Allez, Boubi, reprenons au calme.
Il s'avère qu'en 67, Deshimaru a débarqué en France, sans aucun soutien de la soto shu, mais de copains rinzai et obaku, et contre toute attente, il a réussi quand même à implanter le zen et zazen. Forcément, quand ils ont vu que ça marchait, la soto shu s'est intéressé au bizness!! MArc de Smedt raconte dans "le rire du tigre", ses voyages dans les temples soto, les négociations à la dure qu'il faisait pour que sa mission soit reconnue sans pour autant qu'il perde son indépendance.
DOnc après sa mort, Etienne Zeisler, Rolans Rech et Stéphane Thibaut furent certifiés par Niwa Zenji en 84.
A l'époque, c'étaient les seuls et uniques représentants du zen soto en France et majoritaires en Europe.
C'est sur cette base que l'AZI a réussi à obtenir le monopole de la représentation du zen soto en France. Sachant que certains de ses membres siègeant à l'UBF, voire la présidant, cela renforce d'autant plus une position décisionnaire à un niveau politique national. Il faut le savoir car peu s'en posent la question, alors que je pense qu'elle est déterminante en terme de représentativité publique.
Entre temps, donc, Stéphane Kosen Thibaut s'est tiré de l'AZI vers 94. Peu importe les vélléités de chacun, il était quelque peu inélictable que ce genre de différenciations se produisent. Il a une personnalité trop entière pour rester dans un truc pareil. Je suis loin de partager tous ses points de vue, mais je pense cependant qu'il a déjà une sincèrité dans la pratique et le lien à son maître. Ensuite une formulation des choses qui va loin, même si la plupart s'arrètent à une certaine excentricité, j'y vois pour ma part une grande sensibilité qui se cache sous ces dehors qui sont à mon sens une défense, et une vision.
Il y a eu d'autres lignées différentes que celle de Deshimaru qui se sont installées en France entre temps. OU des anciens disciples qui après sa mort se sont fait certifier par d'(autres maîtres japonais.
Car si tu as l'école soto, l'école rinzai, dedans tu as des lignées différentes (comme une généalogie familiale).
Il y a donc les descendants de Nishijima, dont Yudo, Eric Rommeluère, JM Bazy, Nicole de Merkline à Bruxelles, et quelques autres que je ne connais pas, et Brad Warner aux US.
Il y a la lignée Tokuda, lui-même vient en France du printemps à l'automne. Discret, il a transmis un shiatsu que j'apprends. Il a un successeur officiel à Aulon dans la Haute Garonne, je crois, Robin Togen Moss.
La lignée Moriyama, représentés par Joshin Bachoux.
des groupes de la lignée Uchiyama, faut demander à Buso qui pratique avec eux.
Shoju Mahler, à Ales, lignée Okumura, connu pour des traductions du Shobogenzo aux US.
Peut-être d'autres que j'oublie.
Dans les descendants de Deshimaru, il y a eu Jacques Brosse.
Puis Kaiken, qui s'est fait certifier par je ne sais plus qui.
Guy de Swarte, je crois.
On a aussi Catherine Pagès, discrète mais plutôt fort estimée, à Montreuil. Me rappelle plus son lignage.
Et ceux que j'oublie.
Le texte mis en lien plus haut l'était lors de la commémoration des 40 ans de la venue de Deshimaru en grandes pompes, avec la soto shu et tout et tout. Kosen Thibaut a été relativement écarté de façon hypocrite, enfin, la soto shu s'est montré là pour récupérer ce qu'elle a méprisé il y a quarante ans.
Le plus marrant c'est que vers cette époque, Kojun Kishigami, un codisciple de Koso Sawaki avec Deshimaru, a été retrouvé par Philippe Coupey qui l'a choisi pour recevoir le shiho...voulant ainsi montrer sa fidèlité à Deshimaru tout en certifiant officiellement sa mission. Il raconte en rigolant comment à la Gendronnière ils lui ont fait raser les murs et n'ont surtout pas voulu lui permettre de monter sur la chaire du maître!! Là où ils font ça pour tous les autres qui n'ont jamais pratiqué avec Deshimaru et Koso Sawaki.
Tout ça pour te préciser le contexte.
Sachant que c'est clairement du Dharma politique. Mais c'est mieux de le savoir pour savoir où on met les pieds, avec qui, et quels enjeux peuvent se projeter sur toi.
Quelqu'un qui dit qu'un maître a obligatoirement un temple, ou que c'est assujetti à je ne sais quoi d'autre, est en train de raconter une histoire.
Un maître c'est quelqu'un qui est capable de transmettre le dharma. Point. Quels critères?? Trop difficile à objectiver, mais s'il veut que tu ne voies que lui, que tu sois tout le temps là, si on crée une relation de dépendance, attention! Et cela peut prendre des formes très subltiles, voire bienveillantes!
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce qu'on n'a "oublié" de dire sur les relations entre Japon et zen en France qu'on disait à l'abandon avant de faire le grand retour à la soto shu vers 1998 - 2000, voici un article très intéressant d'un ancien:
http://www.deuxversants.com/denis.symp.1.html
http://www.deuxversants.com/denis.symp.2.html
En espérant que ça éclaircira les choses.
Après, Boubi, rinzai ou zen, l'important c'est de trouver la voie qui soit juste. Il y a des gens honnètes et des imposteurs partout.
L'essentiel c'est toi, ou tu en es, si tu es honnète avec toi.