Le zazen de Zhiyi 智顗 (jap: Chigi) maître zen fondateur du Tentai
Naissance 538
Huarong (Chine)
Décès 597
Shicheng (Chine)
Maîtres Huisi (515-577)
Célèbre car Troisième patriarche et fondateur de l'école bouddhique chinoise du Tiantai
Dans Les principes essentiels de l'assise en dhyàna et de la pratique de la quiétude et de la contemplation, Zhiyi définit cette pratique en ces termes: «La quiétude est la méthode de base pour dompter et fixer [l'esprit], la cause fondamentale du dhyâna ; la contemplation est la façon correcte de trancher les doutes, l'origine de la prajñâ ». 'La quiétude' / samatha est l'arrêt du courant de conscience, de l'inquiétude qui constitue le terrain des passions. Par l'interruption de la prolifération déréglée des représentations, l'arrêt contrôle les désirs. Portant sur les sensations extérieures, les sentiments intimes, les gestes et attitudes, il remédie à la fois à la fascination du sensible, aux obsessions envieuses et haineuses, aux fluctuations du doute et de la peur. Qui se tient dans la tranquillité, qu'il soit actif, debout, assis ou étendu, se concentre sur ce qu'il fait, fait ce qu'il doit, disponible, diligent et clairvoyant. Son aisance ignore l'inertie paresseuse et l'entêtement des attachements. Cet arrêt ne doit pas être confondu avec l'engourdissement ou la torpeur ; comme l'attention, il ne se crispe ni ne se relâche, mais s'appuie sur 'l'intellection' / vipasyanâ. En effet, si, pour interrompre la fuite des idées, fixer l'attention sur la respiration ou sur le nez (sic) peut suffire, il faut plus généralement savoir discerner le remède adéquat: intentions bienveillantes contre haine et répulsion, rappel de l'analyse du moi en cinq agrégats contre l'égoïsme, décomposition des entités en séries, explication des événements par l'enchaînement des causes et des effets.
Zhiyi, dans les Six accès merveilleux au dharma ne se contente pas de juxtaposer ces deux figures de la voie, il montre leur complémentarité. Le calme induit à la patience, mais confine à l'inconscience. L'arrêt fixe l'attention sur une partie du corps ou sur une seule pensée; il se consolide par le rappel de l'absence de nature propre de tout objet de pensée, par la réflexion sur la genèse de la pensée, - qui n'a d'existence réelle ni dans le passé qui est aboli, ni dans le présent, ni dans le futur -, et par la compréhension de la vraie nature de la conscience qui n'est que supposition, L'intellection aiguise la perspicacité, mais peut aussi délirer, dériver vers des spéculations vaines, complaisantes ou fanatiques : «on peut opposer à des pensées définies l'examen des causes et des conditions qui les ont produites et qui les font telles qu'elles sont en réalité: vides, transitoires et sans substantialité [...]
Si, malgré cela, l'esprit ne se tranquillise pas, il faut pratiquer l'arrêt pour faire cesser nos pensées ». La concentration délie. Quiétude et intellection se rectifient mutuellement, et se relaient. Elles sont en équilibre ou à égalité. Vasubandhu (ve siècle), dans l'Abhidharmakosa, reconnaît que « le dhyâna [...] est un recueillement [...] qui va au moyen de calme (samatha) et d'intellection Vipasyana attelés au joug (yuganaddhavâhin) ».
Zhiyi confirme : «Si l'on peut s'établir dans cette vision juste, les pouvoirs de Dhyâna et d'Intelligence seront en équilibre; on verra clairement la véritable nature du Bouddha; on aura le repos paisible dans le Mahâyâna ; [...] on entrera dans l'Océan de la Vérité, de la Prajñâ ». Quand l'arrêt s'accomplit en 'recueillement' dhyâna et 'concentration' samâdhi, et 'l'intellection' en prajñâ, il ne suffit plus de parler de collaboration ou d'alternance: ils «ne constituent pas deux voies différentes, mais une seule Voie Moyenne, dont le but est l'Illumination parfaite ». Lorsque 'la concentration sans caractéristiques' ânimitta-samâdhi et 'la concentration sans prise en considération' apranihita-samâdhi ont aboli toute différenciation de l'objet et du sujet, elles se confondent avec la prajñâ, qui, sans objectivation ni subjectivation, se tient dans la lumière.
Bien qu'il le reconnût comme son maître, Dôgen, sous la conduite de Myôzen, n'avait pas atteint encore à ce niveau où se dissipent tous les doutes. C'est pourquoi, à la recherche d'un guide, il s'embarqua en sa compagnie pour la Chine dès 1223. Une mission officielle lui aurait en outre été confiée, transporter les cendres du shôgun Minamoto Sanetomo, assassiné en 1219 et les déposer dans un stûpa proche du temple d'Asoka, auquel il devait en effet se rendre en 1223 et en 1225.
Extrait de : Dôgen et les paradoxes de la bouddhéité par Pierre Nakimovitch (DROZ 1999)