Publié par Brad le 31 october 2016
Laurel et Hardy en bas de la rue où j'habite.
Je suis rentré à Los Angeles à midi, samedi le 29 octobre. Mais je ne suis pas encore chez moi. J'ai prêté mon appartement à mon neveu pendant mon absence et il ne peut pas emménager dans son nouvel appartement avant jeudi. Je vis donc toujours dans ma valise.
Les Américains en Europe tendent à être odieux. J'ai cessé de compter le nombre d'occasions où j'ai entendu une voix bien trop forte pontifier “En Amérique…!” suivi par une quelconque observation dont l'auteur croit probablement qu'elle est brillante.
Pendant mes déplacements, j'ai beaucoup pratiqué dokusan. Dokusan est l'occasion où les participants à une sesshin passent quelques minutes chacun à discuter avec le dirigeant de la retraite. Certains enseignants l'offrent et d'autres pas. Nishijima Roshi ne le pratiquait pas vraiment en tant que tel, mais il était toujours disponible pour quiconque voulait lui parler en privé, ce qui était souvent mon cas. Mon autre enseignant, Tim, l'offre généralement au cours de ses sesshins.
Il y a parfois une procédure formelle pour dokusan, mais moi, je suis la méthode de Tim. Les siens étaient toujours très informels sans aucun rituel spécifique. Donc, lorsque je le fais, je me contente d'inviter les gens à s'asseoir et à papoter.
Cette fois-ci, j'en ai tiré une impression très forte de ce qu'il y a un tas de trucs appelés “Zen” ou “Bouddhisme,” qui ne m'intéressent guère. Est-ce dit avec assez de diplomatie? Au départ, j'allais juste dire, “il y a un tas de mauvais Zen et de mauvais Bouddhisme là-dedans.” Mais je ne l'ai pas fait. Ça, c'est de l'auto-contrôle, non?
Par exemple, J'ai entendu un type raconter que son maître s'était beaucoup fâché de ce qu'il se soit fait tatouer. Un autre avait vu ce qu'il a appelé des "célébrités bouddhistes" dénoncer des avocats de leur groupe qui aidaient de pauvres gens à se défendre contre de gros propriétaires terriens; ils considéraient que cela interférait dans le karma de ces pauvres gens. On m'a parlé de retraites où il y avait peu de méditation et beaucoup d'indoctrination religieuse.
Une forte proportion de ce que j'entends sur le “Bouddhisme” et sur le “Zen” est assez décourageant. J'ai parfois honte d'encourager des personnes à s'y impliquer.
Le simple fait que quelque chose soit appelée “Bouddhisme” ou “Zen” ne garantit en rien que cela soit valable. Je pense qu'il y a probablment plus de bon que de mauvais dans ce qui se présente sous ces noms, mais il faut néanmoins rester prudents.
On m'interroge toujours sur les différences entre le Zen tel que pratiqué dans les différents pays où je vais. Cette année, j'ai dirigé des retraites et/ou donné des conférences en Irlande du Nord, en Irlande, en Angleterre, en Finlande, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et en Autriche. Chaque culture a sa propre façon typique de faire la plupart des choses. Mais quand on en arrive à la pratique du Zen, c'est partout assis sur des zafus face au mur.
Il m'est difficile de dire ce qu'est, par exemple, la pratique britannique, comparée à, disons, la pratique Zen en Allemagne. Tout ce que j'en sais, c'est ce qui se passe lors de mes sesshins et autres. Je ne vais pas voir comment font les autres enseignants. Quand je dirige une sesshin dans le dojo d'un autre, il me laisse habituellement faire les choses à ma façon.
Les différences que je vois sont pour la plupart superficielles. Comme lorsqu'en Finlande ils vont s'asseoir au sauna après la journée de zazen. En Allemagne, ils tendent à vous donner un tas de fromages et de pretzels. Ce genre de trucs. Mais la pratique tend partout à être la même.
Je ne sais pas si j'accomplis grand-chose avec ces tournées. J'ai de plus en plus l'impression que le Zen est un projet à extrêmement long terme. Cela continue depuis 2500 ans déjà, sans aucun succès réel. Il en faudra peut-être encore 2500 autres avant que quoi que ce soit se mette à changer.
Si j'avais un quelconque objectif, ce serait de faire en sorte qu'il soit normal pour des personnes ordinaires de pratiquer ce truc. Depuis trop longtemps, les seules personnes intéressées par le Zen ont été des intellectuels et des personnes profondément attirées par les religions exotiques. Le mot “Zen” lui-même tend à éloigner un tas de personnes. J'essaie de rester informel dans mes sesshins, dans l'espoir que ceux qui y viennent aient un peu moins peur de tout ce tralala.
Je vous ferai savoir si jamais cela se met à marcher.