par Yudo, maître zen Mar 7 Mai 2013 - 11:49
Aucun mal de peut être fait par une personne qui est pleinement dans cet instant et dans cet endroit, même si elle vit là où elle pourrait faire le mal, affronte des circonstances dans lesquelles elle pourrait faire le mal, et s'associe avec des amis qui font le mal. Le pouvoir de ne pas faire le mal est mis en action, aucun mal concret n'est fait et c'est ainsi que les qualités qui caractérisent une action mauvaise n'apparaissent pas. C'est juste le fait de savoir si on fait ou si on ne fait pas. Juste à ce moment, on réalise la vérité selon laquelle le mal n'est pas quelque chose qui nous envahit, ou que nous devons détruire. Lorsque nous agissons pleinement, unissant corps et esprit, alors nous voyons la situation clairement juste avant le moment de l'action, et nous remarquons le fait que nous n'avons pas fait le mal dans le fond de notre esprit par la suite. Lorsque la personne ineffable qui est Je agit, unissant pleinement son corps et son esprit, le pouvoir de tous les aspects mentaux et physiques de la réalité apparaissent sur le champ.
Mais il n'y a pas de séparation entre ces aspects mentaux et physiques de la réalité et notre action. Lorsque tous ces aspects mentaux et physiques de la réalité se combinent en action à l'instant présent, leur pouvoir à cet instant est la plénitude de l'action elle-même. Lorsque nous agissons en unité avec les montagnes, les rivières, et la terre, le soleil, la lune et les étoiles, alors les montagnes, les rivières, et la terre, le soleil, la lune et les étoiles agissent aussi en unité avec nous. Ce n'est pas juste une occurrence momentanée ; cela se passe à tout instant. De sorte qu'être dans l'instant où nous sommes éveillés à la réalité est la cause des bouddhas des trois époques, agissant avec le corps-et-esprit indivis, étant enseignés par la réalité et ressentant les effets de cela. Mais aucun des bouddhas n'a jamais vu l'enseignement qu'ils reçoivent et l'effet qu'ils ressentent comme étant séparés d'eux, et ni l'acte, ni l'enseignement, ni l'expérience n'ont jamais été séparés d'eux. Donc, lorsque l'acte, l'enseignement et l'expérience font agir les bouddhas de corps-et-esprit indivis, aucun des bouddhas ne tente de résister, avant, pendant ou après l'instant.
Pendant les heures du jour et de la nuit, alors que nous sommes assis, debout, en train de marcher ou couchés, nous devons réfléchir au fait que, lorsque les gens ordinaires deviennent des bouddhas, ils ne perturbent pas l'état de bouddha qui a toujours été leur. Et lorsque les gens ordinaires deviennent des bouddhas, ils ne détruisent pas leur caractère de gens ordinaires. Ils n'en enlèvent rien ni n'y ajoutent rien. Mais ils ont transcendé l'état de personne ordinaire.
Nous acceptons le fait qu'il y a le bien-et-mal et la cause-et-effet dans ce que nous faisons. Mais nous ne tentons pas de changer l'effet que nous causons, ni ne tentons de causer un effet particulier. Et parfois, c'est la cause-et-effet qui nous fait agir. Cet état, dans lequel nous pouvons voir clairement la cause et son effet, est l'état qu'on appelle ne pas faire le mal ; il n'apparaît ni à cet instant, ni n'est un état constant. Et en cet état, nous ne nions pas que l'effet inévitablement suit la cause, ni ne nous laissons prendre au piège d'une idée déterministe. C'est l'état dans lequel la division entre corps et esprit disparaît.
© 2006 by Michael Eido Luetchford