En Belgique, tu as un dojo de la Dogen sangha qui a pratiqué avec Nicole de Merkline qui a pratiqué en son temps avec Deshimaru. Elle suivait Roland en son temps, puis a dû être en désaccord avec lui (comme souvent des anciens qui ont de la bouteille au bout d'un certain temps avec lui), et a eu le shiho de Nishijima. Je l'aimais bien, Nicole.
Il y a un dojo de Tokuda, à Mons aussi. Un dojo que j'ai entendu taxer de dissident (qualificatif souvent usité quand on quitté l'AZi, point de vue bien sûr toujours vierge de tout jugement et de toute subjectivité).
Il y a Chan, un ancien qui dirige un dojo AZi à Liège. Ce que j'aime, c'est qu'il a réussi a faire porter la double casquette zen AZi et Thich Nath Hanh, sûrement le fruit de son ancienneté dans la pratique et de son origine vietnamienne.
Après, faut savoir qu'au Japon, et dans le zen ancien, les gens n'hésitaient pas à s'envoyer les disciples de temples en temples, de maîtres en maîttres, et Tokuda raconte bien volontiers qu'il est arrivé au zen soto à partir du rinzai, dont il est reconnaissant pour ce que ça lui a apporté en terme de méditation assise. Tout comme il a appris de maîtres du bouddhisme Kegon pour lire Dogen. Le bouddhisme n'est pas exclusiviste, mais c'est par contre une tendance très développée en Occident et en France du clivage, de l'exclusivité (ce qui peut se manifester en oubliant toujours de parler des voisins qui pratiquent à côté de soi, qu'on ne voit jamais, qu'on n'invite jamais, qu'on ne va jamais voir...quand on ne les critique pas sournoisement par allusions bien menées, sous prétexte qu'ils ne sont pas comme il faudrait etc...).
Ce que je vois chez Tokuda, c'est que dans l'eko qu'il chante, il y a inclus Me Deshimaru. Qui est aussi en photo sur l'autel de morts. Il se situe très clairement en continuité et complémentarité de sa mission, pas en opposition ou en concurrence.
PAr contre je ne peux en dire autant de la plupart des néomaîtres zen occidentaux qui sont plus préoccupés par la gestion de leur business que par le sort des disciples.
J'ai vu que sur plusieurs files il était fait la promotion de tel temple, tel enseignant.
Je ne le nommerai pas, mais celui dont il est question, est le référent d'un groupe dont j'ai été exclus. Et c'est lui qui a donné la marche à suivre au responsable qui a accompli ce "travail". Bien sûr, tout a été fait pour éviter toute confrontation, toute possibilité de nous exprimer. C'est par rapport à cette histoire que Yudo me citait dans une des files mises en lien, et quoi que certains pensent de ce qu'il dit, ce qu'il dit est pourtant fondé sur des faits avérés mais dont on évite qu'ils soient dits. Cela a de quoi rendre quelqu'un énervé : la trahison spirituelle est pour moi encore pire que d'être trahi par sa famille. Quand on donne tout pour cela.
Autour de cet homme, nous sommes loin d'être cas isolés. Un responsable d'un dojo pas très éloigné, qui l'avait comme référent, m'a déclaré avoir eu toutes les peines du monde pour arrèter qu'il soit référent du dojo. Avec une description de jeux de pouvoir, de façon d'éluder les discussions pour discuter les conflits, fort édifiantes.
Tout comme quelqu'un aussi m'a déclaré avoir été permanent quelques temps pour lui, et à la fin, au plus mal, déprimé (six jours sur sept de boulots, c'est peutêtre beaucoup), la seule réponse donnée fût, non pas comment tu vas, comment résoudre ton problème, mais "'va-t-en"...sûrement pour mettre quelqu'un à la place. Quelqu'un comme qui veut entrer dans un temple, comme toi qui pose cette question, et d"'autres.
Et d'autres histoires du même acabit qui prendraient de la place.
Il y a plus de dix ans, je n'aurais pas voulu voir tout ça, admettre cette réalité.
Mais aujourd'hui, je ne peux que dissuader les gens, donc toi, de s'engager comme tu veux dans un temple français (encore plus dans un temple français!)...mais par contre, comme Ichiro le suggère, au moins commencer petit : dojo, sesshin. Progressif. Cela n'en sera pas moins de l'éveil subit.
Car l'autre temple qui n'est pas nommé, c'est pas mieux et les témoignages que j'en ai, ne plaident pas pour une grande harmonie mentale de qui dirige. Mais on peut très bien travestir ça sous de belles formes, de super cérémonies, de très belles paroles...mais l'esprit, ne se paie pas de mots. Nos politiques ne cessent de faire cela, et cela continue et marche, parce qu'en face quelqu'un y croit. Est-ce cela dont on veut faire du dharma???? Cette question est importante, et elle n'est pas nouvelle : Dogen y avait droit en son temps, certains étaient prèts à faire cramer son temple. Et pour moi, être président de telle organe de représentation, avoir tel titre, telle fonction, n'est en rien un critère de sélection, encore moins de réalisation spirituelle.
Mais si je parle de Tokuda, je ne le considère même pas vraiment comme mon maître. Par contre je pense qu'il est vraiment un maître, car il fait passer la pratique avant lui. Il respecte cela chez les gens. Et qu'il est très honnète avec ça. J'avais pratiqué dans l'AZI, pendant plus de douze ans. J'ai quitté mon chez moi pour suivre un maître, laissant mille bornes entre moi et mon pays natal. Et je me suis ramassé.
Alors qu'avec Tokuda, j'ai ressenti une cohérence que je n'ai jamais ressentie dans l'AZI. Et je suis persuadé, intimement et sans justification aucune, qu'il est complètement fidèle à ce que Deshimaru a voulu transmettre, là où je pense que plusieurs de ses disciples se sont fourvoyés dans les méandres de leur doute non reconnu quant à ce qu'il enseignait, ayant cru qu'ils trouveraient quelque chose au Japon.
Quand il pratique, c'est pour transmettre la pratique. Pas pour se montrer ou faire du fric. Et il ne cherche pas à avoir beaucoup de monde. mAis des disciples sincères. Mais plusieurs se sont cassés les dents : il n'en a rien à foutre de l'ego des gens. Faut dire, quand il raconte ce qu'il a pu vivre dans les temples au Japon, on comprend! Seul un vrai désir de pratique peut survivre. Par contre un désir de reconnaissance, de trouver un père ou une famille de substitution, tout ça, ça va faire pschitttt!
L'autre jour, en enseignant il disait : "...alors vous devenez vous-même, et zazen devient zazen." C'est direct, c'est clair. Et ça ne résout rien : il faut se mettre face au mur et il ne le fera pas pour toi.
Il vit seul dans son monastère, si tu veux pratiquer avec lui tu seras peinard et il sera content. Mais il dégoise pas un mot de français... c'est soit anglais (de cuisine!) ou portugais.
Avec quarante minutes de marche à pied pour arriver, car la route n'est pas carrossable. Et peu de confort.
Cela arrète même des pratiquants anciens. Après, c'est un choix intime à chacun.
Voilà. Je ne peux taire ce que je sens par rapport à tout ça, mais le dharma est un truc trop précieux pour qu'on utilise la sincérité de qui a envie de le pratiquer à mauvais escient, et il est clair que tous les endroits ne sont pas habités par cette sincérité, même si la façade est jolie.