Absolument, mais il faut bien comprendre que le Bouddha était un yogi qui pratiquait le raja yoga dans un contexte précis. Pour lui le terme Atma (ou Atta en Pali) avait un sens clair et précis, celui du Vedanta, soit de la fin des Védas (les Upanishads). Dans cette même tradition, l'esprit comprend plusieurs niveaux, soit manasa, buddhi et atma. Le mental discursif, l'être de langage et la mémoire se dit "mana", "mano" ou "manasa". Le sentiment d'existence pure, ou notre ego, se dit "ahamkar" (le je suis), alors que le soi impersonnel est l'Atma qui se définit positivement par "Sat" être pur au delà du devenir, "Chit" pure conscience et "Ananda" joie infinie indépendante des circonstances.
Mais on s'entend tous sur le fait que sur le plan subjectif, l'expérience de la vacuité du soi est vécue comme une soudaine disparition du "moi" ou de l'"ego", alors que l'expérience de la vacuité des phénomènes est vécue comme si tous les phénomènes (pensées, perceptions, sensations, etc.) n'avaient pas plus de réalité qu'un rêve.
Ce que je voulais dire, c'est qu'il ne faut pas confondre métaphysique, psychologie et perfection morale. L'éveil est un déplacement d'identité qui prend racine au delà du complexe corps-esprit (5 agrégats) tout en les intégrants dans un rapport non-duel, comme le miroir est indissociable des images qu'il reflète tout demeurant pur et non-souillé par les images reflétées, belles ou hideuses. L'ego au sens psychologique est aussi une image reflétée (si l'on conserve cette métaphore). Il n'est pas détruit par l'éveil, comme le corps ne disparait pas dans un nuage de fumée. Toutefois, l'éveillé vit au delà de l'ego ou de la personnalité.
Il faut noter aussi que maître Zen ne signifie pas forcément éveillé, encore moins être sans-ego. Dans la tradition Soto par exemple, la transmission du dharma (shiho) n'est plus liée à la notion d'éveil. En principe tout moine Soto reçoit le shiho dans les 15 ans à compter de son ordination, sans quoi il doit se faire ordonné une seconde fois. Dans l'école rinzai, c'est beaucoup plus difficile. L'Inka-shomei demande d'avoir démonté une profonde compréhension d'un ou de plusieurs koans (selon les traditions). Ainsi, Haku'un Yasutani Roshi (fondateur de l'école Sanbo Kyodan) avait déjà reçu le Shiho Soto, mais ne savait toujours pas ce qu'était le kensho. Il a ainsi jugé nécessaire de compléter sa formation dans l'école rinzaï et a obtenu l'Inka des années après. Son ego était toujours présent et ne l'a pas empêché de tenir des propos anti-sémites, ulta-nationalistes et anti-démocratiques. Là encore, je ne critique pas un maître, mais illustre un point qui me semble très important, soit le fait que la réalisation n'a pas de conséquences directes sur le comportement. C'est d'ailleurs la raison pourquoi le Bouddha a toujours suivi les préceptes sans jamais se considérer au delà de la morale conventionnelle - même s'il l'était sur le plan métaphysique.
Mais on s'entend tous sur le fait que sur le plan subjectif, l'expérience de la vacuité du soi est vécue comme une soudaine disparition du "moi" ou de l'"ego", alors que l'expérience de la vacuité des phénomènes est vécue comme si tous les phénomènes (pensées, perceptions, sensations, etc.) n'avaient pas plus de réalité qu'un rêve.
Ce que je voulais dire, c'est qu'il ne faut pas confondre métaphysique, psychologie et perfection morale. L'éveil est un déplacement d'identité qui prend racine au delà du complexe corps-esprit (5 agrégats) tout en les intégrants dans un rapport non-duel, comme le miroir est indissociable des images qu'il reflète tout demeurant pur et non-souillé par les images reflétées, belles ou hideuses. L'ego au sens psychologique est aussi une image reflétée (si l'on conserve cette métaphore). Il n'est pas détruit par l'éveil, comme le corps ne disparait pas dans un nuage de fumée. Toutefois, l'éveillé vit au delà de l'ego ou de la personnalité.
Il faut noter aussi que maître Zen ne signifie pas forcément éveillé, encore moins être sans-ego. Dans la tradition Soto par exemple, la transmission du dharma (shiho) n'est plus liée à la notion d'éveil. En principe tout moine Soto reçoit le shiho dans les 15 ans à compter de son ordination, sans quoi il doit se faire ordonné une seconde fois. Dans l'école rinzai, c'est beaucoup plus difficile. L'Inka-shomei demande d'avoir démonté une profonde compréhension d'un ou de plusieurs koans (selon les traditions). Ainsi, Haku'un Yasutani Roshi (fondateur de l'école Sanbo Kyodan) avait déjà reçu le Shiho Soto, mais ne savait toujours pas ce qu'était le kensho. Il a ainsi jugé nécessaire de compléter sa formation dans l'école rinzaï et a obtenu l'Inka des années après. Son ego était toujours présent et ne l'a pas empêché de tenir des propos anti-sémites, ulta-nationalistes et anti-démocratiques. Là encore, je ne critique pas un maître, mais illustre un point qui me semble très important, soit le fait que la réalisation n'a pas de conséquences directes sur le comportement. C'est d'ailleurs la raison pourquoi le Bouddha a toujours suivi les préceptes sans jamais se considérer au delà de la morale conventionnelle - même s'il l'était sur le plan métaphysique.