par lausm Lun 20 Jan 2014 - 16:08
C'est bien pour ça que je me suis demandé si j'allais te répondre!!!!
Croire que zazen "doit" faire quelque chose, même si ce quelque chose est du rien, ou atteindre, qu'en penses-tu en terme de ce que tu as appris de la pratique? Penses-tu que ça va avec ce fameux mushotoku, qui signifie sans désir d'(obtention (le rejet étant de l'obtention à l'envers)?
En fait, il te faut questionner le point de vue à partir duquel tu questionnes : tout ç l'heure je lisais sur Nangpa, une citation de TNH, qui disait que l'"awareness" (que je traduirais volontiers par vigilance éveillée), c'était quand on est conscient de celui qui est conscient qui est conscient qu'il observe.
Je reprends : on peut être conscient....puis être conscient d'être conscient d'observer quelque chose qu'on pense comme soi...puis aller au-dessus, être conscient de l'instance qui observe ce qui prend conscience. Bon, c'est pas forcément comme ça que je l'expliquerais, mais cependant j'ai trouvé ça pertinent.
En fait, ta plantade c'est que tu cherches à ne pas chercher!
Un copain m'a dit il y a peu : en fait, en zazen, je me fous la paix!...mais il a eu une prise de conscience brutale, et pas intellectuelle.
En fait, une sensation est-elle séparée de ta conscience qui l'observe, et peux-tu considérer qu'elle est séparée de toi? Pour moi non, mais relativement tu as raison...mais c'est à mon sens un point de vue égotique (et ce n'est pas péjoratif, on est dans la mécanique qu'on tente de comprendre).
Pour moi une sensation est entre soi et non-soi....c'est un processus relationnel, et si on observe les choses ainsi, la question de distinguer entre soi et non-soi devient secondaire. La baffe classique des maîtres chan, t'enseignent radicalement (à la racine), que ce que tu expérimentes, n'est pas toi! Qu'en dirais-tu alors?
Regarde juste la sémantique de ta phrase "tant que j'ai conscience d'une sensation, c'est qu'elle n'est pas moi,etc...."Voilà là la saisie : "j'ai"conscience."
Par contre, si tu es conscient, tu te posititionnes comme sujet. Il n'y a pas "je" qui "a" conscience. Il y a "je" qui est acteur de son observation.....peut-il alors se sentir séparé de ce qu'il observe? Non, il se met en lien. Bouddhistement, se joue alors l'interdépendance, aussi la conscience du lien de cause à effet, et donc qu'il n'y a pas de soi séparé de moi.
Tu dis que la réalité est constituée de sensations...mais qui donc les perçoit, qui dit cette phrase, qui pense cela??? C'est toi!...
Donc cette réalité constituée de sensations, c'est ton observation, c'est toi qui perçoit ces sensations....mais il faut en être conscient. Si tu penses que la vérité est ailleurs, alors oui, tu vois ça mais tu te sens encore séparé, et tu cherches ailleurs ce qui est sous tes yeux...mais cool, on fait tous ça, tout le temps!
MAis cette réalisation, n'est pas une régression dans un état où l'ego revient à un état indifférencié de fusion archaique avec son environnement. Là il n'y a pas d'éveil, juste régression psychotique (ce avec quoi je pense tu luttes et qui te fais souffrir, mais c'est une conclusion sauvage perso et subjective). Si on établit ce lien d'unité avec toute chose, notre différenciation d'avec autrui n'est pas abolie....mais par contre le lien devient possible à partir de l'individuation..ou l'individuation devient possible à partir de la relation.
Il n'y a pas besoin de vouloir cesser d'être sujet, mais surtout à devenir conscient du sujet qu'on est. A ce moment-là, on peut sentir notre dimension objective, on peut se voir sans être aveuglé par ses projections. Alors, sujet et objet deviennent un : notre moi-sujet peut sentir, percevoir, comprendre, notre moi-objet, car observateur et observé sont la même personne!...mais on peut le faire quand on cesse de chercher notre "moi" ailleurs.
Tu devrais tenter l'observation de tes pensées sur ce thème :d'où ça vient dans ton corps, quelles images ça brasse, qu'est-ce que tu cherches à résoudre par cette réflexion....et ne rien faire, juste laisser couler les pensées comme une rivière, sans analyser, ni même t'empècher d'analyser. Reprend le bouquin de P.Fenner, il y a des trucs dedans qui peuvent t'expliquer ce dont tu parles.
Autorise-toi aussi à refuser d'entendre ou comprendre. C'est important pour ne pas te sentir violé dans tes défenses....quand ce sera mûr, tu comprendras tout seul, sans effort.