Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Message par Zenoob Mar 17 Jan 2017 - 16:02

    Salut !

    Est-ce normal de traverser des périodes de doute sur la pratique et le bouddhisme en général ?

    Actuellement, je traverse un passage assez difficile d'anxiété (comme j'en ai connu des centaines au cours de ma vie). Si je fais zazen quotidiennement, depuis maintenant cinq ans, c'est dans l'espoir de me libérer de cette souffrance. Après tout, le bouddhisme, zazen, c'est quand même ça : la libération de la souffrance. Or je dois bien constater qu'il n'en est rien : si j'ai, il est vrai, passé pour la première fois de ma vie, depuis que je pratique, quelques années sans que l'angoisse ou l'anxiété (on se perd dans les noms) ne vienne m'importuner, elle est de retour, comme avant, fidèle à elle même, avec des symptômes physiques chiants et qui me font peur malgré qu'ils soient (enfin, c'est ce qu'ILS disent, hahaha) sans danger.

    Il reste néanmoins que l'assise en zazen me permet de supporter tout ça et reste une pratique dont je sens qu'elle me fait du bien ; mais je pensais que cela me permettrait d'aller au fond du problème de la peur et de l'angoisse et de le régler vraiment. Peut être que je me plante et que je vois mal les choses ; c'est d'ailleurs parfois ce qui m'arrive en zazen, je me rends compte que je me raconte un tas d'histoire et d'identités complètement débiles (comme par exemple le fait de croire que je suis quelqu'un d'angoissé par "essence", ce qui en fait, est faux) - et je sais que, par exemple, en relisant ce message dans un an, je me dirais "mais qu'est ce que j'étais chiant avec mes conneries", hahah !

    Je me pose la question de la souffrance, d'abord en ce qui me concerne, et de sa fin possible. J'ai l'impression, quand je lis des trucs ou quand je parle avec des gens, qu'en fait personne n'y croit vraiment.

    Est-ce que tout ceci n'est qu'une vaste blague ? Peut-on, vraiment, arrêter de souffrir ? Est-ce qu'il faut que j'arrête de pratiquer ?

    Bref, c'est le bordel !

    Bien à vous tous,

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    Message par Yudo, maître zen Mar 17 Jan 2017 - 18:53

    N'arrête pas de pratiquer. Réfléchis juste à ce qu'est ta souffrance. Qu'est-ce qui la provoque. C'est à cela que doit servir ta pratique, sinon, tu peux être sûr qu'elle ne mettra pas fin à la souffrance directement. Parfois même, elle l'exaspère!!! Et c'est normal.

    Moi je sais que ça marche. Pas parfaitement, mais ça marche. Alors pas de raison que ça ne marche pas pour toi. D'ailleurs, tu le dis toi-même: cela a eu marché...
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    Message par Kaïkan Mar 17 Jan 2017 - 21:55


    Yves Bonnefoy (1923 - 2016) : "Que saisir sinon qui s'échappe..."

    Que saisir sinon qui s´échappe,      
    Que voir sinon ce qui s´obscurcit,
    Que désirer sinon qui meurt,
    Sinon qui parle et se déchire ?

    Parole proche de moi
    Que chercher sinon ton silence,
    Quelle lueur sinon profonde
    Ta conscience ensevelie,

    Parole jetée matérielle
    Sur l´origine et la nuit ?
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    Message par Tenza Mar 17 Jan 2017 - 22:20

    Désolé je m'incruste un peu dans ce sujet personnel (s'il faut créer un autre fil de discussion dites le moi) mais quand l'angoisse vient par exemple de la mort, de la perte de personnes proches... Je comprends dans un sens que cela devrait ne pas nous décourager de pratiquer et nous inciter à continuer afin de réaliser que cette souffrance ne repose sur rien, qu'il n'y a pas de mort, pas d'existence séparée...

    Mais après tout qu'est-ce qu'on en sait que l'éveil "existe" ? Peut-être est-ce juste une hallucination qui se produit dans notre cerveau et nous fait voir des choses comme sous psychotropes ?

    Bref, face à ces doutes qui se reportent sur le fondement même du bouddhisme, de la pratique et sur le fait de se dire qu'on se fourvoie peut-être au final dans un chemin erroné, quelle attitude ?
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    Message par esprit du débutant Mar 17 Jan 2017 - 23:01

    souffrir?
    J'ai enterré mon vieux père ce noël pour la st Adèle, après deux longs mois de dégradation à l'hôpital; beaucoup de douleur.
    Je crois qu'il est nécessaire de laisser aller les choses. Bien sûr que l'on emploie beaucoup d'énergie à retenir ces choses, ces personnes, ces situations de vie, ces certitudes...on va même jusqu'à se définir par rapport à elles. C'est comme les pensées ou les états en zazen, on ne retient pas on ne s'attache pas mais on ne rejette pas non plus; c'est cela aussi apparaître et disparaître.
    Zenoob, il me semble que tu a utilisé ces deux mots dans un autre fil " apparaître et disparaître"...
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    Message par Zenoob Mer 18 Jan 2017 - 12:23

    Merci pour vos mots et le partage.

    Curieusement, les émotions douloureuses restent et stagnent bien plus que les émotions agréables. C'est mal fait, hein ?
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    Message par Kaïkan Jeu 19 Jan 2017 - 10:22

    Tenza a écrit:Désolé je m'incruste un peu dans ce sujet personnel (s'il faut créer un autre fil de discussion dites le moi) mais quand l'angoisse vient par exemple de la mort, de la perte de personnes proches... Je comprends dans un sens que cela devrait ne pas nous décourager de pratiquer et nous inciter à continuer afin de réaliser que cette souffrance ne repose sur rien, qu'il n'y a pas de mort, pas d'existence séparée...

    Mais après tout qu'est-ce qu'on en sait que l'éveil "existe" ? Peut-être est-ce juste une hallucination qui se produit dans notre cerveau et nous fait voir des choses comme sous psychotropes ?

    Bref, face à ces doutes qui se reportent sur le fondement même du bouddhisme, de la pratique et sur le fait de se dire qu'on se fourvoie peut-être au final dans un chemin erroné, quelle attitude ?  

    Il est tout à fait normal  de ressentir du chagrin à cause la perte de personnes proches. Cela ne devrait pas nous décourager de pratiquer, non pas en s’imaginant que la souffrance ne repose sur rien ou qu'il n'y a pas de mort, mais en comprenant la position du Bouddhisme par rapport aux quatre nobles vérités.
    Ce qui est traité par la Bouddhisme c'est dukkha (l'insatisfaction inhérente au fait d'exister) et c'est possible car dukkha a des causes ce qui permet de trouver des remèdes qui dissolvent ces causes. Pas de causes pas de remède.
    Il y aura de toute façon les douleurs, les maladies et la mort. C'est notre attitude par rapport à ces difficultés qui va changer.

    D'autre part on ne peut dire que l'éveil "existe" puisque rien n'existe indépendamment, en soi, pas plus l'éveil qu'autre chose. Croire en un éveil séparé de toutes les existences est une hallucination produite par le cerveau de ceux qui ne comprennent pas le Bouddhisme ou le dénigrent seulement par aversion. Certains psychiatres extrémistes n'hésitent pas à parler de schizophrénie artificielle. Je crois que le bouddhisme est en fait tout à fait le contraire, car il aide à sortir des pièges dans lesquels l'intellect fait tourner en rond. Mais on écoute plus volontiers ceux qui propagent des contre-vérités que ceux qui présentent la pratique dans son authentique simplicité, son dépouillement des décorations auxquelles nous nous attachons volontiers.


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    Message par Zenoob Ven 20 Jan 2017 - 11:12

    Comme me l'a recommandé Yudo, je profite des zazen pour observer et réfléchir sur cette souffrance.

    L'état de mes réflexions. En fait, ma souffrance vient de la peur. J'ai peur de sensations physiques. Des tensions, des douleurs, des sensations d'oppression. Je sais que ces sensations, pourtant, sont inoffensives (j'ai été faire un tour chez le médecin, j'ai fait des analyses, tout va bien - c'est juste de l'anxiété, me dit il).

    Alors j'essaie de voir ce qui me fait peur dans ces sensations. J'ai deux réponses : 1 - j'ai peur qu'elles me tuent. 2 - j'ai peur qu'elles durent. Bon, pour le petit 1, je vois bien que c'est faux, puisque ça fait des semaines que je vis avec ces sensations et que rien de grave ne se passe.

    Pour le petit 2, c'est plus compliqué. Plus j'en ai peur, plus je les accentue. Plus je les accentue, plus elles durent. Plus elles durent, plus j'en ai peur.

    Je suis allé un peu plus loin. Pourquoi j'ai peur qu'elles durent ? Parce que je ne les aime pas, je les trouve désagréables. Et c'est là que ça se termine... Pourquoi je les trouve désagréables ? Aucune raison. Et puis la question suivante : qui trouve désagréable quoi ? Y a t il une différence, au moment du ressenti, entre "je" et la sensation ?

    Du coup je me demande, qu'est ce que ça veut dire et d'où ça vient qu'on puisse trouver des choses désagréables ! Il me semble que "sensation désagréable" est une notion construite nécessairement APRES la sensation elle même, a posteriori ; ce n'est pas la sensation elle même mais une interprétation.

    Question finale : comment cesser d'interpréter les sensations ? Le faut il ?
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    Message par Fred Ven 20 Jan 2017 - 12:20

    Zenoob a écrit:Question finale : comment cesser d'interpréter les sensations ?

    Je crois simplement en les observant, en gardant éveillé l'esprit d'investigation qui prendra la sensation pour objet de connaissance -l'esprit d'investigation étant éveillé, et ne s'arrêtant pas à une conclusion, mais poursuivant toujours son trajet en épousant de manière fluide le mouvement progressif de la sensation- C'est un peu comme en taï chi, on apprend la forme de manière décomposée, mais au final une fois celle-ci apprise on la produit de manière fluide sans marquer d'arrêt, dans la continuité ; on est toujours en mouvement.

    zenoob a écrit:Le faut il ?

    Une interprétation peut toujours apparaître, mais il faut poursuivre son chemin et continuer l'investigation.
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    Message par tangolinos Ven 20 Jan 2017 - 22:17

    @Zenoob
    pour nous manifester nous sommes obligés d’adopter une identification…
    Il est possible d’adopter l’ identification de celui qui souffre, mais aussi paradoxalement l’ identification de celui qui regarde celui qui souffre.

    Qui penses-tu vraiment être ?
    Celui qui souffre ?
    Ou celui qui regarde le personnage qui souffre ?

    Disons qu’il est possible que par pure compassion tu souffres pour le personnage que tu regardes, mais qui regarde ?

    Je dirais que tu es celui qui regarde le personnage qui en toute compassion te semble souffrir …

    Et peut-être bien que ce personnage exulte sa souffrance pour que tu vois que tu n’ es pas lui mais que tu puisses néanmoins t’identifier à lui.

    Question finale : comment cesser d'interpréter les sensations ? Le faut il ?
    Ce n’ est pas celui qui a les sensations qui peut les interpréter.
    Es-tu celui qui a les sensations ?…ou celui qui les interprète ?… on ne peut pas être à la fois l’ acteur et le spectateur…qui es-tu vraiment ?

    Pour tout te dire il me semble que dans tes propos ce soit le spectateur qui parle pour dire ce qu’il ressent de l’ acteur qu’il se croit être… or ce spectateur n’ est pas l’ acteur… ce spectateur est immobile… il lui serait impossible de voir sa mouvance, si mouvance il y a…

    Ce qui me fait bien rire, c’est que la Terre tourne autour du Soleil à la vitesse de 100.000Km/heure, et qu’il nous est impossible de ressentir cette vitesse, même dans les instants de toute quiétude.

    Quelque part ce qui ne bouge vraiment pas, est notre sentiment d’ être, et c’est lui qui regarde la mouvance de notre manifestation.
    Il serait périlleux de s’identifier à la manifestation, puisque le regard porté ne serait plus issu de l’ immobilité de l’ être.
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    Message par Kaïkan Ven 20 Jan 2017 - 22:22

    Zenoob a écrit:Comme me l'a recommandé Yudo, je profite des zazen pour observer et réfléchir sur cette souffrance.

    L'état de mes réflexions. En fait, ma souffrance vient de la peur. J'ai peur de sensations physiques. Des tensions, des douleurs, des sensations d'oppression. Je sais que ces sensations, pourtant, sont inoffensives (j'ai été faire un tour chez le médecin, j'ai fait des analyses, tout va bien - c'est juste de l'anxiété, me dit il).

    Alors j'essaie de voir ce qui me fait peur dans ces sensations. J'ai deux réponses : 1 - j'ai peur qu'elles me tuent. 2 - j'ai peur qu'elles durent. Bon, pour le petit 1, je vois bien que c'est faux, puisque ça fait des semaines que je vis avec ces sensations et que rien de grave ne se passe.

    Pour le petit 2, c'est plus compliqué. Plus j'en ai peur, plus je les accentue. Plus je les accentue, plus elles durent. Plus elles durent, plus j'en ai peur.

    Je suis allé un peu plus loin. Pourquoi j'ai peur qu'elles durent ? Parce que je ne les aime pas, je les trouve désagréables. Et c'est là que ça se termine... Pourquoi je les trouve désagréables ? Aucune raison. Et puis la question suivante : qui trouve désagréable quoi ? Y a t il une différence, au moment du ressenti, entre "je" et la sensation ?

    Du coup je me demande, qu'est ce que ça veut dire et d'où ça vient qu'on puisse trouver des choses désagréables ! Il me semble que "sensation désagréable" est une notion construite nécessairement APRES la sensation elle même, a posteriori ; ce n'est pas la sensation elle même mais une interprétation.

    Question finale : comment cesser d'interpréter les sensations ? Le faut il ?

    Bonjour Zenoob,

    La souffrance dont tu parles provient de mécanismes psychologiques que tu sembles décrypter de plus en plus clairement. De toute façon ces mécanismes sont en place depuis très longtemps et c'est un peu comme une habitude qui te fais tourner continuellement dans le même scénario. Maintenant que tu réalises que tout cela n'a pas de base solide et que c'est le "petit théâtre intérieur" qui te joue toujours la même rengaine, il y a déjà un grand pas de fait. Maintenant tu vas retirer ton assentiment à ce déroulement même s'il continue quand même. En retirant ton assentiment et en te répétant à  chaque fois que tout cela est bidon, tu vas desserrer progressivement ce lien qui t'étouffe.  

    Il y a fondamentalement, et cela chez tous les individus, une attraction pour ce qui est plaisant et une répulsion envers ce qui nous est désagréable. Tout cela est alimenté dans notre propre corps et particulièrement dans le cerveau (mais pas seulement), par des mécanismes de récompense pour ce qui nous plaît et d'aversion pour ce qui nous dégoûte.
    Par conséquent ce n'est pas pour rien que le bouddhisme prône la non-obtention comme un mode de vie. En effet c'est la volonté d'obtenir en vue d'une récompense qui est la source même du désir insatiable de posséder toujours plus. Par dessus le marché, le rejet constant de ce qui n'est pas conforme à nos souhaits engendre une frustration perpétuelle.
    Donc, en agissant sur le deux mécanismes on réduit la dépendance à la récompense d'une part, et la frustration des déceptions de ne pas avoir d'obtention et donc de récompense d'autre part.
    En diminuant, avec le temps et la patience, la pression de ces deux mécanismes, on obtient un état plus proche de l'équanimité. Cet état en s'amplifiant amène une paix intérieur. Cette paix intérieure en s'amplifiant, est l'entrée dans une sorte de félicité qui n'a rien à voir avec la joie comme on l'envisage habituellement, mais quelque chose de stable, de profond et qui peut se développer de façon surprenante en donnant une impression de n'avoir aucune limite.

    Les chercheurs qui se mettent en chemin et qui pratiquent zazen avec une forte conviction, seraient bien stupides s'ils ne rencontraient qu' une dimension aride et pénible. Si on fait zazen ce doit être quand même parce qu'on aime bien faire ça. En ce qui me concerne, je fais zazen parce que j'ai depuis l'enfance toujours été attiré par cette façon de se concentrer en étant simplement assis sur un tapis.

    La pratique de zazen est, selon  beaucoup de gens dont je fais partie, une voie de connaissance de soi. En t'observant, grâce à tes problèmes, c'est exactement cette direction dans laquelle tu chemines.
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    Message par Fred Mar 24 Jan 2017 - 16:26

    Zenoob a écrit:Est-ce que tout ceci n'est qu'une vaste blague ? Peut-on, vraiment, arrêter de souffrir ?

    Le truc, c’est que devant une telle question, on aurait tendance à répondre en ayant déjà présent à l’esprit la direction qu’on voudrait donner à sa réponse, (« mais non ce n’est pas une blague, bien sûr qu’on peut arrêter de souffrir ! ») et il s’agirait ensuite de la formuler au mieux. Quand le Bouddha disait « Celui qui interroge se trompe, celui qui répond se trompe », je pense qu’il voulais dire que ce va et vient de questions et de réponses ne peut véritablement toucher au but, car à mon avis, la vie est profondément et implacablement insaisissable. La vie me semble être pur mushotoku, et c’est sans doute le travail de toute une existence et peut-être même au delà que de réduire à néant ce qui est devenu instinctivement une manière de vouloir l’habiller de toutes sortes de vêtements conceptuels rassurants dont au final même l’éveil ferait sans doute partie. Quelque part, il semblerait bien qu’il soit question de dépouillement et encore de dépouillement, ce qui mènerait à des conclusions complètement paradoxales si nous voulions le formuler ; et l’une d’entre elles en l’occurrence pourrait bien être exprimée ainsi : souffrir, ce n’est pas souffrir - douter, ce n'est pas douter.
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    Message par Zenoob Mar 24 Jan 2017 - 16:49

    J'ai remarqué un truc lors du zazen d'hier, dans le dojo du coin ; la sensation, le sentiment, ne sont préoccupants que si on s'en sépare. J'ai eu à plusieurs reprises des moments où j'ai pu "fusionner" avec le sentiment ou la sensation, ou plutôt, devenir complètement la sensation ou le sentiment ; ils ne disparaissent pas mais cessent d'être problématiques.

    Ca se tient : pour éprouver de l'aversion, il faut "moi" d'un côté, et l'objet d'aversion de l'autre... Si on cesse de se séparer de l'objet d'aversion, l'aversion n'a plus de raison d'être.

    C'est comme l'histoire de la tache chez Luc Dumas, dans la vidéo de l'autre topic : si on étend la tache jusqu'à ce qu'elle remplisse tout, il n'y a plus de tache !
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    Message par Rosevelyne Mar 24 Jan 2017 - 21:32

    Zenoob a écrit:J'ai remarqué un truc lors du zazen d'hier, dans le dojo du coin ; la sensation, le sentiment, ne sont préoccupants que si on s'en sépare. J'ai eu à plusieurs reprises des moments où j'ai pu "fusionner" avec le sentiment ou la sensation, ou plutôt, devenir complètement la sensation ou le sentiment ; ils ne disparaissent pas mais cessent d'être problématiques.

    Ca se tient : pour éprouver de l'aversion, il faut "moi" d'un côté, et l'objet d'aversion de l'autre... Si on cesse de se séparer de l'objet d'aversion, l'aversion n'a plus de raison d'être.

    C'est comme l'histoire de la tache chez Luc Dumas, dans la vidéo de l'autre topic : si on étend la tache jusqu'à ce qu'elle remplisse tout, il n'y a plus de tache !

    C'est très intéressant, ce constat, Zenoob!
    J'ai remarqué une chose...longtemps, je me suis dit que je pourrais «fusionner ainsi» avec mes émotions et que j'y arriverais très bien seule (sans faire zazen)... pourtant, il semble que c'est seulement la perspective d'entreprendre la pratique du zen qui me le permette. Si je prétends y arriver sans la pratique (ce que je fais depuis plus de dix ans...) je «retombe» dans l'identification à ces émotions.
    Eh oui... je me suis inscrite sur ce site il y a une dizaine d'années et je tergiversais alors (dois-je ou non pratiquer le zen?)
    Eh bien... j'ai «perdu» ces années... me voilà... au même point.
    Alors hier je me suis assise et j'ai fait zazen. Et je le ferai ce soir... et encore...
    Fini, les tergiversations.
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    Message par Kaïkan Mar 24 Jan 2017 - 22:52

    Rosevelyne a écrit:Fini, les tergiversations.

    Bonne résolution. Very Happy
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    Message par Rosevelyne Mer 25 Jan 2017 - 0:16

    Salut-zen
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    Message par bulleOcéan Jeu 26 Jan 2017 - 0:08

    Zenoob a écrit:J'ai remarqué un truc lors du zazen d'hier, dans le dojo du coin ; la sensation, le sentiment, ne sont préoccupants que si on s'en sépare. J'ai eu à plusieurs reprises des moments où j'ai pu "fusionner" avec le sentiment ou la sensation, ou plutôt, devenir complètement la sensation ou le sentiment ; ils ne disparaissent pas mais cessent d'être problématiques.

    Ca se tient : pour éprouver de l'aversion, il faut "moi" d'un côté, et l'objet d'aversion de l'autre... Si on cesse de se séparer de l'objet d'aversion, l'aversion n'a plus de raison d'être.

    C'est cela:
    "Quand il fait chaud, ne fais qu’un avec la chaleur ; quand il fait froid, ne fais qu’un avec le froid. C’est l’endroit qui ne connaît ni le froid ni la chaleur. »

    et salutation à Rosevelyne , ma compatriote du Québec  Wink

    Bonne journée tout le monde


    Dernière édition par bulleOcéan le Jeu 26 Jan 2017 - 15:21, édité 1 fois
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    Message par Lumpinee Jeu 26 Jan 2017 - 8:44

    Après le problème n'est plus le sentiment en lui meme, mais les conséquences.
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    Message par Yudo, maître zen Sam 28 Jan 2017 - 9:01

    bulleOcéan a écrit:(...)

    C'est cela:
    "Quand il fait chaud, ne fais qu’un avec la chaleur ; quand il fait froid, ne fais qu’un avec le froid. C’est l’endroit qui ne connaît ni le froid ni la chaleur. »

    et salutation à Rosevelyne , ma compatriote du Québec  Wink

    Je me souviens très clairement de la première fois que j'ai entrevu ce truc. J'avais passé l'après-midi à me promener avec des amis dehors, (à Québec, en hiver, par -20°) et, le soir tombé, j'avais eu un peu froid. J'ai eu l'idée d'ouvrir tout grand mon parka, et de laisser entrer le froid, tout en respirant et me détendant. Lorsque c'est devenu trop froid, j'ai refermé le parka et j'ai été bien.

    C'est le souvenir de cela qui m'a fait penser, il y a une quinzaine d'années, pour lutter contre le froid de l'hiver montpelliérain, à rester déchaussé partir de l'automne jusqu'au coeur de l'hiver, momnt à partir duquel je n'ai plus eu froid l'hiver, mais aussi n'ai plus jamais attrapé froid !

    J'étais à Bratislava, mardi et mercredi, il y faisait -9°, et je trouvais ça très supportable. Ce matin, à Pavie, par -1°, je suis sorti sur le balcon nu-pieds.
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    Message par Fred Sam 28 Jan 2017 - 12:52

    Cela demande en quelque sorte de prendre le froid, le bruit, la douleur et plus généralement tout ce qui pourrait constituer a priori une nuisance, pour sujets d'investigation.
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    Message par bulleOcéan Sam 28 Jan 2017 - 15:45

    Fred a écrit:..., pour sujets d'investigation.

    Ce n'est pas un lieu où il ne fait ni chaud ni froid Wink
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    Message par Fred Sam 28 Jan 2017 - 16:12

    Oui, c'est clair Smile
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    Message par Kaïkan Dim 29 Jan 2017 - 15:05

    Fred a écrit:Oui, c'est clair Smile

    Comme cette obscure clarté qui tombe des étoiles...
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    Message par Zenoob Lun 30 Jan 2017 - 20:15

    Hahahah, ce zazen alors, quel blagueur ! Quand j'ai l'impression d'aller bien, il me montre que ça ne va pas si bien ; quand j'ai l'impression d'aller mal, il me montre que tout va bien.

    Ces derniers temps, les symptômes physiques ont quasiment disparu et ne me font plus peur ; mais cette dernière s'est reportée sur des pensées que je juge désagréables (des images peu ragoutantes, par exemple),  et que je m'"amuse", évidemment, en bon névrosé des familles, à convoquer pour me faire peur - et ça marche. Du genre "ah oui ça c'est horrible, mais je peux faire mieux, je peux penser à ça" - EWWWW, encore pire ! Avec autour de ça, évidemment, le cortège d'angoisses du type "suis je en train de devenir fou ? et si je ne pouvais plus contrôler mes pensées ?" etc etc.

    Aujourd'hui au dojo j'ai compris certaines choses. J'ai décidé de m'asseoir en accueillant absolument tout ce qui venait, même les pires images, même les pires sensations qu'elles m'inspiraient, tous les petits jeux stupides et angoissants que je m'amuse à faire avec mon propre esprit. Et j'ai compris qu'en fait, la pratique de la compassion, c'est aussi ça : accueillir ce qu'on juge négatif en nous, et qui en fait ne l'est pas ; lâcher le jugement. Si on peut (et on peut) faire ça en zazen pour soi, on peut le faire pour les autres.

    Au final, tout ça se déroule tout seul, et ce n'est pas bien grave... Ce qu'on croit être des montagnes sont des souris...
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    Message par bulleOcéan Mar 31 Jan 2017 - 1:54

    Zenoob a écrit:
    Aujourd'hui au dojo j'ai compris certaines choses. J'ai décidé de m'asseoir en accueillant absolument tout ce qui venait, même les pires images, même les pires sensations qu'elles m'inspiraient, tous les petits jeux stupides et angoissants que je m'amuse à faire avec mon propre esprit. Et j'ai compris qu'en fait, la pratique de la compassion, c'est aussi ça : accueillir ce qu'on juge négatif en nous, et qui en fait ne l'est pas ; lâcher le jugement. Si on peut (et on peut) faire ça en zazen pour soi, on peut le faire pour les autres.

    Au final, tout ça se déroule tout seul, et ce n'est pas bien grave... Ce qu'on croit être des montagnes sont des souris...


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