par lausm Jeu 21 Aoû 2014 - 15:23
Bonjour.
Comme dit Yudo, on ne peut agir que sur ce qui nous est accessible. et le premier truc accessible, c'est nous.
Par exemple, ce matin, j'étais mal au réveil pour de multiples raisons de frustrations accumulées...j'ai vu le risque de vouloir bouger ce que j'identifiais comme la cause....ce qui n'aurait rien arrangé.
J'ai donc pris vingt minutes pour me faire du Do In, et donc au lieu de tenter de mofidier le terrain extérieur pour trouver un pseudo équilibre, j'ai modifié le terrain intérieur, et alors c'est passé.
Les émotions, d'un point de vue énergétique, sont souvent une stagnation...sinon elles passent juste comme le nuage poussé par le vent, elles circulent, sans saturer la conscience au point d'en ressentir souffrance : l'organisme se régule, les sécrétions se régulent, le corps esprit se rééquilibre sans cesse dans un équilibre dynamique.
Il peut y avoir deux choses : les évènements objectifs externes qui nous soulèvent des affects...et aussi ce qui est en nous avec quoi ils résonnent.
Tu dis ressentir la colère : est-elle seulement de ce qu'il se passe au-dehors contre lequel tu ne peux pas grand chose? Ou est-ce aussi que ce qu'il se passe dehors ravive des cicatrices anciennes de souffrances vécues, et donc l'impression que tu reproduis une situation dont tu as conscience, et que tu voudrais ne pas voir se reproduire?
Zazen est un outil, mais il ne fait pas tout. Il y a le temps de zazen, aussi le temps de l'action. Si un truc nous boule pendant zazen, on peut se donner le droit de regarder dedans au lieu du classique laisser passer, si c'est trop massif dans la conscience...quand il y a saturation, urgence de la souffrance, alors faut traiter au lieu de laisser pourrir. Parfois tout ce qu'on a laissé de coté de problèmes non règlés remonte pendant zazen : on sort de l'anesthésie et on recontacte notre vraie souffrance...faut accueillir tout cela.
Attention aussi à ne pas se rejuger en plus : "je suis passif-ve en zazen, etc etc....". Oui, on est passif, mais de façon active : on a décidé de ne rien faire...cela donne la valeur à ce qu'on décidera de faire. Croire qu'on va changer le monde, n'est-ce pas quelque chose de très prétentieux sur soi-même, une façon de se prendre pour plus qu'on n'est? Cela peut être une façon de se croire investi-e de la mission de règler des choses, pour, comme le soulignait Yudo, ne pas voir en fait ce qu'on a à règler qui est souvent plus proche de nous qu'on ne croit, mais qu'on a oubliées tellement on les a refoulées, niées, enfouies pour ne plus les ressentir.
Et ce sont parfois des choses très simples et faciles à résoudre, et tant que ces problèmes ne sont pas traités, si notre conscient ne s'en rappelle plus, notre inconscient nous envoie plein de signaux pour les rappeler à notre conscience-émotions, douleurs physiques, etc etc....
Il faut en tous cas ne pas oublier que si on est passif pendant zazen, on le décide, et que cela a une limite dans le temps et l'espace : le temps de zazen ne supprime aucunement les moments où l'on peut agir sur le réel. Mais c'est un temps privilégié pour s'entrainer à retrouver l'équilibre souvent malmené dans la confrontation au quotidien...mais cela demande du temps.
Et peu à peu, on fait le lien entre le temps assis, le temps dans l'action du quotidien, et notre corps, notre respiration, notre esprit, sont, eux, les mêmes toujours investis dans ces deux modalités de fonctionnement....se rappeler de cela permet de travailler cette continuité, et que le temps de l'action, et le temps de la non-action, se fécondent mutuellement, et se vivent de plus en plus comme une unité.
Et, pour finir, s'autoriser à ressentir ce qui se présente tel quel, s'autoriser à ne pas être parfait, ne pas s'imposer de résultat d'une bonne pratique contre une mauvaise. Si on est assis et en colère, en même temps on n'emmerde personne, et c'est déjà un sacré bénéfice pour la Terre entière...et si tout le monde pratiquait cela en même temps pendant une minute seulement, on verrait sûrement cela comme un vrai miracle manifesté, et tout le monde s'en sentirait sûrement fort bien!