cette validation n'est pas nécessaire pour l'éveillé lui-même, car
l'éveil consiste justement en un état de pleine réalisation, dans la
fin du doute.
Personne n'a dit qu'elle était nécessaire (en ce sens que l'éveil serait "conditionné" à la validation) mais que cette validation était "naturelle" en ce sens que quelqu'un qui réalise sa vraie nature est tellement émerveillé ou bouleversé ou "retourné"... par ce qu'il réalise qu'il ne peut pas garder ça pour lui tout seul. Il doit le partager.
Tu as néanmoins bien dit dans ton post précédant : "Si tu vois quelque chose que tu es seul à voir, tu peux douter de la
réalité de ce que tu vois, même si ce que tu vois est bien sous tes
yeux.". Ce que tu disais là est vrai en général (douter) sauf pour ce qui est de l'éveil, justement... maintenant, tu es peut être revenu là-dessus, oui apparemment....mais reconnais qu'il y a (eu) contradiction.
Le doute est partie intégrante du zen, le doute même dans la parole des "maîtres", car on sait que de toute façon on ne peut tout exprimer avec les mots. Mais l'éveil transcende le doute, c'est à dire qu'il n'a pas besoin de validation dans le sens où il supprime le questionnement même sur l'éveil (idéalement). L'éveil, c'est le moment où la question de l'éveil ne se pose plus... C'est un moment d'abolition de "moi et l'autre", "moi et le monde", où donc la question d'une validation ne se pose même pas.
L'être éveillé peut parfaitement rencontrer un maître (qui a ce titre) et qui pourtant ne peut le comprendre. C'est un motif de "désolation" car ce que l'éveillé vit ne peut être partagé. Bankei (dont je parlais plus haut) n'a pas toujours rencontré de maître qui pouvait comprendre ce qu'il avait compris et en était désolé. Cela ne signifiait pas que Bankei doutait de la valeur de ce qu'il avait compris et qu'il fallait absolument qu'il trouve un maître qui garantisse son satori. Il était simplement désolé de ne pas rencontrer quelqu'un qui le comprenne vraiment.
le seul éveil dont il puisse être question est dans la manière de
di-gérer, en quelque sorte, ce qui nous arrive (passivement parlant) et
de savoir quoi faire (ne pas faire) de notre existence (activement
parlant). Mais il ne peut être question d'un état PERMANENT de
félicité, et ceci pour absolument tous les êtres incarnés.
Personne n'a parlé d'un état permanent de félicité pour définir l'éveil. Pourquoi soulèves-tu ce détail ?
Oh je ne le soulève pas particulièrement par rapport à tes propos, juste un rappel qu'il me semble important de faire pour certains qui s'imaginent que le Bouddhisme est une "méthode" d'éveil. Car non le bouddhisme n'est pas une méthode d'éveil fondamentalement, c'est d'abord une vue sur l'existence (pour faire bref), qui n'est pas à l'abri de la critique, et il faut absolument exercer avec hônnêteté son esprit critique sur TOUT ce qu'on lit, il faut toujours se demander si on est vraiment d'accord avec ce qu'on "admet" de plus ou moins loin, parfois pour se forger un ego de fer justement (rien de tel pour cela qu'un "doctrine parfaite")... Il ne faut certainement pas prendre les paroles du Bouddha comme des vérités absolues et incontestables auxquelles adhérer à tout prix "et puis on verra ensuite", car ça c'est une attitude de religieux, de croyant, pas d'éveillé, car justement le zen n'admet pas qu'on le pratique sans être déjà éveillé... l'éveil n'est pas une conséquence de la pratique, il doit déjà être "là", sinon on est un esclave de "gourous", et la moindre des choses c'est que le "maître" soit assez sévère avec ça sinon c'est un lâche et un oportuniste. Le maître doit lui-même toujours se demander s'il ne profite pas un peu de sa position, voire de son succès...
Du point de vue du "disciple" il ne devrait pas poser problème qu'il n'y a rien à "avaler" sans y regarder de très près. Il faut être capable d'avoir une lecture purement intellectuelle, "philosophique" des textes, ce qui amène forcément à des doutes sur certains aspects d'ailleurs... le chan, puis le zen le comprirent d'ailleurs en mettant l'accent sur la pratique avant tout, non pas par parti pris "sportif" mais par compréhension qu'il s'agit là de la seule chose qui ne pose pas trop problème. Comme source de sagesse et de compréhension, mais aussi comme arrêt de la pensée discursive qui au boût d'un moment ne mêne plus à rien. Si l'on repose son esprit, si l'on stoppe le bavardage mental incessant etc., on y voit forcément plus clair ! Y compris, éventuellement, pour pouvoir critiquer les "textes sacrés" !
Zazen est bien le zen
dans le sens où le "contenu" est dans la posture. Zazen n'est pas quelque chose d'optionnel, même si l'idée d'une posture unique et parfaite est par trop rassurante (toujours se méfier du fétichisme), l'immobilité, surtout, est la clé de la
réalisation.