Je pensais ce matin au passage du sûtra: "Il n'y a pas d'acquisition et pas non plus de profit, car il n'y a rien qui puisse être acquis". De dérive en dérive (oui, vous avez deviné, en Zazen ) j'ai pensé à la structure atomique des choses, constituée à 99,999999% de vide, et puis m'est venue une idée simple.
La discrimination nous sert dans la vie de tous les jours à établir des hiérarchies, des priorités, à construire des assemblages, bref, elle nous est indispensable, que ce soit dans le discours ou dans l'élaboration de choses.
Mais lorsque je parle de "fruits", je ne parle ni d'oranges, ni de pommes, ni de poires, ni de bananes. A partir du moment où je parle de la catégorie dans son ensemble, les distinctions à l'intérieur de cette catégorie n'existent plus. Je ne vais pas parler de "fruits et de poires". Ce serait ridicule. On ne peut le faire qu'en catégorisant davantage, du genre "divers fruits, mais surtout des poires" ou "diverses sortes de fruit en plus des poires".
Pareil pour les arbres, les véhicules, l'humanité, etc..
A chaque fois qu'on élargit la catégorie, tout ce qui entre dans la catégorie disparaît. Ce qui fait que lorsqu'on parle de Vacuité, un mot simple et dangereux pour dire tout, absolument tout ce qui existe, que ce soit au plan matériel ou même conceptuel, on parle en fait, littéralement, de "tout et de rien"...