Yudo, maître zen a écrit:Ce "rapport" est pourtant vieux de plus de dix ans.
Un correspondant m'a indiqué l'autre jour que, dans son dojo, on lui avait recommandé de se faire ordonner par Untel, car c'est l'étoile montante de l'AZI et cela le placerait bien pour s'avancer dans la hiérarchie...
Ce qui indique bien que la réalité, ce n'est pas la volonté de libération, mais bien celle de l'asservissement.
Je reviens là-dessus.
La liberté est incompatible avec "les" libertés. Lorsqu'on parle "des" libertés, on fait une place à la liberté qui découle de la loi du plus fort. "La" Liberté est indissociable de l'Egalité. C'est l'égalité de tous devant la loi qui garantit que chacun bénéficie de la même liberté que l'autre. Et si on n'y ajoute pas la Fraternité, on risque de se retrouver dans des situations de chicanes de clôture entre voisins. La Fraternité est ce qui permet de mettre de la souplesse dans tout ce jeu. Et c'est en fonction de ces critères, j'en suis convaincu, que maître Dôgen parle des quatre vertus des bodhisattvas (Bodaisatta Shishobo) dans le Shôbôgenzô;
Il y explique que ces quatre vertus sont:
Le don gratuit,
la parole aimable,
l'attitude secourable,
la coopération.
Don gratuit correspond évidemment à ce mystérieux "mushotoku" dont on nous bassine trop fréquemment.
Il correspond à un fragment d'une des phrases du sûtra du coeur.
無智亦無得‧ 以無所得故 ‧
mu chi yaku mu toku . i mu sho toku ko
無 mu= non
智 chi= satoru=sagesse, intellect, raison
亦 yaku= mata= aussi, encore
得 toku=e= acquérir, avantage, bénéfice
以 i= au moyen de, parce que, en vue de
所 sho= tokoro = endroit, lieu
得 toku= e = acquérir, avantage, bénéfice
故 ko= yue = particulièrement, intentionnellement, raison, cause, par conséquent
Où l'on voit que la phrase "i mu sho toku ko" devrait se traduire littéralement par "il n'y a pas de lieu de l'acquisition, par conséquent".
Donc, MU CHI YAKU MU TOKU= "il n'y a pas de sagesse et pas non plus de bénéfice"
I MU SHO TOKU KO = car il n'y a pas de lieu du bénéfice".
A noter que TOKU doit se prononcer "TOK"
(C'est ce genre de détail qui fait que certains zénistes deshimaristes persistent à prononcer "SA-TSU", au début du sûtra, au détriment du mot "GYO" qui, comme par hasard, signifie "la pratique"...