Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)Zazen et Satori
Shu Sho Itchinyo
Shu : la pratique
Sho : le satori
( Itchinyo : signifie en unité, non-séparé...ndlr)
Dans le Zen de Maître Dõgen, à la différence des autres religions, la pratique et le satori sont simultanés.
Ce point est très important. Prenons un exemple pour l'illustrer. Lorsqu'on mange, durant l'acte de manger, l'appétit s'apaise. Il n'est pas nécessaire de penser à satisfaire son appétit. Inconsciemment, naturellement, automatiquement, l'estomac est satisfait. De la même manière, durant zazen, pas la peine de penser à atteindre le satori, il se produit automatiquement. Cependant, croire que manger une fois signifie qu'il n'est plus la peine de se nourrir dans le futur est erroné. De la même manière, continuer à pratiquer zazen est nécessaire.
Zazen n'est pas un instinct. Aussi est-ce plus difficile. Kodo Sawaki écrit : « Le satori éternel est inclus et demeure seulement dans la pratique du moment. Zazen signifie pratiquer ce qui ne peut être expliqué. »
Zazen, c'est pratiquer ce qui ne peut pas être pensé par notre propre conscience. La vraie religion n'est pas pensée mais seulement pratiquée.
Aussi le vrai Zen signifie-t-il pratiquer ici et maintenant, pratiquer l'éternité ici et maintenant.
Bouddha ne représente pas uniquement le Bouddha Shakyamuni. Le vrai Bouddha est celui qui pratique la voie du Bouddha Shakyamuni.
Zazen signifie retrouver l'unité entre l'état de Bouddha et l'ego, et cela non seulement durant zazen mais à travers tous les comportements de la vie quotidienne. Si ces derniers sont justes, le satori se réalise inconsciemment, naturellement, automatiquement.
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Notes de Kodo Sawaki (commentaires Taisen Deshimaru)
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteLa beauté infinie
Muso Fuku Den E
Muso : infini
Qu'est-ce que l'infini ?
Hishiryo (Hi: non). Penser sans penser, penser au-delà de la pensée.
Il ne s'agit pas de quantité. La conscience personnelle n'est pas limitée.
Il ne faut pas faire de catégories. Ainsi se développent la créativité et la sagesse. C'est très important.
Muso: non-aspect
Kodo Sawaki qualifie certains visages de Muso. Muso, c'est la beauté infinie, profonde. Certaines personnes sourient toujours, d'autres pas du tout. C'est idiot. L'aspect du visage reflète l'esprit. A travers un
visage, il est plus facile de lire qu'à travers les mots. Les caractéristiques personnelles se réalisent sur le visage et dans le comportement naturel. Mais peu de gens le savent et beaucoup cherchent toujours à se décorer, à maquiller leurs propres caractéristiques. Par zazen, l'intuition devient forte. Aussi peut-on plus facilement pénétrer le véritable esprit des autres. C'est comme regarder un miroir.Regarder son esprit.
« Pendant zazen les bonnos, Monen, apparaissent. La plupart des gens pensent que zazen, c'est mettre un terme aux illusions, aux pensées.
C'est une erreur. Pendant zazen, parfois les pensées, les bonnos surgissent, et parfois ils ne surgissent pas. Quand on dort les pensées ne surgissent pas. Quand on dort en zazen, on ne pense pas du tout ".
C'est un problème. Le Zen de Dogen, shikantaza, ne consiste pas à arrêter les pensées ni à poursuivre les bonnos, Monen, les illusions.
Pendant zazen, on ~peut exactement observer son esprit; tel est le mérite de zazen. Lorsqu'on danse, on ne pense pas, les illusions .ne se manifestent pas. Comme je le dis toujours: si un moustique s'approche, on ne le sait pas, on ne s'en rend pas compte; mais pendant zazen, on y est très sensible.
Un de mes disciples, qui a reçu l'ordination de bodhisattva, m'a dit : « Pendant zazen, j'ai toujours des illusions, des bonnos. Mais pendant la guerre, quand des avions américains nous survolaient, je faisais zazen chez moi, et alors je n'avais pas de bonnos. " C'est très intéressant.
Moi aussi j'ai fait zazen sur un bateau rempli de dynamite, pendant la guerre. Lorsque les sous-marins ennemis approchaient, je n'avais pas de bonnos, je ne pouvais pas penser. Seulement zazen.
Kodo Sawaki a écrit : « C'est un koan du zazen ". Dans le Rinzaï, les Maîtres donnent des koans à leurs disciples: « Qu'est-ce que Mu ? ". « Quelle est votre nature originelle avant votre naissance? ". Pendant zazen, on pense à ces questions et il n'y a plus de place dans l'esprit pour d'autres bonnos, d'autres illusions. Aussi Kodo Sawaki a-t-il dit: « Le shikantaza de Maître Dõgen c'est l'observation de notre aspect véritable. Tout particulièrement le profil de nos bonnos, nos mauvais côtés, pareils aux bulles flottantes que font les crabes." Tel est le mérite de zazen. Si on se concentre sur quelque chose, on ne peut pas penser à autre chose. Si on boit du saké avec une geisha, on ne pense à rien du tout. On ne sent pas un petit insecte sur les testicules. Tant qu'on vit des phénomènes karmiques, il en découle des effets. Aussi est-il écrit dans le Shodoka :« Ne coupez pas les illusions
Ne cherchez pas la vérité, le satori. »
C'est très facile à comprendre. Penser à devenir Bouddha ou à obtenir le satori pendant zazen est semblable à se dire dans le train: « Il faut que j'arrive vite à destination ". Cette pensée n'est pas du tout efficace.
Aussi dans le Zen, les notions de Fukatoku, Mushotoku, sont-elles très importantes. Fukatoku signifie : impossible à obtenir. Fu : non, Ka : possible, Toku : attraper. Mu : non, Shotoku : obtenir ou profit. Le sens original de mushotoku est : non-obtenir, sans obtention. Un jour de zazen, un jour de satori. Pendant zazen, nous avons le satori, nous sommes Bouddha, Dieu. Sans zazen, nous n'avons rien de tel. Aussi zazen est la sainte posture, la plus plus élevée. Pendant zazen se manifeste le plus haut esprit saint. Qu'est-ce qui est saint dans ce monde?
Seulement la posture de zazen. Dans d'autres religions, sampaï et gassho sont les plus hautes attitudes religieuses. Mais le zazen est la posture la plus élevée, la plus profonde, la plus difficile, la plus sainte. Beaucoup de gens dans le monde font des cérémonies. Mais en pratiquant ensemble zazen dans ce dojo, qui est le lieu le plus élevé, nous nous influençons mutuellement. L'atmosphère du groupe est très importante. Les personnes endormies influencent les autres.
Faire zazen à côté de personnes endormies ou qui bougent n'est pas tellement efficace. Nos voisins doivent être stimulés pour pratiquer fortement. Si on fait zazen après avoir bu de l'alcool, cela influence les autres.
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteBonheur et malheur
Les notes de Kodo Sawaki sont tout à fait intéressantes. « Qu'est-ce que le véritable bonheur? Le cheval et le chat qui se consultent pour savoir ce qu'est le vrai bonheur ne peuvent pas parvenir à une conclusion parce que leur nourriture et leur sexe sont différents ".
Chaque personne est différente mais elles se ressemblent sur un point: la plupart d'entre elles ignoreront jusqu'à leur mort ce qu'est le vrai bonheur. Un proverbe japonais dit : « La pièce d'or pour le chat n'a aucune valeur ".
La plupart des choses de notre vie sociale mènent à une impasse. On pense qu'on a le temps. Vers quelque direction qu'on se tourne, qu'est-ce que la non-impasse? C'est zazen.
« Le malheur, la malchance ... »
Kiti, c'est la chance. Kya, la malchance.
Ka, c'est le malheur, le mal. Fuku, le bonheur.
Zé, c'est le bien, ce qui est vrai. Hi, c'est comme le Hi de Hishiryo.
Aku, là il s'agit du bien et du mal, mais plus loin cela désigne le vrai et le faux.
« Il faut être au-delà du bien et du mal, de la chance et de la malchance, du bonheur et du malheur, du vrai et du faux, car étant sans forme, ils ne sont pas saisissables ».
« Chacun veut obtenir des mérites de la religion, cherche à courir après le satori, même pendant zazen. On ne veut qu'avoir le satori. Ainsi est apparu le satori sans le zazen, le satori sans le Zen. Parler sans zazen, écrire sans zazen : beaucoup de livres sont faits comme cela, sans l'expérience du zazen ... »
Kodo Sawaki a écrit de façon très simple.
Tout le monde aime l'argent sans travailler, aussi les gens aiment-ils jouer. S'ils ne gagnent pas, c'est l'impasse. Beaucoup en ont fait l'expérience, en spéculant sur le sucre par exemple. C'est pourquoi dans la vie moderne, dans la civilisation moderne, de nouvelles religions, de nouvelles sectes apparaissent qui ne cherchent que le profit.
« Les gens aiment le mouvement ».
Les observations de Kodo Sawaki sont très intéressantes. Au cinéma, au théâtre, tout est en mouvement : les visages bougent, ceux des acteurs, des actrices ... mais zazen signifie, ne pas bouger.
« Notre vie flotte, elle n'est qu'un monde qui flotte, elle n'est qu'un nom, un mot. Dans notre vie, nous passons le temps avec les mots. Chacun à la naissance était nu. Mais nos parents nous ont donné un nom et nous ont habillé. Ensuite, on a tété le sein. C'est la vie qui commence. L'éducation complique. On change, on change de plus en plus, on devient compliqué. Chacun à sa naissance était très mignon, après il n'est plus mignon du tout. Il n'y a pas de véritable éducation ...
Chacun veut être célèbre, fort, intelligent. « Je veux être fort, intelligent, je veux être riche, avoir un nom ... » Rien que le mot, ainsi jusqu'au cercueil. Mais à la fin, on redevient nu, on va dans le cercueil. Le mot n'a aucune valeur.
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Merci, j'ai vu pas mal d'erreur dans ma façon d'aborder le dharma!
J'ai chercher moi aussi à avoir une idée sur le satori même si à se moment là j'étais encore en contradiction avec certaines idée phylosophique du bouddhisme (impermanence, détachement, etc...).
Quand j'ai un peu compris (me suis fait une idée) sa a été en effet une erreur, parce que je ne comprenais plus comment vivre je me suis retrouver dans une confusions la plus total tirailler avec mais illusions et idée reçue et cette solution du satori.
J'ai abandonné la pratique du zen pendant un bon moment mais le satori que je m'étais faite, me tiraillais. J'ai recommencé et repris les idées bouddhiste qui me paraissait difficil à accepter (impermanence etc..) je me suis au départ un peu forcer à l'accepter sans y croire réellement.
Par la suite, j'ai appris d'autres sujet et finalement j'ai compris mes erreur et mais illusion et est trouvé la paix!
Mais, je ne peu pas dire que j'ai abordé la voie du dharma avec sagesse.
C'est encore aujourd'hui un petit souci par moment! (manque de sagesse et de patience).
Se qui ma toujours manquer dans ma pratique est de ne pas avoir un guide. J'ai eu la chance de découvrir un coffret sur le zen avec 30 koan et des commentaires de différent grand maître. J'ai pris se coffret comme un maître réelle en faite.
Enfin soit:
je ne conseillerais pas non plus de vouloir connaître absolument le satori avant au minimum avoir pris connaissance et compris un tant sois peu la philosophie de l'impermance, de notre nature bouddha et du non attachement et surtout avoir obtenu une ouverture d'esprit très large qui me semble indispensable.
Je ne conseillerais d'ailleurs pas non plus de vouloir chercher le satori et suivre la voir du dharma comme je l'ai fait sans un guide!
J'ai chercher moi aussi à avoir une idée sur le satori même si à se moment là j'étais encore en contradiction avec certaines idée phylosophique du bouddhisme (impermanence, détachement, etc...).
Quand j'ai un peu compris (me suis fait une idée) sa a été en effet une erreur, parce que je ne comprenais plus comment vivre je me suis retrouver dans une confusions la plus total tirailler avec mais illusions et idée reçue et cette solution du satori.
J'ai abandonné la pratique du zen pendant un bon moment mais le satori que je m'étais faite, me tiraillais. J'ai recommencé et repris les idées bouddhiste qui me paraissait difficil à accepter (impermanence etc..) je me suis au départ un peu forcer à l'accepter sans y croire réellement.
Par la suite, j'ai appris d'autres sujet et finalement j'ai compris mes erreur et mais illusion et est trouvé la paix!
Mais, je ne peu pas dire que j'ai abordé la voie du dharma avec sagesse.
C'est encore aujourd'hui un petit souci par moment! (manque de sagesse et de patience).
Se qui ma toujours manquer dans ma pratique est de ne pas avoir un guide. J'ai eu la chance de découvrir un coffret sur le zen avec 30 koan et des commentaires de différent grand maître. J'ai pris se coffret comme un maître réelle en faite.
Enfin soit:
je ne conseillerais pas non plus de vouloir connaître absolument le satori avant au minimum avoir pris connaissance et compris un tant sois peu la philosophie de l'impermance, de notre nature bouddha et du non attachement et surtout avoir obtenu une ouverture d'esprit très large qui me semble indispensable.
Je ne conseillerais d'ailleurs pas non plus de vouloir chercher le satori et suivre la voir du dharma comme je l'ai fait sans un guide!
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteBonheur et malheur (suite)
J'ai été impressionné quand j'entendis cela pendant une conférence de Kodo Sawaki. J'avais lu plein de livres, mais ce qu'il disait était plus profond et m'a complètement impressionné. Jusqu'à aujourd'hui j'ai gardé ses notes. On a publié des livres pour rapporter les phrases très courtes de Kodo Sawaki. Quand j'ai le temps, je lis le Shobogenzo, les commentaires, les livres de philosophies, tous les livres de commentaires sur les Sutras. Mais en définitive, j'en reviens à ces notes de Kodo Sawaki. Tout le reste est totalement compliqué. Le livre de mon Maître est très court, très profond. Il est réel.
A la question: « Qu'est-ce que le bonheur? Qu'est-ce que le malheur? » l'homme apporte une réponse éronnée. « Cela, dit-il, c'est le bonheur », mais ce n'est pas le vrai bonheur. « Cela, c'est le malheur », mais c'est le véritable bonheur. L'homme se trompe car il n'a pas de racines, il est comme un enfant qui pleure pour avoir du chocolat et sourit lorsqu'on le lui donne. La plupart des gens sont comme cela.
« L'homme est très simple et pas compliqué. Certains ne pensent qu'à l'argent, d'autres qu'à la santé, d'autres qu'aux honneurs, d'autres ne se préoccupent que de leur beauté. »
Cela est très profond et vrai. Si vous faites zazen, vous prendrez conscience que vous aussi êtes comme cela.
Aussi écrit-il: « Certains pendant toute leur vie ne pensent qu'à faire de l'argent, d'autres ne pensent qu'à manger ». Certains sont « occupés », d'autres pas du tout. Ils sont seulement assis au café du matin au soir, sans travailler. D'autres n'arrêtent pas d'être occupés, occupés ! Ils sont comme des poulets, des canaris, occupés à manger de l'aube au crépuscule.
Je regarde toujours les poules à la Gendronnière. A part « cot-cot-cot », elles ne font que manger et pondre des œufs. Puis à la fin elles sont mangées.
Ces phrases toute courtes sont des kõan, des kõan nouveaux. Kodo Sawaki disait toujours que le Zen est un kõan mais que, les temps et les époques étant changeants, nous devons créer de véritables kõan « ici et maintenant» et ne pas nous contenter de kõan historiques.
«" Vivre sans argent n'est pas pratique mais l'argent n'est pas tout ».
De même, la vie n'est pas bonne sans désirs sexuels mais nous devons comprendre que le sexe n'est pas tout, qu'il faut le sublimer. La sublimation, c'est le plus important. Ceux qui n'ont pas de désirs sexuels sont pareils à des morts, à des cadavres. Même un mendiant parfois sourit, même un homme riche pleure.________________________________________
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteAspect divin, aspect démoniaque
« Quel aspect prédomine en vous ? Le côté démoniaque ou le côté divin ? Quelle part prédomine dans votre karma ?»
Depuis notre naissance, nous avons reçu une mauvaise éducation, une éducation qui engendre le mauvais karma. Les éducateurs, à cet égard, rejoignent les hommes d'Etat, les gouvernants, les responsables et l'influence d'un grand nombre d'ouvrages. Ils instaurent un karma fait de mauvaises habitudes. C'est la raison pour laquelle tout est devenu tellement compliqué. Une religion véritable doit pouvoir couper le karma. En fin de compte, la religion doit permettre de revenir à Ku.
La pratique qui permet ce retour est zazen. Dans notre vie, en toute chose, nous ne devons ressentir ni défaite ni victoire.
« Si nous gagnons, nous ne devons pas nous détourner de la Voie. Et lorsque nous nous sentons vaincus, nous ne devons pas non plus fuir la Voie ».
Pourtant à l'époque moderne, le vainqueur s'enthousiasme, il est hyper exalté par ses succès, la société lui témoigne un trop grand respect, l'entoure de trop de gloire. En revanche, celui qui est vaincu ressent une grande déception et montre un fort abattement. Si, dans un groupe, les dirigeants sont des démons, ceux qui sont bons se sentent écrasés.
Prenons un exemple: si, dans une réunion, les fumeurs sont en majorité, celui qui ne fume pas est vite considéré comme anormal par rapport à ce groupe. C'est ce que symbolise l'histoire du voleur qui
éduque son fils à voler: « Tu es bien trop honnête, tu ne pourras pas devenir mon héritier », dit-il à son fils. A l'époque moderne, les conseils donnés sont souvent de ce type.
Ouelle devrait être l'éducation standard pour adapter les jeunes à la vie sociale ? Comment éviter les erreurs et engager tous les êtres à revenir à la condition normale? La pratique de zazen, en elle-même, est ce retour à la condition normale.
Ou.'est-ce que le bon sens, le sens commun ?
En français, lorsqu'on parle de bon sens, on évoque quelque chose de nuancé, de bon. Jyashiki, en japonais, désigne la pensée commune à l'ensemble du monde social, le standard ordinaire et généralisé.
C'est la pensée de groupe, une pensée parfois bien erronée. On utilise aussi en japonais le terme Bake, qui évoque la pensée de groupe dans ce groupe dans ce qu'elle a d'irraisonné, de stupide, d'anormal.
Notre civilisation engendre beaucoup de groupes qui se réunissent dans les cafés. Il y a trop de réunions, de fêtes. L'individu considéré isolément ne commet pas beaucoup de fautes, mais en groupe le karma se manifeste davantage. Beaucoup de groupes créent beaucoup de karma. Aussi ceux qui veulent réaliser un groupe doivent se demander:
« De quel côté devons-nous œuvrer? Du côté diabolique ou du côté divin ? »
Le groupe de zazen est le modèle. Nous devons créer des groupes de zazen. Devenir intimes, oui, mais pas' trop non plus pour ne pas engendrer trop de karma, de mauvais karma. Il ne faut pas suivre la psychologie du groupe, sinon on déchoit.
C'est zazen. Le vrai satori, le vrai zazen - je le répète sans cesse - c'est ne pas suivre de groupe erroné, de groupe bake, de groupe « mauvais karma ». C'est ne pas se laisser influencer par l'environnement.
Ne vous extasiez pas sur l'atmosphère qui vous entoure. Ne vous laissez pas entraîner par la passion de l'environnement. Telle est la véritable Hannya Haramita, la Vraie Sagesse. Ne suivez pas les idéologies
et les prospectives' du futur.
Zazen est antérieur, il doit précéder, passer devant, être au premier plan.________________________________________
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteAspect divin, aspect démoniaque (suite)
« Ici et maintenant » prépare la vie future et en est l'apprentissage. L'idéologie n'est qu'une idée, la vision de personnes particulières.
Parfois, c'est une vision diabolique. Pour la religion, ce n'est pas la quantité qui importe, mais la qualité. Si l'on répand trop vite, si la diffusion est trop vaste et trop rapide, il se passe le même phénomène qu'avec les bactéries: on charrie des virus. C'est la qualité qui importe, celle qui se manifeste en chacun. Inutile de diffuser trop vite. L'essentiel est de former de vrais disciples, des disciples forts. Dans le Zen en particulier, cette notion-là est très importante. Les personnes fortes influencent les autres et l'entourage en bien.
La religion authentique ne fait appel à aucune décoration, à aucun artifice. Dans notre civilisation actuelle, tout est trop compliqué. Autant que possible, il nous fait redevenir simples, retourner à la simplicité.
Notre civilisation va à l'opposé et tout le monde veut suivre ce courant. Zazen, c'est être soi-même, être simple. C'est là le vrai Zen. Je vous transmets ces notes de Kodo Sawaki pendant zazen. Lorsque j'étais jeune, un autre disciple et moi-même nous les écrivions et les publiions.
« Ceux qui reconnaissent que le monde mouvant (le monde social) est dangereux font disparaître le danger. »
Cela peut s'appliquer à beaucoup de niveaux dans la vie quotidienne, même à la politique. Les chefs d'Etat agissent de plus en plus de manière erronée en multipliant les budgets pour l'armement et en massacrant les gens. Arrêter la guerre, réaliser un monde de paix éternelle, telle est la sagesse. Monsieur Sudreau, le maire de Blois, vient de publier un livre sur l'état actuel de la civilisation. Il écrit que l' "esprit" d'un pays est le plus important. Si l'esprit est fort, le pays ne peut être envahi. Les guerres se terminent toujours par une occupation et entraînent d'énormes dépenses.
Un homme sage ne gaspille pas son argent. Actuellement, si on fait le total de toutes les bombes atomiques existantes, cela dépasse un milliard de fois la puissance de celle d'Hiroshima. Si elles explosent toutes ensemble, cela peut détruire plusieurs fois le monde.
Que faire pour la paix éternelle de l'humanité ? Nous allons tous ensemble faire un kito (cérémonie zen pour invoquer l’intervention des forces de compassion…ndlr) qui pourra peut-être apporter un peu de lumière aux hommes. Vous êtes devenus par la pratique de zazen des êtres calmes, forts, saints.________________________________________
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteLes vagues de l'esprit.
A l'heure actuelle, les gens sont toujours fatigués. Ils ne cessent de s'agiter et de faire des compétitions. Si on fait zazen, on devient calme et on ne ressent plus la fatigue.
La plupart des souffrances ne sont que des créations de notre propre esprit. Pendant zazen, on peut l'observer et le comprendre. Lorsqu'on pense, le cerveau devient compliqué et beaucoup de phénomènes nous pénètrent par l'intermédiaire des organes des sens. La plupart des gens aiment penser. Même durant zazen, ils pensent inconsciemment, naturellement, automatiquement. Certains écoutent à-demi mon kusen et poursuivent à-moitié leurs pensées.
Kodo Sawaki écrit : «Dans l'esprit des êtres humains, chaque jour, le vent se lève créant des vagues. "
Tous les romanciers s'inspirent de ces vagues pour écrire. Ces vagues ne sont pas saines. Pourtant, même durant zazen, on préfère écouter son subconscient plutôt que le kusen du Maître. Ainsi le temps passe plus rapidement.
Qu'est-ce que Mayoi, l'illusion? C'est répéter, entretenir les images, de notre propre conscience. De nos jours, inconsciemment, les gens aiment de plus en plus se faire souffrir et finissent par se suicider. Ils décident en créant des catégories, par exemple le bien et le mal, à partir de leurs propres illusions.
Qu'est-ce que Mayoi, l'illusion? C'est l'instabilité, l'opposé du satori.
L'esprit flotte. Sans cesse, il est agité par l'environnement. Si l'esprit n'a pas de racines, n'est pas fixé, il bouge en recevant les vibrations de son entourage. En définitive, nous croyons que les illusions de notre conscience sont notre propre moi ! C'est fou !
Zazen permet d'observer clairement les choses. « Nous devons tomber au fond du volcan ou du haut d'une cascade" écrit un Sutra. Certes, il s'agit d'une image. Pas la peine de se suicider. C'est une décision de l'esprit. Si nous abandonnons toutes les illusions de notre propre conscience, exactement une nouvelle vie apparaît. C'est zazen, la bioconscience, la conscience cosmique.
« Je fais les conférences pendant zazen, c'est plus efficace. En général, dans les temples japonais, la conférence a lieu après le zazen; tout le monde se retourne. Mais certains n'écoutent pas, ils préfèrent leurs propres pensées ». Tels sont les koans de Kodo Sawaki. Nous pouvons les comprendre plus facilement que les kusen d'autrefois. Zazen a une saveur très simple : sans saveur. Lui donner une saveur, c'est lui donner notre propre saveur, une saveur humaine.
« Taiku, le vaste ciel, s'étend à l'infini. Il est immense, sans limite, pas comme les paysages de jardins miniatures, de bonzaï ».
Quand on survole les nuages, en avion au-dessus de la Sibérie, le paysage est immense ... Mais les gens aiment les bonzaïs. La plupart des gens n'aiment pas le zazen.
Quand j'étais jeune, j'ai étudié de nombreuses religions et philosophies: Kant, Spinoza, le Shinto, le Christianisme. Mais, à la fin, j'ai vu qu'elles étaient pareilles à des bonzaï. Le ciel bleu est kakunen musho (célèbre réponse de Daruma à l'Empereur qui lui demandait : "qu'est-ce que le Zen ?" ndlr). Aussi zazen n'est pas une religion sociale, c'est la sainte religion de Bouddha et des Patriarches.
« Le satori, c'est un voleur qui pénètre dans une pièce vide. Il regarde. Il n'y a rien. Inutile de poursuivre ou de fuir quoi que ce soit. Le satori, c'est endommager. Mayoi, c'est obtenir quelque chose ».________________________________________
Yudo, maître zen- Admin
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Un des trucs que je trouve intéressants avec Kôdô SDF, c'est à quel point son nom est invoqué, et son exemple rarement suivi.
Je repensais à la polémique d'il y a une dizaine d'années, lorsque Brian Victoria l'avait accusé de militarisme, pendant la guerre, et que les azédistes se sont levés en masse contre cette diffamation: tous leurs arguments étaient d'ordre émotionnel. "Je ne reconnais pas le Kodo Sawaki de mes lectures" ou autres arguments pitoyables.
Personne n'a eu l'idée toute simple d'aller lire le passage incriminé dans le texte et le contexte. Vérifier une allégation, c'est toujours courir le risque de devoir constater qu'elle est vraie.
Mon "grand-frère" Brad Warner, qui lit le japonais, lui, l'a fait. Et qu'a-t-il constaté? Qu'il s'agissait d'une mésinterprétation d'une phrase qui disait tout simplement que "pendant la guerre contre les Russes, ils avaient tué des soldats russes jusqu'à en avoir les haut-le-coeur".
Victoria traduisait, un peu littéralement "gorged" ce qui veut dire qu'ils "s'étaient régalés".
Mais "avoir les dents du fond qui baignent", pour reprendre l'élégante expression occitane, n'est pas exactement synonyme de béatitude. Juste d'excès.
C'est sans doute pour cela que les deshimaristes tiennent tant à faire des kusens, alors que tous les disciples de Sawaki insistent pour dire qu'il ne le faisait jamais (pas plus que le kyosaku).
Je repensais à la polémique d'il y a une dizaine d'années, lorsque Brian Victoria l'avait accusé de militarisme, pendant la guerre, et que les azédistes se sont levés en masse contre cette diffamation: tous leurs arguments étaient d'ordre émotionnel. "Je ne reconnais pas le Kodo Sawaki de mes lectures" ou autres arguments pitoyables.
Personne n'a eu l'idée toute simple d'aller lire le passage incriminé dans le texte et le contexte. Vérifier une allégation, c'est toujours courir le risque de devoir constater qu'elle est vraie.
Mon "grand-frère" Brad Warner, qui lit le japonais, lui, l'a fait. Et qu'a-t-il constaté? Qu'il s'agissait d'une mésinterprétation d'une phrase qui disait tout simplement que "pendant la guerre contre les Russes, ils avaient tué des soldats russes jusqu'à en avoir les haut-le-coeur".
Victoria traduisait, un peu littéralement "gorged" ce qui veut dire qu'ils "s'étaient régalés".
Mais "avoir les dents du fond qui baignent", pour reprendre l'élégante expression occitane, n'est pas exactement synonyme de béatitude. Juste d'excès.
C'est sans doute pour cela que les deshimaristes tiennent tant à faire des kusens, alors que tous les disciples de Sawaki insistent pour dire qu'il ne le faisait jamais (pas plus que le kyosaku).
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Absolument,les disciples de Kodo Sawaki Roshi ne font pas de kusen pendant zazen pour ce qui est du kyosaku c'est un peu plus mitigé.
Il y a quelques années j 'ai eu une petite discutions avec Daniel Guétault (il a été le premier occidental à rencontrer Mtre Deshimaru) à propos du kusen , il m'a clairement dit que c’était une pure invention de Maître Deshimaru.
Lorsque il est arrivé en france et qu'il a commencé à enseigner,il s'est très vite rendu compte que les occidentaux avaient beaucoup de mal a rester imobile en zazen et en silence total ! Donc partant de ce constat il a mis en place le kusen.
Mon point de vu strictement personnel sur le kusen est que pour les débutants c'est certainement une bonne façon de faire ( bien sur tout dépend du contenu du kusen!!!) mais au fur et mesure de l'approfondissement de la pratique il me semble nécessaire de s'éloigner de cela.
Gassho.
Il y a quelques années j 'ai eu une petite discutions avec Daniel Guétault (il a été le premier occidental à rencontrer Mtre Deshimaru) à propos du kusen , il m'a clairement dit que c’était une pure invention de Maître Deshimaru.
Lorsque il est arrivé en france et qu'il a commencé à enseigner,il s'est très vite rendu compte que les occidentaux avaient beaucoup de mal a rester imobile en zazen et en silence total ! Donc partant de ce constat il a mis en place le kusen.
Mon point de vu strictement personnel sur le kusen est que pour les débutants c'est certainement une bonne façon de faire ( bien sur tout dépend du contenu du kusen!!!) mais au fur et mesure de l'approfondissement de la pratique il me semble nécessaire de s'éloigner de cela.
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Bu-so a écrit:Lorsque il est arrivé en France et qu'il a commencer à enseigner,il s'est très vite rendu compte que les occidentaux avaient beaucoup de mal a rester immobile en zazen et en silence totale! Donc partant de ce constat il a mis en place le kusen.
C'est tout à fait exact.
Je confirme ce que tous les anciens savent : après avoir essayé la petite conférence enseignement traditionnelle en fin de zazen et s'être aperçu de l'indiscipline inhérente aux français, il a vu que le seul moyen était de parler quand les pratiquants étaient face au mur. Le kusen deshimaresque est né ainsi...
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteLe bassin, Koshi.
Ces phrases très courtes sont de grands koans. Le kanji Koshi signifie le bassin, les hanches. La partie gauche de l'idéogramme représente le corps, sa partie droite signifie: le point-clé. Donc le bassin est le point-clé du zazen. Les débutants ont du mal à bien tendre le bassin.
Zazen est très difficile. Si le bassin n'est pas tendu, on ne peut pas poser les genoux sur le sol. La posture est alors semblable à celle d'un cavalier à cheval. Elle n'est pas stable, ancrée. Si vous vous habituez à la posture, vous pouvez la prendre correctement. On pense « je suis spécial ", mais tout le monde peut y arriver. Les Japonais disaient : « Zazen est très difficile pour les Européens ". Mais les postures des Européens sont meilleures maintenant que celles des Japonais. C'est une grande révolution. Au Japon, les' postures d'Anne-Marie et de Madame Monnot impressionnent toutes les Japonaises. Donc tout le monde peut y arriver. Le plus important c'est la position du bassin.
Le bassin doit être tendu au niveau de la cinquième vertèbre. Si on stimule ce point par l'acupuncture, l'énergie se réveille. Dans la médecine orientale, on dit que la semence de l'homme et de la femme se forme à cet endroit. Les gens ne comprennent pas les bienfaits du zazen. Une explication scientifique les satisfait. Mais les bienfaits de zazen sont infinis.________________________________________
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteExistence sans ego, Muga.
Muga, non-ego, sans ego. C'est le principe fondamental du Bouddhisme.
Aucune existence n'a de noumène. C'est une grande révolution philosophique. C'est mujo, le changement perpétuel, le zéro. Cependant, les phénomènes se perpétuent. Kodo Sawaki a dit : « Qu'est-ce que muga ? C'est ne pas s'opposer à autrui. Ne mentir ni aux autres ni à soi-même ».
Ces phrases sont simples alors que le Shobogenzo de Dõgen est très compliqué.
Elles sont simples mais très vraies et très profondes.
Qu'est-ce que muga ? C'est mushotoku, Uchuu : le cosmos : (宇宙). C'est être relié à toutes les existences, à tous les êtres sensibles.
Qu'est-ce que le Zen? Muga, mushotoku, le cosmos, être relié à toutes les existences.
Qu'est-ce que le Zen? Je ne sais pas, zazen, shikantaza.
J'ai répété maintes fois cet enseignement de Kodo Sawaki. Je relève maintenant les phrases les plus marquantes de ses notes.
« Le jour est long pour un petit enfant.
Les montagnes sont très tranquilles, comme aux temps préhistoriques. »
C'est un grand koan, c'est zazen. Pendant zazen, le temps paraît long.
Quand on dort le temps passe vite. Pendant zazen, « aïe ! aïe ! ».
Cinq minutes supplémentaires paraissent très longues. « Sensei s'est trompé, il a oublié de regarder sa montre ! ».
« L'escroc peut facilement rouler l'avare, l'ambitieux, le spéculateur ».
Mais il ne peut rien contre celui qui n'a pas trop de désirs ni d'attachements.
Qu'est-ce que le nirvana, Nehan ? (ねはん nehan 涅槃) C'est le non-né, le non-disparu, sans commencement ni fin.________________________________________
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteZazen, la ligne droite.
« Zazen est le train de nuit qui nous emporte pendant notre sommeil ».
Dans les autres religions, il faut faire des efforts, aller pas à pas pour gravir la montagne. Zazen est le téléphérique. J'ai pris le téléphérique en Suisse. C'est un peu dangereux,- mais il y a deux câbles de sûreté qui l'empêchent de tomber. Zazen est plus sûr. Certains ne font que dormir et certains pensent à autre chose, et pourtant ils arrivent. Même si on dort, on est véhiculé dans le train de nuit.
J'ai écrit un haiku :
« Dans un monde évanescent comme la rosée
Rien que la concentration,
La continuité en zazen. "
Ce haiku me permet de voir mes caractéristiques. Je suis fort; j'ai des bonnos forts. Je suis ambitieux, égoïste. Pendant zazen, je m'en rends tout à fait compte. Mais aussi: « dans le monde de la goutte de rosée ", je suis seulement concentré sur une voie unique, droite, zazen.
J'avais dédié ce haiku à un Maître de haiku qui m'a écrit en réponse:
« C'est moi
Qui dois faire sampaï
Devant nous. »
Kodo Sawaki disait: « Je ne veux pas écrire de poèmes, car s'ils sont mauvais les gens en feront des chansons comiques ". Mais parmi ses haiku, il y en a de très bons :
« L'obscurité de l'ombre des pins
Dépend de la clarté de la lune. »
Ses notes sont les plus grands koans jusqu'à nos jours. Ils sont adaptés à la civilisation moderne. .. Je fais des kõans, mais mes disciples ne les comprennent pas du tout. Cependant ils sont pris en notes, et on les comprendra par la suite.________________________________________
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteSourcils froncés, regard sévère.
« Zazen est Nagura (douceur) mais aussi parfois Niamare (regard sévère, fâché). Il y a, au fond de zazen, des «sourcils froncés et un regard sévère ".
J'ai expérimenté le niamare de Kodo Sawaki. Il me regardait parfois très sévèrement et je le croyais fâché contre moi. Mais je pensais aussi que cela faisait partie de lui-même, que c'était zazen, le vrai zazen, que Kodo Sawaki était zazen. Certains pensent la même chose de moi maintenant : Taisen Deshimaru n'est que zazen.
« Zazen dérange. On se sent souvent dérangé (Himarare en japonais) par zazen. On est aussi tiré par zazen, parfois au prix de pleurs. Cette vie dans et par zazen est le plus grand bonheur, la vie la plus heureuse ".
Himarare en japonais veut dire: être passif, subir, accepter une action passivement. Il s'agit de la forme passive du verbe être: être dérangé, être regardé, être grondé.
La nonne qui était secrétaire de Kodo Sawaki et l'a suivi toute sa vie pleurait quelquefois. Kodo Sawaki était souvent en colère contre elle.
Cependant elle l'aimait beaucoup, et lui savait parfois se montrer très gentil avec elle. Cette nonne vit toujours. C'est elle qui coud les kesa les plus beaux. Elle pleurait quelquefois, certes, mais elle a connu le plus grand bonheur. Encore aujourd'hui, je la respecte plus que beaucoup d'autres. C'est une grande religieuse et elle a été très heureuse.
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteEsprit d'éveil, esprit religieux, Bodaishin.
« Beaucoup de personnes sont heureuses dans le monde. Mais les plus heureux sont ceux qui continuent zazen, qui fixent leur assise sur le zafu. Ils trouvent la plus grande joie, la plus haute réussite. « Lorsqu'étant jeune, j'entendais cela, j'étais plutôt sceptique. Maintenant je pense que c'est complètement exact. Amours, plaisirs, succès : tout est un rêve. Seul zazen est le succès. Aussi ai-je réussi. Rien dans la vie ne peut durer toujours. Certes, on peut aimer et se marier.
Mais pour rester ensemble il faut beaucoup de sagesse car on se fatigue et rapidement vient l'envie de s'échapper. Il est très important de rester fidèle en amour. Néanmoins, c'est difficile. Persévérer dans la pratique de zazen est difficile également, mais c'est le plus haut bonheur. »
C'est vrai. Kodo Sawaki l'a toujours dit et Dõgen aussi. C'est écrit dans les Sutras. Pour persévérer dans la pratique de zazen, il faut être pénétré de Mujo Bodaishin. Mujo, l'impermanence, et Bodaishin, le plus haut esprit, l'esprit d'éveil, "esprit de la Voie. Sans cet esprit d'éveil, zazen devient une compétition, un festival, et on ne peut persévérer.
Mais si l'on possède bodaishin, "esprit d'éveil, alors la pratique devient Anokutara Samyaku Sambodai (le plus haut esprit, l'esprit religieux).
« Si nous voulons penser à ce qui se passe avant ou après la mort, nous ne réalisons rien. Rien ne sert de penser à l'après-mort. De même, il faut rester indifférent devant le succès ou l'insuccès. »
Je suis devenu moine. Etant jeune, j'avais envie de gagner de l'argent. Je souffrais, je n'en dormais plus ... Lorsqu'on se querelle avec quelqu'un, le karma se manifeste vivement, il empêche de comprendre les illusions.
Après zazen, discussions et querelles sont sans importance. Zazen révèle leur côté dérisoire et l'absurdité de devenir passionné. Il en va de même pour la vie quotidienne. Nous pouvons l'observer pendant zazen. Alors tout devient clair et la sagesse se révèle.
«Notre vie est compliquée et soudain se produisent la guerre, les chocs, les vagues, les grands orages. Parfois, au contraire, tout est calme et paisible. »
Lorsqu'on est assis près du feu devant la cheminée, prenant quelque repos dans la lecture ou faisant griller des sardines, ou bien assis à une terrasse à contempler le ciel, la vie est tout à coup totalement paisible. Ensuite il faut à nouveau travailler, parfois toute une nuit sans dormir. Les rythmes se succèdent dans la vie ainsi que les phénomènes.
La vie est difficile à « tirer », à diriger. Comment guider notre vie compliquée? C'est le rôle de la religion, de l'authentique religion.
Zazen, le matin, décide de notre vie. Même les fous comprennent cela.
Mais sans Mujo Bodaishin, il n'y a pas l'esprit de respect, il n'y a pas de vraie foi.
<<<<< à suivre >>>>>
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteEsprit d'éveil, esprit religieux, Bodaishin. (suite)
« Toute notre vie, c'est zazen. Nous devons tirer notre vie par zazen.
C'est le degré le plus haut de la vie religieuse ». Certains fuient zazen, prétextant qu'il ne change rien à leur vie. D'autres, au contraire, pensent qu'il n'y a que zazen. Ces deux positions sont erronées. En fait il faut harmoniser les deux, zazen et la vie. C'est semblable aux canards qui boivent l'eau du courant sans salir la rivière et à l'abeille qui extrait le nectar sans détruire la fleur. C'est un kõan. Telle est la relation entre zazen et notre vie. Zazen est semblable à la vie.
Les actions déclenchent les bonnos desquels s'élèvent les complications. Mais cela ne dérange pas les mérites de zazen. Ils se réalisent ensuite complètement, parfaits comme le nectar de la fleur qui devient miel. Je pourrais commenter encore ce kõan, mais si je l'explique trop, il ne vous sera pas utile.
« Le perroquet répétait ce qu'on lui avait appris : « Je suis heureux, je suis heureux, je suis heureux ». Puis il brisa la lampe, se brûla et mourut en répétant : « je suis heureux, heureux, heureux ... ».
La phrase suivante traite du formalisme indien. Les Hindous comptent tout, ils sont très doués pour la logique et les mathématiques. Ils ont même classé les pets des animaux dans des Sutras : les éléphants émettent un son comme celui du canon, les tout petits pets des lions ne doivent pas faire de bruit pour ne pas effaroucher les autres animaux, certains ressemblent au coin-coin du canard ou au timbre d'une petite cloche ... Cette classification n'est pas utile. « Il y a beaucoup de chercheurs, dit Kodo Sawaki, qui font ainsi des analyses mais ne pratiquent jamais zazen. Ils ne font qu'énumérer, comme les banquiers qui comptent les billets sans eux-mêmes être riches. » Kodo Sawaki enseignait patiemment mais de façon exacte.
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Notes de Kodo Sawaki
(commentaires Taisen Deshimaru)
suiteSur le chemin de l'inconnu.
« Zen et créativité, c'est très important. »
« L'oiseau aquatique, qu'il aille ou qu'il vienne, ne laisse pas de trace, et cependant il ne perd pas son chemin », dit le San Sho Do Ei. C'est bien différent des rails du train ou des traces d'une vache.
« Le vrai Bodhisattva, le vrai Bouddha doit être intime avec tout le monde. Quand on est intime avec un groupe, on en reçoit le mauvais karma. Aussi, ne vous mélangez pas et ne vous sauvez pas." C'est très difficile. Souhaiter « bon anniversaire", c'est nécessaire. Il faut s'harmoniser avec le social, l'environnement, sans être influencé par leur mauvais karma.
« Qu'est-ce qu'un véritable Fuse? Ce n'est pas d'attendre un retour ". Lorsque vous donnez un fuse, n'en espérez aucun bénéfice en retour. Il faut aussi de la sagesse. Par exemple, ne faites pas un fuse à un voleur, ne lui donnez ni clef ni pistolet. Un fuse, c'est parfois donner de la gentillesse, de la chaleur aux autres, parfois c'est leur donner le bâton. " y en qui sont très avares, ils ne donnent pas du tout de fuse' au dojo, mais à certains ils donnent, ils donnent... pour le jeu, pour la spéculation. Cela est dangereux. Après, exactement, le mauvais karma arrive.
« La vie est seulement instants, mujo (changements)."
Tout le temps, toute la vie n'est qu'un instant; elle est donc impossible à analyser, à catégoriser, à conceptualiser; ce n'est qu'une suite d'étapes qui sont autant d'« ici et maintenant ". Aussi la chose la plus précieuse dans notre vie est-elle d'aller sur le chemin, sur la voie qui n'a pas été parcourue, qui n'a pas été expérimentée deux fois.
« Gyoji, continue Kodo Sawaki, ce n'est pas la répétition, la même chose chaque jour. Si votre « gyoji dokan " devient pareil à celui d'hier, alors vous êtes comme une machine ». Chaque jour, il faut être frais.
Ce sont les mêmes cérémonies, le même sampaï, le même zazen, mais chaque jour ils sont différents. Rester frais, c'est très important. Certains chantent le « Hannya Shingyo » comme des machines. Chaque jour, il faut être frais, sinon on n'arrête pas de faire des erreurs. Une prononciation exacte est nécessaire. Si cela devient machinal, on ne s'en souvient plus. Quand je reviens du Japon, l'atmosphère n'est plus pareille. Les Sutras ne sont plus du tout bien. Tout progrès cesse quand je suis absent. On pratique depuis cinq, dix ans, mais on n'avance plus du tout.
« Dans notre vie, il n'y a pas de Kido (chemin de fer), chaque jour il faut créer. La musique d'une flûte chinoise (Kokei) traditionnelle, ne peut être exprimée. »
La véritable bonne musique ne peut être exprimée par des marques, des notes, des signes. Il n'y a donc pas de Kompu, de notes sur la gamme, de notes écrites. Dans le Zen, la créativité est très importante.
Le Zen étant infini, immense, on ne peut pas l'exprimer. Ce n'est pas un poisson séché, mais un poisson vivant. Il n'a pas de forme véritable, ou plutôt cette forme est insaisissable. Cela a une signification profonde, un sens profond.
<<<<< à suivre... >>>>>