pratique et but?

bonsoir!

je sais ce que vous allez me dire "Mushutoku." la pratique est sans but donc pourquoi ce titre de post?
et bien parce que je me suis posé une question en lisant le livre de castermane "comment peut on être zen?" .
on dit souvent que la pratique est sans but, qu'il n'y a rien à chercher et que ce n'est pas l'objectif, qu'il n'y a d'ailleurs pas d'objectif.
mais dans son bouquin castermane parle de zazen et du zen en évoquant le but de "la paix intérieure" .
et quand bien même je ne parlerai pas de castermane, je me demande une chose , si réellement la pratique était "sans but" , les pratiquants au bout d'un certain temps de méditation se mettent à changer , un peu , beaucoup.
des choses se passent en eux, certains se montre "sereins" au moins dans leur attitude et leur rapport aux autres et au monde, sans forcément le chercher.
alors si la pratique est sans but, il se passe tout de même bien quelque chose à ce niveau là (cela a aussi été prouvé en termes de neurosciences).
donc finalement on pratique "pour rien" mais en même temps on se sent mieux, ou tout du moins on change.
si cela n'apportait réellement rien, rien du tout, pourquoi des gens pratiqueraient toute une vie le zen?

j'ai peut être du mal à l'exprimer, mais je trouve du coup cela assez contradictoire de dire que c'est "sans but", on ne s'assoit pas pour se dire "dans 20 minutes j'irais mieux!!" mais il se passe quand meme quelque chose à chaque zazen!

qu'en pensez vous?

Mon expérience m'a montré à quel point ce "mushotoku" est difficile, délicat à atteindre et en même temps nécessaire. Que cela soit pour maigrir, arrêter de fumer, entreprendre le cannage des chaises de la salle à manger, cultiver des tomates et des poivrons sur le balcon, coudre une (ou des) chemise(s), faire mon métier, la pratique sans but est essentielle.

Evidemment que dans toutes ces activités, il existe un but, un objectif, et que toutes mes actions concourent à l'atteindre. Mais, si l'on veut réussir, il faut dans l'exercice réel, dans l'action, ne pas en tenir compte.

On fait, à chaque instant, moment après moment, jour après jour, ce qu'il y a à faire, et pendant qu'on le fait, on ne pense pas à la suite, on n'a le temps que de penser à ce qui se passe à l'instant même.

L'exercice de penser au but, d'y réfléchir, de s'y projeter, est un exercice intellectuel. Parfois, cet exercice est nécessaire, ne fut-ce que pour entreprendre la démarche. Mais l'action n'est pas un exercice intellectuel. Et, pour qu'elle soit efficace, elle requiert un maximum de concentration où la projection dans l'avenir n'a pas sa place: celle-ci correspond à un autre moment.

Bien sûr qu'il y a une intention, celle de s'éveiller, d'être un être plus conscient.
PAr contre, quand on pratique, par exemple quand on s'assoit, qui quelque part définit un cadre, alors on laisse tomber ce but, et on pratique sans se laisser prendre son énergie par ce but.
C'est comme ce que décrit Yudo : quand on rentre dans la forme de ce qu'on fait, on ne se concentre que sur ça, en oubliant la notion de réussir, ou échouer, qui mettent un poids, une pression sur la performance dans la conscience.
On dira que le but est bodai shin, s'éveiller...mais que quand on pratique, on l'oublie.
Dogen disait que la pratique et la réalisation étaient unité , parce que si l'on pratique avec un but, on a encore une tension vers quelque chose qui est au-dehors de soi, cet éveil vers lequel on tend qui est alors un concept qu'on imagine, qui nous déconnecte de qui nous sommes dans l'instant.

Le but est atteint à chaque instant.

Fred a écrit:Le but est atteint à chaque instant.

Le sans-but également.   

Oui oui...  

Bonjour,

Kaïkan a écrit:(...)
On peut aussi faire zazen sans vouloir à tout prix obtenir un profit personnel. On peut aussi pratiquer de façon altruiste pour le bien de tout le monde.

et comme "tout le monde" inclut aussi soi-même, c'est pratique  (je plaisante  

Si vous êtes restés dans le silence sans bouger de votre coussin pendant cinq minutes, vous avez fait zazen.