Dôgen

Yudo dit:

Il me paraît depuis très longtemps évident que la pratique ne peut aller sans l'étude, et vice-versa. Mais si, dans certains pays et certaines traditions l'étude a pu prendre le pas sur la pratique, ici, sur la lancée de maître Deshimaru combinée à un certain anti-intellectualisme post-68 (très intello au demeurant), l'étude a mauvaise presse.

gigi dit:

L'étude est aussi une question d'équilibre, lorsque l'étude devient un fardeau elle nous empêche de traverser la rivière de la Connaissance, l'attachement à l'étude c'est comme l'attachement à n'importe quel objet,
elle place des obstacles à la progression de l'expérience, elle nous maintien dans les méandres du mental, déposer le fardeau pour ne pas se noyer dans l'ignorance
j'aime bien Maître Dôgen

avec metta
gigi

Je crois qu'en fait, on peut difficilement séparer étude et pratique.

Zazen a quelque chose qui relève de l'étude ; Dôgen demande dans certaines pages de "voir" (bien sûr l'expression qu'il utilise a son importance et ce n'est pas le verbe français "voir") si l'on est assis ou pas, si on est assis corps et esprit ou si on a abandonné corps et esprit ; sans que cela doive devenir de la réflexion, je trouve qu'il est intéressant -et cela me semble conforme à la tradition- de faire de zazen une "expérimentation".

De même pour l'étude, et je pique ici, de mémoire (donc c'est approximatif), une approche qui est celle de Jundo Cohen, et qu'il a partagé parfois sur une page FB traitant du zen soto où il est prodigue en conseils : si celle-ci (l'étude) ne se fait pas sans le corps, sans une certaine attention aux silences, aux non-dits, alors elle est une forme de pratique.

Je reformule cette dernière phrase parce que la double négation rend le truc compliqué : si on étudie en étant attentif au corps, aux silences entre les mots, l'étude des textes peut très bien être vue comme la pratique continuée.

Donc ce que dit Gigi me semble vrai dans le sens où l'étude peut devenir un attachement. Mais zazen mal compris peut aussi devenir un attachement. Donc le risque d'une chose à devenir un attachement ne suffit pas à la "sortir" de la sphère des choses "à faire" ; il faut par contre être attentif à le faire "dans le bon sens", peut-être... Pas étudier pour se la péter ensuite avec des tas de mots ronflants, mais étudier simplement pour voir si notre pratique ne part pas en vrille...

Qu'en pensez-vous ?