Moi aussi il y a quelques temps, je me suis retrouvé plongé dans l'angoisse, la souffrance, les anti dépresseurs, etc. Pour des raisons bien moins douloureuses et graves que les tiennes, mais, comme toi, je me suis retrouvé confronté à des émotions difficiles et que je ne contrôlais pas. J'ai commencé une psychanalyse et cela a été très dur et m'a beaucoup aidé. Tout a été bouleversé, ma représentation du monde, de moi, de mon corps, bref, le gros bordel. En parallèle, tout comme toi, je me suis intéressé à la méditation, au zen, etc.
Ce que dit Leela me paraît tout à fait pertinent. J'ai commencé à bouquiner des trucs sur zazen, etc, quand j'étais plongé dans l'angoisse, et pendant un moment tout à empiré, c'est à dire que mon angoisse se fixait sur ce que j'apprenais dans les livres et rendait le tout terrifiant ; la pratique était très difficile, et, de la même façon, dès que je pratiquais, je me retrouvais à avoir peur de tout et n'importe quoi, de ce que la pratique pouvait me faire, etc. Des angoisses terribles remontaient, bref, c'était pas la joie. Alors j'ai continué à bouquiner et tout cela m'intéressait énormément, mais je ne pouvais pas pratiquer.
Je ne sais pas dans quelle mesure ces débuts étaient "normaux" ou pas. Je pense que n'importe qui, qui débute la méditation, se retrouve confronté au plus près de ses difficultés les plus profondes ; aussi n'est ce peut être pas très sage de s'y lancer à corps perdu, sans soutien, alors qu'on est confronté à une période extrêmement difficile. Surtout que dans ce que tu décris, il faut absolument que tu te laisses le temps de faire le tri. Il y a d'un côté le traumatisme que tu as subi, et son cortège de symptômes ; de l'autre, des angoisses sur le couple, qui sont certainement plus profondes et ancrées dans ton histoire personnelle ; et puis il y a aussi des angoisses existentielles. Tout ça, c'est lié, tout ça, c'est un sac de noeuds que tout le monde se trimballe à plus ou moins grande échelle, mais le fantasme qui consiste à se dire "bon je vais tout régler en même temps en devenant moine ou en faisant ci ou ça" est une sorte de piège auquel il faut faire attention. Bref, prends ton temps, laisse toi digérer les problèmes un par un, tisse des liens entre eux, petit à petit un chemin apparaîtra ! Comme le dit lausm un peu plus haut, zazen n'est pas une thérapie (l'analyse non plus, d'ailleurs, au fond, sauf dans un premier temps) et il y a des choses que tu ne peux pas dénouer seule. Le relationnel, la vie en société, les problèmes avec les autres, tout ça, ça se gère bien mieux avec un psy qu'avec zazen selon ma petite expérience(sauf peut être dans le cas où tu trouves un authentique maître zen, mais soyons réalistes, c'est très difficile).
Peu à peu, mon analyse a progressé, j'y ai appris énormément, ça a été une forme de destruction / reconstruction (toujours en cours d'ailleurs), et petit à petit, comme par enchantement, zazen a trouvé sa place là dedans. L'analyse parfois réveille certaines choses, pas seulement psychiquement mais aussi physiquement (c'est d'ailleurs là une des fameuses expériences du corps et de l'esprit non séparés, pour moi en tout cas, tout le monde ne le vit pas comme ça je crois), et zazen maintenant me permet de trouver un équilibre. C'est devenu indispensable pour moi et tout à fait complémentaire avec l'analyse (au passage, lausm m'avait parlé de cette complémentarité avant que je commence à pratiquer, et il avait tout à fait raison). Zazen amène des choses en analyse, l'analyse a révélé zazen, en quelque sorte, pour moi ce sont deux démarches qui se répondent et qui fonctionnent parfaitement ensemble (pour tout un tas de raisons, d'ailleurs, que j'aimerais bien évoquer un jour sous forme d'un article un peu plus construit - je trouve que ça le mériterait, car j'ai relu le topic de ce forum intitulé "zen et thérapie", ou un truc comme ça, et j'ai été assez étonné des clichés incroyables qui y étaient évoqués sur l'analyse, mais bon c'est un autre sujet. Stay tuned, si j'arrive à faire quelque chose d'un peu correct je le posterai peut être sur le forum si j'arrive à surmonter la honte, ahah).
Donc en gros, tout ça pour te dire la même chose que ci dessus :
1 - peut être ne pas se lancer "à l'arrache" dans la méditation sans que tu ne le sentes vraiment. Pour l'instant, tu t'y intéresses, tu bouquines, et sois sûre qu'à un moment donné, ça viendra à toi tout seul et tu n'auras pas besoin de te forcer.
2 - la démarche thérapeutique et zazen sont des choses parfaitement complémentaires. Du moment que tu as une relation de confiance avec un thérapeute, tu peux parfaitement "utiliser" ce qui se passe en zazen avec lui, et inversement, "utiliser" zazen pour juste apprendre à "être" avec ses émotions. Parfois on se rend compte grâce à zazen que notre souffrance, en fait, n'est pas si terrible que ça, et surtout qu'on l'entretient, qu'on la gonfle, qu'on se fait souffrir à 100% alors qu'en fait on pourrait ne souffrir qu'à 10% (bon c'est un peu con ce que je dis là mais tu vois le truc). En tout cas, qu'on peut rester assis, avec, et ne pas en crever, au contraire, que c'est aussi ça, être vivant. Mais dans tous les cas, savoir qu'on a avec soi quelqu'un à qui on peut confier ses expériences, c'est énorme et ça permet de "dédramatiser" la pratique quand elle est trop difficile à cause d'émotions trop fortes.
3 - ne pas oublier finalement que zazen "dépasse" tout cela, ou l'englobe, et donc ne pas en faire quelque chose de purement utilitaire. Mais ça on s'en rend compte en pratiquant, je crois. Au début ça a forcément quelque chose d'utilitaire, du moins dans mon expérience.
Maintenant pour moi, l'analyse tout comme zazen, plutôt que des moyens d'affronter ma souffrance et de la supporter, donc de survivre, sont devenus des moyens de vivre. Tout n'est pas rose, mais c'est dorénavant un chemin que je compte parcourir alors qu'avant je me contentais de m'y laisser traîner malgré moi. Je te souhaite vraiment de trouver ton chemin, et à mon avis, vu comme tu écris et vu les démarches que tu fais, je pense que tu es en bonne voie.