En fait, la question qui est posée dans ces lignes, et pas des moindres, est la pédagogie dans le zen.
Quand je lis "sectarisme" et autres accusations sur le formalisme, j'entends une souffrance, quelqu'un qui a été traumatisé par une expérience dans un dojo.
Alors je ne pense pas qu'on puisse se contenter de dire qu'il faut aller voir ailleurs, ma question reste : que n'a -t-on pas su faire pour aider cette personne à entrer dans le zazen, dans le zen, pour qu'elle arrive à penser cela?
Il y a certes l'aspect formel de la posture, et du reste (règles du dojo, cérémonie). Bon.
Mais n'oublions pas le pourquoi de tout ça : il s'agit d'un cadre pour expérimenter sa vraie nature.
Et tout peut s'adapter, on ne va pas demander à un handicapé physique de faire le triple lotus rétroversé pendant cinq heures et se lever d'un bond!
Car en fait parler du corps c'est aussi parler de l'esprit!
Alors on tombe parfois sur des gens qui sont enseignants, soit disant, mais comme je l'ai lu dans un forum, vont aller dire qu'un handicapé physique n'a pas la nature de Bouddha! C'est nul à pleurer, et faut oublier! Ou comme ailleurs, qui vont faire chier une débutante qui a bougé. Sûr que mettre la pression à quelqu'un qui a mal, va faire expérimenter le lâcher prise et la détente: soit elle repartira en se disant que ce n'est pas pour elle, si elle est d'un naturel soumis à la règle...et si elle se fait un peu confiance, elle percevra que les repsonsables qui vahiculent un tel discours sont de vrais rigolos incompétents...qui se croiront les plus forts et les meilleurs car ils arrivent à "tenir" la posture là où d'autres n'y arrivent pas. Comme ça ils valident leur position, restent seuls, se demandent pourquoi personne ne vient, mais c'est leur petit groupe à eux, mus par leur ego identifié...comment détourner zazen de son but!!! Et il y en a des groupes comme ça, parce qu'ils n'ont pas de vraie direction spirituelle! Et surtout, pas d'écoute du corps, qui est pourtant le lieu premier de l'Esprit!
C'est simplement pour ça que le zen, passe par zazen, mais si on s'attache à la forme de zazen et tout le tremblement, ce n'est plus le zen, c'est du formalisme, de l'attachement.
Pour ma part, je suis sûr que zazen est pour tous, qu'il ne faut pas en faire un truc d'élite où la sélection se fait à qui peut et qui peut pas. De toutes façons, tout le monde ne pratiquera pas.
Ensuite, la posture, ça s'adapte. Comme dit au dessus, ce qui compte c'est de libérer la respiration, d'avoir le dos droit.
Ensuite, l'idéal est le lotus, certain, ça a une valeur enracinante indéniable, mais faut pas forcer le truc. Faut le domestiquer doucement. Certains sont plus rapides que d'autres.
Après, faire avec la douleur est une chose...mais quand la douleur sature la conscience, où est l'éveil??
Pareil pour l'immobilité...on essaie...si ça commence à sembler trop dur, vraiment, alors faut réajuster la posture...et avec le temps le corps trouve ses marques.
et puis, ça évolue, parfois on a besoin de changer, de le ver le zafu, de le rebaisser, etc...pour ma part, je pense qu'il faut par contre qu'il reste mou, dépressible, qu'il puisse respirer. Je plie mon zafuton en quatre au dessous, déjà j'ai un zafu sur mesure plus gros que la moyenne. Car je suis grand.
Je pense que beaucoup de gens sont souvent sur des zafus trop petits.
Un jour je suis tombé sur un vieux fascicule de Deshimaru qui disait pareil, que trop de zafus étaient trop petits.
Car sinon, l'angle des fémurs par rapport au sol est trop petit, et l'appui ne vient pas assez sur le périnée. A partir duquel s'érige la colonne dans un élan vertical qui va jusqu'au sommet du crâne.
Normalement, un zazen bien mené éclaircit l'esprit, délie le corps, fait respirer plus libre, donne un sentiment spacieux, et donc envie d'être ouvert et bienveillant. En tous cas pas sectaire, ni dominateur, ni desseché et pauvre de coeur.
Il faut veiller à cela et sans cesse revérifier sa posture.La pratique n est pas complaisante, mais pas non plus mortifiante : si le bouddhisme c'est se confronter à la vérité de la souffrance, c'est aussi pouvoir aller vers la cessation de la souffrance, en vrai.
Je ne pense pas qu'on "séquestre" quelqu'un sur un zafu : on lui propose de rester là, avec ce qui est soi, sans rien en faire de spécial. Lui ne décide pas du temps, puisque c'est le responsable de séance. Mais justement ça délimite un espace pour observer ce qui est soi, et on peut vivre spacieusement le fait de réaliser la densité de son activité mentale. On ne séquestre pas quelqu'un, on l'accompagne dans une démarche qu'il a choisie complètement, et on l'aide à aller au bout de celle-ci. Bout qui, bien sûr, n'existe pas!
Le sectarisme, c'est pour ceux qui veulent du pouvoir, de la reconnaissance, des gratifications, utiliser leur position de responsable pour guérir leurs blessures émotionnelles. Cela se met en travers de la transmission véritable.
N'oublionspas que tout le monde a la nature de Bouddha. On ne fait que lui permettre de s'exprimer.