Taisen Deshimaru, La pratique du zen,
Éd. Albin Michel,
Coll. « Spiritualités vivantes », 2005,
ISBN : 2226012877
À la source du zen occidental.
Extrait:
La pratique du zen propose d’abord une description de zazen, posture, respiration, attitude de l’esprit. Pour Maître Deshimaru, en effet, « Le zen, c’est zazen. »
S’ensuivent une série de réflexions, poèmes, aphorismes, « koans » (ces célèbres énigmes par lesquelles certains maîtres zen tentaient d’amener leurs disciples à une prise de conscience) ainsi que des extraits de « mondos » (des séances de questions – réponses entre disciples et maître).
« Zanshin est l’esprit qui demeure, sans s’attacher, l’esprit qui reste vigilant. » Être à ce que l’on fait, toujours. Adopter le mouvement juste. Ne pas précipiter, ne pas bâcler. À chaque instant, vouloir le geste parfait. Y compris le geste social, le geste mental, le geste verbal. « Rester attentif à ce que l’on peut être appelé à faire instantanément. » Par la concentration, certes, mais aussi l’efficacité due à la répétition, à la préparation.
« Pendant zazen, la douleur est plus efficace que l’extase. La meilleure concentration se découvre avec la douleur, quand on est fatigué, que l’on a envie de partir. »
On trouve aussi dans La pratique du zen plusieurs contes classiques comme l’histoire de ce samouraï qui avait pêché un poisson. Un chat passe et le lui vole. Fou de rage, il poursuit le chat et le tue. Immédiatement pris de remords à l’idée d’avoir tué une créature vivante, il croit entendre partout des « miaou » : dans le vent, dans les branches, dans son pas, dans les bruits de son lit… Il va trouver un maître zen qui lui dit : « C’est une honte pour un samouraï de n’être pas capable de vaincre votre obsession. Une seule solution : faites-vous hara-kiri. J’abrégerai vos souffrances en vous tranchant la tête. » Le samouraï s’installe en lotus, sort son poignard, l’approche de son ventre. Alors, le moine lui dit : « Et maintenant, entendez-vous des miaous ? » « Oh, non, sûrement pas maintenant ! » gémit le samouraï. « Alors, si pas de miaou, pas besoin de hara-kiri ! » Nous sommes semblables à ce samouraï, effrayés et anxieux pour un rien. Mais les problèmes qui nous hantent n’ont pas l’importance que nous leur octroyons. Qu’est-ce qui est vraiment important quand il s’agit de mourir ? Or, il s’agit de mourir. Corps et âme. Corps et biens…
« Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l’intérieur » dit maître Dogen. Et l’apprendre, peut-être, en désapprenant le reste. « Avancer est une affaire de quotidienneté » dit encore Dogen. Trouver le temps pour zazen malgré les affaires, malgré la vie « active ». Ou, mieux, imprégner chaque action de l’esprit de zazen. Et gommer le reste. Distinguer jouissance et joie, comme maître Taisen Deshimaru : « On peut à la rigueur parvenir à la jouissance sans acquitter le prix d’un travail rude et pénible, mais non pas à la joie, cette merveilleuse étincelle divine. Le manque de souffrance interdit l’accès au véritable bonheur. »
« Dans la vie quotidienne, s’il faut de la sagesse, il faut aussi de la folie »
« Un esprit pleure et l’univers pleure. »
« Un prisonnier dans une prison, s’il réalise l’état d’Hishiryo, n’est plus un prisonnier mais un Bouddha. »
« Nous devons pratiquer zazen avec la concentration d’un dernier zazen avant notre mort. Ce zazen devient donc l’action la plus importante. Tel est le véritable zazen. » (Taisen Deshimaru)
À la fin de La pratique du zen, Maître Deshimaru place la traduction de cinq textes traditionnels qu’il considère comme indispensables à une compréhension profonde du zen : ce sont le Hannya Shingyo, soutra de la Sagesse suprême chanté quotidiennement dans les monastères zen ; le Shin Jin Mei de maître Sozan, un texte fondateur du Ch’an (l’ancêtre chinois du zen) ; deux extraits du Shodoka, chant de l’immédiat satori de Maître Yoka Daishi ; enfin le Fukanzazenji et le Zazen Shin de Maître Dogen.
Éd. Albin Michel,
Coll. « Spiritualités vivantes », 2005,
ISBN : 2226012877
À la source du zen occidental.
Extrait:
La pratique du zen propose d’abord une description de zazen, posture, respiration, attitude de l’esprit. Pour Maître Deshimaru, en effet, « Le zen, c’est zazen. »
S’ensuivent une série de réflexions, poèmes, aphorismes, « koans » (ces célèbres énigmes par lesquelles certains maîtres zen tentaient d’amener leurs disciples à une prise de conscience) ainsi que des extraits de « mondos » (des séances de questions – réponses entre disciples et maître).
« Zanshin est l’esprit qui demeure, sans s’attacher, l’esprit qui reste vigilant. » Être à ce que l’on fait, toujours. Adopter le mouvement juste. Ne pas précipiter, ne pas bâcler. À chaque instant, vouloir le geste parfait. Y compris le geste social, le geste mental, le geste verbal. « Rester attentif à ce que l’on peut être appelé à faire instantanément. » Par la concentration, certes, mais aussi l’efficacité due à la répétition, à la préparation.
« Pendant zazen, la douleur est plus efficace que l’extase. La meilleure concentration se découvre avec la douleur, quand on est fatigué, que l’on a envie de partir. »
On trouve aussi dans La pratique du zen plusieurs contes classiques comme l’histoire de ce samouraï qui avait pêché un poisson. Un chat passe et le lui vole. Fou de rage, il poursuit le chat et le tue. Immédiatement pris de remords à l’idée d’avoir tué une créature vivante, il croit entendre partout des « miaou » : dans le vent, dans les branches, dans son pas, dans les bruits de son lit… Il va trouver un maître zen qui lui dit : « C’est une honte pour un samouraï de n’être pas capable de vaincre votre obsession. Une seule solution : faites-vous hara-kiri. J’abrégerai vos souffrances en vous tranchant la tête. » Le samouraï s’installe en lotus, sort son poignard, l’approche de son ventre. Alors, le moine lui dit : « Et maintenant, entendez-vous des miaous ? » « Oh, non, sûrement pas maintenant ! » gémit le samouraï. « Alors, si pas de miaou, pas besoin de hara-kiri ! » Nous sommes semblables à ce samouraï, effrayés et anxieux pour un rien. Mais les problèmes qui nous hantent n’ont pas l’importance que nous leur octroyons. Qu’est-ce qui est vraiment important quand il s’agit de mourir ? Or, il s’agit de mourir. Corps et âme. Corps et biens…
« Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l’intérieur » dit maître Dogen. Et l’apprendre, peut-être, en désapprenant le reste. « Avancer est une affaire de quotidienneté » dit encore Dogen. Trouver le temps pour zazen malgré les affaires, malgré la vie « active ». Ou, mieux, imprégner chaque action de l’esprit de zazen. Et gommer le reste. Distinguer jouissance et joie, comme maître Taisen Deshimaru : « On peut à la rigueur parvenir à la jouissance sans acquitter le prix d’un travail rude et pénible, mais non pas à la joie, cette merveilleuse étincelle divine. Le manque de souffrance interdit l’accès au véritable bonheur. »
« Dans la vie quotidienne, s’il faut de la sagesse, il faut aussi de la folie »
« Un esprit pleure et l’univers pleure. »
« Un prisonnier dans une prison, s’il réalise l’état d’Hishiryo, n’est plus un prisonnier mais un Bouddha. »
« Nous devons pratiquer zazen avec la concentration d’un dernier zazen avant notre mort. Ce zazen devient donc l’action la plus importante. Tel est le véritable zazen. » (Taisen Deshimaru)
À la fin de La pratique du zen, Maître Deshimaru place la traduction de cinq textes traditionnels qu’il considère comme indispensables à une compréhension profonde du zen : ce sont le Hannya Shingyo, soutra de la Sagesse suprême chanté quotidiennement dans les monastères zen ; le Shin Jin Mei de maître Sozan, un texte fondateur du Ch’an (l’ancêtre chinois du zen) ; deux extraits du Shodoka, chant de l’immédiat satori de Maître Yoka Daishi ; enfin le Fukanzazenji et le Zazen Shin de Maître Dogen.