Voici une citation, tirée des "Solidarités mystérieuses" de Pascal Quignard (je l'aurais bien postée dans "zen et thérapie" mais le sujet est fermé, désolé !) :
"De l'âge de trois ans à l'âge de trente ans j'ai fait six dépressions nerveuses. Comme ces effondrements devenaient de plus en plus fréquents, qu'ils étaient de plus en plus longs et pénibles, de plus en plus handicapants, je me suis lancé dans une psychanalyse. Au bout de 8 ans d'analyse, une fois à peu près remonté des enfers, redevenu à peu près vivant, personne ne m'attendait dans le jour, j'étais encore plus seul mais beaucoup moins angoissé, j'étais presque libre. Tout d'un coup toutes les anxiétés, les paralysies que j'avais éprouvées jusque là étaient décelées, ruinées, et étaient tombées toutes ensemble. Alors je posais le pied sur une espèce de terre assez solide, assez glacée, couverte d'une belle lumière et dont la transparence était devenue pour ainsi dire externe et infinie. Mon cerveau réfléchissait de façon souple, variée, surprenante, rapide, j'avais toujours peur, mais je n'avais plus peur de ma peur. Je pouvais même m'appuyer sur elle, je pouvais même contempler le monde pour lui même, aimer le froid, aimer sortir quand il pleuvait des trombes d'eau, aimer les nuages bas, aimer l'abandon, aimer la solitude, apprécier l'insomnie, aimer la nuit, adorer marcher sans but dans la nuit. Quel extraordinaire rivage que le monde une fois qu'il est devenu tout à coup immense, intrusif, incompréhensible et complètement indifférent à soi. Il ressemble alors à la naissance."
Belle description d'un "éveil", non ?
"De l'âge de trois ans à l'âge de trente ans j'ai fait six dépressions nerveuses. Comme ces effondrements devenaient de plus en plus fréquents, qu'ils étaient de plus en plus longs et pénibles, de plus en plus handicapants, je me suis lancé dans une psychanalyse. Au bout de 8 ans d'analyse, une fois à peu près remonté des enfers, redevenu à peu près vivant, personne ne m'attendait dans le jour, j'étais encore plus seul mais beaucoup moins angoissé, j'étais presque libre. Tout d'un coup toutes les anxiétés, les paralysies que j'avais éprouvées jusque là étaient décelées, ruinées, et étaient tombées toutes ensemble. Alors je posais le pied sur une espèce de terre assez solide, assez glacée, couverte d'une belle lumière et dont la transparence était devenue pour ainsi dire externe et infinie. Mon cerveau réfléchissait de façon souple, variée, surprenante, rapide, j'avais toujours peur, mais je n'avais plus peur de ma peur. Je pouvais même m'appuyer sur elle, je pouvais même contempler le monde pour lui même, aimer le froid, aimer sortir quand il pleuvait des trombes d'eau, aimer les nuages bas, aimer l'abandon, aimer la solitude, apprécier l'insomnie, aimer la nuit, adorer marcher sans but dans la nuit. Quel extraordinaire rivage que le monde une fois qu'il est devenu tout à coup immense, intrusif, incompréhensible et complètement indifférent à soi. Il ressemble alors à la naissance."
Belle description d'un "éveil", non ?