance devrait nous amener à agir avec la plus grande circonspection.

        « Le commencement ou la fin de la perle brillante est au-delà de la compréhension. »


            « La seule chose qu'on puisse dire est que tout l'univers est une perle brillante, pas deux ni trois. »


    La perle brillante est "l'œil du shobogenzo" (sho. Vrai dharma; gen, œil. La perle brillante est l'œil du vrai dharma) et le corps de vérité.
    Le corps de la vérité cosmique éternelle et universelle.
    L'œil du vrai dharma: l'œil traduit une notion très importante.
    L'œil nous éveille. Le mokugyo utilisé dans les temples zen dessine la forme d'une tête de poisson, car le poisson exprime l'éveil, la vigilance, Un poisson, même mort, garde toujours les yeux ouverts.
    Dans les temples zen, sa présence signifie donc ne pas dormir, persévérer dans l'effort.
    La perle brillante est l'œil du shobo, de la vraie Loi, du vrai dharma.

        « La perle brillante est l'œil du shobo et le corps de vérité.
        Cela est révélé dans cette unique expression. Le corps entier est la lumière divine et l'esprit universel. Une perle brillante est le corps tout entier. Il n'y a pas d'obstacle en elle, ronde et tournant sans fin, elle est partout. La vertu de la perle brillante se manifeste ainsi et permet à Kannon (Avalokitesvara) et à Miroku (Maîtreya) d'écouter les sons du monde et de voir ses formes réelles ; donc les Bouddhas du passé et du présent sont manifestés corporellement pour proclamer l'ordre cosmique, la vérité cosmique, la Voie véritable.
        Lorsque le moment est venu, l'essence de la perle brillante peut être saisie. Elle est suspendue dans le vide, cachée dans la doublure du vêtement, trouvée sous le menton des dragons et dans la couronne des rois. Cette perle est toujours à l'intérieur de nos vêtements, à l'intérieur de nous-mêmes, dans notre nature réelle. Ne pensez pas la mettre à la surface. Elle doit demeurer dans les couronnes et sous les mâchoires. Ne tentez jamais de la porter à la surface. Quand vous serez plongé dans un état d'illusion, il se trouvera un ami proche pour vous donner une perle, pour vous révéler l'enseignement du Bouddha. Et, sans faute, vous devrez donner la même perle à votre ami proche. Lorsque la perle est placée autour du cou, même si la personne est toujours plongée dans un état d'illusion, elle est cependant dans l'univers d'une perle brillante. »


    De nombreuses métaphores de ce passage sont tirées du Sutra du Lotus, telle celle de la perle logée dans la doublure d'un vêtement, ou celle de la perle blanche sous le menton des dragons. Dans le Sutra du Lotus. Une histoire raconte qu'un dragon avait une perle précieuse sous son menton. Il l'ignorait, mais le roi le savait et voulait capturer ce dragon.
    Une autre métaphore encore parle d'une pierre précieuse cachée dans le chignon du roi. Mais la plus célèbre reste celle de la doublure du vêtement. Deux amis, l'un riche et l'autre pauvre, s'étaient retrouvés un jour après une longue séparation; aussi, pour fêter leurs retrouvailles, arrosèrent-ils l'événement d'abondantes coupes de saké. Complètement ivre, le pauvre s'endormit. Mais le riche voulait lui faire ses adieux avant de partir et tenta, en vain, de le réveiller. Il se souvint alors qu'il avait une perle brillante et il la cousu à l'intérieur du vêtement de son ami.
    « Sûrement lorsqu'il se réveillera, il la trouvera et pourra la vendre, pensa+il. Cet ami n'est pas très malin, il est en difficulté et ne peut emprunter de l'argent aux autres. Ainsi je pourrai l'aider. » L'ami pauvre se réveilla ; mais comme il ignorait être en possession de cette perle, il continua de mener sa vie errante. Un an s'était écoulé lorsqu'il rencontra à nouveau son ami.
    « Après que tu es parti, j'ai beaucoup souffert, dit-il. Tu t'es sauvé, me laissant dans la plus grande misère. - Mais n'as-tu pas trouvé la perle brillante ? répliqua l'ami. -Quelle perle? Je n'ai rien trouvé. - Regarde là, dans le vêtement... »
    La perle brillante y était toujours logée, telle qu'il l'y avait mise, ce qui surprit et réjouit fort le pauvre.
    Cette métaphore du Sutra du Lotus est un koan. Nous avons tous la nature du Bouddha en nous, le diamant ou cette perle brillante.
    Mais toujours nous nous débattons, pour quitter l'enfer, pour nous libérer, toujours en quête de quelque chose et errant sans cesse ... On ne peut trouver le vrai trésor, la vraie pierre précieuse ; pourtant point n'est besoin d'aller la chercher au-delà des mers, ni par-delà les montagnes, ni au Japon, ni dans la macrobiotique.
    Mais beaucoup s'y méprennent, qui me demandent de les recommander à un temple au Japon, ou de leur conseiller telle ou telle pratique qui favoriserait leur progression, etc.
    Même Gensha, au début, voulut errer. Mais il obtint le satori. C'est ikka myoju. Nous l'avons tous à l'intérieur de notre esprit, ce vrai trésor. Mais notre esprit tourmenté, nos pensées nous rendent le monde infernal. Et l'esprit de la plupart des gens devient la caverne du démon de la montagne noire.
    « Quand vous serez plongé dans un état d'illusion, un ami proche vous donnera une perle, vous révélera l'enseignement du Bouddha.
    Et, sans faute, vous devrez donner la même perle à votre ami proche. Lorsque cette perle est placée autour du cou, la personne, même plongée dans un état d'illusion, se trouve cependant dans l'univers de la perle brillante. »
    Vous devez comprendre ce koan.
    En chacun de nous existe une perle brillante, mais souvent nous l'ignorons, comme le dragon. Le roi qui le savait le cherchait pour s'en saisir; mais le dragon ne se laisse pas facilement capturer, vivant dans les profondeurs des lacs, ou volant parfois dans les cieux, entouré d'un nuage noir qui le dissimule.
    C'est une métaphore. Toujours les perles, les pierres précieuses ou les diamants sont des métaphores qui expriment la nature de Bouddha. Quoi qu'il en soit zazen signifie se regarder soi-même, où demeure le vrai trésor. Notre mental peut être l'enfer, mais zazen le transmute en perle brillante. La caverne du démon de la montagne noire, pendant zazen, inconsciemment, naturellement, automatiquement devient une perle brillante.

        « C'est pourquoi, bien que les situations paraissent changer, toute chose demeure toujours la perle brillante.
        Savoir que la perle est exactement ainsi, c'est l'expérience d'une perle brillante. De cette façon, nous pouvons rencontrer les sons et les formes de la perle. Cela est la nature de la perle, et nous ne devrions absolument pas en douter. Même si des doutes s'élèvent, ou que nous affirmions, ou niions, ou que nous soyons perplexes quant à son existence, tout cela, ce ne sont que des observations passagères et incomplètes. »


    Il en est toujours ainsi dans notre vie: enfermés dans la caverne des démons de la montagne noire, nous soumettons tout à nos catégories étroites, optant pour un côté et rejetant l'autre. Nous possédons la perle brillante ; nous sommes nous-mêmes la perle brillante; mais par notre aliénation, notre attachement à la petitesse, nous refermons sur la perle brillante la caverne des démons de la montagne noire.
    Pendant zazen, toutes ces petitesses qui font que, dans la vie, nous nous agitons en tous sens peuvent se détacher de nous, et tomber, comme du bois mort, comme une carapace usée, Libérés de notre enveloppe protectrice, nous pouvons alors, une fois, mourir au cosmos, et laisser notre perle être éclairée par la lumière du cosmos.
    En zazen, nous devons mourir au moins une fois, totalement, sans laisser de «petits restes», sans garder aucune attache; il nous faut oublier tout, et surtout soi-même, prendre place dans son cercueil, comme on s'installe devant sa télé; de la même façon qu'on se laisse captiver par le film, oubliant tout alentour, nous devons nous laisser ravir par le cosmos, oubliant tout de nous-mêmes et du monde.
    Notre mort véritable est ainsi; notre vie s'achève, et avec elle notre propre cosmos, cependant que se perpétuent les bonno de notre vie dans le cycle des transmigrations et des réincarnations.
    Atteindre la conscience hishiryo pendant zazen est très difficile :
    - Quand on souffre, c'est le Zen naraka, le Zen infernal.
    - Ensuite vient le Zen gaki : le Zen à la recherche de la satisfaction d'un but. (Gaki - preta en sanscrit - signifie avoir trop d'appétits, chercher toujours à obtenir quelque chose.)
    - Puis le Zen chikusho : le Zen animal, le sujet ressent des pulsions fortes, ou bien est plongé dans un état de somnolence, sans pensée; c'est kontin.
    - Puis le zazen asura : le zazen combatif, où le sujet est en compétition avec les autres,
    - Puis le zazen humain, sans trop de pensées, sans trop de somnolence.
    - Enfin le zazen extatique, qui fait retomber en naraka. La conscience hishiryo est au-delà de ces divers états de zazen.

    « Ne chérit-on pas la brillance infinie de la perle brillante ? Qui peut surpasser la vertu de cette perle brillante et rayonnante qui couvre l'univers? De la sorte, personne ne peut jeter même une tuile sur une place de marché, Aussi, ne vous souciez pas de tomber dans les six royaumes d'existence. »

    Pendant une sesshin et surtout dans le dojo, il faut trancher toute relation avec la vie quotidienne, a écrit Dõgen dans le Fukanzazengi.
    Il faut devenir une perle brillante. Entrer dans le dojo est pareil à entrer dans son cercueil.
    Faire zazen, c'est redevenir une perle brillante. Tout est une perle brillante, toutes les existences; mais par notre karma nous tombons dans l'antre du démon de la montagne noire. Par le karma passé, par le karma d'avant notre naissance, par le karma de notre éducation, par celui de l'école, de l'université, de l'environnement social.


          (à suivre...)



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    Message par Invité Dim 10 Juil 2011 - 16:55

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    Message par Invité Dim 10 Juil 2011 - 19:13

    Bonjour Kaïkan,

    Pour ce qui est du monde phénoménal (non différencié du monde de l'absolu), la loi de causalité qui régit le manifesté est présentée comme l'envers du principe de liberté absolue qui fonde le potentiel cosmique; plus les limites de la compréhension sont resserrées, plus la loi de causalité est influente dans la production de karma (du corps, de la parole et de l'esprit) ; plus la compréhension s'élargit, plus la liberté s'accroît, ouvrant sur la potentialité d'actions infinies.
    Cette vraie liberté épuise le karma passé et engendre l'acte potentiel qui s'actualise dans le phénoménal en fonction des circonstances.
    Aussi, la pratique de zazen ici et maintenant engendre l'acte potentiel infini qui se répercute ici et maintenant, à travers le cosmos, et cet acte est perpétué pour l'éternité; en d'autres termes, l'éternité s'actualise dans l'ici et maintenant de chaque action.
    "Le principe de liberté absolue qui fonde le potentiel cosmique" n'est-il pas une Liberté "Définitive" ou "Fixée" ?

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    Message par Kaïkan Dim 10 Juil 2011 - 19:43


    Bonsoir fonzie,

    La question est très "sensible". Il faut poser d'abord ce postulat :

    le commencement ou la fin de la perle brillante est au-delà de la compréhension.

    Il y a, à travers la pratique de zazen, une liberté qui s’acquiert par l'élargissement de la compréhension, et non pas par la réflexion philosophique.
    La conscience (du corps-esprit) abandonnée, rejetée, pendant la pratique, revient métamorphosée et nous permet l'épanouissement d'une liberté inattendue et salvatrice du karma passé.
    Mais cette liberté était-elle déjà là, immanente mais invisible à nos yeux fermés, ou bien apparait-elle spontanément quand la compréhension s'élargit, qui saurait le dire avec certitude ?...Smile

    Après tout l'important n'est-il pas d'actualiser cette potentialité dans l'instant présent sans trop se tracasser au sujet de son origine...   Laughing

    Bonsoir kay,

    La plongeuse japonaise ramènera-t-elle la perle brillante ? Elle doit surtout ramener de quoi manger à sa famille, c'est sa préoccupation première je crois...Smile

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    Message par Invité Dim 10 Juil 2011 - 19:57

    Il y a, à travers la pratique de zazen, une liberté qui s’acquiert par l'élargissement de la compréhension, et non pas par la réflexion philosophique.
    La conscience (du corps-esprit) abandonnée, rejetée, pendant la pratique, revient métamorphosée et nous permet l'épanouissement d'une liberté inattendue et salvatrice du karma passé.
    Mais cette liberté était-elle déjà là, immanente mais invisible à nos yeux fermés, ou bien apparait-elle spontanément quand la compréhension s'élargit, qui saurait le dire avec certitude ?
    Oui, c'est vrai t'as raison.
    On comprend les choses quand elles arrivent même si on n'a pas les mots pour dire ce qui arrive, plutôt que le contraire cad avoir les mots de choses qui ne nous sont pas arrivées ou qu'on n'a pas pratiqué, pour ce qui est de la différence entre la "compréhension" et la "réflexion philosophique".
    Après tout l'important n'est-il pas d'actualiser cette potentialité dans l'instant présent sans trop se tracasser au sujet de son origine... Laughing
    heu... si; pas la peine de "chercher midi à quatorze heures" scratch
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    Message par Invité Dim 10 Juil 2011 - 20:42

    Kaïkan a écrit:
    Bonsoir kay,

    La plongeuse japonaise ramènera-t-elle la perle brillante ? Elle doit surtout ramener de quoi manger à sa famille, c'est sa préoccupation première je crois...Smile

    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ 220px-Ama

    Oui c'est ce qui m'a touché dans cette image. Le fait qu'elle cherche dans les profondeurs de l'océan immense, une perle "nourricière", et qu'elle a en elle la véritable perle en même temps. Et qu'elles s'appellent "Ama"... sunny :

    Les Amas (海女, ama?) sont des plongeuses en apnée japonaises, connues surtout en tant que pêcheuses de perles.

    Le mot « ama » signifie littéralement « femme (女?) de la mer (海?) ».



    Aussi j'ai lu il y a très longtemps "La perle" de john Steinbeck.
    Une chose ramène parfois à d'autres références.



    Et elle semble bien être sur le front de Bouddha...


    Autrement pour le texte, je prends le temps de lire après sur papier... mais déjà ce qui avait retenu mon attention, est la même partie dans le propos de fonzie, et j'ai la réponse. Very Happy

    Aussi l'histoire des deux amis est belle...
    C'est adorable ces petites statues moussues.

    Merci, à plus tard...


    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ama_%28plongeuse%29
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    Message par Kaïkan Dim 10 Juil 2011 - 20:53


    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ

    Commentaires de Mokudo Taisen Deshimaru Rõshi.

    Ikka Myoju

    (suite et fin)


    Les pêcheurs ont un karma de pêcheur. Les docteurs ont un karma de docteur. Etre toujours• en compagnie de fous influence. Toujours incinérer les morts, faire toujours des cérémonies funéraires influence aussi. C'est le karma. Aussi on tombe dans l'antre du démon de la montagne noire. Mais l'antre du démon de la montagne noire peut, inversement, devenir une perle brillante. C'est zazen. La plupart des gens de notre civilisation moderne ont un esprit aussi obscur et creux que l'antre du démon de la montagne noire.

    L'environnement, la civilisation, le lieu influencent... Les lieux agréables, trop doux, trop confortables, comme le sud de la France, incitent à une vie facile et molle; ils ne sont pas propices à créer un bon karma. Aussi dès que vous entrez dans ce dojo, vous devez changer complètement. Tout en vous devient une perle brillante.
    Chacun, dans sa posture belle et forte, est habité de l'esprit le plus simple et le plus clair. Le démon en est tout surpris. Nagarjuna disait: « Le démon a peur de ceux qui font zazen. Il ne craint rien, sauf la posture de zazen. »

    De nombreuses histoires, dans les sutras, rapportent la fuite du démon effrayé à la vue d'une posture de zazen.
    Que décider, devenir Bouddha ou démon ?
    Gensha a dit : « Il faut devenir une perle brillante. »
    Dieu ou Bouddha ou le démon ont le même corps, le même visage.
    Une perle brillante et le démon ont le même corps, le même visage.
    Si vous faites zazen, à ce moment-là vous êtes une perle brillante.
    Le moine demanda: « Qu'est-ce que ikka myoju ? » Gensha répondit : « L'univers entier n'est que ikka myoju. »
    Vous êtes venus faire cette sesshin dans cette région du sud de la France, pour la plupart loin du lieu où vous vivez; vous avez dû payer; et pour certains, arriver à s'acquitter du montant a demandé un grand effort; mais si vous parvenez à comprendre ce koan alors le prix que vous aurez payé pour la sesshin aura été dérisoire.
    Gensha trancha son karma de pêcheur; il se coupa de sa vie sociale, inconsciemment, naturellement, automatiquement, sans projet; par la conscience hishiryo, il  reçut l'ordination de moine de son maître Seppo.
    Certains me demandent lors des mondo : « Pourquoi suis-je venu ici, faire la sesshin ? » « Pourquoi suis-je devenu moine ? »
    Les raisons n'en sont pas si simples! Certains sont venus au prix de grosses difficultés; l'un ici a été menacé de divorce par sa femme s'il venait ; il est venu quand même. C'est comme Gensha qui dut laisser son père se noyer. C'est, dans ces cas, la conscience hishiryo qui gouverne, la perle brillante qui prédomine ...
    Ce chapitre comporte trois points importants qui sont autant de koan :
    - D'où vient ma douleur ?
    - Une perle brillante.
    - La caverne des démons de la montagne noire.
    La conscience hishiryo finalement inclut les trois et résout l'énigme de chacun. Aussi les questions ne se posent-elles plus dès que les limites de la pensée conceptuelle sont dépassées.
    A la suite de sa douleur et de la question qu'il posa sur l'origine de cette douleur, Gensha produisit ikka myoju : la perle brillante brilla en lui comme elle brille, dans sa nature originelle, en chacune des existences du cosmos entier.
    A la réponse du jeune moine qui traduisait son incompréhension, Gensha répondit : « Vous vous démenez pour vous libérer de naraka, la caverne des démons de la montagne noire. »
    Et Dõgen fait les commentaires suivants :




        « L'essence de la causalité ne cesse jamais, et la perle. Est toujours brillante; c'est notre visage originel et notre œil illuminé. Dès lors il y eut de nombreuses notions sur ce qu'est la perle, ou sur ce qu'elle n'est pas, mais alors les paroles de Gensha clarifièrent la véritable nature de la perle, qui est en fait notre corps-esprit lui-même.Comment est-il possible de douter que la vie et la mort sont aussi la perle brillante? Que nous soyons perplexes ou tourmentés, il n'y a rien d'autre que la perle brillante. Il ne peut y avoir aucune action ni aucune pensée existant séparément de la perle brillante. En conséquence, que l'on avance ou que l'on recule dans la caverne des démons de la montagne noire, cela n'est rien d'autre que la perle brillante. »




    Cela a été prononcé au temple de Kannondori Koshohorinji, à Vji, fief de Yamashiro, le 18 avril 1238. Transcrit par le disciple en chef Ejo. dans son temple de Kippo-ji, le 23 juillet 1243.

    Cette conclusion est d'une grande profondeur, Chin po taiho : progression et régression. De cette progression ou régression dans la caverne des démons de la montagne noire dépend le devenir de la brillance de la perle.
    Que l'on y entre ou que l'on en sorte, la perle demeure; toutefois son éclat ne peut apparaître qu'à la lumière, lorsque les rocs de la caverne se sont effondrés.
    Cette conclusion finalement nous ramène à zazen. Notre corps est la montagne noire, notre cerveau la caverne des démons. La perle y demeure, et zazen la fait briller. Notre corps et notre esprit deviennent la perle brillante, le corps et l'esprit de Bouddha ou de Dieu.
    Gensha n'aimait pas employer le terme de Bouddha, Dogen non plus ; le premier parla de la perle brillante, et Dogen de la conscience hishiryo,
    Gensha fut toujours très estimé par les maîtres zen qui le considéraient comme un héros, plein de bravoure, de courage et de détermination, en particulier dans l'acte qui le fit trancher son karma dans l'instant, en sacrifiant son père. C'est extrêmement difficile, mais très courageux.
    Dõgen, à la mort de sa mère, parvint à l'esprit d'éveil, bodai shin ; il ressentit alors profondément toute l'impermanence de la vie et décida de devenir moine, Fils d'aristocrate, il éprouva beaucoup de difficultés à quitter. sa famille, frères et oncles, qui cherchaient à le retenir pour qu'il fasse prospérer son patrimoine. Il réussit toutefois à s'enfuir à Kyoto,' et ne revit plus jamais aucun membre de sa famille ; il séjourna au mont Hiei, mais, insatisfait, décida de remonter à la source vivante du Zen, et il se rendit en Chine.
    En cela, Maître Dõgen lui aussi est considéré comme un héros.
    Nombre de grands maîtres eurent à souffrir toutes les peines, depuis le moment où ils prirent la décision de se faire moine jusqu'au moment où ils le devinrent véritablement.
    Kodo Sawaki lui-même, qui perdit ses parents très jeune. Sa famille, pour ne pas en supporter la charge, voulait en faire un moine. Mais craignant qu'un jour il le leur reproche; son oncle prit sur lui de l'adopter; mais celui-ci mourut bientôt, et l'adolescent fut mis sous la tutelle d'un homme qui était le chef d'une bande de malfaiteurs, tenancier d'une maison de jeux, ce qui jadis au Japon était proscrit et sévèrement réprimé par la loi. Ainsi, Kodo Sawaki fut employé à faire le guet et à donner l'alarme dès qu'apparaissait un policier. II jouait parfois aussi le rôle de messager, et il avait souvent à rencontrer des tueurs ; ou bien il était chargé des bas travaux comme ceux qui consistaient à faire disparaître les traces des victimes ...
    Il ne put supporter de rester longtemps dans ce milieu mais l'expérience qu'il acquit à ce contact était au moins aussi forte que celle qu'il aurait pu avoir s'il avait mené la dure vie d'un moinillon dans un temple.
    Lorsqu'il s'enfuit, ce fut en direction de Eihei-ji, où il passa un an. N'ayant pas d'argent, il dut "faire" la route, se nourrissant des pousses de riz qu'il déracinait. Lorsqu'il arriva à la porte du temple prestigieux, la neige le dépassait en hauteur. La première rencontre qu'il fit fut celle du porteur de kyosaku qui commença par lui administrer quelques bons coups pour mesurer sa force de caractère; puis il le repoussa, à trois reprises, mais comme il insistait, l'accepta. Il fut d'abord admis comme aide cuisinier, puis comme coursier, l'entrée du dojo lui étant interdite, comme elle l'était à tous ceux qui étaient d'origine très modeste et employés aux humbles besognes. Le seul enseignement qui lui fut alors délivré était la réprobation et les reproches réitérés de ses supérieurs. Aussi (à la différence de Seppo) il dut convenir que, compte tenu de la pauvreté
    de ses origines, il ne pourrait jamais, dans cette institution de prélats, accéder à ce qu'il chérissait le plus: l'ordination de moine et la possibilité de pratiquer avec tous, dans un vrai dojo, où enseignerait un grand maître, grand par sa sagesse et par sa compassion.
    Toutefois, lorsqu'il lui était arrivé de s'asseoir en zazen dans l'entrepôt de la cuisine, il avait remarqué que l'économe faisait gassho chaque fois qu'il passait devant lui. Il fut convaincu alors que la seule force et l'unique vérité résidaient dans zazen.
    Pour la deuxième fois, il fuit, se dirigeant cette fois vers le Kyushu où il espérait arriver à la fin de ses tribulations en devenant le disciple d'un vrai maître. Il rencontra à proximité de Kyushu Maître Sa wade Koho dont il reçut l'ordination ...
    J'ai aimé Kodo Sawaki dès ma première rencontre, et en fus très fortement impressionné pour toutes ces raisons ; sa personnalité reflétait sa vie ; ayant trempé dans tous les milieux, son esprit s'ouvrait d'autant plus largement sur une immense compréhension de la vie et des hommes.
    Il se rendait dans les prisons où il avait acquis une audience enthousiaste parmi les détenus; c'est pourquoi il détestait tous ces faux moines qui grossissaient les rangs des prélats dans les temples du dogmatisme et du monachisme institutionnalisés. Aussi me refusa-t-il jusqu'à la veille de sa mort l'ordination de moine, à laquelle pourtant, comme lui, j'aspirais tellement; pour que, comme lui, je connaisse la vie, et plonge profondément dans ses difficultés; pour que, à l'inverse de tous ces moines par filiation, je ne devienne pas un professionnel de la cérémonie.
    Les difficultés, je les ai connues, très tôt ; en cela Kodo Sawaki pouvait être satisfait; j'y ai fait ma première connaissance et la plus profonde avec la rudesse de l'impermanence ; j'y ai connu les pires déboires matériels; quant aux joies, elles résultaient essentiellement de mes rencontres avec mon maître. Bref, c'était l'apprentissage d'un aspect de la vie. Je me souviendrai toujours des discussions orageuses que j'avais avec mon père, économe et arriviste fini, qui ne pouvait souffrir l'idée de me voir m'intéresser à des idéaux spirituels, à quoi je devais sacrifier la sécurité d'une situation professionnelle confortable. Son rêve était de faire de moi un grand financier, ou un grand politicien.
    Lorsque je me présentai à lui qui gisait sur son lit de mort, il m'attendait ; il me scruta quelques instants, puis émit dans un souffle la seule question qui le préoccupait à mon égard: « As-tu fait de l'argent ? »
    Je venais justement d'essuyer un énorme échec financier. « Oui, oui, bien sûr! » lui répondis-je. Je vis alors se dessiner un sourire qui éclaira son visage au moment où il rendit l'âme; je pus penser alors qu'il s'en allait droit au paradis ...
    Trancher le karma ... Seulement zazen le peut. ..
    Parmi les grands moines japonais célèbres, il faut compter Nichiren (De nos jours, son enseignement a été détourné par le mouvement de la Sokkagakai). Nichiren, tout comme Gensha, était fils de pêcheur (Il faut savoir qu'au Japon, jadis tout au moins, la transmission du métier de père en fils était une règle inviolable, ancrée au plus profond des mœurs, et était la condition fondamentale qui assurait la valeur et la respectabilité d'une famille. Il n'était jamais question pour un fils d'exercer autre chose que ce que faisait le père et qui lui avait été enseigné dès son jeune âge. Aussi, ceux qui s'illustrèrent durent dans la plupart des cas bafouer l'usage ; aussi firent-ils, a posteriori, l'objet de grands éloges.)
    Voici le haiku qui lui a été dédié :
    « Sans devenir le pêcheur
    Qui attrape la baleine,
    Il se fit bonze. »
    Je fus impressionné par l'histoire de ce grand maître. Lorsqu'on connaît quelque peu l'histoire du bouddhisme Zen, il est remarquable de voir que la plupart des grands maîtres et patriarches qui ont fait l'histoire du Zen ne sont pas issus de milieux ecclésiastiques, mais de milieux d'où il était difficile de se dégager: soit ils appartenaient aux grandes familles aristocratiques et princières, soit ils venaient des couches populaires et miséreuses. La vocation authentique les poussait; à l'inverse du grand nombre qui, du fait de leur naissance, se trouvent dans l'obligation d'assurer la responsabilité de leur statut de moine ; ou de ceux qui, par déception, ou par désespoir, ou par misanthropie, ou par faiblesse, cherchent à fuir la société et le monde; ou pis encore, ceux qui n'y cherchent que leur avantage et leur profit personnel; ceux-là je ne peux les respecter; ils sont bien loin de la foi pure qui a habité les hommes sincères, et qui a, de tout temps, permis que s'accomplissent les œuvres impossibles.
    La pureté, en effet, a conduit ces grands hommes (comme Kodo Sawaki, Dogen, ou Gensha); pureté d'esprit, sans tourment, ni inquiétude, sans complication, sans préjugé; la vie cosmique a pu y pénétrer, inconsciemment, naturellement, automatiquement, tes emplissant soudainement d'une détermination totale, inébranlable, les éveillant à l'esprit véritable, leur faisant réaliser les plus grandes œuvres sans la moindre ombre d'hésitation ...
    A la fin ultime de la pensée, dans la caverne des démons de la montagne noire, s'avancer encore ou reculer, sans hésiter, prendre la décision. C'est zazen.
    A cet instant de décision totale, sans pensée (sans arrière-pensée), la caverne des démons de la montagne noire devient l'éclat de la perle brillante.



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    Message par Invité Dim 10 Juil 2011 - 22:56

    kay a écrit:...
    Une chose ramène parfois à d'autres références.

    Et elle semble bien être sur le front de Bouddha...

    Autrement pour le texte, je prends le temps de lire après sur papier... mais déjà ce qui avait retenu mon attention, est la même partie dans le propos de fonzie, et j'ai la réponse. Very Happy
    il y a une autre histoire où une pierre tombe d'un front, mais c'est pas Bouddha et c'est pas une perle Rolling Eyes

    Kaïkan a écrit: Les lieux agréables, trop doux, trop confortables, comme le sud de la France, incitent à une vie facile et molle
    hé bé ! quand je pense que je suis presqu'à la même latitude que Montpellier... Shocked

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    Message par Kaïkan Lun 11 Juil 2011 - 9:56




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    Message par Invité Lun 11 Juil 2011 - 12:59

    Franck Barron a écrit:
    Kaïkan a écrit:
    Gensha fut toujours très estimé par les maîtres zen qui le considéraient comme un héros, plein de bravoure, de courage et de détermination, en particulier dans l'acte qui le fit trancher son karma dans l'instant, en sacrifiant son père. C'est extrêmement difficile, mais très courageux.

    Je vous plains d'être aussi bête. C'est le fameux esprit de sacrifice japonais, la bêtise humaine élevé au rang de grandeur. On sait que le zen a collaboré pendant la guerre avec les génocidaires cela ne m'étonne pas, vous n'avez aucune légitimité, surtout de porter le message de Siddhartha.



    http://www.zen-deshimaru.ch/kusens/keisen/FR/kusen_2009-Les_12_idees_contaignantes_-_par_Ma%C3%AEtre_Keisen.pdf P.34

    Gensha fils de pêcheur, savait-il nager ?
    Son père aurait-il voulu qu'il se noie pour lui, avec lui ?

    Non, a dit Jack Sparrow...


    Cher Franck Barron,

    Ce matin, assise en regardant dans le vide, j'ai imaginé, j'ai rêvé une assemblée immense face au Bouddha. Y avait des princes, princesses, des gangsters, des prostituées, des médecins, des soldats, des bourreaux, des condamnés, une danseuse,un mania du pétrole, son harem, des pompiers, un tueur, une fiancée, une mère, un homme adultère, des petits faons et des tigres, des lapins, un aigle royale. Tous assis, sur la planète bleue, au milieu de l'univers ! Mince alors ! Tout le gratin et un ramassis de racaille, tu vas me dire, hein ?
    Et pendant une seconde, sans joie, ni peine, j'ai trouvé ça magnifique. Parce-que pendant une seconde, il régnait une grande paix.
    Y avait même Sa Seugneurie Franck Barron et kay !

    Alors ou je suis bête ou je suis folle, ouais j'ai pêté un câble, j'ai pris un champignon atomique, c'est comme tu veux, j'm'en fous. Et j'suis même née dans une famille de gangsters, vois-tu, dans le bayou, un p... de karma, et moi qui suis une sorcière, je t'offre une bonne citronnade.
    Aussi ne t'inquiète pas, si j'ai fumé ou si je suis à Disneyland, Kaïkan me le dira.

    Smile

    Bon, y fait soleil, et j'ai une soirée lucioles.

    Salut bonnes vacances. Smile


    Ps: si nécessaire ce message s'auto-détruira dans moins de vingt-quatre heures.
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    Message par Invité Lun 11 Juil 2011 - 13:57

    Bonjour,

    Non, a dit Jack Sparrow...
    Laughing

    Cher Franck Barron,
    c'est marrant, t'as les mêmes initiales que Frantz Bardon... Wink

    Ps: si nécessaire ce message s'auto-détruira dans moins de vingt-quatre heures.
    on sait que c'est pas "Mission Impossible" Cool

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    Message par Fred Lun 11 Juil 2011 - 14:26

    Le bébé cherchant à attraper la bulle de savon pour la "sentir" et qui la fera exploser au contact de ses mains. Ce bébé là apprendra à se servir de ses yeux et à "sentir" avec eux.

    Ce n'est pas parce que la bulle éclate lorsqu'on cherche à s'en saisir avec les mains qu'elle n'existe pas.

    On pourrait dire que le sens du toucher est plus -élément terre- et que la vue est plus -élément air- si on les compare. Mais la vue en comparaison du mental est à son tour plus -élément terre-. Si on continue les comparaisons, au dessus du mental nous parlerons peut-être de l'esprit...Il n'y a aucune raison que cette échelle s'arrête là n'est-ce pas?

    La main s'affine et on apprend à carresser, aucun corps n'est identique selon qu'on le caresse ou selon qu'on le frotte ou le tappe. Apprendre à connaître le Corps, c'est apprendre à développer les "organes" de perception, c'est apprendre à "sentir", c'est à dire à se sentir exister au travers du monde que l'on "touche".

    Franck,(je mets mon gant de crain) Tu es un imbecile dis-je...Ainsi je te connais, au travers de mon gant de crain, ainsi je me sens exister car comme tu le sais, la pression qu'exerce le doigt sur la table est équivalente à la pression qu'exerce la table sur le doigt.







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    Message par Invité Lun 11 Juil 2011 - 16:22

    Ikka myôju ( 顆明珠 ) , "Une perle brillante" : Chapitre 7 du Shõbõgenzõ Sanodiane-gant-de-crin-et
    FB va perdre sa cellulite... Smile

    ...Gensha, était fils de pêcheur (Il faut savoir qu'au Japon, jadis tout au moins, la transmission du métier de père en fils était une règle inviolable, ancrée au plus profond des mœurs, et était la condition fondamentale qui assurait la valeur et la respectabilité d'une famille. Il n'était jamais question pour un fils d'exercer autre chose que ce que faisait le père et qui lui avait été enseigné dès son jeune âge. Aussi, ceux qui s'illustrèrent durent dans la plupart des cas bafouer l'usage ; aussi firent-ils, a posteriori, l'objet de grands éloges.)
    ...
    « Sans devenir le pêcheur
    Qui attrape la baleine,
    Il se fit bonze. »
    sacrifier: de sacrum "sacrer" et facere "faire"; rendre sacré.
    ... Lorsqu'on connaît quelque peu l'histoire du bouddhisme Zen, il est remarquable de voir que la plupart des grands maîtres et patriarches qui ont fait l'histoire du Zen ne sont pas issus de milieux ecclésiastiques, mais de milieux d'où il était difficile de se dégager:
    ...la foi pure qui a habité les hommes sincères, et qui a, de tout temps, permis que s'accomplissent les œuvres impossibles.
    La pureté, en effet, a conduit ces grands hommes (comme Kodo Sawaki, Dogen, ou Gensha); pureté d'esprit, sans tourment, ni inquiétude, sans complication, sans préjugé; la vie cosmique a pu y pénétrer, inconsciemment, naturellement, automatiquement, tes emplissant soudainement d'une détermination totale, inébranlable, les éveillant à l'esprit véritable, leur faisant réaliser les plus grandes œuvres sans la moindre ombre d'hésitation ...
    A la fin ultime de la pensée, dans la caverne des démons de la montagne noire, s'avancer encore ou reculer, sans hésiter, prendre la décision. C'est zazen.
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    Message par Franck Barron Mar 12 Juil 2011 - 19:38

    Fred a écrit:Le bébé cherchant à attraper la bulle de savon pour la "sentir" et qui la fera exploser au contact de ses mains. Ce bébé là apprendra à se servir de ses yeux et à "sentir" avec eux.

    Ce n'est pas parce que la bulle éclate lorsqu'on cherche à s'en saisir avec les mains qu'elle n'existe pas.

    On pourrait dire que le sens du toucher est plus -élément terre- et que la vue est plus -élément air- si on les compare. Mais la vue en comparaison du mental est à son tour plus -élément terre-. Si on continue les comparaisons, au dessus du mental nous parlerons peut-être de l'esprit...Il n'y a aucune raison que cette échelle s'arrête là n'est-ce pas?

    La main s'affine et on apprend à carresser, aucun corps n'est identique selon qu'on le caresse ou selon qu'on le frotte ou le tappe. Apprendre à connaître le Corps, c'est apprendre à développer les "organes" de perception, c'est apprendre à "sentir", c'est à dire à se sentir exister au travers du monde que l'on "touche".

    Franck,(je mets mon gant de crain) Tu es un imbecile dis-je...Ainsi je te connais, au travers de mon gant de crain, ainsi je me sens exister car comme tu le sais, la pression qu'exerce le doigt sur la table est équivalente à la pression qu'exerce la table sur le doigt.







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    Des commentaires toujours aussi stupide, ou est tangolino cela va encore remonter le niveau : Very Happy Very Happy Very Happy, mentalement vous êtes pour la plupart intellectuellement niais et stupides, alors pour vous savoir ce que c'est que l'éveil il faut même pas en parler.
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    Message par Kaïkan Mar 12 Juil 2011 - 21:00


    Le pervers narcissique

    La perversion narcissique est souvent comparée au trouble de la personnalité narcissique, c'est-à-dire la surestimation de soi-même et de ses capacités, l'impression d'être unique, le besoin d'être reconnu comme exceptionnel tout en acceptant difficilement les critiques. Ce besoin d'être admiré peut être associé à un manque de reconnaissance d'autrui et une absence d'empathie.

    La perversion désigne le fait de détourner, de renverser et de retourner. Elle correspond à certaines stratégies du sujet assurant la satisfaction de ses pulsions aux dépens des autres, qui sont utilisés comme des choses et dont les sentiments sont niés.

    Un Narcisse, au sens du Narcisse d’Ovide, est quelqu’un qui croit se trouver en se regardant dans le miroir. Sa vie consiste à chercher son reflet dans le regard des autres. L’autre n’existe pas en tant qu’individu mais en tant que miroir. Un Narcisse est une coque vide qui n’a pas d’existence propre ; c’est un pseudo, qui cherche à faire illusion pour masquer son vide. Son destin est une tentative pour éviter la mort. C’est quelqu’un qui n’a jamais été reconnu comme un être humain et qui a été obligé de se construire un jeu de miroirs pour se donner l’illusion d’exister. Comme un kaléidoscope, ce jeu de miroirs a beau se répéter et se multiplier, cet individu reste construit sur du vide.
    Le Narcisse, n’ayant pas de substance, va se brancher sur l’autre et, comme une sangsue, essayer d’aspirer sa vie. Etant incapable de relation véritable, il ne peut le faire que dans un registre pervers, de malignité destructrice. Incontestablement, les pervers ressentent une jouissance extrême, vitale, à la souffrance de l’autre et à ses doutes, comme ils prennent plaisir à asservir l’autre et à l’humilier.


    consulter ce lien : http://is.gd/lMPZgX
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    Message par Invité Mar 12 Juil 2011 - 22:26

    Dans le film que j'ai vu hier soir ("sans identité") il y avait un ancien membre de la --> "STASI" <-- (réputé pour son souci des détails, et qui devait aider l'amnésique à comprendre ce qui se passait) et il a démasqué un gars rien qu'au téléphone.
    C'est un détail Cool

    ps:
    il utilisait la fonction recherche, l'ex de la "stasi" ... clown
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    Message par Franck Barron Mer 13 Juil 2011 - 14:39

    Quelqu'un qui est fier d'une personne parce qu'il a laissé volontairement crever une personne, on jugera qui est le pervers narcissique.
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    Message par Fred Mer 13 Juil 2011 - 15:31

    Ha Franck, je vois que tu es connecté... Y'a t'il du soleil chez toi? Ici c'est plutôt gris Rolling Eyes
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    Message par Kaïkan Mer 13 Juil 2011 - 17:13



    Gojushichi Butsu.

    Les 57 Bouddhas et Patriarches.


    Nous implorons humblement votre vraie compassion et votre éveil. Après avoir chanté le sutra de la Grande Sagesse (ou tout autre sutra chanté), nous dédions cette cérémonie à chacun des grands maîtres suivants, afin d’exprimer notre gratitude pour leur compassion



    • Le grand maître Bouddha Vipashyin
    • Le grand maître Bouddha Shikhin
    • Le grand maître Bouddha Vishvabhu
    • Le grand maître Bouddha Krakuchanda
    • Le grand maître Bouddha Konagamana
    • Le grand maître Bouddha Kashyapa
    • Le grand maître Bouddha Shakyamuni
    • Le grand maître Mahakashyapa
    • Le grand maître Ananda
    • Le grand maître Shanavasa
    • Le grand maître Upagupta
    • Le grand maître Dhritaka
    • Le grand maître Micchaka
    • Le grand maître Vasumitra
    • Le grand maître Buddhanandi
    • Le grand maître Buddhamitra
    • Le grand maître Parshva
    • Le grand maître Punyayashas
    • Le grand maître Asvaghosha
    • Le grand maître Kapimala
    • Le grand maître Nagarjuna
    • Le grand maître Kanadeva
    • Le grand maître Rahulata
    • Le grand maître Sanghanandi
    • Le grand maître Gayashata
    • Le grand maître Kumarata
    • Le grand maître Jayata
    • Le grand maître Vasubandhu
    • Le grand maître Manorhita
    • Le grand maître Haklenayashas
    • Le grand maître Aryasimha
    • Le grand maître Basiasita
    • Le grand maître Punyamitra
    • Le grand maître Prajnatara
    • Le grand maître Bodhidharma
    • Le grand maître T’ai-tsu Hui-k’o
    • Le grand maître Chien-chih Seng-ts’an
    • Le grand maître Ta-i Tao-hsin
    • Le grand maître Ta-man Hung-jen
    • Le grand maître Ta-chien Hui-neng
    • Le grand maître Ch’ing-yuan Hsing-ssu
    • Le grand maître Shih-t’ou Hsi-ch’ien
    • Le grand maître Yüeh-shan Wei-yen
    • Le grand maître Yün-yen T’an-shen    
    • Le grand maître Tung-shan Liang-chieh
    • Le grand maître Yün-chü Tao-ying
    • Le grand maître T’ung-an Tao-p’i
    • Le grand maître T’ung-an Kuan-chih
    • Le grand maître Liang-shan Yüan-kuan
    • Le grand maître Ta-yang Ching-hsüan
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    • Le grand maître Fu-jung Tao-k’ai
    • Le grand maître Tan-hsia Tzu-ch’un
    • Le grand maître Chen-hsieh Ch’ing-liao
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    Message par Fred Mer 13 Juil 2011 - 19:07

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